samedi 30 janvier 2021

Une poussée de rock

Quand Leto, son film, a été présenté à Cannes, Kirill Serebrennikov n'a pas été autorisé à quitter la Russie. "Notre histoire traite de la foi nécessaire pour surmonter ce contexte", a-t-il indiqué dans la note d'intention de ce long-métrage tourné vers la scène rock du Leningrad du début des années 90 ! Des artistes eux aussi pris dans un carcan...

Leto
est par ailleurs un triangle amoureux, dont les pointes saillantes sont un guitariste déjà adulé par la jeunesse, sa femme et un rockeur plus jeune que le premier va plus ou moins prendre sous son aile. C'est après avoir vu le film que j'ai appris que ces protagonistes s'inspirent de personnages réels, Natalya Naumenko, au coeur du trio, ayant d'ailleurs écrit les mémoires qui ont servi de base au scénario. Les garçons, eux, sont morts en 1990 et 1991, l'un dans un accident de la route et l'autre dans des circonstances encore mystérieuses. Bref... le sujet du film n'est pas là, mais on sent bien que l'énergie propre à cette jeunesse est, sinon canalisée, au moins très surveillée.

"Ce qui m'a initialement attiré vers cette histoire, c'est son innocence et sa pureté",
dit encore Kirill Serebrennikov (que je découvre juste). Chacun jugera de la force politique du film, mais c'est un rappel utile à la jeune génération, en Russie et ailleurs, quant à la fragilité même des sociétés libres. Sur la forme, Leto est une oeuvre d'une beauté indéniable, à mi-chemin parfois entre le cinéma classique et le clip. L'essentiel des images est en noir et blanc, mais quelques séquences utilisent la couleur, notamment quand quelqu'un filme dans le film. Cette esthétique m'a ponctuellement paru trop appuyée: je chipote. De fait, elle n'atténue pas la portée symbolique de ce long-métrage engagé et souvent engageant. Entre tubes chantés dans la langue russe et reprises de multiples grands standards anglo-saxons, la B.O. favorise l'immersion tant elle a fière allure. Vous me direz peut-être que c'est la moindre des choses. Oui, mais ça va mieux en l'écoutant !

Leto
Film russe de Kirill Serebrennikov (2018)

Le film est bon, utile, pertinent... mais il a manqué je-ne-sais-quoi pour m'emballer davantage. Enfin, si vous aimez le rock, je vois mal comment vous pourriez ne pas l'apprécier. Le tout m'a refait penser au Control d'Anton Corbijn, lui aussi tragique et porté par une photo impeccable. Et le contexte politique m'a évoqué Les chats persans ! Très clairement, on est ici loin d'un feel good movie à la Yesterday...

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Une précision si vous êtes intéressés...
Le film ne raconte peut-être qu'une partie de la vérité. Un personnage récurrent intervient face caméra pour relever qu'en réalité, les choses ne se sont pas déroulées comme les images peuvent le laisser penser. Une solution: taper "Mike Naumenko" et "Viktor Tsoï" dans Wikipédia.

Vous avez tenu à rester pour les rappels ?

C'est entendu: Pascale, Strum et Vincent sont déjà prêts à poursuivre.

jeudi 28 janvier 2021

James démultiplié

J'ignore quand nous pourrons voir le dernier épisode de James Bond avec Daniel Craig. Constamment reporté, le film marque un tournant dans l'histoire de la franchise, avec la retraite annoncée de l'agent secret. L'hypothèse était déjà envisagée il y a plus de quarante ans. Je vous emmène aujourd'hui traîner nos guêtres... au Casino Royale !

Tout cela nécessite, je crois, des explications quelque peu détaillées. Il s'avère que le premier roman de Ian Fleming est paru sous ce titre et que les producteurs cinéma n'ont pas eu tout de suite les droits d'adaptation. D'où cet étrange opus hors-série, où le maître-espion coule donc des jours heureux après de longues années de service actif. Seulement voilà... un fou menaçant la planète, les dirigeants des grandes démocraties (Royaume-Uni, France, États-Unis et Union soviétique) demandent à ce cher James de rempiler. Ce qu'il refuse jusqu'à ce que ces mêmes chefs de gouvernement décident de faire sauter son château ! Et on s'embarque alors dans une folle aventure aux côtés de David Niven, remplaçant au pied levé d'un Sean Connery excusé. Ce n'est d'ailleurs pas la seule tête d'affiche de ce grand délire filmique: on reconnaîtra (notamment) Ursula Andress, Deborah Kerr ou Jacqueline Bisset chez les girls, comme Peter Sellers, Woody Allen, Orson Welles et Jean-Paul Belmondo parmi les gentlemen. Un casting d'une rare distinction... et qu'il n'a pas été facile de gérer, a-t-on dit !

