dimanche 31 octobre 2021

Ça va couper !

Commençons par un chiffre: avec 47 millions de dollars de recettes dans les salles, La nuit des masques reste le film de John Carpenter qui a le mieux marché aux États-Unis. Cette production à petit budget a popularisé un genre - le slasher - et, au passage, lancé une actrice talentueuse: Jamie Lee Curtis. Deux bonnes raisons de s'y intéresser !

Si jamais vous l'ignoriez encore, je vous informe que le terme slasher caractérise une catégorie du cinéma d'horreur, avec pour personnage principal un tueur en série adepte des armes blanches et aux mobiles criminels incompréhensibles. Il s'agit dès lors de jouer avec les peurs enfouies des spectateurs, en les laissant s'attacher aux protagonistes pourchassés par le tueur et se demander si l'un d'eux sera épargné. Dans ce registre, je suis convaincu qu'il existe des longs-métrages bien plus sanguinolents que La nuit des masques, sans même aller jusqu'à évoquer l'outrance assumée de certains grands gialli italiens. Ici, tout se passe au cours de deux nuits: l'une en 1963, où un garçon ordinaire assassine sa soeur à coups de couteau, l'autre quinze ans plus tard, où, échappé de l'asile, il revient sur les lieux de son crime pour y trucider quelques autres innocents. Une vision de cauchemar d'autant plus terrifiante qu'il reste muet et que son visage est caché. De la monstruosité naît un film-référence, d'une efficacité certaine. Mon seul regret a posteriori: ne pas l'avoir vu sur un écran plus grand.

La nuit des masques
(alias Halloween)
Film américain de John Carpenter (1978)

Une fois n'est pas coutume: j'ai mentionné le titre original du film pour vous expliquer pourquoi je tenais à vous en parler aujourd'hui. Quant à ma note, elle est un peu plus faible qu'espéré: j'avais imaginé quelque chose d'un peu plus flippant, pour être tout à fait honnête. D'où un renvoi au giallo, d'autant plus évident qu'un rôle est confié ici à Donald Pleasence, vu ensuite dans le Phenomena de Dario Argento !

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Si vous êtes mélomanes...
Je ne doute pas que vous prêtiez une oreille attentive à la bande originale du film: une musique composée par John Carpenter himself. Un air de piano proche de celui de L'exorciste, sorti cinq ans plus tôt.

Et si vous échappez au tueur masqué...
Vous apprécierez peut-être l'une des nombreuses suites de cet opus. Princécranoir a vu celle de 2018 (toujours avec Jamie Lee Curtis). Quant à Benjamin, il en est resté comme moi aux origines de la saga. Je termine avec l'hommage collectif rendu par Vincent et ses acolytes.

samedi 30 octobre 2021

Au plus près du terrain

L'une de mes amies a un CV tout à fait exceptionnel: à peine âgée d'une vingtaine d'années, elle fut diplômée d'une école de journalisme après un séjour - et deux longs reportages - au Kosovo (en guerre). Elle s'engagea dans un régiment de parachutistes, n'y resta pas, reprit des études et vient d'ouvrir son cabinet de psychiatre. Quel parcours !

J'ai repensé à elle en découvrant Camille, film consacré à la destinée de Camille Lepage, jeune photographe de presse tuée en République centrafricaine en mai 2014, alors qu'elle n'avait encore que 26 ans. D'après moi, ce que dit Wikipédia suffit à appréhender la personnalité d'une reportrice hors-normes, qui ne reculait pas devant le danger. Nous n'avons pas affaire à une tête brûlée avide de scoops: le biopic comprend un certain nombre de scènes "d'action", mais traite aussi des préparatifs de la journaliste, sur le terrain avec ses confrères européens ou, en amont, dans les rédactions, à négocier la livraison de ses images. Le tout sans négliger la population d'un pays plongé dans une grave crise sociale, du fait d'un conflit armé entre factions. La durée du film n'excède pas l'heure et demie: c'est bien suffisant pour faire le tour de la question, avec tout le respect qui s'impose devant une personnalité que l'on découvre presque toujours souriante. L'actrice - Nina Meurisse, née en 1988 - est tout à fait convaincante. J'ai noté que le long-métrage était tout d'abord sorti en Centrafrique !

Camille
Film franco-centrafricain de Boris Lojkine (2019)

Le réalisateur signe ici un long-métrage aussi maîtrisé que poignant. Surprise (ou pas): il a fait ses premières armes dans le documentaire et compte notamment quelques années passées à bosser au Vietnam. Harrison's flowers m'est revenu en exemple de film sur les reporters de guerre: je m'intéresse au sujet, mais je n'en ai guère vu d'autres. Face à l'opus du jour, j'ai senti un lien avec Gabriel et la montagne...

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Si vous souhaitez revenir sur le sujet...

Je suis sûr que Pascale et Lui seront de bons compagnons de voyage.

jeudi 28 octobre 2021

Revenir à la vie

Cela peut surprendre compte tenu de la densité de sa filmographie d'acteur: Mathieu Amalric se dit davantage motivé par la réalisation. C'est pour mieux le connaître dans cette facette de sa vie d'artiste que j'ai choisi d'aller voir Serre moi fort, son huitième long-métrage. Une précision pour les fans, au besoin: on ne le voit JAMAIS à l'écran !

Je vous épargne le spoiler que j'ai lu avant de voir le film. Pour entrer dans le vif du sujet, je vous cite le synopsis tel que je l'ai découvert après coup: "Ça semble être l'histoire d'une femme qui s'en va" (sic). Effectivement, quand Clarisse se réveille un beau matin, elle s'efforce de ne pas faire de bruit, car son mari et ses enfants dorment encore. Après un café, elle sort dans son jardin, prend le volant de sa voiture et entame un voyage dont elle paraît ne pas avoir fixé la destination. "J'ai envie de voir la mer", dit-elle à une amie pompiste, en chemin. Et, plus tard: "Quand on part faire un voyage, ça prend du temps". Nous voilà dès lors embarqués, à ses côtés, vers un horizon incertain. Le cinéma nous offre souvent de tels périples, mais celui de Clarisse est singulier. Réel et imaginaire se mêlent. Sans frontière marquée...

Avant le film, il y eut une pièce, Je reviens de loin (Claudine Galea). Publiée aux éditions Espaces 34, mais inédite au théâtre, semble-t-il. Invisible depuis sa parution en 2003. Mathieu Amalric dit: "Je l'ai lue dans un train et me suis mis à chialer. À hoqueter, comme un bébé". Cela suffira sans aucun doute à vous expliquer qu'il n'y a rien de drôle à attendre de ce récit. Pour être tout à fait clair, je vous déconseille de vous y frotter si vous n'avez pas un moral solide en ce moment ! Cela dit, si triste soit-il, le film reste éminemment recommandable. Chaque séquence est en quelque sorte le fragment d'un récit intimiste que le scénario nous invite à reconstituer, à la manière d'un puzzle. J'imagine qu'au final, chacun(e) aura sa propre perception de l'image obtenue: Serre moi fort n'est pas tendre, tout en demeurant pudique. Sa fin garde une part d'ambiguïté, mais j'y ai vu un peu de lumière retrouvée, une espérance encore ténue, née d'un cap enfin franchi. Chose probablement impossible sans Vicky Krieps, l'actrice principale. Vous seuls pouvez me dire si vous êtes attirés par ce même chemin...

