samedi 31 janvier 2009

Enlevé, d'accord...

Je n'ai pas hésité longtemps. Quand j'ai vu l'autre jour que Taken était sorti en DVD, et sachant que je l'avais loupé au cinéma, je l'ai pris dans la sélection des films que j'emprunte chaque mois à la Fnac pour les mini-chroniques dans le journal. En fait, les quelques images que j'avais vues m'avaient paru prometteuses d'un grand spectacle estampillé "à l'américaine", pour ce film qui est pourtant français, avec un dénommé Pierre Morel derrière la caméra et Luc Besson comme producteur. Le casting est essentiellement made in USA mais j'avais ma foi confiance en Liam Neeson dans le rôle principal. Oups ! On va dire que je me suis trompé, sur ce coup-là ! C'est bien vrai !

J'aurais dû me méfier de cette histoire somme toute peu originale. Kim, jouvencelle américaine, est kidnappée à Paris. Heureusement pour elle, son père, ancien espion à l'efficacité éprouvée doublée de paranoïa, était au téléphone avec elle au moment des faits et va pouvoir venir la sauver des griffes de ses ravisseurs. Un enlèvement à Paris, Roman Polanski en a filmé un que je trouve formidable, dans Frantic avec Harrison Ford et Emmanuelle Seigner. C'était vingt ans avant Taken et, aujourd'hui encore, c'est toujours bien meilleur. Ouais, quelle déception, vraiment, que ces 85 minutes de cinéma ! Enlevé, le film l'est aussi, certes, et Liam Neeson fait le métier, mais c'est très insuffisant pour vivre un bon moment, scotché à l'écran. C'est bien simple: avec ce clip sur pellicule, j'ai même eu l'impression de revoir un Steven Seagall déjà chroniqué ici (en avril, je crois). Résumons: le décor change, le niveau de l'acteur principal aussi, mais c'est presque tout. Aucune émotion ne survit au générique final.

Pourquoi ? Je crois simplement parce que le réalisateur est en extase devant son acteur. C'est ce que j'ai imaginé après avoir écouté quelques minutes du commentaire audio présent sur le DVD. Encore une fois, c'est compréhensible: apprécié du public, Liam Neeson fait plutôt fort dans le rôle du papa-poule énervé et sans état d'âme. Effectivement, sa gamine, il va la chercher manu militari et, après les sommations d'usage, il ne fait pas bon être sur son chemin. L'ennui, du coup, c'est que tout ceci est assez exagéré, lourdement manichéen, transformant le décor parisien en attrape-importateurs gogos de cette oeuvre finalement assez bâclée. Si je suis énervé ? Oui, un peu, car je pense qu'il y avait beaucoup mieux à faire avec un tel scénario et, pour être honnête, une photo tout à fait correcte. Le seul mérite de Taken est peut-être d'aller au bout de ses idées, mais avec, d'après moi, quelques décennies de retard. Tant pis !

jeudi 29 janvier 2009

L'une des facettes du Che

Vous aimez Alain Souchon ? Vous avez écouté son dernier album ? Pour info, il contient une petite surprise: une piste qui n'est pas annoncée sur la jaquette, une chanson évidemment mise en musique par Laurent Voulzy et curieusement intitulée "Po po po po". Il faut l'écouter pour comprendre ce dont elle parle, et c'est alors limpide. Elle évoque le même thème que le film (récent) que je souhaite chroniquer ce soir: la destinée du célèbre révolutionnaire argentin Ernesto Guevara, plus connu sous son surnom de Che. Surprise encore, peut-être: la vision de Souchon est pour tout dire assez sévère, bien que livrée avec un sens consommé de la poésie. Celle qui m'intéresse désormais est celle que développe le réalisateur américain Steven Soderbergh, dans son Che - L'Argentin, le premier des volets du diptyque qu'il a consacré à l'ancien compagnon d'armes du maître de Cuba, le décidément très résistant Fidel Castro.

