dimanche 30 septembre 2018

Sept jours

En voilà une drôle d'idée ! Publier une nouvelle chronique le dimanche m'incite soudain à réfléchir... aux jours idéaux pour aimer le cinéma. Votre passion cinéphile est-elle si importante que vous "consommez" sans réfléchir ? Ou auriez-vous des dates privilégiées pour les films ? Voici, moi, ce que j'en pense aujourd'hui. Sans présager de demain...

Lundi
Ce jour reste synonyme pour moi de début d'une semaine de travail. C'est pourquoi le lundi peut être propice à une soirée plateau-télé-DVD quand je ressens le besoin de me changer les idées après le turbin. Inversement, si la reprise a été complexe, j'aime faire... autre chose.

Mardi
Le mardi est une journée assez neutre en ce qui concerne mes envies de cinéma. Je n'ai pas vérifié, mais, a priori, c'est depuis mon canapé que je suis le plus susceptible de découvrir un bon film ce jour-là. Pourquoi ? Parce que je sors peu au cinéma en tout début de semaine.

Mercredi
Quand j'étais petit, c'était le jour des enfants: un concept sympa. Pour le Martin adulte, c'est à présent le jour des nouveaux films sortis en salles. Reste que me ruer pour voir un long-métrage quelconque dès le premier mercredi d'exploitation ne m'arrive que très rarement.

Jeudi
Pas de tarif réduit à espérer ce jour-là, mais il peut cependant arriver que je réponde à l'appel de la salle le jeudi, notamment pour suivre ceux de mes copains/copines indisponibles pendant le week-end. L'idéal étant de pouvoir choisir le film à tour de rôle - et en confiance.

Vendredi
Commencer le week-end par une sortie restau + ciné, quel bonheur ! Depuis quelques années, il est probable que cela m'arrive plus souvent qu'auparavant, étant donné que c'est le vendredi que mon association organise l'essentiel de ses projections. Très bon créneau, à mes yeux.

Samedi
Une bonne date pour le repos, oui, mais pas toujours pour le cinéma. Après une matinée aussi grasse que possible, j'évite parfois les salles obscures. Cela dit, c'est toujours le samedi que je présente des films dans une bibliothèque. Et que je "zappe"... les ateliers de mon asso !

Dimanche
Aller voir un film d'abord et déjeuner ensuite: ce n'est pas un rituel pour moi, mais je dois confesser une pratique régulière le dimanche. Je trouve cela d'autant plus agréable les fois où une météo clémente permet ensuite de profiter d'un après-midi au grand air. Bonheur XXL.

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Et vous ? Des manies ou pas ?
Je suis curieux de connaître vos habitudes cinéma. Si vous en avez...

samedi 29 septembre 2018

Un monde froid

Si je me souviens bien, c'était presque devenu une blague: un nombre conséquent de lauréats des César a cru bon de remercier Claude Berri. Bientôt dix ans après sa disparition, je m'aperçois que je ne connais guère ce grand acteur, réalisateur, scénariste et producteur français. C'est l'une des raisons pour lesquelles j'ai choisi de regarder Uranus...

La distribution (masculine) en est une autre ! Dans les rôles principaux, on retrouve ainsi Philippe Noiret, Jean-Pierre Marielle, Gérard Depardieu, Michel Blanc, Daniel Prévost, Michel Galabru, Fabrice Luchini... et j'en passe. Le scénario, lui, adapte le roman éponyme de Marcel Aymé, sorti en 1948, et nous embarque du coup dans un petit village français, à peine la guerre terminée. L'ambiance de la Libération n'est pas au beau fixe: entre militants communistes et anciens collabos, par exemple, l'heure des règlements de comptes semble devoir survenir plus vite que celle des procès équitables. Logiquement, tout ce petit monde est donc sous pression. L'harmonie attendra: c'est justement tout l'intérêt du film que de nous montrer pourquoi la fin d'un conflit majeur ne veut pas dire "paix immédiate".

Tous placés dans un registre qui leur est familier, les comédiens livrent une partition vraiment impeccable, portée par des dialogues intelligents et une intrigue somme toute plutôt assez intéressante. Malgré tout, Uranus ne m'a pas totalement convaincu. Il m'a semblé qu'il en émanait une profonde misanthropie: les divers personnages m'ont tous paru négatifs - à des degrés divers, je vous le concède. Sans doute m'a-t-il manqué un héros... ou au moins un brave type. Assez discrètes, les femmes, en réalité, ne relèvent pas le niveau. Maintenant, il est possible que je sois passé à côté, comme parfois. Pas question de vous décourager de voir le film si ce que j'ai révélé de son pitch vous a semblé attrayant: la seule prestation des acteurs vaut le détour. Aucun doute: cela pourrait légitimement vous suffire !

Uranus
Film français de Claude Berri (1990)

Il y a quelques jours, je vous ai parlé d'un autre film axé sur la France de l'immédiat après-guerre: Les portes de la nuit. Sur les ravages que peut causer un conflit majeur sur la vie collective, Le corbeau mérite d'être cité. Sans doute plus exacerbés, ces deux classiques m'ont aussi paru mieux équilibrés que le film présenté aujourd'hui. Peut-être bien parce qu'ils ont été réalisés dans les années 40, à vif...

vendredi 28 septembre 2018

Première chevauchée

Vous le savez: le western est souvent évoqué comme la quintessence du cinéma américain. Il est même apparu avant lui, si on considère que ses personnages archétypaux sont d'abord nés entre les pages d'improbables romans populaires, avant de s'incarner sur les écrans. Évidemment, à l'époque, ils étaient muets ! Ce n'était que le début...

Quand mon film du jour est sorti en  salles, le parlant y était arrivé depuis seulement trois ans. C'est peu, mais c'est beaucoup à la fois. Pourquoi ? Parce qu'il a aussitôt convaincu le public et ainsi modifié en profondeur ses attentes à l'égard du septième art. De manière assez mystérieuse, La piste des géants a toutefois connu un échec retentissant. Je ne m'explique pas comment les premiers spectateurs ont pu négliger les qualités de cette fresque à la gloire des pionniers qui, au 19ème siècle, partirent vers l'Ouest et défrichèrent des terres jusqu'alors occupées par les seules tribus amérindiennes. Avec le recul conféré par ma connaissance du cinéma, j'ai trouvé cette dimension du long-métrage quasi-documentaire (et d'une objectivité discutable). Le constat, en outre, que le héros fraternise avec des guerriers pawnees m'a alors confirmé que je tenais là un western atypique. Même si je peux vous dire qu'il est absolument ancré dans son genre !