Serre moi fort
Film français de Mathieu Amalric (2021)

J'insiste: les séquences éparpillées finissent par constituer un film unique et franchement intéressant pour peu qu'on s'y laisse prendre. Âmes sensibles, attention: quelques mouchoirs ne seront pas de trop. Cette parenthèse évoque Paris, Texas, dans une improbable version inversée. Autres parallèles: on peut penser à L'arbre, Valley of love et/ou Vers l'autre rive. Chuuut ! Je ne voulais pas trop en dévoiler...

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Et maintenant, pour aller plus loin...

Je vous suggère de lire également les chroniques de Pascale et Strum.

mardi 26 octobre 2021

Miam miam !

"Il faut manger pour vivre, et non pas vivre pour manger": c'est bien par ironie que Molière prône l'ascétisme dans sa pièce L'Avare (1668). Cela étant dit, en son temps, les plaisirs de la table n'étaient réservés qu'à une petite partie de la population. On mangeait donc pour vivre. Survivre, même ! Et sans la plus petite considération gastronomique !

1789, quelques mois avant la Révolution. Chef cuisinier chez un noble de province, Pierre Manceron a préparé des amuse-bouche à la truffe et à la pomme de terre. Scandale ! Un ecclésiastique qu'on dit influent considère qu'il s'agit là d'une nourriture tout juste digne des cochons et n'obtient pas les excuses qu'il estime pourtant devoir recevoir. Manceron est mis à la porte et rentre dans son pays, sans motivation pour autre chose que la reprise du relais de poste de feu son père. Louise, une jeune femme qui lui propose de devenir son apprentie, réveillera-t-elle le cuistot endormi sous la frustration ? C'est le sujet de Délicieux, le (beau) film dont je voulais vous parler aujourd'hui. Amoureux de la bonne chère, je me suis régalé de ce long-métrage délectable. S'il m'a paru un peu prévisible au départ, il est vrai aussi que le scénariste a su mitonner quelques savoureux rebondissements. Le tout relevé par le talent du duo Isabelle Carré / Grégory Gadebois !

Faites-vous plaisir... et n'espérez pas une intrigue 100% réaliste ! Délicieux s'apprécie tel qu'il est. Sans autre forme de fioriture, donc. Ce que le réalisateur a très bien compris, c'est que la grande cuisine s'appuie sur le plaisir du palais, oui, mais d'abord sur celui des yeux. Fixes et très détaillées, certaines images du film ont ainsi des allures de tableaux anciens, de natures mortes - sans l'impression sinistre qu'elles laissent parfois à qui prend tout le temps de les contempler. Je l'ai dit: les acteurs sont excellents, jusque dans les petits rôles. Mention à Benjamin Lavernhe: le jeune sociétaire de la Comédie française continue de s'amuser au cinéma et, devant le "méchant" qu'il incarne ici, je n'ai de fait vu aucune raison de regretter ce choix. Décors, costumes, musiques... tout est à sa juste place, dans ce film. J'espère que l'Académie des César saura bien s'en souvenir au début de l'an prochain ! Et le moment venu, nous en reparlerons peut-être...

Délicieux
Film français d'Éric Besnard (2021)

Le seul réel problème, avec ce long-métrage, c'est qu'il donne faim ! Vous n'en êtes pas rassasiés ? Je vous précise donc que d'autres plats sont disponibles à la carte, pour tous les appétits: La grande cuisine reste un must, mais il y a aussi Soul Kitchen et #Chef, par exemple. Et l'animation a mis la main à la pâte, avec le succulent Ratatouille ! Soyez-en sûrs: tout cela a plus de goût que le meilleur des popcorns...

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Mais le film fait-il recette ?

Peu: à peine 330.000 entrées à ce jour. Les Français sont difficiles ! Gourmandes, Pascale et Dasola ont, malgré tout, apporté le dessert...

lundi 25 octobre 2021

Les risques du secret

À l'évidence, on peut mentir de deux façons: en affirmant des choses fausses ou, à l'inverse, en cachant la vérité. Roman, le protagoniste principal de mon film d'aujourd'hui, pointe dans la seconde catégorie. Ce quadra n'a jamais avoué à sa femme qu'il était accro à la cocaïne. Un accident de la vie l'y oblige soudain. Je vous laisse voir pourquoi...

Mais vous êtes fous
met en scène le duo Céline Sallette / Pio Marmaï et, soyons francs, c'est pour cela que j'ai eu envie de le regarder. L'intelligence du scénario est de ne pas traiter de la déliquescence d'un couple lambda avec deux petites filles, mais de chercher à savoir si les sentiments peuvent résister à un non-dit d'une telle ampleur. Autant l'écrire: les deux interprètes sont tout simplement parfaits dans leurs rôles respectifs. En fait, ils portent le film sur leurs épaules et sont d'autant plus solides qu'ils ont l'un et l'autre plus d'expérience que la réalisatrice - laquelle s'en sort malgré tout très honorablement. Si je tenais à chipoter, je dirais que le sevrage d'une drogue dure apparaît ici comme une formalité, ce qui peut rendre plus difficile d'admettre que tout ce qui se passe à l'écran est vraiment crédible. Bon... pour moi, c'est un simple détail: malgré tout, le récit se tient. Plus qu'une réflexion sur les ravages de la dépendance, je l'ai admis comme une véritable histoire d'amour - très "chahutée", c'est certain. Parce que les personnages et moi sommes voisins en âge ? Possible...

Mais vous êtes fous
Film français d'Audrey Diwan (2019)

Ah ! D'aucuns ont noté que le long-métrage était (beaucoup) plus sage que le titre ne pouvait le suggérer: c'est vrai, mais sans importance. Encore une fois, il ne s'agit pas - ou pas seulement - de démontrer ici que la drogue est un fléau. Pour ce propos-là, Requiem for a dream reste sans aucun doute l'une des références cinéma incontournables. Côté documentaires, Toto et ses soeurs m'avait mis une bonne gifle !

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Un mot encore sur la réalisatrice...

Si Audrey Diwan signe ici son premier long-métrage, elle a fait parler d'elle comme scénariste: elle a notamment bossé avec Cédric Jimenez sur deux des films que j'ai déjà chroniqués (La French et BAC Nord). Inspiré d'un roman d'Annie Ernaux, L'événement, son deuxième opus derrière la caméra, a reçu le Lion d'or du dernier Festival de Venise ! Quant à sa sortie dans les salles, elle est annoncée au 24 novembre...

Avant cela, j'ai un chemin à proposer...
Il mène droit chez Pascale pour un autre écho sur "mon" film du jour.

samedi 23 octobre 2021

Jusqu’à l’atterrissage…

"Jusqu'ici, tout va bien... jusqu'ici, tout va bien...": si vous avez eu l'occasion de voir La haine, récemment et/ou à l'époque de sa sortie en salles, je suis persuadé que vous n'avez pas oublié cette voix off des premiers (et derniers) instants. Moi ? Je l'ai entendue dès 1995. Et enfin revu le film... en ciné-concert et avec Asian Dub Foundation !