La première question qui peut se poser, c'est: Che - L'Argentin est-il un film engagé politiquement ? Pas sûr. Disons qu'il suscitera inévitablement une réaction politique du public, que ce dernier soit ravi de voir son héros en quelque sorte ressuscité à l'écran ou bien qu'au contraire, il rejette violemment ce qui pourrait tout aussi bien s'apparenter à une hagiographie déplacée. Pour donner mon avis d'amateur d'histoire et de cinéma, je dirai que Soderbergh expose différents éléments d'analyse. Il rappelle tout d'abord que Guevara est également un médecin et, ce qu'on a peut-être tendance à trop facilement oublier, un étranger du pays où il conduit la révolution. D'ailleurs, ce premier "épisode" s'ouvre au Mexique, quand l'avocat Castro et ses amis ne font encore que théoriser l'idée de renverser Batista. Ensuite, peu à peu, on suit leur marche vers La Havane. L'occasion de mieux comprendre que ce n'était pas gagné d'avance, loin de là, et qu'il a fallu convaincre les Cubains croisés en chemin...

En ce sens, et parce qu'il montre aussi souvent le Che à la tribune des Nations Unies, donc après la prise de pouvoir par Castro, le film est sans doute bel et bien une oeuvre politique. En tout cas, ce n'est pas le film de guérilla que l'on aurait pu attendre, même s'il illustre (longuement) la progression des révolutionnaires à travers la jungle et leur combat avec les soldats de l'ordre ancien. Et ce que ne dit pas Soderbergh, ou plutôt ce qu'il ne détaille pas ici, c'est l'autre facette de Guevara, son côté sombre. On ne peut pas dire qu'il le présente comme un brave type, quelques scènes abordent même vaguement l'intransigeance dont il fait preuve avec ceux qui se détournent finalement de la cause, mais on a toujours le sentiment que ses actions lui sont dictées par un certain sens de la justice. Au pire, dans un contexte de révolution, tout paraît plus ou moins justifiable. Il s'avère pourtant qu'aujourd'hui, bien des historiens ont passé le cap du mythe et rappelé que, comme Castro, son ami argentin avait lui aussi du sang sur les mains. Après Che - L'Argentin, c'est peut-être ce que montrera la suite. Le jeu de Benicio Del Toro dans le rôle titre est jusqu'ici remarquable, mais j'attendrai donc encore pour donner un avis plus objectif, parce que plus complet, sur ce duo de films.

mardi 27 janvier 2009

Toiles blanches, corps noirs

Une semaine déjà que Barack Obama a officiellement été investi président des Etats-Unis. Pendant la campagne et même encore après l'élection, on a beaucoup parlé du fait qu'il soit noir - ou simplement métis, en fait. C'est ce qui m'a donné envie d'écrire aujourd'hui une chronique originale, sur les acteurs noirs au cinéma. Juste sous ce premier paragraphe, j'ai choisi de mettre une photo d'Hattie McDaniel. S'il y a parmi vous des cinéphiles qui connaissent cette comédienne américaine, je dis bravo ! L'image que j'ai retenue vous la montre en pleine gloire, alors qu'elle vient de recevoir l'Oscar du meilleur second rôle féminin. Une performance d'autant plus remarquable que c'est la toute première fois que l'Académie distingue une artiste "de couleur". Ironie du sort, le film qui lui vaut d'être distinguée est une fresque sur l'Amérique de la période esclavagiste, le célèbre Autant en emporte le vent. Je ne sais pas comment Hattie McDaniel a vécu cet état de fait. Peut-être avec un sentiment de revanche car, l'année précédente, elle s'était vue refuser l'entrée pour la projection de la première mondiale. C'était hier, en 1940...

Quelques années plus tard, le premier acteur noir couronné de l'Oscar de la meilleure interprétation est Sidney Poitier. Déjà en lice en 1958 pour La chaîne, le comédien s'incline alors devant David Niven. Finalement, il est récompensé courant 1963, grâce à sa prestation dans Le lys des champs. Je n'ai vu aucun de ces deux films, lacune que j'essayerais de rattraper si l'occasion se présente. Sidney Poitier est sans doute beaucoup plus connu pour un troisième (que je n'ai pas vu non plus): Dans la chaleur de la nuit. On est là pleinement dans notre sujet, puisqu'il y joue un détective chargé d'enquêter sur un meurtre dans une petite ville du sud américain, dans un contexte de racisme et de lutte pour l'obtention des droits civiques. L'oeuvre a du succès et remporte l'Oscar du meilleur film de l'année 1967, ainsi que ceux du meilleur son et du meilleur montage. La grande histoire est en marche vers (un peu) plus de tolérance à l'égard des minorités.