Si, par bien des aspects, je me suis senti en terrain connu, c'est aussi parce que j'ai pu appuyer mon regard sur le visage ô combien familier de John Wayne ! Il est d'ailleurs franchement amusant de constater que certains éditeurs de DVD ont retenu une photo des grandes heures de l'acteur pour illustrer leur jaquette, alors qu'il n'a ici que 23 ans. Initialement, le rôle qui lui a été confié devait revenir à Gary Cooper. Après le tournage, il lui faudra encore attendre presque une décennie entière avant de percer à nouveau et d'être enfin une star reconnue. Mais qu'importe ces considérations de coulisses: le jeune comédien s'illustre déjà dans La piste des géants, avec d'autant plus d'aisance que certains autres personnages sont, eux, bien trop caricaturaux. Incroyable paradoxe: l'un des méchants, un Mexicain aussi menteur que couard, est joué par... le petit-fils du chef apache Géronimo. Avec tout cela, le film ne raconte au fond rien d'autre qu'une histoire de vengeance sur fond de romance. Et alors ? Compte tenu de son âge avancé, disons-le: je me vois mal lui reprocher cette petite "facilité" !

La piste des géants
Film américain de Raoul Walsh (1930)

Si j'ai aimé voir ce western, c'est également parce que j'ai découvert cette année... Le dernier des géants, l'ultime film de John Wayne. Des deux, le premier est franchement beaucoup plus spectaculaire ! Son grand âge m'inspire le respect et je me dis qu'il serait pertinent que je remonte désormais aux origines du muet. Affaire à suivre. D'ici là, sur un thème assez proche, je vous suggère La rivière rouge.

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D'autres pistes sont à découvrir...
Il existe plusieurs versions de ce film: celle que j'ai pu voir, tournée au format 35mm, dure moins de deux heures, quand l'autre (70mm) les dépasse légèrement. Et je ne compte pas les quatre adaptations sorties en France, en Espagne, en Italie et en Allemagne... dès 1931 !

Pour finir, vous voulez un autre avis ?

D'accord: je vous renvoie donc vers la chronique de "L'oeil sur l'écran".

mercredi 26 septembre 2018

Danse avec le loup

Pas évident, je suppose, de représenter la préhistoire au cinéma ! Réinventer les premiers hommes suppose d'imaginer un récit crédible et une imagerie convaincante, le tout sur des civilisations disparues sans laisser de trace écrite. Alpha, l'une des sorties les plus discrètes de feu l'été, se frotte à ces difficultés en jouant la carte de la fable...

Et après tout, pourquoi pas ? Le film nous met d'abord en présence d'un groupe de chasseurs, à quelques secondes d'attaquer un groupe de bisons assez conséquent pour nourrir leur tribu toute une année ! Bien lancée, l'opération tourne mal quand le fils du chef de la troupe est chargé par un bovidé et laissé pour mort dans un coin de falaise. Attaqué ensuite par un oiseau charognard, il se "réveillera" plus tard et trop tard pour empêcher ses camarades de lever le camp sans lui. C'est finalement avec un loup (!) qu'il prendra la route du retour. Toujours là ? Bien. Si ce pitch ne vous rebute pas, Alpha vous aidera peut-être à étancher votre soif de cinéma. Je lui attribue une note généreuse, car il m'a semblé qu'il s'agissait d'un film sans prétention. Et ce alors qu'il aurait pu n'être qu'un bon vieux blockbuster bourrin...

Le tout est de ne pas être trop exigeant avec ce long-métrage. Littéralement sorti de nulle part, il n'est pas dépourvu de défauts techniques et/ou artistiques, au rang desquels je pointe des effets numériques un peu trop voyants. En comparaison, le fait d'avoir opté pour un casting sans vedette est une bonne idée, qui nous évite d'éparpiller notre attention sur autre chose que la seule action. Finalement, même s'il est assez prévisible, Alpha a un petit côté épique, dans le cadre d'une époque peu exploitée sur grand écran. Vous dire que j'ai frémi avec le personnage principal serait mentir. Suivre ses tribulations ne m'a cependant pas déplu, le bon tempo voulant que le récit ne s'éternise pas et évite toute digression inutile. Une (petite) surprise arrive à la fin, que je n'avais pas vu venir. Conclusion: une production honnête, à voir en famille si possible. Indéniablement, sur l'écran géant d'un cinéma, c'est toujours mieux...

Alpha
Film américain d'Albert Hughes (2018)

Plusieurs fois repoussé, le film semble donc avoir échappé de justesse aux rayons obscurs du direct to video. D'aucuns le comparent du coup avec 10 000, film préhistorique de Roland Emmerich, moins inspiré visiblement. Moi, j'ai repensé à La guerre du feu, un vrai "classique" de mon enfance que je n'ai pas revu depuis. Le cadre naturel hostile m'a aussi rappelé celui de The revenant, en moins violent toutefois !

lundi 24 septembre 2018

Cas de conscience

Quelle place reste-t-il pour l'empathie dans l'oeuvre de justice ? Appuyées sur le droit, les décisions des tribunaux guérissent-elles autre chose que les maux de la société ? Un film comme My Lady permet de s'interroger sur ces questions, pour peu qu'on s'y intéresse. Ce qu'une étape de mon parcours (professionnel) m'a amené à faire...

Je n'avais pas spécialement décidé de voir ce long-métrage anglais. Finalement, l'insistance d'un ami m'a convaincu de réagencer la liste de mes priorités. Est-ce que je le regrette ? Non. My Lady est un film intéressant, porté par une non moins remarquable Emma Thompson. Scénarisé par Ian McEwan à partir de l'un de ses romans, il raconte l'histoire d'une magistrate chargée de se pencher sur des situations médicales des plus délicates, comme, par exemple, celle d'enfants siamois qu'il faudrait séparer pour leur laisser une chance de survie. Un jour, c'est le dossier d'un garçon leucémique qu'il lui faut traiter d'urgence: encore mineur, le jeune homme est menacé d'une mort rapide s'il n'est pas transfusé, ce que ses parents et lui refusent obstinément au nom de leurs croyances religieuses. On en vient vite aux questions que je posais en ouverture de ma chronique. L'application nuancée des textes est-elle possible par la voie étroite de l'humanisme ? Je vous laisse étudier la réponse donnée par le film.

Ce long-métrage, je l'ai réellement apprécié dans sa première partie. La caméra nous invite à suivre Madame le Juge dans ses fonctions éminentes, mais également dans l'intimité de son quotidien familial. Mariée sans enfant, elle laisse son époux, prof d'université, imaginer qu'elle ne s'intéresse plus à lui, accaparée qu'elle est par son boulot. Stanley Tucci offre une belle subtilité à ce personnage de mari dépité. Pourtant, une fois cette situation exposée, My Lady m'a paru discret sur cette sous-intrigue, s'orientant plutôt vers les conséquences inattendues d'une rencontre entre la magistrate et l'adolescent concerné au tout premier chef par la fameuse délibération à venir. Autant vous le dire: je n'ai pas trouvé cela des plus passionnants. Dommage, car, encore une fois, je tiens à souligner que la qualité d'interprétation des divers comédiens n'est pas en cause - le travail du jeune (et trop maquillé) Fionn Whitehead étant plutôt honorable. J'avoue: je suis sorti de la salle un rien déçu. Better luck next time...