Fiction de terrain, La haine suit Vinz, Hubert et Saïd, trois jeunes vivant en banlieue parisienne, au lendemain d'une nuit d'émeutes. C'est un tableau de la France blanc-black-beur d'alors, avec un blanc juif, un Noir et un Arabe. Trois caricatures ? Je vous laisse en juger. La question reste posée (mais moins intensément, tout de même). Quoi qu'il en soit, la caméra suit ces protagonistes lors d'une journée complète avec, en filigrane, le cas d'un de leurs copains, hospitalisé après les événements de la veille. On sent que la tension remonte progressivement, les plans du film étant entrecoupés par le tic-tac d'une horloge, posé sur un carton noir indiquant l'heure de l'action. Ensuite, tout est affaire de sensibilité: si ce qu'il va dès lors advenir de ces garçons des quartiers dits sensibles vous intéresse, le temps passera vite - ce noir et blanc d'école vous plaira très probablement. Et sinon, il est possible que vous passiez votre chemin. Sans regret...

Une chose est sûre: en son temps, le film, lui, a fait forte sensation. OK, Mathieu Kassovitz, réalisateur, scénariste et co-monteur, est l'un des enfants terribles de notre cinéma, mais il a le talent qu'il faut pour poser une ambiance et créer les images qui lui correspondent. "Jusqu'ici, tout va bien...": relatif succès public avec ses deux millions d'entrées, son travail ici fut également reconnu à sa - juste ? - valeur par la profession, obtenant, entre autres, un Prix de la mise en scène à Cannes et le César du meilleur film ! Soutenu par une critique bienveillante, Kasso' regretta toutefois que l'on parle moins du fond que du reste. Toujours est-il qu'avec Asian Dub Foundation, le tout demeure d'une redoutable efficacité: lors de ce nouveau regard porté sur La haine, j'ai simplement eu à regretter que le long-métrage intégral ne soit pas... sous-titré, la musique couvrant les dialogues sur de nombreuses scènes. Dans ces conditions, je crois que le mieux est de se laisser emporter, sans trop perdre l'écran de vue, toutefois. Autant le révéler: le gros son accompagne un atterrissage dantesque !

La haine
Film français de Mathieu Kassovitz (1995)

Fiction en partie inspirée de faits réels, l'opus a marqué son époque et, du coup, fait également date dans l'histoire du cinéma français. Aurait-il également fait école ? Peut-être: il faudra que j'y réfléchisse et, pour cela, que je me décide ENFIN à voir Les Misérables (2019). Parmi mes références "banlieue", je souligne la poésie d'un Gagarine. Vous en avez d'autres ? N'hésitez pas à les évoquer en commentaires !

vendredi 22 octobre 2021

Dune... et de deux ?

Y aura-t-il une suite à Dune ? Je n'ai pas plus de réponse ce vendredi que je n'en avais mercredi: la décision reste liée au succès du film aux États-Unis - où il sort aujourd'hui, en simultané dans les salles obscures et sur la plateforme HBO Max (même chose au Canada). Voici toujours quelques informations que j'ai pu piocher récemment...

Un récit à compléter...

Si deuxième volet il y a, il devrait - très logiquement - être consacré à la seconde moitié du premier tome de la copieuse saga littéraire. Désormais mieux renseigné, j'ai cru comprendre qu'un troisième film, espéré par Denis Villeneuve, nous permettrait de suivre Paul Atréides jusqu'à l'accomplissement de son destin (sujet du deuxième roman). Vous suivez ? Quoi qu'il arrive, on a largement le temps de voir venir !

Un réalisateur déjà prêt...
Si ce que j'ai lu est exact, le premier opus de la possible "franchise" cinématographique a coûté la bagatelle de 185 millions de dollars ! Denis Villeneuve a dit son envie de se remettre au travail rapidement dans le cas où la Warner lui donnerait le feu vert pour l'épisode 2. Jusqu'ici, il aurait déjà éprouvé (je cite) "un grand sentiment de joie et de gratitude". Resterait donc à transformer l'essai. Je lui souhaite.

De vraies raisons d'y croire...
Une certitude: en France, Dune a trouvé son public. Dans un contexte sanitaire encore difficile, le film devrait pouvoir finir dans le top 10 du box-office national 2021: il venait de prendre la première place avec 2,6 millions d'entrées quand j'ai regardé les chiffres, mercredi. Cette année et jusqu'à sa sortie, seuls Kaamelott et Fast & furious 9 avaient comme lui atteint et dépassé le million en première semaine !

D'autres perspectives encore...
Pas question de spoiler, hein ? Juste vous dire que le deuxième volet pourrait faire la part belle au personnage féminin dont Paul Atréides rêve et finit par rencontrer... mais je ne veux en révéler davantage. Les femmes placées en pleine lumière, ce sera peut-être le cas aussi grâce à une série télé autour du Bene Gesserit, le mystérieux ordre politico-religieux à peine effleuré au cinéma. Wait and see ! Ou pas...

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Et vous, vous avez d'autres tuyaux ?

Je n'ai pas cherché à tout dire, ni même à tout savoir par avance. Mais oui... si vous avez des news à partager, je vous passe le micro !

mercredi 20 octobre 2021

Retour sur Arrakis

Vous avez lu les livres de Frank Herbert ? La source littéraire de Dune me manque toujours: il faut admettre que je ne suis pas un passionné de science-fiction. Si je suis allé voir le - très attendu - nouveau film de Denis Villeneuve, c'est parce que la bande-annonce promettait beaucoup... et que le cinéaste québécois ne m'a encore jamais déplu !

Un petit résumé pour les néophytes: l'histoire de Dune se passe loin dans le futur, de nombreuses galaxies étant habitées par des humains et gouvernées par un empereur, Padishah Shaddam IV. Ce souverain s'appuie sur des familles nobles et a ainsi chargé les Harkonnen d'exploiter Arrakis, une planète recouverte de sable, mais aussi riche d'une matière première qui assure la survie de l'humanité: l'Épice. Fidèles vassaux de sa Majesté, les Harkonnen n'ont pas d'état d'âme lorsqu'il s'agit de massacrer la population locale et/ou de la dépouiller de sa seule ressource abondante. Au tout début du film, après 80 ans sans changement de méthode, l'empereur décide de mettre un terme à leur présence sur Arrakis et de faire alors appel à une autre lignée prestigieuse, les Atréides, pour reprendre le flambeau. Un casus belli évident entre les deux maisons rivales, sans possibilité d'arbitrage ! La suite, le film la développe sur deux grosses heures: il est évident que l'on a ici affaire à une très grosse production hollywoodienne. Mais je dirai que ce n'est pas tout à fait un blockbuster pour autant...