Il y aurait de quoi écrire une thèse. Plus modestement, et c'est d'ailleurs ce qui a éveillé mon intérêt pour la question, deux critiques américains - Manohla Dargis et A.O. Scott - ont publié une enquête dans le New York Times du 16 janvier pour expliquer comment, selon eux, les films ont "fait" un président. D'un certain point de vue, il est en effet probable que la fiction et l'importance chaque jour croissante de l'image dans la société actuelle ont favorisé l'émergence d'un candidat noir, puis l'élection de ce dernier, malgré tout convaincant pour les électeurs blancs. Il sera intéressant de voir comment les choses évoluent dans une Amérique qui voit aussi grandir le nombre d'Hispaniques. Une chose est sûre: Hollywood pourrait inventer le retour d'ascenseur, en racontant à son tour - et dès lors "à sa sauce" - l'exceptionnel parcours de Barack Obama. Pourquoi pas ? Interrogé sur ce point, Will Smith s'est en tout cas dit disposé à le faire: "Si je suis désigné par le commandeur en chef pour remplir cette mission, je l'honorerai tel un Américain !". Evidemment, on peut trouver un peu grotesque cette grandiloquence. Pour ma part, quand je regarde les écrans français, je me dis aussi qu'au fond, et à l'exception de films comme Indigènes, nous n'avons pas forcément de grandes leçons à donner...

dimanche 25 janvier 2009

Mesrine, la fin attendue

Cassel-Mesrine, épisode 2. J'ai enfin vu L'ennemi public numéro 1, second volet des aventures d'un des plus célèbres bandits français. Commençons par dire que l'interprétation est toujours excellente. Vincent Cassel se fait presque oublier derrière ce rôle gigantesque, ce qui lui vaudra peut-être, dans un mois, le César du meilleur acteur masculin (j'y reviendrai en temps voulu). Le reste de la distribution ne dépareille pas, ce qui confirme donc avec éclat le sens du casting de Jean-François Richet, d'autant que de nouveaux personnages apparaissent. Je ne suis pas sûr qu'il soit si facile de transformer Ludivine Sagnier en copine de truand, de donner un accent marseillais à Richard Berry ou de laisser passer Mathieu Almaric pour un braqueur: bravo ! Moi, j'ai marché, et d'autant plus facilement que décors et costumes sont eux aussi aux petits oignons. Regarder le film nous replonge véritablement dans la France des années 70. Vu au travers de ces deux prismes importants, le film est, à mon avis comme son prédécesseur, une grande réussite.

Un bémol toutefois: L'ennemi public numéro 1 m'a moins "scotché" que ne l'avait fait L'instinct de mort. C'est difficile de dire pourquoi. La première raison, c'est peut-être que l'effet de surprise ne joue plus. Je savais bien que j'allais découvrir un Vincent Cassel transformé et qu'il ne fallait pas que je m'attende à une action adoucie. Oui, il est possible que ce soit là que ça coince, juste dans le déroulement du scénario. Mesrine est attrapé, Mesrine s'évade, Mesrine commet de nouveaux braquages, Mesrine est attrapé, Mesrine s'évade... etc... finalement, c'est un peu répétitif. Conséquence du fait que le film s'inspire de faits réels, on sait d'ailleurs comment tout cela va finir, avec d'autant plus de précisions que le réalisateur nous l'a déjà montré pour ouvrir le premier volet. Du coup, la fin arrive presque brutalement. Les dernières minutes sont sans surprise et même la polémique née de ces dernières scènes n'ajoute pas grand-chose à l'étrange plaisir qu'on a à les regarder. C'est plutôt une petite frustration qui domine, je dirais...