Parodie assumée et apocryphe, Casino Royale est un film foutraque. Vous y croiserez aussi bien des Indiens sur le sentier de la guerre qu'une drôle de soucoupe volante en manoeuvre vers Piccadilly Circus. Afin d'attraper au plus vite le grand méchant, James Bond himself choisit de se démultiplier, confiant dès lors une partie de sa mission aux alliés les plus farfelus - dont la fille qu'il a eue avec Mata Hari ! J'imagine qu'il vaut mieux voir ce "machin" en connaissance de cause. Si vous vous attendez à un film d'espionnage, ce qui passe à l'écran risque de vous piquer les yeux. Autant le dire: il faut bien accepter qu'un scénario parte dans tous les sens pour apprécier ce spectacle. L'ambiance est d'autant plus débridée que le film est aussi le résultat du travail de cinq réalisateurs différents (et pas les moins connus !). La critique n'a pas été tendre avec lui, mais, malgré son aspect déroutant, bancal et décousu, il est parvenu à rentrer dans ses frais. Je suis vraiment ravi d'avoir découvert cette oeuvre à part. Il semble que les parties prenantes n'aient pas toutes partagé cet avis positif...

Casino Royale
Film américano-britannique (1967) de Val Guest
+ Kenneth Hughes
+ John Huston
+ Joseph McGrath
+ Robert Parrish
Une note en demi-teinte pour dire que le film est un peu excessif. Néanmoins, j'avoue que ce côté totalement libéré des codes me plaît aussi. Il n'y a pas d'autre James Bond aussi dingue et l'épisode officiel qui s'intitule Casino Royale (sorti en 2006) est beaucoup moins fun. C'est ma foi bien que ce blog s'ouvre parfois au style de la parodie. Tout bien réfléchi, une farce type OSS va aussi dans cette direction...

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Juste histoire de faire durer le plaisir...

Je vous propose de lire aussi les critiques-analyses de Vincent et Lui.

lundi 25 janvier 2021

2020 en dix séances

Allez savoir comment elle sera perçue et présentée dans le futur ! Répétons-le encore: 2020 n'a pas été une année comme les autres. Avant de tourner la page, un dernier regard vers les salles obscures me rappelle que je n'y ai vu "que" 33 films l'an passé. Si j'en soustrais les reprises, il en reste 24 ! Et en voici les dix meilleurs à mon goût...

1. 1917 / Sam Mendes
Celles et ceux d'entre vous qui me connaissent ne seront pas étonnés de voir ce long-métrage en tête de peloton. J'indique juste aux autres que la Première guerre mondiale reste pour moi un fait historique majeur. Cette très immersive fiction est une gifle: elle m'a laissé KO.

2. Felicità / Bruno Merle
Le bonheur tient à peu de choses, finalement: ce petit film inattendu m'en a offert une bonne tranche, à partir de quelques personnages touchants et d'un bon scénario à choix multiples sur la fin d'un été. Sûr que je n'écoute plus les refrains kitsch italiens de la même façon !

3. Une vie cachée / Terrence Malick
C'est donc le cinéma qui m'a présenté Franz Jägerstätter, ce paysan autrichien qui a payé de sa vie son refus de se battre dans l'armée nazie. Son courage et sa mémoire méritaient certainement ce film d'une ampleur XXL (presque trois heures !). Comme une longue prière.

4. Le miracle du saint inconnu / Alla Eddine Aljem
Un OVNI venu du Maroc, ce n'est pas tous les jours que l'on voit cela dans les salles françaises. Pourtant, le film qui défile sous nos yeux ébahis paraît aussi étrangement familier, du fait d'un rapprochement possible avec le cinéma de Jacques Tati. Abracadabrant et burlesque !

5. Le cas Richard Jewell / Clint Eastwood
Pas toujours inspiré ces dernières années, l'éternel cowboy solitaire est revenu en meilleure forme avec cet opus édifiant, où un citoyen ordinaire plutôt courageux finit par devenir le bouc-émissaire parfait. Derrière la - sordide - réalité des faits, le constat social est accablant.

6. Mosquito / João Nuno Pinto
La guerre de 14 ne s'est pas jouée que dans les tranchées d'Europe. C'est le juste rappel de ce long-métrage éprouvant, chemin de croix pour Zakarias, jeune engagé portugais en perdition sur le sol africain. Les yeux grand ouverts, on ne peut que traverser ce bad trip avec lui.