Le garçon présenté sur la photo ci-dessus est Paul Atréides, le héros de l'histoire. Dans le bouquin, il n'a que seize ans... et doit affronter une situation de tension qu'il n'a pas cherchée. C'est la même chose dans le film: de fait, quand tout commence, il n'est que l'héritier possible de son père et n'est préparé à la succession que depuis peu. Je vais arrêter là mes explications sur le scénario: j'ajouterai juste qu'évidemment, son destin va le rattraper - à vous de voir comment. Maintenant, mon avis sur la forme: Dune est une indéniable réussite au niveau visuel. Même si nombre de plans sont sombres et difficiles à "lire", les décors et les costumes sont constamment grandioses. Souvent tourné sur des sites naturels, le long-métrage convainc aussi par l'esthétisme de ses scènes d'intérieur et la parfaite intégration des effets numériques nécessaires à son intrigue. Pour sûr, le cinéma d'auteur ne perd rien à se montrer ambitieux du point de vue graphique. Si cet univers ne plaira pas à tous, on s'y immerge facilement. Oui, j'aurais même apprécié d'en voir encore un peu plus !

J'ai déjà vu (et présenté) l'autre version cinéma de Dune, charcutée par ses producteurs et reniée par son auteur, le grand David Lynch. Longtemps jugé inadaptable, le roman originel était également venu à bout du cinéaste chilien Alejandro Jodorowsky, dont l'appétit artistique était, dit-on, beaucoup trop gourmand pour ses partenaires financiers. Bref... Denis Villeneuve, amoureux depuis son adolescence de la saga écrite, s'est de fait attaqué à une très haute montagne. J'affirme qu'il a gagné son pari: malgré un nombre de personnages incalculable, son propos reste très compréhensible. J'ai pu "décrocher" quelques fois, mais cela m'a alors donné envie de m'offrir le livre ! Une précision: pour moi, cette bonne tenue générale du long-métrage doit aussi beaucoup au casting, dominé par les rôles masculins confiés à Timothée Chalamet, Oscar Isaac et Josh Brolin, notamment. Vous ne les connaissez pas ? Ils méritent qu'on s'intéresse à eux. Dommage que les femmes - Rebecca Ferguson et Charlotte Rampling en têtes d'affiche - paraissent un peu en retrait. Mais là, je chipote...

S'il faut parler d'un défaut du film, j'en retiens un gros: sa musique. Elle est omniprésente, assourdissante et, à la longue, limite pénible. J'apprécie les bandes originales quand elles accompagnent les images ou les subliment: là, de temps à autre, elle les écrase, au contraire ! Cela m'a quelque peu frustré par moments, mais bon... rien à faire là-dessus: je ne voulais pas sortir de la salle et y suis donc resté jusqu'au bout du générique. Un autre souci: le film privilégie l'action et semble parfois moins inspiré dans les séquences calmes, intimes. Ponctuellement, j'ai eu du mal à savoir qui faisait quoi et quel camp était avec quel autre: rien de dramatique sur la durée du métrage. N'oublions pas que cet opus est présenté comme un premier épisode ! Denis Villeneuve, qui voulait en faire trois, sera autorisé à en tourner au moins un second si celui-là s'avère assez lucratif pour la Warner. Franchement, je le souhaite: tel quel, Dune finit en queue de poisson et réclame donc une suite. Je vais m'accrocher à la ligne de dialogue finale: "This is only the beginning" ! Et rempiler en 2023, peut-être...

Dune - Première partie
Film canado-américain de Denis Villeneuve (2021)

Le chef d'oeuvre de l'année ? Non, mais un long-métrage spectaculaire et évidemment conçu pour les écrans XXL. Je suis content d'avoir pu le voir dans d'excellentes conditions, pile au centre d'une salle géante. En face, le Dune lynchien de 1984 paraît bien rabougri: un comble. Côté SF, je vous encourage donc plutôt à privilégier deux Villeneuve passés: l'efficace Blade runner 2049 et le superbe Premier contact !

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J'ai l'impression que le film crée pas mal de débat...

Pascale, Princécranoir, Strum et Benjamin en ont parlé avant moi. Mais la discussion peut se prolonger en commentaires, bien entendu !

mardi 19 octobre 2021

Flic et casse-cou

Le lendemain du jour où Belmondo est mort, j'ai publié un petit texte pour lui rendre hommage, mais je me suis surtout dit que le mieux que je pouvais faire était encore de découvrir d'autres de ses films. C'est ainsi que je me suis décidé pour Peur sur la ville, un classique dans un registre plutôt "sérieux". Et aussi retrouvé Ennio Morricone...

Cette fois, il n'aura pas été question de délicatesse: le maître italien a composé une partition de sons bruts, pendant audible d'images urbaines assez froides (et qui, pourtant, subliment Paris). Le scénario raconte comment un certain Letellier, flic haut gradé à la brigade antigang, passe soudain à la criminelle après avoir raté l'arrestation d'un braqueur de banques et se retrouve à traquer un serial killer décidé à liquider les femmes dont il juge le comportement immoral. Bon... dans la France giscardienne d'alors, le film termina deuxième du box-office annuel national (avec presque 4 millions d'entrées). Aujourd'hui, il ressemble davantage au fruit de cette époque révolue qu'à une référence du cinéma: il est un peu trop cousu de fil blanc. Cela dit, je ne me suis pas ennuyé une seconde et Bébel est parfait dans ce rôle à cascades (sur les toits ou un métro, sous un hélico...). Anecdote: certaines scènes ont été tournées avec le GIGN naissant. J'ai aussi pris plaisir à croiser Charles Denner, Jean-François Balmer et Rosy Varte ! Même si, bien sûr, tout cela ne va pas nous rajeunir...

Peur sur la ville
Film franco-italien d'Henri Verneuil (1975)

Il me semble que c'est le premier film de Belmondo dans ce genre particulier que je vois et chronique: je ne conteste pas son côté efficace et la popularité d'un certain aspect "brut de décoffrage". D'ailleurs, au départ, ça ressemble à un giallo italien, sans profusion d'hémoglobine, c'est vrai, mais avec défenestration du 17ème étage ! Et j'ajouterai juste que j'ai préféré L'oiseau au plumage de cristal...

lundi 18 octobre 2021

Un paradis éphémère

Entre l'Argentine et le Brésil, la plus importante des mythiques chutes d'Iguaçu atteint une hauteur de 80 mètres - l'équivalent d'un immeuble de 29 étages. Observer Jeremy Irons l'escalader pieds nus et à la main impressionne: c'est au début de Mission, un film que je voulais voir depuis... une bonne paye ! La Palme d'or du Festival de Cannes 1986 !

Le frère Gabriel est un jeune jésuite espagnol parti dans la jungle amazonienne, mu par l'espoir d'évangéliser les Guaranis, un peuple autochtone (NB: il compte aujourd'hui environ 80.000 représentants). Nous sommes ici entraînés vers l'an 1750, à l'heure où l'Espagne dispute au Portugal la possession et l'exploitation des terres fertiles d'Amérique du sud. Vous l'aurez compris: les deux grandes puissances européennes font peu de cas des "Indiens" et entendent les asservir. Une politique coloniale mortifère que le film décrit avec force détails. Cette fresque de deux heures met en scène toute une communauté locale - dont j'ai supposé la fierté à évoquer ainsi sa propre histoire...