Jean-François Richet a visiblement fait un choix. Il n'a pas souhaité parler de tout ce qui a pu se passer après la mort de son "héros". Exemple: il ne s'est pas éternisé sur la personnalité - pourtant intéressante - de celle qui fut la dernière compagne de L'ennemi public numéro 1, Sylvia Jeanjacquot, qui a d'ailleurs ensuite entamé (et perdu) une procédure contre certaines scènes du film. Bref, il a certainement voulu donner sa seule vision des faits, au risque d'attirer la critique des personnes qui ont connu Mesrine, à ses côtés ou contre lui. A l'image de l'ex-commissaire Broussard, vous aurez sûrement noté que les uns et les autres n'auront pas manqué d'évaluer et de critiquer ce diptyque ambitieux. S'il me faut répondre à la question "L'ensemble est-il réussi ?", je dirais qu'il l'est assurément, à mes yeux, selon mes critères. C'est du bon cinéma. Disons-le tout net: de la bonne fiction, même inspirée de la réalité. Je ne comprends décidément pas ceux qui prétendent qu'on donne là une bonne image d'un voyou: au contraire, Mesrine apparaît tantôt comme un monstre froid, tantôt comme un beau parleur arrogant, mais jamais comme un brave type rejeté par la société. Tout au plus garde-t-il quelques vagues valeurs familiales, et encore. Il laisse passer toutes les occasions de se ranger. Par nature, il me semble qu'un film consacré à son histoire ne peut pas être "grand public". Ces deux-là m'ont intéressé et fait réfléchir. C'est déjà bien, non ?

samedi 24 janvier 2009

Bébel, atout majeur

Avant de peut-être le retrouver au cinéma, j'ai pu revoir l'autre jour Jean-Paul Belmondo à la télé. C'était un dimanche soir, d'hiver donc. Après déjà un premier film au Mercury dans l'après-midi, j'avais envie d'en voir un autre pour finir tranquillement le week-end. Choix toujours difficile devant la hauteur de ma pile de DVDs non regardés. Je crois que c'est TF1 qui diffusait L'as des as. Bébel y est beaucoup plus jeune, puisque Gérard Oury le fit ici tourner en 1982. Il est certainement la première des bonnes raisons pour regarder ce film au charme un peu suranné. Cela dit, pour moi, cette histoire, c'est aussi le lointain souvenir d'oncles et tantes maternels décidés à voir ce qui était alors, sauf erreur, un vrai carton du box office français. Ouais... 5,4 millions d'entrées, deuxième succès derrière E.T. !

Je vous dirais peut-être un autre jour si Jean-Paul Belmondo a mieux vieilli que ce film, ou bien si c'est le contraire. Un constat s'impose immédiatement: L'as des as porte la marque du temps. Non pas que ce soit devenu un mauvais spectacle, non, mais je crois qu'on peut dire que les oeuvres de ce type n'existent plus. Si on peut considérer qu'on tient là un "film d'action à la française", il me semble évident que le rythme des scénarios actuels s'est intensifié et qu'aujourd'hui, les réalisateurs qui se lanceraient dans une telle création recueilleraient (au mieux) un succès d'estime. Celui qui sanctionne les bons faiseurs, quand le spectaculaire reste en veille.

Avec tout ça, je n'ai toujours rien dit de l'histoire. Je précise que j'ai pris le film en route l'autre jour. Bon. Jo Cavalier est un entraîneur de boxe français. Deux de ses poulains vont participer aux Jeux olympiques. Nous sommes en 1936, à Berlin. Beau parleur au charme forcément latin, Jo a aussi un grand coeur. Du coup, évidemment, quand un jeune admirateur lui demande un autographe, il prend vite sous son aile ce Simon Rosenblum, un petit Juif, et toute sa famille avec lui. Ancien aviateur et héros de la guerre de 1914, L'as des as se retrouve alors au beau milieu des ennuis. Cela dit, il affirme adorer ça ! Et même si on sait d'avance comment tout cela va (bien) finir, côté spectateur, l'ennui n'existe pas. On passe un bon moment devant ces aventures un peu franchouillardes. En résumé, sans doute pas (ou plus) le film français du siècle, mais, comme prévu, de quoi terminer une semaine chargée sur une note assez agréable.

mardi 20 janvier 2009

Sans oublier Claude Berri...