7. Petit Vampire / Joann Sfar
Mais jusqu'où ira donc le dessinateur, auteur et réalisateur niçois ? Revenant hanter ses rêves anciens, le gaillard concocte une histoire de monstres savoureuse, agrémentée d'un soupçon d'autobiographie. Les adultes seraient bien inspirés de ne pas tout laisser aux enfants !

8. En avant / Dan Scanlon
Je n'ai pas fini de le déplorer: Pixar aura donc choisi d'exiler son film de Noël sur une plateforme payante et de ne pas l'exploiter en salles. Heureusement, c'est bien au cinéma que j'ai vu le premier opus 2020 du studio à la lampe. Ses sujets: famille, fraternité et deuil. Y'a bon !
 
9. Play / Anthony Marciano
La nostalgie n'est plus ce qu'elle était, mais il peut être sympathique de rembobiner le fil de nos vies pour se souvenir des moments heureux. C'est le pari de ce film imparfait, d'accord, mais attachant. Son score: 253.345 spectateurs en salles. Pour moi, il mérite mieux !

10. Radioactive / Marjane Satrapi
Les dernières propositions cinéma de la réalisatrice (et bédéiste) franco-iranienne m'avaient laissé froid. Je me suis un peu réchauffé autour de cet honnête biopic de Marie Curie, étonnamment financé par des producteurs... en Angleterre. Une mention ++++ pour la B.O. !

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Quatorze "recalés", c'est fort peu...

Mon record 2017 (78 séances) tiendra donc au moins un an de plus. Cela m'incite à vous dire que, dès que ce sera possible, je retournerai au cinéma pour un millésime 2021 que j'espère plus enthousiasmant. Je ne voudrais pas finir sans citer Le livre d'image, ce film étrange de Jean-Luc Godard visionné en mars dernier. Une expérience en soi !

Et en attendant le retour à la normale...
Vous pouvez partir en quête d'autres bilans: il y en a un chez Pascale. Mille et une bobines, lui, a désormais repris son rythme de croisière d'une parution tous les deux ou trois jours. La prochaine arrive jeudi !

vendredi 22 janvier 2021

Dix émotions en 2020

C'est incontestable: le septième art est un grand vecteur d'émotions. Découvrir un long-métrage que je n'avais pas pu voir lors de sa sortie en salles m'offre régulièrement d'en ressentir de nouvelles, inédites. C'est bien sûr mieux au cinéma, mais pas uniquement ! Tous supports mêlés, voici à présent les dix films qui m'ont le plus touché en 2020...

1. Les moissons du ciel / Terrence Malick / 1978
Je savais déjà que le cinéaste américain était un créateur d'images d'une virtuosité très supérieure à la moyenne. Cette fresque sociale proche de la grande littérature populaire m'a scotché au fauteuil. C'était un bonheur suprême que de découvrir ce film sur grand écran !

2. Chaplin / Richard Attenborough / 1992
Un biopic à l'ancienne, transcendé évidemment par la personnalité incomparable de son sujet. Les biographies filmées manquent parfois de recul et se contentent (trop) souvent de leurs qualités esthétiques. C'est un peu le cas ici, mais Robert Downey Jr. y a mis tout son coeur.

3. L'oeuvre sans auteur / Florian Henckel von Donnersmarck / 2018
Plusieurs décennies de l'histoire de l'Allemagne à travers le destin chahuté d'un artiste majeur: le sujet aurait bien pu être plombant. Miraculeusement, ce large panorama tient debout et, mieux encore, joue habilement sur plusieurs cordes sensibles. Paula Beer est divine !

4. Fanny / Marc Allégret / 1932
Je l'ai vérifié: de toute la trilogie marseillaise de Pagnol, cet épisode médian est bien mon préféré. Le duo Demazis / Raimu est splendide et le reste de la distribution sans défaut. Une histoire d'amour(s) éternelle dont les années n'altèrent pas la beauté. À voir. Et à revoir !

5. La vie invisible d'Eurídice Gusmão / Karim Aïnouz / 2019
Deux soeurs inséparables et pourtant séparées de longues années après une décision de leur père: il aurait été facile de faire pleurer avec une thématique aussi âpre. Ce très beau long-métrage brésilien écarte le pathos en se focalisant sur l'intime. Magnifique et poignant.