Parmi les blancs, on croise plusieurs visages connus, les plus illustres étant, outre Jeremy Irons déjà cité, Robert de Niro et Liam Neeson. Mission est un régal pour les yeux: la reconstitution est parfaite. Impossible toutefois d'en parler en oubliant le plus bel atout artistique de cette splendeur du cinéma: la musique originale d'Ennio Morricone. L'air emblématique est joué au hautbois et apparaît d'une pureté incroyable. Il est repris par les meilleurs interprètes et son intensité vient même dépasser celle des choeurs féminins de la bande-annonce. Une telle harmonie de la forme et du fond est vraiment remarquable. D'aucuns estiment ce film dépassé ? Pas moi: j'aimerais au contraire qu'il en soit produit et tourné d'autres de cette nature à notre époque. Ce drame est un formidable hymne à la tolérance et à la cohabitation pacifique entre les peuples. On peut également y voir un manifeste écologique. C'est pour cela que je le juge d'une indéniable modernité !

Mission
Film britannique de Roland Joffé (1986)

Culte en son temps, mais formidablement préservé jusqu'à nos jours. J'insiste donc: avec ce film, je me suis tout simplement ré-ga-lé ! Lyrique et puissant, le long-métrage anticipe quelque peu sur un opus signé Ridley Scott: le très controversé 1492 - Christophe Colomb. Sur un sujet voisin, je vous recommanderais aussi The lost city of Z ou bien encore le Silence de Martin Scorsese. Car j'ai aimé les trois...

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Un petit lien pour finir...

Ce sera l'occasion pour vous de lire les réserves de "L'oeil sur l'écran".

samedi 16 octobre 2021

Ode à la révolution

Il y a deux choses que je tiens à éviter au cinéma: 1) rater le début d'un film et 2) ne pas le voir en entier. Ce n'est qu'après avoir hésité que j'ai fini par me décider à découvrir Soy Cuba, en ciné-concert. Dans le programme que j'avais consulté, il était en effet mentionné que seule une partie du long-métrage serait diffusée. Petite surprise !

Soy Cuba
est le fruit d'une collaboration inédite entre des producteurs soviétiques et cubains. Il se découpe en quatre histoires (distinctes) et évoque la révolution qui a amené Fidel Castro au pouvoir, en 1959. On peut le considérer comme un film militant, voire de propagande. Reste qu'à sa sortie, en 1964, il fut mal reçu par les diverses parties prenantes et suscita la polémique... avant de tomber dans l'oubli ! C'est à Guillermo Cabrera Infante, un romancier connu notamment pour avoir été le fondateur de la Cinémathèque de Cuba, qu'il doit d'avoir été diffusé dans un festival américain au début des années 90. Il fut ensuite réhabilité par Martin Scorsese et Francis Ford Coppola...

Pour ma part, j'ai vu le générique initial, ainsi que les parties 2 et 3. Soit, en résumé, un récit autour d'une famille de pauvres exploitants agricoles dont la terre est rachetée par un consortium, puis un autre évoquant le funeste destin d'un étudiant exalté et toutefois incapable d'abattre un milicien qu'il considère pourtant comme un tortionnaire. Oui, Soy Cuba est à l'évidence inspiré par la réalité de son temps. Mais ce n'est pas ce qui m'avait attiré: au départ, j'ai pris ma place pour ce ciné-concert parce que je me réjouissais de cette opportunité d'apprécier un autre film de Mikhaïl Kalatozov, le célèbre réalisateur soviétique (1903-1973). Assurément, mes attentes ont été comblées !

Épaulé par Sergueï Ouroussevski, son fidèle directeur photo, l'artiste inventa des images qui, aujourd'hui encore, font forte impression. Audacieux, les deux hommes n'hésitèrent jamais à user de techniques tout à fait innovantes: le résultat est si fort qu'on se demande parfois comment ils ont pu placer leur caméra ! Soy Cuba n'est pas qu'un film de virtuoses, cela dit: c'est également une oeuvre d'une puissance émotionnelle peu commune. La magie d'un somptueux noir et blanc est encore amplifiée par l'absence d'effet numérique: certaines scènes ont probablement nécessité de recourir à des centaines de figurants. Je n'ose même pas imaginer la beauté de celles que je n'ai pas vues...

Damien Litzler, l'un des musiciens qui jouaient live, a ensuite précisé qu'il n'avait pas projeté les séquences dansées et chantées du film. C'est compréhensible: la musique serait alors entrée en "concurrence" avec celle de son groupe, SZ. Aucun regret: les morceaux post-rock écrits pour le ciné-concert ne m'ont pas semblé dénaturer les images. Autant dire que je n'ai pas regretté ma soirée - et ce d'autant moins qu'elle était en accès libre, dans le cadre des Journées du patrimoine. Il faudra tout de même que je (re)voie Soy Cuba dans son intégralité. En tout, il dure deux heures vingt: j'en suis donc resté à la moitié. C'est bien suffisant pour vous le recommander vivement, camarades !

Soy Cuba
Film soviétique et cubain de Mikhaïl Kalatozov (1964)

Difficile de trouver quelque chose de comparable: le style Kalatozov est unique - et c'est très bien ainsi ! Rappel: j'ai parlé d'autres films du maître, Quand passent les cigognes et La lettre inachevée. J'espère avoir des occasions de mieux connaître le cinéma soviétique. J'avoue en revanche de (très) grosses lacunes sur le cinéma de Cuba et n'ai toujours pas vu... le deuxième épisode du Che de Soderbergh !

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Il est temps de laisser la parole à un spécialiste...

Je suis vraiment content d'ainsi relayer un texte de mon ami Vincent.

vendredi 15 octobre 2021

Noir, et alors ?

Il se peut que je sois passé à côté du phénomène Jordan Peele. Wikipédia m'apprend qu'à 42 ans, cet acteur, humoriste, réalisateur, scénariste et producteur (ouf !) américain a déjà 18 ans de carrière derrière lui. Je l'ai découvert le mois dernier avec son premier film sorti au cinéma: Get out, Oscar du meilleur scénario original en 2018.

Chris vit une jolie histoire d'amour avec Rose. La jeune femme parvient vite à le convaincre que leur différence de couleur de peau n'a aucune importance et décide dès lors de lui présenter ses parents. Elle a cependant oublié que, le même week-end, la maison familiale accueille aussi un rassemblement à la mémoire de son grand-père. Tout risque donc de ne pas se passer exactement comme prévu. Parlons d'abord du positif: dans sa première heure, Get out construit un suspense solide et sait intelligemment faire monter la tension. Derrière les sourires de façade, on sent bien qu'il y a quelque chose d'autre, sans pouvoir vraiment imaginer ce que c'est. Tout s'éclaire dans la demi-heure finale, mon problème étant que cette résolution m'est apparue franchement grotesque (pour ne pas dire expéditive) ! C'est dommage: tout le début était parvenu à capter mon attention. Les acteurs, eux, s'en sortent avec les honneurs. Légère frustration...

Get out
Film américain de Jordan Peele (2017)

La très sensible question raciale aux États-Unis vaut (un peu) mieux qu'un tel traitement, sans doute sincère, mais finalement inabouti. Peut-être est-ce simplement que, pour une fois, le cinéma de genre peine à me convaincre. Ma référence des films sur la cohabitation entre les noirs et les blancs reste comique: Devine qui vient dîner ? Avec Les figures de l'ombre et Green book en alternatives récentes !