My Lady
Film britannique de Richard Eyre (2018)

Une histoire intéressante, de bons acteurs, mais un petit sentiment d'inachevé: au final, c'est ce que je retiens de cette séance cinéma. Notez toutefois que, sur les écrans, la justice est souvent expéditive ou placée en d'autres mains que celles des magistrats professionnels. Sur la manière de travailler de ces derniers, je crois utile d'ajouter que je préfère le superbe Le juge et l'assassin. D'une autre époque...

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Quid du bouquin ?

Le roman de Ian McEwan est disponible en France aux éditions Folio sous le titre L'intérêt de l'enfant (son titre original: The children act).

La parole est à la défense...
C'est un fait établi: le film a davantage plu à Pascale, Dasola et Tina

samedi 22 septembre 2018

Double Douglas

Hop ! Pour finir cette semaine, j'ai l'opportunité de vous présenter deux films pour le prix d'un. Le hasard a en fait voulu que deux films avec Michael Douglas me tombent successivement devant les yeux ! Comme ils n'ont rien d'extraordinaire, je me suis dit que les réunir dans un diptyque n'avait rien d'indécent. Ouais, ouais, je m'arrange...

Le diamant du Nil
Film américain de Lewis Teague (1985)

Vous avez déjà vu À la poursuite du diamant vert ? C'est la suite. Conséquence: vous ne serez pas étonnés d'y trouver le couple vedette du premier volet: Miss Kathleen Turner et Mr. Michael Douglas, donc. Malheureusement, l'esprit potache de leurs trépidantes aventures s'est fait la malle: il vous faudra du coup une bonne dose d'indulgence pour apprécier ce second épisode, où les tourtereaux sont aux prises avec un Égyptien enturbanné et moustachu, aux ambitions politiques pharaoniques. Posée dans des décors de pacotille, l'image de l'Afrique n'en sort certes pas grandie ! Ce n'était pas l'objectif, me direz-vous. Avec un peu de recul, le film peut encore servir de vide-neurones. Michael Douglas fait le job et Kathleen Turner aussi, malgré tout. C'est, dit-on, la menace d'un procès qui l'a incitée à rester disponible jusqu'au dernier jour du tournage. Hollywood, quel monde sans pitié !

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Un autre avis sur le film vous intéresse ?

Aucun problème: vous en lirez un (pire) du côté de "L'oeil sur l'écran".

Ant-Man et la Guêpe
Film américain de Peyton Reed (2018)

Marvel, épisode 28 ! S'il n'est pas nécessaire de maîtriser l'ensemble de la production du studio pour comprendre cet opus, quelques clins d'oeil pourraient vous échapper dans le cas d'une totale découverte. Question à deux sous: pourquoi, moi qui ne suis vraiment pas dingue des films de super-héros, suis-je donc allé voir celui-là ? La réponse tient en quelques mots: parce qu'il avait une assez bonne réputation. Vérification faite, il ne m'a même pas paru indispensable d'avoir pris le temps de voir le premier film (Ant-Man tout court) pour mesurer les enjeux de cette suite. Michael Douglas y joue un scientifique bienveillant, dont la femme a disparu depuis de très longues années dans une "dimension subatomique". Le tout est d'abord un prétexte pour dérouler le programme attendu: courses-poursuites et bastons entre personnages costumés. Soporifique ? Non, mais (très) convenu !

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Vous pensez que je suis le seul à rechigner ?

C'est possible: Pascale et Princécranoir, eux, sont plus enthousiastes.

vendredi 21 septembre 2018

Du temps passé

Le hasard en a décidé ainsi: les deux derniers films que j'ai évoqués duraient chacun plus de deux heures. Il ne m'arrive que très rarement de renoncer à un film au seul prétexte qu'il est plus long que d'autres. Et vous ? Est-ce que vous trouvez ce critère important ? Ou décisif ? Je vous propose d'y réfléchir un instant. Promis: je vais rester bref...

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Moins d'une heure

Il m'a semblé lire un jour une info selon laquelle, en France, les films de cette durée sont ceux que l'on appelle des courts-métrages. L'absence d'une définition du moyen-métrage pourrait de fait valider cette approche. Cela dit, il n'y a pas assez de courts sur les Bobines pour que je m'y arrête durablement. Vous avez le droit de le déplorer.

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Entre une heure et une heure trente

Que dire ? A priori, il n'y a pas énormément de films de ce format. Cependant, j'en connais au moins quelques-uns et il se peut d'ailleurs que je vous en présente un très prochainement. À l'écran, la concision rend parfois les émotions plus intenses. Mais quand on s'est attaché aux personnages, les quitter si vite n'est pas toujours aussi évident...

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Entre une heure trente et deux heures

Je n'ai pas fait le compte précis, mais il me semble que c'est la durée de la plupart des films que je vois. Même pas le temps de s'ennuyer ! Avec la pause et les prolongations, c'est le timing d'un match de foot. Je préfère franchement mes personnages de pellicule aux pousseurs de ballon (même doubles champions du monde). À chacun ses étoiles. 

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Entre deux heures et deux heures trente

Je ne voudrais pas dire de bêtises, mais il me semble que les films américains d'aujourd'hui adoptent régulièrement ce format étendu. J'imagine qu'après coup, lorsqu'ils passent à la télé, ils doivent subir le revers de la médaille et se retrouvent saucissonnés par la pub. Quant à moi, j'aime prendre le temps... et les apprécier d'une traite !

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Au-delà de deux heures trente

Films-fleuves ou versions longues: ces métrages ne me font pas peur. Au contraire: leur caractère atypique me les rend sympathiques. Évidemment, cela suppose aussi une approche particulière: j'ai besoin de me sentir prêt avant de me frotter à de telles oeuvres taille XXL. On n'en voit plus beaucoup dans les salles et je trouve ça dommage...

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Vous avez dit "record" ?

Je ne connais pas le mien. Ou disons plutôt que je n'en suis pas sûr. Sauf oubli, il me semble qu'à ce jour, il est encore à mettre au crédit de Norte - La fin de l'histoire et de ses... quatre heures dix ! L'expérience vaut le détour, mais je n'irai pas forcément plus loin. J'aime autant entendre parler de vos propres exploits. S'ils existent...

mercredi 19 septembre 2018

Consumés

Le chiffre étonne et inquiète: d'après un reportage diffusé sur Arte l'an passé, près de neuf jeunes Sud-coréens sur dix aimeraient quitter leur pays définitivement ! Burning, le film dont je dois vous parler aujourd'hui, paraît renvoyer l'écho de ce profond désenchantement. Autant vous l'annoncer sans hésiter: il m'a fait très forte impression !