6. La fille du puisatier / Marcel Pagnol / 1940
Un futur académicien derrière la caméra et une histoire de famille sensible sous le soleil de Provence: les ingrédients d'un bon classique sont réunis et, plus de 80 ans plus tard, on s'en délecte encore. Magie d'un cinéma moins coupé de son temps qu'il n'y paraît de prime abord.

7. L'incroyable histoire du facteur Cheval / Nils Tavernier / 2019
Le portrait d'un homme bien ordinaire qui aura passé tout son temps libre, toute sa vie, à construire un palais extraordinaire. La folie seule ne saurait expliquer cet acharnement créatif à nul autre pareil. Investi, Jacques Gamblin m'a avant tout amené... à admirer l'artiste !

8. Kon-Tiki / Joachim Ronning et Espen Sandberg / 2012
C'est sans doute une autre forme de démence qui a poussé un groupe d'explorateurs scandinaves à rejoindre la Polynésie depuis l'Amérique sur un radeau de fortune. Au nom de la science, il était aussi question d'établir que c'était possible. Beauté des images et force du message.

9. The rider / Chloé Zhao / 2017
Que reste-t-il quand on a tout perdu ? En suivant un jeune spécialiste du rodéo grièvement blessé, ce film aux allures de documentaire parle de la condition actuelle des pauvres aux États-Unis et de la dignité. Une fiction aux contours incertains et l'oeuvre d'une cinéaste à suivre.

10. Papicha / Mounia Meddour / 2019
Très bon souvenir que celui de ma soirée plateforme devant ce film consacré aux étudiantes algériennes du temps de la guerre civile. Implacable, le récit prend aux tripes, aussi intense que le combat pour la liberté mené par ces femmes. Du pur cinéma "coup de poing" !

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Là encore, pas facile de conclure...

Rien ne saurait dès lors être gravé dans le marbre pour la postérité. Certains éléments de ce top sont longtemps restés sous la menace d'autres opus méritants. Mes préférences sont souvent fluctuantes ! Afin d'être un peu plus exhaustif, j'ajoute ici une citation pour un film que j'ai revu avec ardeur: le Cyrano de Bergerac de J.-P. Rappeneau.

On se retrouve la semaine prochaine ?
Lundi, je compte bien vous présenter le must des films vus en salles.

mercredi 20 janvier 2021

Dix plaisirs en 2020

Moins d'écrans XXL, davantage de petites lucarnes: cette fichue Covid aura aussi eu un impact sur ma manière de "consommer" les films. Cinémas fermés, confinements et couvre-feux: 2020 restera l'année où j'en ai le plus vu non liés à l'actu - 135 en tout, zéro revoyure ! Voici, en guise de premier bilan, les dix qui m'ont fait le plus plaisir...

1. Les diaboliques / Henri-Georges Clouzot / 1955
Comment mieux commencer qu'avec ce grand classique du cinéma français ? J'ai adoré ce copieux mélange de suspense et de perversité. Le réalisateur a ainsi affirmé sa place dans mon Panthéon personnel. Devant la caméra, le casting est fa-bu-leux, Simone Signoret en tête !

2. Grave / Julia Ducournau / 2017
Chocs et frissons, une fois encore, pour un film de genre ébouriffant. J'ai découvert une cinéaste, mais tiens aussi à saluer la performance de son actrice principale: Garance Marillier, une "gamine" à suivre. Quelques excès de jeunesse, mais je ne veux retenir que le meilleur !

3. Ève / Joseph L. Mankiewicz / 1950
L'école hollywoodienne à son meilleur: en multipliant les points de vue sur son intrigue, ce film complexe évite le piège du manichéisme. Restent une réflexion sur l'art de la représentation et les portraits croisés de trois femmes. Résultat à la fois somptueux et passionnant.

4. Campus / Richard Rush / 1970
Je ne savais pas trop à quoi m'attendre, mais j'ai découvert un film profond sur l'entrée dans le vrai âge adulte. Bonus: un regard critique sur le Vietnam et la vie sacrifiée de milliers de jeunes Américains. Tout cela "live" et dans une approche presque documentaire. Épatant.

5. La grande cuisine / Ted Kotcheff / 1978
Un (très !) bel exemple de fantaisie jubilatoire. Les coproductions internationales n'ont pas toutes cette efficacité comique: c'est dire combien je suis heureux d'avoir découvert celle-là, un soir, à la télé. Avec Jean Rochefort et Philippe Noiret en prime, ce fut un pur délice !