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À propos de la conclusion...
Pas de panique: je ne compte pas vous spoiler la chute du film. Simplement, vous signaler qu'une autre fin avait d'abord été tournée. J'ai déjà vérifié qu'il n'est pas très difficile de la dénicher sur le Net...

Mon film du jour ne fait pas l'unanimité...
Le débat se poursuit chez Pascale, Dasola, Princécranoir et Benjamin.

jeudi 14 octobre 2021

Esprit vengeur

Vous lisez ce blog avec une certaine constance ? Il est donc possible que vous connaissiez déjà mon intérêt pour le thème des fantômes. C'est une vieille légende des peuples préhispaniques d'Amérique latine qui m'a conduit vers La Llorona: elle prétend que l'âme d'une femme dont les enfants sont morts erre afin de hanter le monde des vivants !

Mon film d'aujourd'hui est une oeuvre hybride: il s'appuie sur ce mythe et, dans le même temps, puise son inspiration dans un événement historique pour construire un scénario aussi intéressant qu'ambigu. Avant de le voir, je ne savais rien d'Efraín Ríos Montt: ce général guatémaltèque est arrivé au pouvoir après un coup d'État en 1982 et, en l'espace d'un an, a causé la mort de milliers de ses compatriotes d'origine indienne, en vertu de sa politique dite de "la terre brûlée". Bien plus tard, en 2013, il fut jugé coupable de génocide et de crime contre l'humanité, mais ne resta finalement qu'une nuit en prison avant d'être transféré dans un hôpital militaire. Et rapidement libéré !

La Llorona
évoque très clairement le vieil homme, déchu et enfermé entre les murs de sa villa. Des manifestants siègent en permanence sous ses fenêtres: le monstre n'est plus entouré que par sa famille proche, un garde du corps et quelques domestiques. Ce sont les pleurs d'une femme qui, une nuit, le réveillent soudain: l'ancien dictateur soupire, se relève et manque alors d'abattre son épouse, venue voir ce qui se passait. La décision d'embaucher une nouvelle servante n'arrangera pas cette situation, au contraire. Et c'est là que le film devient très intéressant: ce qui aurait pu n'être qu'un brûlot politique prend des allures de long-métrage fantastique, aux marges du réel. Impeccables, les acteurs n'y sont pas pour rien, mais la mise en scène renforce cette impression d'une présence spectrale - et on frissonne. Sans effet gore pourtant, la peur s'infiltre et, avec elle, le cauchemar. N'ayez crainte: bien connaître le cadre historique n'est pas nécessaire. Selon moi, c'est en fait parce que le ton demeure d'une rare sobriété que tout cela est si efficace: la tension, elle, est presque constante...

La Llorona
Film guatémaltèque de Jayro Bustamante (2019)

Quatre ans après Ixcanul, le cinéaste - 44 ans depuis mai - s'affirme comme un talent à suivre. Ce quasi-huis clos m'en a bien convaincu ! L'amalgame du cinéma contemporain avec des récits traditionnels ancestraux fonctionne à merveille, pour peu qu'on s'y laisse prendre. Ensuite, vous aimerez peut-être aussi le fantôme de Vers l'autre rive ou, plus proche de nous, celui de A ghost story. Embarras du choix...

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Et pour mieux vous guider parmi les esprits...

Je suis persuadé que vous pouvez faire confiance à Pascale et Dasola.

mercredi 13 octobre 2021

Sous la flamme

"J'ai voulu faire un mélodrame sec, de larmes contenues. Déployer une psychologie ténue, réduite à l'os": dans le dossier de presse conçu autour de son film, Oliver Laxe assume son intention de sobriété. Viendra le feu est une oeuvre peu bavarde, qui va droit à l'essentiel. Elle nous emmène vers une terre méconnue: les montagnes de Galice.

Amador, tout juste sorti de prison, retourne chez sa vieille mère. D'après l'une des premières lignes de dialogue, il aurait été condamné pour avoir délibérément causé un incendie sur un territoire sensible. "Était-il coupable ? S'est-il réconcilié avec le monde ou la nature ? Est-il profondément récidiviste ? Et s'il était innocent ?": le réalisateur lui-même pose ces questions, sans jamais véritablement y répondre. À chacun de faire sa propre opinion, comme dans la vie hors-cinéma. L'intérêt de Viendra le feu est peut-être ailleurs: dans l'observation méticuleuse d'un milieu presque clos, où les activités paysannes pourraient bientôt devoir céder la place au profit du développement touristique. La tradition contre la modernité ? Ce serait trop simpliste d'évoquer le film comme le récit d'une opposition entre deux mondes fermés, puisque l'un a de fait besoin de l'autre (et réciproquement). On ouvrira alors grand les yeux pour découvrir une réalité européenne que, pour ma part, je ne soupçonnais pas. Quelques images sublimes balisent le chemin, au service d'un cadre minimaliste. Une curiosité...

Viendra le feu
Film franco-espagnol d'Oliver Laxe (2019)

Pointu, mais d'une durée de moins d'une heure et demie: cela reste accessible si vous êtes un tant soit peu curieux d'un cinéma du réel. Depuis quelque temps, il semble qu'un nombre toujours plus important d'artistes investisse les espaces ruraux pour y raconter des histoires. Bon... c'est vrai aussi que Petit paysan, Revenir ou même La nuée paraissent davantage "grand public". C'est à vous de choisir (ou pas) !

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Besoin d'un autre avis avant de trancher ?

Je comprends... et note qu'Eeguab et Lui ont également publié le leur.

lundi 11 octobre 2021

En panne d'amour

C'est lundi ? Il fait gris ? Ne nous laissons pas abattre: j'ai un film lumineux à vous présenter aujourd'hui. Un film que je crois destiné aux ados plutôt qu'aux adultes, mais on ne va pas chinoiser là-dessus. J'ai vu Fragile le dernier jour de son exploitation dans l'une des salles que je fréquente épisodiquement... et je trouve que ça valait le coup.

Fragile
, c'est le titre du film et le qualificatif qui colle à la peau d'Azzedine (alias Az), un jeune ostréiculteur de Sète. Après deux ans d'amour, ce brave garçon est décidé à épouser Jessica, comédienne débutante. Aïe ! Quand il veut faire sa demande, c'est la cata ! Arrivée en retard au rendez-vous, la belle se dérobe, manque d'avaler la bague - cachée dans une huitre - et, pire, réclame une pause. Toutes choses que ne permet pas d'anticiper l'image que j'ai choisie pour mon illustration, juste au-dessus de ce premier paragraphe. C'est vrai: cette photo montre Az après sa déprime, repris en mains par sa bande de copains et en particulier par Lila, une amie proche qui compte bien lui apprendre à danser pour reconquérir sa dulcinée. La suite ? Il est bien sûr tout à fait possible que vous l'ayez devinée...