D'une densité peu commune, le long-métrage fut un temps annoncé comme un favori pour la Palme d'or du dernier Festival de Cannes. Finalement, il est reparti de la Croisette avec une simple récompense "annexe": le Prix FIPRESCI, remis - depuis 1946 - par des critiques professionnels venus du monde entier. Sa sortie sur les écrans français nous donne enfin l'occasion de nous frotter à ce thriller vénéneux, orienté d'abord sur un personnage masculin, Jong-soo. D'origine modeste, ce jeune homme quitte la grande ville (Séoul ?) pour essayer de reprendre l'exploitation agricole de son père, en proie à de sérieux ennuis. Une galère pour lui qui rêve de devenir écrivain !

Tout se complique un peu plus quand, par hasard, l'auteur en devenir retrouve la jolie Hae-mi, une fille qu'il avait connue quelques années auparavant. Dois-je préciser qu'il va en tomber amoureux ? Pas sûr. C'est cependant du fait de cette circonstance que Burning s'enflamme véritablement et commence lentement à révéler sa nature profonde. Quand Ben, un autre garçon, entre dans la danse, on comprend vite que tout cela risque de devenir explosif. Je vous laisse vérifier seuls si cela se confirme ou pas, mais je crois pouvoir vous dire que le film joue beaucoup sur les non-dits, le hors-champ et les faux semblants. Il en découle un suspense assez poisseux, qui vous prend à la gorge...

Le talent des acteurs fait le reste: nous voilà scotchés à l'écran. Parfois inconfortable, la posture du spectateur nous permet toutefois d'apprécier l'incroyable beauté de la mise en scène. La photographie est superbe et la musique, insidieuse, a quelque chose d'envoûtant. Difficile de ne pas se sentir happé: moi, j'ai aimé cette sensation ! Une énigme est posée à mi-parcours et de nombreuses hypothèses peuvent être formulées pour la résoudre: c'est l'intérêt de la chose. Perdu dans les méandres d'une intrigue complexe, j'ai trouvé agréable d'être mené en bateau, tout en restant libre de mes interprétations. Rares sont les films qui restent aussi "ouverts". Oui, j'en redemande !

Burning a tout pour plaire, mais peut déplaire. Le fait qu'il dure presque deux heures et demie va décourager une partie du public. Franchement, si la noirceur ne vous fait pas peur, ce serait dommage de passer à côté. Une fois n'est pas coutume: je vais recommander aux sceptiques de regarder la bande-annonce pour se faire une idée de l'atmosphère du film. Les images que j'ai moi-même choisies restent de pures illustrations: elles ne dévoilent donc rien d'essentiel. En fait, pour apprécier le long-métrage, il vaut mieux s'y immerger complétement, sans nécessairement chercher à y voir clair. Sur écran géant, l'expérience coupe le souffle... et bouscule notre imagination !

Burning
Film sud-coréen de Lee Chang-dong (2018)

Pas de doute: ce très impressionnant labyrinthe a toutes les chances de figurer en bonne place dans mon futur top de l'année cinéma. J'ajoute qu'il fait honneur à son pays d'origine, dont d'autres "pépites" méritent le détour (cf. Memories of murder et/ou Mademoiselle). J'espère vous avoir convaincus de vous tourner vers ces horizons lointains. Et, quant à moi, je compte bien prolonger leur exploration !

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Une précision littéraire...

Le film est une adaptation (libre) des Granges brûlées, une nouvelle de l'écrivain japonais Haruki Murakami. Le texte fait partie du recueil intitulé L'éléphant s'évapore, disponible en poche aux éditions 10/18.

Ailleurs sur la grande toile...
Vous pourrez découvrir une autre chronique enthousiaste de Pascale. Dasola, elle, s'est d'abord ennuyée, avant d'être captivée par le final. Je vous suggèrerai enfin de lire l'avis de Strum, analytique et nuancé.

lundi 17 septembre 2018

Tromper l'ennemi

Mon premier Spike Lee ? C'était je crois Jungle fever, sorti au début des années 90, quand j'étais encore au lycée ! Je ne me souviens aujourd'hui que d'une réplique à propos d'une télé partie en fumée. Depuis lors, je n'ai pas pu vérifier qu'elle était bien issue de ce film ! J'étais curieux de voir le dernier opus du réalisateur afro-américain...

Je vous rappelle que BlackKklansman a obtenu le Grand Prix du jury lors du dernier Festival de Cannes. Nous ramenant en 1978, il raconte l'histoire vraie du premier flic noir de Colorado Springs, une ville encore modeste (autour de 200.000 habitants) sur le versant oriental des Rocheuses. Ce Ron Stallworth eut un jour l'idée un peu folle d'infiltrer le Ku Klux Klan, organisation clandestine des suprémacistes blancs. Au téléphone, il s'est dès lors fait passer pour un sympathisant et, admis comme membre, a envoyé l'un des collègues le remplacer lors des réunions du groupement, ni vu, ni connu. Plusieurs mois durant, le subterfuge a fonctionné: je vous laisse découvrir la suite...

Si elle n'avait pas été racontée dans un bouquin par Ron Stallworth lui-même, cette histoire aurait pu être une preuve éclatante du talent de Spike Lee. Je vous avoue que je craignais que le cinéaste tombe dans une certaine outrance avec ce film évidemment militant. Heureusement, il évite ce piège et traite son sujet sur un ton étonnant: celui de la comédie. Oui, BlackKklansman fait (sou)rire ! Confidence pour confidence, il m'a semblé qu'il "chargeait la mule" quand il s'agissait d'enfoncer les membres du Klan, avant de me dire qu'au fond, certains d'entre eux étaient peut-être bien aussi crétins dans la réalité. Une chose est manifeste: le film ne les épargne pas...

Après tout, pourquoi le ferait-il, n'est-ce pas ? Ce qui est intéressant dans cette reconstitution, c'est aussi qu'au départ, le héros-flic joue sur plusieurs tableaux, forcé qu'il est par sa hiérarchie d'espionner d'abord les activistes (potentiellement violents) de la cause noire. Spike Lee a évidemment choisi son camp, un peu plus vite d'ailleurs que son personnage principal, et appuie son propos sur les discours saisissants de leaders charismatiques. J'ai constaté avec grand plaisir qu'il travaillait dans la nuance, en octroyant une importance décisive à plusieurs protagonistes blancs. BlackKklansman trouve un équilibre intelligent, à peine fragilisé par 2-3 longueurs. Rien d'insupportable...