6. Chut... chut, chère Charlotte / Robert Aldrich / 1964
Hop, on retourne à Hollywood ! J'en ai pris littéralement plein la vue avec ce thriller au cordeau, plein de rebondissements inattendus. Bette Davis / Olivia de Havilland: le duel marque les esprits, arbitré par un Joseph Cotten plus ambigu que jamais. Du très grand cinéma !

7. Good luck Algeria / Farid Bentoumi / 2016
L'une des belles surprises des derniers mois: la vision d'un Algérien planté sur des skis et en route pour les Jeux olympiques d'hiver m'avait certes laissé espérer un feel good movie de bonne facture. Mais le film parle aussi de l'identité: une réussite à plusieurs niveaux.

8. Le veuf / Dino Risi / 1959
Le millésime écoulé m'aura permis de mieux apprécier la comédie italienne des années 50/60, dont Alberto Sordi était un ambassadeur de classe internationale. Ici, tout est grinçant, truculent et tordant. Oui, si vous aimez les losers magnifiques, c'est à voir sans attendre !

9. Le ciel peut attendre / Ernst Lubitsch / 1943
J'ai appris à être exigeant avec le réalisateur, mais il faut bien dire qu'il évoluait jadis un cran au-dessus de bon nombre de ses confrères. Ici, si le scénario est amusant, c'est dans sa dimension mélancolique qu'il offre en fait le meilleur de lui-même. À conseiller aux amoureux !

10. Terra Willy - Planète inconnue / Éric Tosti / 2019
Tout en couleurs joyeuses, un parfait remède à la grisaille de nos vies restreintes et hivernales. Le film plaira sans aucun doute aux petits et grands - surtout avec le génial Édouard Baer dans le rôle du robot de service. Pas tellement de second degré, mais du fun ininterrompu.

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Un dernier mot sur mes mentions honorables...

Conclure un top ten n'est jamais chose facile et d'autres prétendants étaient en lice pour la dixième place. Prime au cinéma d'animation français, donc, et sans regret. Pour finir, je réserverai des accessits à deux blockbusters revus avec grand bonheur: Gremlins et Stargate.

À présent, je vous donne rendez-vous vendredi...
Je ferai la liste des dix films qui m'ont le plus touché (hors sorties).

mardi 19 janvier 2021

La coccinelle aux Caraïbes

Cette année sera-t-elle celle du rebond pour l'animation française ? Sans attendre de le savoir, c'est avec plaisir que j'ai vu un film sorti en janvier 2019: Minuscule 2 - Les mandibules du bout du monde. Comme son nom l'indique, il s'agit d'une suite, mais on peut la voir sans connaître le premier volet, car les deux récits ne se suivent pas !

D'un épisode à l'autre, on retrouve toutefois les mêmes "personnages" principaux, coccinelles, fourmis noires et rouges, araignées de tailles diverses et autres bestioles familières de nos contrées. Je précise pour celles et ceux qui n'auraient pas vu le premier opus que ce film initial se déroulait intégralement dans le Mercantour, parc national d'une superficie totale de 695 km2, répartis entre les Alpes-Maritimes et les Alpes-de-Haute-Provence. Or, cette fois, une petite coccinelle tombe accidentellement dans un colis de spécialités gastronomiques en partance pour les Caraïbes, ce qui motive l'une de ses comparses pour lancer une périlleuse mission de sauvetage transatlantique ! J'aime l'idée et plus encore la réalisation, dénuée de toute parole inutile au profit de bzzzz d'insectes qui ne sont pas moins explicites...

La recette des débuts est donc respectée à la lettre: c'est avec talent que Minuscule 2... associe à nouveau la prise de vue en images réelles et l'invention de créatures diverses en images de synthèse. J'ai regretté qu'une place plus importante soit désormais laissée aux êtres humains - joués notamment par Thierry Frémont et Bruno Salomone. Cela dit, le langage des hommes est ici largement incompréhensible et c'est bien du côté des p'tites bêtes que l'essentiel se passe. Résultat: une heure et demie d'un spectacle accessible à tou(te)s. Oui, chacun(e) pourra y trouver son compte, à mon humble avis. D'ailleurs, les professionnels semblent unanimes, eux qui ont réservé au film un accueil très positif dans l'ensemble. Ainsi, la note moyenne s'élève à 4,3/5 parmi la vingtaine de critiques de presse recensées par Allociné, soit un score plus haut que celui des spectateurs (3,8). Tenez-en compte ou pas: ce sera à vous seul d'en décider, à présent !