J'ai parlé d'un film lumineux: si le scénario n'est pas d'une originalité folle, les aventures d'Az, Lila et les autres se suivent avec un bonheur certain, dans la mesure où tout ici est empli de couleurs chaudes saisies sur la côte méditerranéenne, de sourires et d'optimisme. Fragile recompose le tableau de la France blanc-black-beur: posture naïve, sans doute, mais qui fait quand même du bien par les temps qui courent. C'est l'âge des personnages qui me fait dire qu'il vise davantage les jeunes adultes, mais je ne mettrais pas de barrière. Car l'énergie des jeunes comédiens emporte le morceau, à mon avis ! Formellement parlant, le film n'a pas à rougir: la caméra virevolte quand il le faut, mais sait s'assagir dans les moments les plus posés. Pour son premier long, la réalisatrice démontre aussi sa compétence de monteuse: je ne vois aucun défaut technique à pointer du doigt. Je crois que je me suis tout simplement laissé emporter par le récit...

Fragile
Film français d'Emma Benestan (2021)

Quatre étoiles pleines (et plutôt généreuses) pour ce cinéma français "en germe" qui, je l'espère, saura demain donner de beaux fruits. Évidemment, on a déjà vu maintes fois d'autres groupes de ce genre. Tout ne se vaut - et ne se compare - pas, mais je me rappelle bien mon plaisir avec Le péril jeune ou, plus récemment, Bande de filles. Hé ! C'est tout de même moins plombant que Les petits mouchoirs...

dimanche 10 octobre 2021

Lina W. (version courte)

Terminons la semaine avec Lina Wertmüller, voulez-vous ? J'ai pensé qu'il serait bien d'un peu mieux présenter cette cinéaste méconnue. Apparemment, elle reste une référence en Italie - et même ailleurs dans le monde. Le cinéma français est parfois un peu trop chauvin ! Je tente donc, très modestement, de repousser quelques frontières...

Toujours en vie !

Lina Wertmüller a posé sa caméra et son stylo depuis une douzaine d'années, mais elle est encore de ce monde: elle a eu 93 ans en août dernier. Née en Italie, elle a des origines suisses. Son nom véritable est Arcangela Felice Assunta Wertmüller von Elgg Spanol von Braueich et s'avère presque aussi long que le titre de certains de ses films. Apparemment, elle fut jadis l'enfant rebelle d'un père avocat à Rome !

Un look constant...
La cinéaste fait partie de ces gens qui soignent leur allure personnelle pour être facilement identifiables: sur la quasi-totalité des photos toujours en circulation, elle porte des lunettes à montures blanches. Un rire noir chaussé de lunettes blanches fut d'ailleurs le titre choisi pour une biographie publiée en 2009. Admettons que c'était bien vu...

Un "maître" en cinéma ?

Bien que renvoyée de plusieurs écoles catholiques, Lina Wertmüller, avant de se lancer dans le cinéma, parvint à devenir institutrice. Puis, quelques années plus tard, elle fit favorablement parler d'elle comme assistante du grand Federico Fellini, sur le tournage de 8 1/2. J'ose croire que vous serez d'accord avec moi pour dire qu'il y a pire...

Dans le top 100 !
Sorti en 1972, Mimi métallo blessé dans son honneur est aujourd'hui au 74ème rang du box-office italien, avec 7,6 millions de spectateurs. C'est ce film qui a fait remarquer Lina Wertmüller hors de son pays. En 1973, elle fut invitée à Cannes pour Film d'amour et d'anarchie. Son acteur fétiche, Giancarlo Giannini, obtint le Prix d'interprétation !

À l'Ouest, du nouveau...
J'ai cru comprendre que Lina Wertmüller était aussi une amie proche de deux des grands Sergio du cinéma transalpin: Corbucci et Sollima. Sous un pseudo masculin, elle a co-scénarisé et co-réalisé un western à la gloire de Belle Starr, une femme hors-la-loi des années 1870-80. Voilà une autre rareté que j'aimerais désormais découvrir, pour sûr...

Pionnière ?
La réalisatrice fut, en 1977, la première femme nommée pour l'Oscar de la meilleure mise en scène, avec Pasqualino, un film sur la survie dans les camps de concentration nazis. Las ! Cette belle récompense fut finalement décernée à un homme: John G. Avildsen (pour Rocky). En octobre 2019, Lina Wertmüller reçut toutefois un Oscar d'honneur. Gentiment ironique, elle conseilla à l'Académie de le rebaptiser Anna !

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Ça va mieux en le disant...

Ma chronique du jour ne se veut absolument pas un bilan exhaustif. Donc, si vous souhaitez la compléter, les commentaires sont ouverts !

samedi 9 octobre 2021

Les naufragés

J'aurais pu "fondre" ma chronique de mercredi et celle d'aujourd'hui dans un seul et même diptyque ! Je viens vous parler d'un autre film de Lina Wertmüller, dont le titre malicieux et très étonnant m'a tapé dans l'oeil: Vers un destin insolite sur les flots bleus de l'été. D'ailleurs, la cinéaste semble une habituée de ces intitulés à rallonge !

En revanche, fini le noir et blanc: nous sommes en présence d'un film tourné en couleurs et qui, pour le coup, en fait un usage immodéré. L'histoire ? Raffaella, la femme d'un milliardaire italien, se voit offrir un mois en mer avec son mari et quelques-uns de ses riches amis. Seulement, plutôt que d'en profiter, elle passe son temps à pérorer sur des sujets politiques qui, pourtant, paraissent la dépasser. L'ennui, c'est que la donzelle se retrouve vite à la merci de Gennarino, un membre d'équipage qu'elle méprise: ensemble, ils se sont échoués sur une île déserte au cours d'une escapade marine mal préparée ! Passons les détails: Vers un destin... arrive peut-être un peu tard dans l'histoire du cinéma pour être présenté comme une comédie italienne "classique" (vous avez le droit de me détromper, hein ?). Personnellement, je n'ai pas trouvé ça très drôle: les personnages évoluent, mais la violence et les insultes sont presque constantes. C'est donc plutôt lourdingue et seule la fin m'a - un peu - ému. Maintenant, je me dis que ça pourrait être révélateur d'une époque...

Vers un destin insolite sur les flots bleus de l'été
Film italien de Lina Wertmüller (1974)

Une déception pour moi qui espérais quelque chose de plus "sérieux" avec ce titre XXL et ses superbes images de la Méditerranée ensoleillée. Je me souviens m'être davantage amusé grâce à un film avec Harrison Ford, Six jours sept nuits, au thème assez proche. Bien évidemment, on est loin, très loin, d'Onoda et de son île à lui. Pour la rivalité des sexes, autant prendre la route New York - Miami !

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Une anecdote insolite...

Lina Wertmüller s'est plusieurs fois appuyée sur les deux comédiens ici présents, j'ai nommé Mariangela Melato et Giancarlo Giannini. Vers un destin... a ensuite connu un remake, réalisé par Guy Ritchie. Un nanar, paraît-il, sorti en 2002. Avec le fils de l'acteur et Madonna !

jeudi 7 octobre 2021

La preuve par le son

Le cinéma sait pousser des portes qui, habituellement, sont fermées au grand public. C'est le cas dans Boîte noire, un bon film français venu mettre en lumière les missions du Bureau d'enquêtes et d'analyse pour la sécurité de l'aviation civile (BEA). Une bien belle "découverte". Suffisante en tout cas pour une bonne séance dans une salle obscure !