Sans vouloir tout dévoiler, je veux vous dire que c'est en fait à la fin de ces deux grosses heures de cinéma que j'ai pris une double claque. Je l'ai d'abord ressentie grâce à un très impressionnant montage parallèle qui vient, d'un côté, relater le lynchage de Jesse Washington en 1916 et, de l'autre, reconstituer une cérémonie rituelle du Klan. Dans la foulée, c'est sans nul doute par sa façon de revenir aux temps présents que BlackKklansman m'a paru le plus pertinent. J'imagine que, malheureusement, il ne saura guère prêcher que les convaincus. Toutefois, avoir une nouvelle confirmation que le cinéma américain peut encore produire de tels films est réconfortant. Merci, Spike Lee !

BlackKklansman
Film américain de Spike Lee (2018)

Tout n'est pas parfait, mais je veux insister: cela reste un grand film. Une oeuvre importante, également, pour nous confronter à l'Amérique d'hier et à celle d'aujourd'hui, toute ressemblance n'étant pas fortuite. Libres à vous maintenant de préférer le traitement de cette question proposé par d'autres cinéastes... blancs: Spielberg dans Lincoln, Tarantino avec Django unchained ou Parker via Mississippi burning.

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Je n'ai pas parlé des acteurs...
John David Washington (fils de Denzel), Adam Driver, Laura Harrier, Topher Grace et autres... noirs et blancs, ils sont tous remarquables. Respect - et big up - à Harry Belafonte, 91 ans, pour son monologue ! 

Et chez les autres, ça donne quoi ?
Le film est apprécié. À vérifier chez Pascale, Dasola et Princécranoir.

dimanche 16 septembre 2018

Money, money, money...

Une fois n'est pas coutume: aujourd'hui, je vais vous parler d'argent ! Je n'avais pas envie de publier tout de suite une nouvelle chronique liée à un film, mais j'ai aussi eu bien du mal à trouver un autre sujet. Tout cela pour dire que je suis tombé sur le classement annuel Forbes des actrices et acteurs les mieux payés. C'est assez impressionnant...

Chez les dames, c'est Scarlett Johansson qui occupe la première place avec une rémunération de 40,5 millions de dollars US pour la période comprise entre juin 2017 et juin 2018, tous cachets, revenus publicitaires et bonus confondus. Le duo Angelina Jolie (28 millions) et Jennifer Aniston (19,5 millions) se partagent les deux autres places du podium. Dans le top 10, on trouve ensuite Jennifer Lawrence (18) et Reese Witherspoon (16,5), Mila Kunis (16), Julia Roberts (13), Cate Blanchett (12,5), Melissa McCarthy (12) et Gal Gadot (10). Personnellement, au-delà des sommes astronomiques, je distingue quelques surprises dans ce classement. Mais l'image n'a pas de prix...

Un constat s'impose aussitôt: les chiffres montent encore plus haut chez les hommes. Et ils ne sont pas toujours corrélés avec les scores du box-office: ainsi, ce cher George Clooney, leader du marché masculin, émarge sans trop d'efforts... à 239 millions de dollars ! Derrière, son dauphin fait presque peine: Dwayne Johnson ne pointe qu'à 124 millions, ce qui lui laisse tout de même une marge honorable sur le pauvre Robert Downey Jr. et ses 81 millions. Les poursuivants sont plutôt détachés: Chris Hemsworth (64,5), Jackie Chan (45,5), Will Smith (42) et Ashkay Kumar (40,5) arrivent aux places d'honneur devant Adam Sandler (39,5), Salman Khan (37) et Chris Evans (34). J'imagine que je me satisferais du plus petit des montants annoncés. Oui, mais voilà, il reste un vrai problème: je ne fais pas de cinéma...

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Et vous, vous en pensez quoi ?
Mon impression est que les gros salaires français sont bien plus bas. Cette remarque peu intéressante reste ouverte à vos commentaires !

vendredi 14 septembre 2018

Au service de la France

Pas facile de rivaliser avec James Bond ! Avec 24 épisodes officiels proposés au cinéma, le fameux agent secret est probablement l'espion le plus connu du septième art. Je ne vois aucun personnage français en mesure de rivaliser avec 007, mais je vous propose aujourd'hui d'évoquer un film d'espionnage frenchy, sobrement titré... Espion(s) !

Vincent, ex-étudiant un peu désinvolte, travaille comme bagagiste dans un grand aéroport parisien. Avec un collègue, il a pris l'habitude de fouiller deux ou trois valises de temps en temps, pour y subtiliser quelques objets précieux: montres, bijoux, téléphones ou autres. Astucieuse à défaut d'être honnête, la combine tourne court, un jour où le complice teste un vaporisateur de parfum, le laisse tomber parce que le contenu le brûle et... déclenche une explosion mortelle ! Vincent échappe à la boule de feu, mais pas aux ennuis. Un officier des services de renseignement, qui connaît le passé du jeune homme et sait notamment qu'il est passé par la case Sciences Po, lui propose d'échapper à la justice en travaillant pour les intérêts de la France. Voilà comment notre ami se voit envoyé à Londres, au contact direct d'un homme d'affaires suspecté d'alimenter les réseaux terroristes. Bon... tout ça pour dire que, pour la vraisemblance, vous repasserez !

Espion(s) n'est pourtant pas un mauvais film. Il me paraît possible que vous ayez reconnu, sur ma première image, Guillaume Canet dans le rôle principal: sans emphase, sa prestation reste honorable. Très rapidement, le scénario se développe autour de son histoire d'amour naissante (et ambigüe) avec Claire, l'épouse de sa "cible". Géraldine Pailhas joue très correctement cet autre personnage principal, autour duquel s'articule l'essentiel des rebondissements. Vous y croirez ou non, mais, moi, ce n'est pas sur ce premier aspect que je me suis senti un peu frustré: j'ai surtout trouvé que l'intrigue manquait de rythme et qu'elle était tout de même vraiment prévisible dans son déroulé. En fait, seule sa conclusion, un peu plus ouverte que je ne l'avais imaginé, m'a de ce fait paru légèrement sortir du lot. Au final, je ne me suis ni ennuyé, ni véritablement enthousiasmé. Disons qu'entre romance et espionnage, il aurait fallu faire un choix...

Espion(s)
Film français de Nicolas Saada (2009)

Bon, voilà... ce long-métrage n'est donc bien qu'une demi-réussite. Maintenant, si vous tapez "espionnage" dans le moteur de recherche intégré à ce blog, vous tomberez surtout sur des films anglo-saxons. Aux indécrottables Gaulois, je crois tout de même pouvoir conseiller de (re)voir deux bons films d'Éric Rochant, Les patriotes et Möbius. Au passage, p'tit aveu: je suis curieux de vos propres (p)références ! 

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Vous voulez lire d'autres chroniques ?