Le journaliste que je suis aurait certes pu réagir plus rapidement. C'est vrai: l'amateur de cinéma, lui, a pris son temps pour vous dire deux mots du défunt Claude Berri. Alors que la profession lui a rendu hommage la semaine dernière, je suis resté silencieux. La raison est que j'hésitais sur ce que j'allais écrire. Il faut en effet bien admettre qu'un peu à l'image du jour (récent) où j'ai parlé d'Isabelle Huppert future présidente du Festival de Cannes, je suis bien en peine aujourd'hui pour être très disert sur celui qui restera pourtant comme l'un des réalisateurs majeurs de sa génération, ainsi probablement que comme un producteur respecté. Dès lors, soucieux de rendre hommage, mais tout à la fois de ne pas parler sans savoir, partant de plus du principe que le meilleur moyen de raconter un cinéaste est encore d'évoquer ses films, j'ai décidé d'essayer de (re)voir un Berri un de ces quatre. Tchao pantin est celui qui m'attire le plus, pour tout dire. Ma pensée pour l'homme derrière la caméra s'accompagnera donc ce soir d'une promesse - à durée indéterminée - de vous livrer un avis sur l'exemple concret d'une oeuvre choisie. D'ailleurs, si là aussi, vous aviez quelques suggestions...

samedi 17 janvier 2009

Christine Collins, histoire vraie


Je suppose que chacun d'entre vous a connu une expérience similaire. On vous raconte une histoire franchement abracadabrante et on vous assure avec force qu'elle n'en est pas moins vraie. Incroyable mais vraie. "Si, si, je vous assure... c'est vraiment arrivé". Votre interlocuteur est catégorique. Il ne ment pas, n'invente rien, n'évoque que la seule vérité. D'abord dubitatif, vous finissez pourtant par y repenser, et jusque longtemps après. Les ressorts multiples d'une anecdote donnée pénètrent en vous et, devant l'insistance manifesté par l'autre, vous ne remettez plus les choses en question. Parfois, une fois convaincu et quand c'est possible, vous cherchez simplement d'autres éléments d'information sur ce drôle de récit, d'autres avis, pour vous forger une opinion plus profonde. Progressivement, ça "prend" et, au final, vous restez un peu abasourdi quand les faits - recoupés et confirmés - ont finalement pris toute leur place dans votre tête, sans laisser d'espace au doute. Voilà ce qui m'est arrivé devant L'échange, qui est encore - pour quelques semaines, j'y reviendrai - le dernier film de Clint Eastwood réalisateur. Film que j'ai enfin pu voir au cinéma il y a peu.

Pour peu que vous ne soyez pas uniquement ici pour me faire plaisir, mais que vous vous intéressiez réellement au 7ème art et aux sorties les plus récentes, je suppose que vous aurez difficilement pu éviter d'entendre parler du point de départ de cette nouvelle oeuvre eastwoodienne. Deux mots quand même pour cadrer les choses. Christine Collins est une jeune mère de Los Angeles, dans les années qui précédent la Grande Dépression de 1929. Elle travaille beaucoup et, du mieux qu'elle peut, tente d'élever seule son fils, Walter, 9 ans. Un après-midi où elle a lui promis de l'emmener au cinéma, elle est finalement appelée par son travail en remplacement d'une collègue malade. Quand elle revient chez elle un peu penaude, elle constate vite que Walter a disparu. Une enquête pour le retrouver est alors mise en route, non d'ailleurs sans difficultés, jusqu'à ce que la police lui ramène un garçonnet... qui n'est pas le sien. C'est L'échange mentionné dans le titre français, traduction de Changeling, qui désigne beaucoup plus clairement un enfant substitué à un autre. Reste que, dans un premier temps, on ignore vraiment ce qu'il est advenu du véritable enfant de Christine Collins.