Mathieu Vasseur travaille donc pour le BEA: un peu mis sur la touche après une erreur d'interprétation fâcheuse, il est néanmoins chargé d'écouter les bandes audio de la cabine de pilotage d'un avion de ligne qui s'est crashé dans les Alpes. Et il a une grosse pression: son chef direct a disparu sans donner de nouvelles et le grand patron a prévu d'informer la presse de ses premières conclusions... dans la journée ! On comprend évidemment qu'il y a d'importants intérêts économiques derrière cet empressement, au-delà même d'une hypothétique vérité due aux familles de victimes. Et, dans ce bon scénario, c'est bien là que tout se joue: sous son casque, Mathieu tient peut-être une part de l'avenir de certains des sous-traitants de l'industrie aéronautique. Autant être très clair: je ne vous dis pas que c'est tout à fait crédible. Je dis juste que c'est accrocheur: Boîte noire est un film à suspense réussi, sans doute un peu rocambolesque parfois, mais aux rouages assez complexes pour tenir le spectateur en haleine un bon moment. À la manière des thrillers américains parano des années 70, en fait...

Et le réalisateur lui-même cite Hitchcock et Pakula en références ! C'est bien vu, mais ça n'aurait pas forcément suffi à me convaincre. Si j'ai pris autant de plaisir, c'est également grâce à un casting solide. Au gré de rôles très différents les uns des autres, Pierre Niney brille et confirme qu'il est l'un des meilleurs comédiens de sa génération. Avec lui, de vieux briscards à leur avantage: André Dussollier en boss exigeant et Olivier Rabourdin à la partition longtemps très ambigüe. Impossible de ne pas citer ceux que j'ai découverts en même temps que le film: Sébastien Pouderoux, sociétaire de la Comédie française, et surtout la lumineuse Lou de Laâge - je ne veux pas en dire plus. Sans entrer trop dans les détails, je peux vous dire que Boîte noire est aussi soigné sur la forme: je n'y ai vu aucune réelle fausse note. Compte tenu du sujet, vous serez attentifs au son: là encore, le film fait la preuve d'une belle efficacité et, à l'image du héros, il se peut que vous doutiez alors de ce que vos oreilles ont réellement entendu. Pas besoin d'être un expert, OK ? L'idée serait plutôt de s'en amuser...

Boîte noire
Film français de Yann Gozlan (2021)

Entre Blow out et Sully, un opus digne de ses modèles (supposés). Quelques petits temps morts, mais je me suis bien diverti: mission réussie et donc, bravo aux protagonistes ! Les trois jours du Condor et Conversation secrète sont évoqués, mais... je ne les ai pas vus. Côté suspense, j'ai aimé d'autres films récents: L'heure de la sortie et Jersey affair, par exemple. NB: le son est décisif dans The guilty !

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Un petit rappel...

Yann Gozlan et Pierre Niney avaient déjà collaboré: c'était là encore pour un film à suspense, Un homme idéal. Un peu moins emballant...

Et pour être complet...
Vous pouvez désormais aller lire une chronique de notre amie Pascale.

mercredi 6 octobre 2021

Ennui à l'italienne

Milan, Turin, Gênes, Florence, Venise... parmi les grandes villes italiennes où je suis allé, Naples se situe à coup sûr le plus au sud. Mon film du jour l'est encore davantage: I Basilischi nous emmène dans une bourgade des Pouilles, à l'écart des sentiers touristiques. Loin de (presque) tout, les jeunes s'ennuient, s'ennuient, s'ennuient...

Visitant les lieux, la caméra nous montre tout d'abord qu'après l'heure du déjeuner, les habitants du coin sont majoritaires à faire la sieste. C'est dire si le dynamisme n'est pas vraiment leur qualité première. Voix off à la clé, cette séquence initiale est particulièrement drôle. Oui, et donc ? Antonio, Sergio et Francesco, les trois personnages principaux, s'agitent un peu. Ils aimeraient que les filles de leur âge daignent accepter de flirter. Question importante: cet opus du cinéma transalpin des années 60 serait-il une parodie assumée ou un avatar du néoréalisme ? Euh... un peu les deux, répondrai-je par précaution. C'est d'ailleurs ce qui pourrait expliquer que je sois quelque peu resté sur ma faim: le léger flou laissé par I Basilischi m'a dérouté, en fait. Ne jetons le bébé avec l'eau du bain: le long-métrage tient la route malgré mes réserves et, qualité plutôt rare à l'époque, il a été réalisé par une femme. Restauré il y a peu, le noir et blanc sublime des plans assez originaux parfois - je pense notamment à celui d'un escalier filmé à l'horizontale. Dernier atout: la musique est d'Ennio Morricone !

I Basilischi
Film italien de Lina Wertmüller (1963)
Les Basilischi sont de petits rois ou des lézards, si j'ai bien compris. J'avais d'abord pensé aux habitants de la Basilicate, une région du sud de l'Italie. Qu'importe... j'ignorais tout de cette "curiosité filmique" avant de tomber dessus et n'en suis pas mécontent. Parmi les films italiens voisins, Divorce à l'italienne était toutefois un cran plus haut dès 1961. Et Le cheik blanc riait déjà des bonnes moeurs, en 1952...

mardi 5 octobre 2021

Un duel sans sommet

Allez savoir pourquoi... quand j'ai entendu parler d'Alain Corneau l'autre jour, j'ai pensé à Patrice Chéreau. Un moment d'égarement pour la rime ? Bref... j'ai bel et bien vu le dernier Corneau, Crime d'amour, sorti moins de quinze jours avant sa mort. La perspective d'un duo-duel Kristin Scott-Thomas / Ludivine Sagnier m'avait séduit !

Paris. Isabelle travaille (beaucoup) pour le compte d'une entreprise multinationale et sous la direction de Christine, une cadre aux dents très longues et qui n'hésite pas à se faire valoir auprès de leurs chefs américains... pour le bon travail des autres ! La complémentarité supposée des deux femmes ne tient pas la distance: la vilénie souriante de la seconde déstabilise la première et ne lui convient plus dès qu'elle en est une victime, collatérale d'abord, directe ensuite. Cette relation biaisée est exposée avec talent dans la première partie du film. C'est ensuite que cela se gâte vraiment: Crime d'amour devient l'histoire d'une vengeance... et tout s'avère cousu de fil blanc. Pire: même en acceptant l'invraisemblable, j'ai fini par juger le récit très prévisible - avec une bonne demi-heure d'avance sur le métrage. Et le supposé twist de la fin m'a paru particulièrement peu original ! C'est vraiment  dommage: l'idée de départ était tout de même bonne.

Crime d'amour
Film français d'Alain Corneau (2010)

Mouais... trois étoiles, mais d'extrême justesse. Las ! Après un début prometteur, le jeu se fait mécanique, la photo se révèle assez moche et le suspense s'étiole vite. Tout cela fait beaucoup (et donc peu). Tant qu'à faire, sans doute aurait-il fallu des scènes plus étouffantes et ambigües encore, comme celles de Mulholland Drive par exemple. Pas sûr d'avoir envie de voir Passion, le remake par Brian de Palma...

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Au fait ! Les avis sur le film ne sont pas unanimes...

La preuve en est faite sur les blogs de Pascale, Dasola, Vincent et Lui.