Minuscule 2 - Les mandibules du bout du monde
Film français d'Hélène Giraud et Thomas Szabo (2019)

Pas forcément aussi innovant que le premier volet, cet épisode 2 demeure d'une excellente qualité et donc tout à fait recommandable. Avec un léger anthropomorphisme (assumé), l'ensemble fait mouche ! Les amoureux de la nature et des coccinelles apprécieront peut-être l'allure plus conventionnelle de Gus petit oiseau, grand voyage, film animé ET "sérieux" ! Moi, j'ai presque envie de revoir Microcosmos...

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Pas de doute: le film a fait le buzz...

Vous pourrez ainsi en lire d'autres compte-rendus chez Dasola et Lui.

Cette chronique termine une étape...
J'en ai fini avec les films que j'ai pu voir (ou revoir) en 2020. Rendez-vous dès demain, à midi, pour un premier bilan du millésime !

lundi 18 janvier 2021

Mortelle jeunesse

Vous aimez les films déjantés ? J'ai ce qu'il vous faut ! Il faut préciser que je ne savais pas à quoi m'attendre avec La mort vous va si bien. Je l'ai regardé grâce 1) à son titre farfelu et 2) à la confiance générale que j'accorde à son réalisateur, le très talentueux Robert Zemeckis. Remonter ensuite près de trente ans en arrière n'a pas été un souci...

Le temps qui passe en est un, en revanche, pour l'un des personnages féminins du film: Madeline Ashton, très médiocre actrice de cabaret. Son talent relatif la préoccupe bien moins que ses premières rides. Aussi, quand sa rivale, Helen Sharp, lui présente son mari chirurgien esthétique, la comédienne ratée saute-t-elle rapidement sur l'occasion inattendue de se refaire une beauté. Je passe sur la liste des détails comiques, mais rien que l'attitude de Goldie Hawn et Bruce Willis dans la scène inaugurale laisse supposer le délire en puissance. Objectivement, rien n'est bien sérieux dans ce long-métrage étonnant quelque peu oublié, qui vire bientôt au conte macabre et fantastique sous l'influence d'une pseudo-sorcière jouée par Isabella Rossellini ! Croyez-moi: vous n'avez encore rien vu. Oui, la suite est juste folle...

C'est l'occasion de voir Meryl Streep dans un contre-emploi étonnant ! Réalisés par Industrial Light & Magic, la fameuse société spécialisée appartenant à George Lucas, les effets spéciaux étaient innovants pour l'époque et apportèrent ainsi au film une personnalité certaine. Pour info, ils permirent à leurs concepteurs de décrocher un Oscar. J'admets cependant que, parfois, j'ai trouvé que tout ce qui gravitait autour des acteurs était un peu "chargé". La mort vous va si bien génère un monde de pacotille, peut-être un peu trop éloigné du nôtre. Autant dès lors l'envisager comme un autre univers, où la dinguerie créative de quelques artistes aura parfaitement trouvé à s'exprimer. Après tout, cela n'a rien d'antipathique en soi: découvert à Halloween plutôt qu'à Noël, il est possible que cet opus m'ait davantage séduit. Dans le genre lugubre, je ne serais pas surpris qu'il soit considéré comme un film-culte par certains joyeux drilles. Bref, à vous de voir !

La mort vous va si bien
Film américain de Robert Zemeckis (1992)

Ni mauvais, ni incontournable: un long-métrage correct et distrayant sur le thème - éculé - de la jeunesse éternelle. Le côté "morbide" passe vite au second plan, certes, ce qui en fait donc une comédie plutôt qu'un film d'épouvante. Bon... cela étant précisé, je dois dire que je préfère Les valeurs de la famille Addams (sorti en... 1993). Tout en concevant qu'il n'est pas facile de faire rire avec un tel sujet !

dimanche 17 janvier 2021

Ne jamais grandir

Disney, épisode 2. Les fêtes de fin d'année m'auront permis de revoir un autre des grands classiques du studio: Peter Pan, leur 18ème film d'animation. C'est l'adaptation d'une pièce écrite par le dramaturge écossais J. M. Barrie en 1904, qu'elle semble surpasser en notoriété...

À Londres, les enfants de la famille Darling croient fort en l'existence d'un pays imaginaire où vivrait un héros, chef d'une joyeuse bande pourchassée par des pirates dirigés par le terrible capitaine Crochet. Ces mômes ont la faculté enviable de ne jamais devenir des adultes. Un soir de rêverie, Wendy et ses petits frères reçoivent la visite impromptue de leur chef et d'une fée, Clochette. Bientôt, ils volent avec eux vers la contrée de leurs rêves pour vivre une folle aventure !