No problem: il y en a chez Pascale, Dasola, Laurent, Benjamin et Lui.

jeudi 13 septembre 2018

Un homme de valeurs

Autant vous le dire tout de suite: c'est d'abord pour James Stewart que j'ai voulu voir Les prairies de l'honneur (ou Shenandoah en VO). D'après mes observations, les personnages joués par l'immense acteur américain sont très souvent porteurs de fortes valeurs humanistes. J'étais tout à fait curieux de savoir si c'était le cas dans ce western...

Ma réponse est positive ! Les amateurs du genre seront en terrain connu: le héros du film, vieux père d'une famille nombreuse confronté très tôt à la mort de son épouse, tient de la figure archétypale. N'empêche: le film reste assez original, sachant qu'il aborde la guerre de Sécession en plantant son décor du côté sudiste, a priori favorable aux pratiques esclavagistes. D'où une mini-surprise: tout propriétaire terrien qu'il soit, Charlie Anderson respecte absolument la liberté individuelle de chacun, sans regard pour l'âge ou la couleur de peau. Les prairies de l'honneur dresse donc avant tout le (beau) portrait d'un homme libre, bientôt confronté aux choix les plus douloureux qu'imposent les conflits militaires. Je ne veux pas en dire davantage. Parce que l'idée est évidemment... de vous encourager à voir le film !

Je n'ai parlé que de James Stewart, mais le reste de la distribution s'avère très convaincant. C'est ainsi avec une satisfaction non feinte que j'ai retrouvé la belle Katharine Ross dans l'un des premiers rôles féminins et pour ce qui était sa toute première apparition à l'écran ! Chez les hommes, j'ai souri en découvrant - un peu plus tard - que l'un des garçons du patriarche Anderson était joué par Patrick Wayne, fils de John. C'est pourtant le jeune Phillip Alford, trois ans seulement après ses débuts dans un autre grand film humaniste, qui aimante l'oeil de la caméra. Bilan: même en VF, pas de fausse note à signaler. Sur le plan technique, et compte tenu de son âge, le long-métrage tient parfaitement la route - avec tout le charme du classicisme hollywoodien. En sourdine, tout cela est mis au service d'un message pacifiste, d'autant plus remarquable (et remarqué !) que les cinémas américains ont diffusé Les prairies de l'honneur à l'aube de la guerre du Vietnam. Il est très probable que ce soit tout sauf une coïncidence. Et de cela aussi, je crois bon de vous laisser juger par vous-mêmes...

Les prairies de l'honneur
Film américain d'Andrew V. McLaglen (1965)

Un aveu: je trouve James Stewart encore meilleur en honnête homme chez Frank Capra (cf. Mr. Smith au Sénat et/ou La vie est belle). Vos éventuelles suggestions seront accueillies avec un vrai plaisir. Vous séchez ? Ce n'est pas très grave: vous pourriez bien apprécier mon film d'aujourd'hui sans avoir à le placer au regard d'un autre. Sous son vernis vintage, il a encore de belles choses à nous raconter !

mercredi 12 septembre 2018

Un très long voyage

Si j'en crois ma source Wikipédia, le cinéma chinois est né au début du 20ème siècle, en s'inspirant d'abord des thèmes de l'opéra. Aujourd'hui, ses artistes et techniciens font régulièrement parler d'eux lorsqu'ils s'associent avec d'autres, occidentaux. Le grand film né d'une telle collaboration reste à inventer, mais ça gigote pas mal...

Mon film du jour, Destination Pékin, s'inscrit dans cette mouvance. Sans doute soucieux de rassurer le public français, ses distributeurs rappellent - sur l'affiche ! - qu'il a les mêmes producteurs que Shrek et En route !, deux dessins animés supposés, donc, faire référence. Pourtant, l'opus du jour ne me semble pas pouvoir leur être comparé. Le marketing a ses raisons. Pour ma part, je préfère parler cinéma...

Premier constat d'ordre général: Destination Pékin m'a bien plu. Avant d'entrer dans la salle, je m'attendais à voir un dessin animé plutôt simple, c'est-à-dire sans grande ambition, mais sans esbroufe. Bingo ! L'idée de choisir comme personnage principal un jars frimeur n'est pas spécialement originale, d'autant qu'il s'agit de montrer comment, après avoir raté la migration des oies, il fait le voyage avec deux canetons incapables de voler, affronte mille prédateurs possibles, sympathise avec d'autres animaux et s'en sort finalement sans la moindre égratignure. Du déjà vu, oui, mais ça reste sympa ! Surtout quand, comme ici, tout est vraiment (très) beau à regarder...

Avez-vous comme moi l'impression que les sorties ciné de juillet-août sont de plus en plus réservées aux blockbusters et dessins animés ? Aux États-Unis, et malgré ses facettes chinoises, Destination Pékin est apparu comme un film si ordinaire qu'il n'a même pas été diffusé autrement que sur la plateforme VOD Netflix, si je ne me trompe pas. Oui et alors ? Rien. Je suis juste content de l'avoir vu sur grand écran.

Destination Pékin
Film américano-chinois de Christopher Jenkins (2018)

Pas grand chose à dire de plus sur le sujet. Même si ce dessin animé manque d'originalité, je pense que nous avons également un intérêt majeur à encourager les petits studios... et la diversité du cinéma. Bien sûr, quand Pixar nous offre un Coco ou un Vice-versa, à la fin d'une année ou au milieu d'un millésime, trouver mieux paraît ardu. Ce qui est tout sauf une raison de ne pas profiter des petits plaisirs...

lundi 10 septembre 2018

Les regrets aussi

Les meilleures choses ont une fin. Habitués à travailler ensemble avant et pendant la guerre, l'un à la réalisation, l'autre au scénario, Marcel Carné et Jacques Prévert se retrouvent une toute dernière fois juste après, en 1946, pour un très beau film: Les portes de la nuit. Cet opus serait en fait le dernier représentant du réalisme poétique...

Selon le Larousse des genres et mouvements au cinéma, cet oxymore est d'abord apparu dans les écrits de la critique littéraire. Appliquée ensuite au septième art, l'intention maîtresse du réalisme poétique consiste en une description sensible de personnages issus des classes sociales défavorisées, souvent accablés par un destin contraire. Description toutefois complétée par la démonstration assez explicite de leurs sentiments exacerbés, d'amour et/ou de haine mélangés. Tout cela se retrouve dans Les portes de la nuit, qui s'inspire justement du climat social de la fin de l'hiver 1944-45 pour inventer un drame édifiant et intemporel. Le public de l'époque n'a pas suivi...