Incroyable ? Peut-être. Clint Eastwood nous a pourtant prévenus avant même la première image: cette histoire est vraie. L'échange a réellement eu lieu. Pourquoi ? Comment ? Jusqu'à quand ? Avec quelles conséquences ? C'est ce que le réalisateur va ensuite détailler dans la plus longue partie de son film. La dramatique de départ, que j'ai décrite dans le paragraphe précédent, nourrit approximativement les premières vingt minutes du métrage (je n'ai pas compté...). Rapidement, on ressent de l'empathie - du respect aussi, sans doute - pour le désespoir que manifeste (plutôt bien) Angelina Jolie. Personnellement, je trouve injustes celles des critiques qui réduisent le film à un mélo larmoyant. A mes yeux, c'est bien plus que cela, et tout d'abord une profonde charge contre une administration corrompue, dans la plus grande tradition eastwoodienne, mais aussi une nouvelle réflexion sur l'ambivalence du rôle de la presse. Christine Collins ne pleure pas longtemps sur son sort, et laisse monter une colère froide et déterminée, surtout quand la police refuse de reconnaître son erreur. Les enjeux du scénario prennent alors tout leur développement et, sans trop en dévoiler, je tiens quand même à dire que le film va plus loin que son point de départ. Après, je crois que c'est juste une affaire de conviction. On y croit ou pas et, au-delà, on accroche au récit de Clint Eastwood ou pas. Moi, j'avoue qu'une fois de plus, je m'y suis vraiment plongé la tête la première. C'est ce qui me fera dire en conclusion que L'échange est bien un grand film de cinéma, servi par un grand réalisateur.

lundi 12 janvier 2009

Love story

Allez, d'accord... je pressens ce que vous allez dire: "Martin, le titre de tes chroniques ne reprend pas celui du film, d'habitude". Effectivement. Je préciserai donc d'emblée que je n'ai en rien changé de méthode. Le film dont je vous parlerai aujourd'hui n'est donc pas celui de Arthur Hiller, sorti en 1970. Je vais évoquer un long métrage (un peu) plus ancien: Diamants sur canapé, 1961, que j'avais envie de découvrir depuis pas mal de temps. Il fait partie d'une collection de dix grands classiques que je me suis offerte un jour à la Fnac, profitant d'une promotion intéressante. De vieux films à un tarif avantageux, ce n'est pas tous les jours: j'ai sauté sur l'occasion.

Diamants sur canapé, donc. Les plus cinéphiles d'entre vous auront reconnu Audrey Hepburn, épatante héroïne de ce très joli film signé Blake Edwards (Monsieur Panthère Rose). L'histoire repose d'abord sur une comédie. Séduisante jeune femme un peu fantasque, Holly vit seule avec son chat. Ce qui ne fait pas d'elle une solitaire, et même au contraire: pour preuve, elle organise assez régulièrement de bruyantes fêtes dans son appartement, au désespoir d'un voisin japonais un peu coincé. Sans doute que certains verront d'ailleurs dans ce personnage un cliché un peu raciste, mais bon... il faut sûrement remettre les choses dans le contexte de l'époque et ne pas les considérer avec les yeux de notre temps. Dès lors, on rit souvent dans cette première partie du film. Holly/Audrey est impayable !

Et puis, soudain, le ton change, assez radicalement. Je préfère taire ici les causes de cette rupture dramatique, tout en vous assurant qu'elle est tout à fait nette, et par ailleurs assez inattendue. Plutôt rigolote au départ, Holly prend alors une dimension plus pathétique. C'en est bien fini de la comédie romantique vantée par... la jaquette du DVD. La qualité de Diamants sur canapé n'en ressort pas amoindrie, bien au contraire. Une chose peut d'ailleurs surprendre après coup: plusieurs fois nommé aux Oscar 1961, le film n'a récolté que ceux de la meilleure chanson et de la meilleure musique. On peut penser qu'Audrey Hepburn aurait peut-être mérité mieux. Anecdote intéressante, elle n'avait pas caché sa difficulté à interpréter ce rôle de femme extravertie, elle qui était plutôt réservée, une fois sortie du feu des projecteurs. Sa performance d'actrice peut donc être soulignée, même près d'un demi-siècle plus tard. J'ajoute pour finir que George Peppard, son partenaire masculin, est tout à fait bien lui aussi. Un beau film, oui, qui, pour être complet, s'achève un peu mieux que la nouvelle de Truman Capote dont il est tiré.