Vous trouvez les Disney trop sirupeux ? Si celui-ci n'échappe pas complètement à la règle, je dois dire qu'il est aussi très... animé. Malgré une intrigue assez convenue, les péripéties sont nombreuses, les personnages tout à fait attachants et l'action quasi-constante. Peter Pan nous glisse au creux de l'oreille qu'il serait fort judicieux que nous n'oublions pas notre âme d'enfant: c'est un message simple auquel j'adhère volontiers ! Parfois, il suffit de se laisser entraîner...

Peter Pan
Film a
méricain de C. Geronomi, W. Jackson et H. Luske (1953)
En nous embarquant dans un monde merveilleux, ce long-métrage gagne son pari et nous fait un peu oublier notre quotidien. J'imagine qu'il doit encore plaire aux bambins d'aujourd'hui, sans l'avoir vérifié. Vous rêvez d'un opus plus mature ? Je ne saurai trop vous conseiller de redonner sa chance à Hook, suite officieuse signée Spielberg. Toujours pas convaincus ? Il vous restera à naviguer vers Neverland !

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Et pour compléter mon propos...

Je vous invite une nouvelle fois à parcourir la chronique d'Ideyvonne.

samedi 16 janvier 2021

Chienne de vie

J'aurais aimé voir le dernier Pixar à Noël, mais la fermeture forcée des salles de cinéma l'a envoyé tout droit sur la plateforme Disney + ! Je me suis donc rabattu sur deux classiques de chez Mickey rediffusés à la télé, à commencer par La belle et le clochard. Faute de grives...

Ce 19ème long-métrage d'animation du studio aux grandes oreilles raconte l'histoire de Lady, une petite chienne adoptée par un couple d'Américains dans les beaux quartiers de ce qui ressemble à une ville du début du siècle dernier. Un rêve de courte durée: quelques mois sont passés quand l'animal est relégué au second rang, sa famille d'accueil préparant l'arrivée d'un bébé. Face à cette concurrence affective déloyale, Lady acceptera-t-elle le soutien d'un cabot des rues pour être à terme rétablie dans son bon droit ? That is the question...

Sous une vraie avalanche de bons sentiments, La belle et le clochard n'apparaît certes pas aujourd'hui comme le Disney le plus audacieux. C'est toutefois un film charmant, que j'ai donc aimé revoir en famille lors des dernières fêtes de fin d'année. La copieuse page Wikipédia du film m'inviterait presque à une longue exégèse, mais je reconnais que je n'ai pas très envie de trop en dire, si ce n'est pour applaudir cette délicieuse scène autour d'un plat de spaghettis aux boulettes. Un souvenir de gosse d'un romantisme fou ! Je vous laisse savourer...

La belle et le clochard
Film américain de C. Geronimi, W. Jackson et H. Luske (1954)

Le type même de dessin animé que l'on aime... ou que l'on déteste. De par mon envie de redécouvrir tous les Disney, je suis content d'avoir rattrapé celui-là au vol, même si ce ne sera pas mon préféré. Classique pour classique, Blanche Neige demeure le must ab-so-lu ! Si ce sont des toutous animés que vous cherchez, L'île aux chiens s'avère une bonne piste. Mais c'est un film d'une toute autre nature...

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Continuons avec Mickey, voulez-vous ?

Ideyvonne a évoqué le film dans une chronique dédiée aux animateurs historiques: elle pourrait bien vous inciter à (re)voir différents films !

vendredi 15 janvier 2021

Far far West

D'un cowboy à l'autre: je vous reparlerai aujourd'hui de Clint Eastwood pour présenter Bronco Billy, un film que j'ai découvert récemment. Malgré des critiques assez favorables, il n'a connu qu'un succès mitigé dans nos chères salles françaises, se classant 36ème des 38 opus eastwoodiens à ce jour, avec 123.986 entrées. Mais je reste curieux !

Dans Bronco Billy, l'ami Clint assume le rôle-titre et s'échine à casser son propre mythe en incarnant le directeur d'un cirque itinérant inspiré par les légendes du Far West. Cette troupe de Pieds nickelés vieillissants connaît de grosses difficultés pour faire entrer de l'argent frais dans ses caisses: son spectacle est bel et bien passé de mode. Heureusement, une dénommée Antoinette Lilly, improbable héritière d'une fortune colossale, pourrait bien lui sauver la mise, à son corps défendant. La suite, vous la découvrirez peut-être sur l'une des routes américaines arpentées en convoi par la bande, dans ce road movie défraîchi, mais toujours sympathique (pour les amateurs du genre). L'acteur et réalisateur, lui, le présente comme l'un de ses préférés parmi ceux de son abondante filmographie. Je veux bien l'admettre...