Il faut dire que Carné et Prévert ne le ménagent pas franchement ! Reconstruit en studio par Alexandre Trauner, le Paris enfin libéré affiche son côté sombre. La guerre n'est pas terminée et l'héritage pétainiste est donc encore loin d'être soldé. Aux vrais personnages positifs, le film oppose vite des âmes perdues et quelques affreux collaborationnistes, dont la seule motivation personnelle un peu solide reste de passer entre les gouttes des futurs règlements de compte. Les honnêtes gens peuvent-ils simplement s'aimer dans ce contexte ? Pas sûr. La réponse que donne le film n'est pas des plus optimistes. L'idéal serait alors que vous en jugiez par vous-mêmes, à mon avis...

Le duo d'artistes derrière la caméra avait-il en fait un message particulier à faire passer ? Je n'ai pas d'opinion définitive sur le sujet. La question reste posée pour Prévert, connu pour ses engagements politiques, à l'opposé de la France de Vichy. Pour Carné, les choses sont différentes, d'après ce que j'ai pu comprendre. "Ce qui m'attrista le plus, ce fut de voir que le film, dès sa sortie, prit une couleur politique, dit-il un jour à propos de ce film, Les portes de la nuit. Personnellement, je n'avais nullement cherché à la mettre". Qu'importe, au fond: à mes yeux, la puissance émotionnelle du film désamorce toute polémique, d'autant que nous avons 72 ans de recul !

Je vous donnerai donc un conseil: oubliez un instant son apparence réaliste et laissez libre cours à l'aspect poétique de ce long-métrage ! Ses formidables acteurs vous y invitent. Appelés aux premiers rôles après le refus du couple Marlene Dietrich/Jean Gabin, Nathalie Nattier et Yves Montand, le duo d'amoureux, n'ont pourtant que 22 et 25 ans. Serge Reggiani, 24 printemps, est superbe, lui aussi, en incarnation tourmentée du mal absolu. Et que dire alors des cadors ? Jean Vilar ! L'idée de lui faire incarner le Destin tient de l'inspiration géniale. Derrière ? Pierre Brasseur, Julien Carette et d'autres: tous excellents. On ne fait plus de films comme celui-là ? C'est logique et dommage...

Les portes de la nuit
Film français de Marcel Carné (1946)

Politique ou non, ce film m'a donc fait une très forte impression. Maintenant, si vous êtes davantage intéressés par l'histoire d'amour qu'il raconte, je vous conseille d'autres Carné d'ores et déjà présents sur le blog, dont mon préféré: Le jour se lève. Les cinéphiles portés sur une réflexion historique, eux, verront utilement un film allemand sorti juste la même année: Les assassins sont parmi nous. Glaçant !

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À noter également...
 

Le film sublime aussi une chanson devenue légendaire: Les feuilles mortes (paroles de Jacques Prévert sur la musique de Joseph Kosma). Séduits ? Une page Wikipédia vous en dit davantage sur son histoire.

S'il vous reste un peu de temps et d'envie...

Je vous suggère d'aller lire aussi la chronique de "L'oeil sur l'écran". Légèrement plus explicite sur le fond, elle livre aussi quelques infos supplémentaires sur la forme. Vous en savez plus ? Je suis tout ouïe !

dimanche 9 septembre 2018

Le retour des héros

Prendre les mêmes et recommencer: l'éternel phénomène des suites semble parfois être un frein à l'imagination des meilleurs réalisateurs. Volontairement ou non, certains passent la main à un autre cinéaste pour donner une nouvelle vie à leurs personnages (et univers) cultes. Brad Bird, lui, a mis quatorze ans à concocter Les indestructibles 2 !

Bon... ce n'est pas si simple. Scénariste et réalisateur, l'Américain s'est engagé dans divers projets après l'épisode de 2004, en rappelant d'ailleurs par la même occasion qu'il peut aussi porter les casquettes de producteur et de doubleur ! Qu'il ait voulu réunir la famille Parr dans un nouvel opus n'augure rien de la suite donnée à sa carrière. Pixar, le studio, pourrait vouloir lui préférer d'autres protagonistes...

En attendant d'en avoir le coeur net, je vous dirais que je n'ai rien vu de honteux dans Les indestructibles 2. En qualité de divertissement estival, le film tient parfaitement la route. Il reprend l'idée première du premier volet: montrer que les super-héros sont aussi des gens ordinaires et que sauver le monde n'est pas nécessairement possible sans dommages collatéraux. Détail: au caractère trépidant des scènes d'action, j'ai bien souvent préféré l'humour des séquences familiales. Une mention spéciale pour les péripéties autour du bébé. À se tordre !

Sur le plan formel, bien sûr, tout est nickel chrome. J'ai fait l'impasse sur une possible comparaison entre les techniques d'animation d'hier et celles d'aujourd'hui: je suis en fait déjà convaincu des progrès réalisés, mais ce n'est ce qui m'a attiré vers le film, à vrai dire. Objectivement, on se retrouve ici en territoire connu, voire balisé. Aucune réelle surprise devant ce travail soigné et très "oscarisable"...

Les indestructibles 2
Film américain de Brad Bird (2018)

J'en suis sûr désormais: je préfère largement les super-héros animés à leurs homologues de chair et d'os. Les gardiens de la galaxie restent la seule vraie exception à la règle de mon manque d'intérêt pour les récits Marvel, DC Comics et consorts, dès lors qu'ils brillent autrement qu'en dessins. Et je reconnais que, chez Pixar, je préfère d'autres "pépites": Coco, Ratatouille, Wall-e, Le monde de Némo...

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Une chose à ne pas oublier...
Pixar produit également de très bons courts-métrages: j'en reparlerai. Bao, le tout dernier, est parfois projeté avant Les indestructibles 2 !

Et pour être tout à fait complet...

Il me faut aussi vous dire que le film a plutôt plu à Pascale et Dasola.

samedi 8 septembre 2018

Dangereuse ?

Vous connaissez Vimala Pons ? Initialement lancée par Albert Dupontel en 2006, cette jeune actrice (32 ans) est l'un des "nouveaux visages" du cinéma français. En dehors des sentiers battus, elle est apparue dans treize films ces cinq dernières années ! Je parlerai aujourd'hui de l'un de ceux où elle tient le premier rôle: Marie et les naufragés...

L'histoire démarre quand Siméon (Pierre Rochefort, fils de Jean) découvre un portefeuille appartenant à Marie. Le jeune papa célibataire, journaliste au chômage, se dit alors qu'entrer en contact avec la jeune femme est le meilleur moyen de lui rendre son bien. Pourtant, quand il compose le numéro qu'il a récupéré, il tombe d'abord sur un autre homme, Antoine (Eric Cantona), qui le prévient que la jolie étourdie... est dangereuse ! Ce qui n'empêche pas Siméon d'organiser une rencontre et, du fait de la brièveté de celle-ci, d'imaginer qu'il peut ensuite suivre - espionner ? - son coup de coeur pour, peut-être, s'immiscer un peu dans sa vie. Je veux souligner sans plus attendre que Marie et les naufragés est un drôle de film. J'ignore s'il vous plaira, mais il pourrait certainement vous dérouter...