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Une précision plus qu'importante:
Longtemps après avoir rédigé cette chronique, j'ai pensé qu'il fallait revenir dessus. J'écris le 12 février 2012. Mon souvenir reste celui d'un grand film, mais contrairement aux photos, il est en couleurs.

dimanche 11 janvier 2009

Retour à la vie sauvage

Vous vous souvenez, un peu ? Nous avions laissé Alex, Marty, Gloria et Melman à bord d'un cargo dépourvu d'essence, sous l'oeil goguenard de pingouins en pleine séance bronzette. Les voilà revenus dans une suite tout aussi déjantée, au titre des plus simplissimes: Madagascar 2. En fait, le lion, le zèbre, l'hippopotame et la girafe n'ont pas tellement changé depuis le premier épisode. Enfin, si: ils ont réussi à s'habituer à la vie sauvage et ne sont plus tellement pressés de rentrer au zoo de New York. La nature leur plaît bien, ce qui tombe plutôt... bien aussi, dans la mesure où l'avion qu'ils ont construit avec les lémuriens pour le voyage retour s'écrase lamentablement en Afrique. Et c'est reparti pour l'aventure !

Je suis allé voir Madagascar 2 avec mes parents, à Laon, pendant les vacances de Noël. C'est sympa de retomber ainsi en enfance devant un dessin animé plutôt divertissant. L'occasion de revoir tout le petit monde du premier opus, y compris d'ailleurs quelques "gens", comme les appellent les animaux, comprenez des hommes, qui n'ont pas vraiment le beau rôle, si vous voyez ce que je veux dire. Ensuite, les scénaristes se sont visiblement fait plaisir en décidant de pousser le caractère de chacun des héros et en offrant ainsi à tous un rôle vraiment important dans le déroulement de l'intrigue. Réflexion faite, c'est pour moi la grande qualité de ce second opus. Plutôt que de se contenter de développer un scénario un peu convenu, il aborde plusieurs petites thématiques en même temps pour raconter une grande histoire, aux facettes multiples.

Du coup, et c'est assez rare dans les dessins animés pour être signalé, je crois qu'on peut dire que Madagascar 2 est à la fois drôle, touchant, étonnant, fantasque et plus profond, suite et oeuvre indépendante du premier volet. Réussi, indubitablement. Je suis donc très content d'être allé le voir au cinéma, sans attendre un DVD à prix réduit ou bien un éventuel passage télé. Cela dit, j'entends d'ici les inconditionnels de Pixar dire que Dreamworks n'arrivera jamais à la cheville de leur studio préféré. Je me suis déjà exprimé sur cette question, soulignant combien je trouvais stérile ce genre d'oppositions. Cette fois encore, Dreamworks pourra donner l'impression de ne pas soutenir la comparaison... mais j'en viens désormais à penser que Pixar n'a tout simplement pas le même style et que l'opposition des deux maisons n'est donc pas si pertinente. Mon conseil sera donc de ne pas bouder votre plaisir au seul bénéfice d'un clan ou de l'autre, et de ne pas laisser passer ce film d'animation. Dans son genre, c'est une petite merveille.

jeudi 8 janvier 2009

L'amour à la française

Inquiets ? Laissez-vous rassurer. Non, je n'ai pas l'intention d'entonner le refrain du tube décalé que les Fatals Picards ont présenté il y a deux ans au concours Eurovision. L'idée même que Jean Rochefort puisse apprécier ce genre de chansonnette n'est toutefois pas si incongrue qu'elle puisse paraître au premier abord. Dans le fond, en quoi cela serait-il surprenant vis-à-vis de quelqu'un qui dit vaincre le trac en poussant le cri du gibbon femelle ? Bref... non, pas de démonstration de mon talent vocal aujourd'hui. L'amour à la française dont il sera ici question, c'est celui qui porte et déploie le bon Louis Ruinard - alias Jean Rochefort, donc - vers la très British Alice d'Albanville - Charlotte Rampling, dans Désaccord parfait.

Une devinette: quel point commun Jean Rochefort et Clint Eastwood ont-ils à mes yeux ? Outre le fait d'être nés à tout juste 32 jours d'écart, et bien sûr d'être de merveilleux acteurs, les deux papys sont d'après moi capables de transformer un film honnête en production d'un niveau sensiblement plus élevé. On ne finit alors par n'avoir d'yeux que pour eux. Sans qu'ils l'aient forcément cherché, c'est pour tout dire assez mérité, dans la mesure où nos deux anciens sont souvent pile-poil dans le juste ton de leur rôle du moment. Et là, pour ce qui est de Désaccord parfait, il se trouve que Monsieur Rochefort cabotine à fond les ballons. Les circonvolutions de sa moustache accompagnent exactement ce que doit faire l'enfant qu'il est resté.

