dimanche 14 janvier 2024

Christine, Wenceslas, Michel...

Nous les appelons les "sans domicile fixe". Un euphémisme qui permet d'oublier que la plupart d'entre eux n'ont pas de domicile DU TOUT. C'est la Fondation Abbé Pierre qui cite le chiffre: en début d'année dernière, la France comptait 330.000 sans-abris - soit deux fois plus que dix ans plus tôt ! En 2013, Claus Drexel est allé à leur rencontre...

Lui parle de découverte. Le cinéaste s'intéresse peu à ce qui conduit tant d'hommes et de femmes à dormir dehors. Il donne plutôt un écho direct à leurs propos. Au bord du monde est donc un documentaire atypique, bien différent des reportages télévisés sur le même sujet...
 
Bien qu'entièrement tourné de nuit, le film enferme une lumière particulière, qui - si j'ose dire - sublime les protagonistes d'un récit évidemment tragique. On découvre alors, c'est un fait, des hommes et des femmes "comme nous", qui tiennent des propos complexes d'une voix posée. Il y a des exceptions, bien sûr, mais la majorité n'apparaît pas totalement désocialisée. Et pourtant ! Recroquevillée dans une couverture de survie, une femme évoque ses sept années dans la rue et affirme qu'elle y restera tant qu'aucune solution décente ne lui permettra de retrouver un vrai toit avec ses enfants. Mieux loti d'un certain point de vue, un homme dispose d'un refuge sous un pont parisien, qu'on voit comme un poste de contrôle fluvial ou une remise abandonnée par les bateliers. Il dit vivre là depuis 23 ans et précise qu'il pourrait désormais être obligé de partir rapidement. Ces destins pathétiques sont filmés plein axe, avec beaucoup d'humanité. L'immense mérite de Claus Drexel est de redonner un prénom à celles et ceux qui restent sur le côté - et y survivent, comme des fantômes !

Au bord du monde
Documentaire français de Claus Drexel (2013)

Un sujet certes difficile à aborder, mais un film qui ne sombre jamais dans le misérabilisme. Plusieurs prix lui ont été décernés à sa sortie. Puisqu'il reste malheureusement d'actualité, il est judicieux de le voir. Vous préférez la fiction ? Je vous rappellerai que le même réalisateur est l'auteur de Sous les étoiles de Paris, une jolie et très triste fable portée par Catherine Frot. En plans B: Louise Wimmer et/ou Hector !

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Et pour insister un peu...

Vous pourrez noter que notre amie Pascale parle d'un film "essentiel".

2 commentaires:

Pascale a dit…

Ce film m'avait mise Ko.
J'y avais eu 3 commentaires.
Je ne cesse d'entendre des chiffres et des reportages à la radio.
Comment des gens, des enfants peuvent dormir dehors en ce moment en France ?
3000 enfants sont dehors chaque nuit, qui vont à l'école le matin... sans doute pour avoir chaud.
Et ce sont toujours les associations locales qui agissent.
La politique, les politiques je n'en peux plus. Priorité aux JO, n'oublions pas.

Martin a dit…

C'est un film bouleversant. Et qui fait mal en nous rappelant à quel point ces gens sont laissés de côté.

Heureusement qu'il y a encore quelques associations pour leur venir en aide !