Au-delà des dialogues et des situations, chaque personnage individuel s'adresse directement aux spectateurs pour raconter son histoire propre. Événements ordinaires et faits insolites se mélangent ainsi pour composer un récit hybride, sans forcément qu'il y ait une ligne narrative forte. D'après ce que j'ai pu lire, c'est justement ce ton atypique qui a plu à certain(e)s d'entre vous, ainsi qu'à une partie significative de la presse spécialisée. Moi ? Je suis passé à côté. Rien de grave, rassurez-vous: j'ai vu bien pire ! Je dois admettre toutefois que Marie et les naufragés ne m'a pas plu autant que je l'espérais. Qu'est-ce qui a donc cloché ? Je n'arrive pas à le savoir exactement. Peut-être le fait que l'étrangeté du film ne mène pas à grand-chose. C'est un peu cruel exprimé ainsi, mais je ne vois rien d'autre à dire...

Marie et les naufragés
Film français de Sébastien Betbeder (2016)

Bref... une notation un peu sévère, de fait, pour un OVNI de cinéma. Si vous vous laissez tenter, je tiens à vous dire que le réalisateur devrait proposer un nouvel opus d'ici la fin 2018 (Ulysse et Mona). J'ai lu du bien sur deux films antérieurs: 2 automnes 3 hivers (2013) et Le voyage au Groenland (2016). Avec Vimala Pons, je conseille également la (re)découverte du curieux Vincent n'a pas d'écailles... 

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Et maintenant, tout de même, une précision...

Soyez-en sûrs: peu vu, le film a quelques arguments pour plaire. Sentinelle et Laurent auront peut-être les mots pour vous convaincre !

jeudi 6 septembre 2018

10 + 1

Onze... le chiffre évoque plutôt le football, mais c'est un fait incontestable: voilà onze années que Mille et une bobines existe ! Ceux qui me connaissent s'en étonneront sans doute: c'est un samedi matin, à 8h30, que j'ai trouvé le sujet de cette chronique spéciale. Plutôt qu'une vague rétro, j'évoquerai les origines de ma cinéphilie...

Je l'ai déjà indiqué: c'est après avoir eu à rédiger de mini-critiques dans un hebdo que j'ai décidé de commencer à tenir ce blog. Je crois toutefois que la première graine de ma passion désormais compulsive pour le cinéma remonte à l'enfance et à une émission-culte de la télé des années 80: La dernière séance, de Monsieur Eddy Mitchell. Aujourd'hui, je ne me souviens certes pas de combien des 192 soirées programmées entre 1982 et 1998 j'ai pu regarder, mais je sais bien que mon amour - fondateur - des westerns trouve ici sa source. Désormais, je ne suis pas fou de la petite lucarne, mais je la regarde régulièrement - et surtout pour des films. Non, on ne se refait pas...

Quitte à être maniaque, autant être précis: en plus du blog, je tiens un tableau Excel de tous les films que je vois au fil des années. Considérez-vous comme moi qu'il faut 52 semaines pour faire un an ? Si c'est bien le cas, je peux vous dire que c'est "seulement" en 2011 que, pour la première fois, je me suis rendu au cinéma plus d'une fois par semaine (avec un total de 53 séances en salles cette année-là). Depuis, après un très léger retrait en 2012, j'ai allégrement explosé les compteurs et atteint 78 projections l'an passé. Un chiffre-record qui pourrait être battu fin décembre, si je maintiens le rythme actuel. Autant le dire tout net: pour moi, la salle demeure in-con-tour-nable !

En complément, j'ai bien sûr une importante collection de films personnels, visibles sur divers supports. J'ai juste arrêté d'acheter des DVDs, le temps de visionner tous ceux qui prennent la poussière sur mon étagère. Ouf ! J'ai su sagement rester à l'écart des Blu-ray. Parfois, l'envie me vient de faire un peu de tri, pour sortir de la pile les films que j'ai déjà vus et qui me semblent les moins intéressants. Un jour, peut-être... en attendant, les seuls opus qui rejoignent ceux que je possède viennent de cadeaux ou de filmographies étrangères rares, au gré de mes voyages - les derniers sont tchèques, du coup. Vous l'aurez compris: mes préférences vont toujours... à l'éclectisme !

Des DVDs, il arrive également que l'on m'en prête. C'est assez rare. Compte tenu du volume de ma collection, je suis peu demandeur. Parfois, quand un(e) ami(e) à moi parle d'un film-culte, ma curiosité m'incite évidemment à lui demander s'il est possible de lui emprunter. D'ici quelques jours, je pense également m'abonner à la bibliothèque dont je vous ai parlé à quelques occasions: un prêté pour un rendu. D'envergure régionale, la structure dispose de fait d'une filmothèque conséquente, qui est proposée pour des emprunts et des consultations sur place. Mes interventions là-bas visent aussi à la faire connaître. Pour le curieux que je suis, elle a tout l'air... de la caverne d'Ali Baba.

Quand je ne regarde pas un film, j'entretiens aussi ma cinéphilie quotidienne par la lecture. J'ai quelques ouvrages spécialisés et livres adaptés à l'écran et suis resté fidèle au magazine Studio Ciné Live depuis le premier numéro... tant qu'il a existé. Son orientation éditoriale un peu people complétait idéalement les aspects "pointus" de Cahiers du cinéma, que je continue d'acheter de temps à autre. Aujourd'hui, l'état de la presse en général et des journaux consacrés au septième art me désole. Notable exception: les Fiches du cinéma. J'ai quelques-uns des bouquins que l'association a édités et, au mois d'avril, attends vivement le fameux Annuel. C'est une véritable bible !

Et puis, bien évidemment, il y a les sites Internet... et les v/blogs. Désormais discret sur le forum DVDAttitude, j'observe (de loin) celui de DVDClassik, en quête de nouveaux avis et références méconnus. Sans y intervenir, il m'arrive aussi de faire un saut sur des pages intéressantes, parmi lesquelles celles écrites par Bertrand Tavernier, Shangols ou Olivier Père, programmateur d'Arte. Je crois toutefois que c'est chez mes lecteurs que je me sens le plus à l'aise. Le retrait de ChonchonAelezig fait que je me contente désormais de lire celles et ceux d'entre vous que je cite parfois, à savoir: Pascale, Dasola, Tina, Sentinelle, Ideyvonne, Lutetia, Laurent, 2flics, Princécranoir, Strum, Eeguab, Benjamin et Lui. J'en profite: merci de votre fidélité ! L'anniversaire que je veux fêter aujourd'hui est aussi un peu le vôtre.

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Et désormais, la parole vous est rendue...

Plus que jamais ouvert à vos remarques, je suis également curieux d'en savoir plus sur les territoires de vos cinéphilies. Je vous écoute !