Comme je le soulignais, l'un des aspects réussis de ce film mineur tient à ce qu'il ironise sur ce qui a fait la gloire du cinéma américain en général et de celui de Clint Eastwood en particulier. On s'amusera à cocher les cases symboliques en retrouvant un cheval, des Indiens emplumés, des flingues bien sûr et même... une attaque de train ! Bronco Billy me paraît très accessible aux jeunes enfants et pourrait constituer pour eux une bonne introduction à cet univers de légende. Pour l'anecdote, deux rejetons Eastwood, Kyle et Alison, apparaissent dans la distribution. Leur paternel n'avait eu besoin que d'un budget limité pour raconter cette histoire simple, bouclant même l'affaire beaucoup plus vite que le studio ne l'avait envisagé, à ce qu'il paraît. Ce n'est pas pour cela qu'il grimpera d'une marche supplémentaire dans mon Panthéon personnel, mais je le respecte aussi pour ce type de films "moyens". Et pour info, j'en ai encore quelques-uns en stock !

Bronco Billy
Film américain de Clint Eastwood (1980)

Sans doute l'un des longs-métrages les moins connus de ce cher Clint. C'était (déjà) son septième passage derrière la caméra: une réussite relative, un peu dans le fil de Honkytonk man - meilleur à mes yeux. Je veux croire que le temps permettra de revaloriser ces chroniques modestes de l'Amérique ordinaire. Ici, la marche était un peu haute pour rejoindre La strada, l'une des références avouées du réalisateur.

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Cet opus est donc plutôt passé inaperçu...

Vous pourrez tout de même voir que Vincent l'a (brièvement) évoqué.

jeudi 14 janvier 2021

Libre ?

Ce n'est un secret pour personne: décédé en février dernier à 103 ans révolus, Kirk Douglas laisse derrière lui une bonne centaine de films tournés pour le cinéma ou la télévision, dès l'immédiat après-guerre. Sorti en 1955, L'homme qui n'a pas d'étoile était son 23ème rôle ! C'est également l'une des dernières réalisations du grand King Vidor...

Western classique, le film a pour héros Dempsey Rae, un brave type lancé à la recherche d'un emploi de cowboy. Passager - clandestin - d'un train en route vers le prometteur Wyoming, notre homme sympathise avec un dénommé Jeff Jimson, autre voyageur solitaire un peu plus jeune que lui et à l'attitude bravache. Les deux larrons décrochent finalement presque aussitôt un poste dans un ranch tenu d'une main de fer par... Reed Bowman, une femme aussi séduisante que déterminée à ne pas se laisser guider par un homme quelconque !

Sans être franchement innovant, le scénario de L'homme qui n'a pas d'étoile réserve quelques surprises et rebondissements inattendus. Kirk Douglas joue du banjo, mais aussi d'un autre instrument au son certes moins mélodieux: je vous laisserai maintenant découvrir cela. Disons simplement que l'un des thèmes importants du film n'est autre que la liberté: comment la conquérir, la conserver, voire la partager ? Sur ce point, L'homme qui n'a pas d'étoile me paraît très révélateur d'une certaine forme de culture américaine, où la notion de propriété vient parfois heurter celles d'indépendance et d'égalité des chances offertes à chacun. Le propos s'avère ici moins caricatural et univoque qu'il n'y paraît de prime abord, avant une conclusion "à la Lucky Luke" que j'ai aimée pour sa sobriété. Telle une porte vers l'Ouest éternel...

L'homme qui n'a pas d'étoile
Film américain de King Vidor (1955)

Le cowboy solitaire est à l'évidence une figure récurrente du western américain (ou autre), mais, en réalité, celui de mon film d'aujourd'hui n'exerce aucune mission secrète et n'a pas de vengeance à accomplir. Bref, on est loin de l'homme sans nom popularisé par Clint Eastwood ! Si vous aimez Kirk Douglas en cowboy, Le dernier train de Gun Hill mérite d'être considéré. Il y a, cette fois, une étoile sur sa chemise...

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Je vois d'autres amateurs à l'horizon...

Vous serez peut-être être intéressés à lire les avis de Vincent et Lui. Ajout tardif du lundi 20: je n'avais pas "linké" la chronique de Strum !