Le pitch de ce troisième film d'Antoine de Caunes réalisateur ? Il est somme toute assez simple. Lui-même réalisateur de cinéma, Louis a connu la gloire grâce à celle dont il a été le Pygmalion: Alice. Après avoir entretenu une relation avec la belle, il n'a pas souhaité quitter le cinéma, tandis que son égérie retournait en Angleterre pour devenir la reine du théâtre shakespearien. En fait, et évidemment, leur Désaccord parfait est la conséquence de leur rupture "sauvage". Ces deux-là s'aimaient: des années après, et bien que séparés depuis longtemps, ils se détestent. Enfin... disons qu'Alice feint de détester Louis, lequel ne voit rien à se reprocher et feint de ne pas comprendre pourquoi son ex-muse est à présent si froide avec lui. Puisque c'est d'une comédie dont il s'agit, tout va finir par s'arranger. Evidemment. Je vous laisse le loisir de découvrir comment, au cours de cette vraie douceur anglo-française. Voici venu un petit film sympa et tendre, sans prétention, que j'ai vraiment apprécié.

mardi 6 janvier 2009

Gaulois, Romains et glouglous

Retour en enfance, suite. Les fêtes de Noël sont souvent l'occasion de regarder des choses négligées le reste du temps. Il y a incontestablement, je pense, un label "films de Noël". Entre le sapin et la crèche, les écrans télévisés de l'hiver diffusent ou rediffusent périodiquement les "classiques" de cette période de l'année, et tout d'abord une brochette de dessins animés. C'est sur M6 que j'ai vu celui qui fera l'objet de cette chronique: Astérix chez les Indiens, suivi ce soir-là, si j'en crois le site TV Mag, par "seulement" 3.315.000 spectateurs, soit "à peine" 11,7% des parts de marché.

Qu'en ai-je pensé ? Qu'il s'agit objectivement d'une adaptation très libre de la bande dessinée. Le scénario est un ersatz de celui qui sert de fil conducteur à l'album La Grande traversée. Profondes retouches incluses, c'est clair. Si nos ancêtres et amis les Gaulois se retrouvent bel et bien de l'autre côté de l'océan, s'ils doivent se contenter (snif !) de chasser le "glouglou" plutôt que le sanglier, s'ils sont bien en mission pour trouver du poisson frais, ingrédient jugé indispensable à la fabrication de la potion magique, s'ils rencontrent bien des Indiens au langage pour eux incompréhensible... le reste s'éloigne somme toute de l'esprit et de la matière première d'Uderzo.

Violation du 9ème art par le 7ème, cet Astérix chez les Indiens ? Bah... je ne vais pas aller jusque là. Les fans de nos Armoricains rebelles et chasseurs de Romains peuvent crier au scandale. Soit. Pour ma part, je ne me suis pas ennuyé. Il manque peut-être juste un poil de franchouillardise à Môsssssssieur Astérix et à son compère Môsssssssieur Obélix pour être parfaitement convaincants. C'est vrai aussi parfois que l'animation ou les couleurs laissent un tant soit peu à désirer. Ma foi... ce n'est pas non plus la fin du monde. Si ? Allez... le ciel ne nous est pas tombé sur la tête, que je sache ! En gros, et pour résumer, ce dessin animé est assez dispensable. Mais, un soir de fêtes de Noël, ça passe relativement bien. J'insiste, par Toutatis ! D'ailleurs, c'est simple: Pierre Tchernia fait même le narrateur !

lundi 5 janvier 2009

Plongée et digression

C'est marrant. Je pensais avoir écrit très irrégulièrement sur ce blog l'année dernière. Mais à y regarder d'un peu plus près, on constate finalement que j'étais au contraire assez régulier. Tout est question de point de vue, preuve supplémentaire que l'on peut bien faire dire aux chiffres tout ce que l'on veut. Bien sûr, si on raisonne mois après mois, de forts écarts de mise à jour se remarquent aussitôt. Prenons maintenant les choses autrement. Si on choisit de grouper les mois quatre par quatre, il sera tout aussi facile de constater que j'ai été d'une rare constance: 30 chroniques au début de l'année, 26 au milieu et de nouveau 30 à la fin. On verra bien maintenant ce que ça donne pour ce nouveau millésime, que, comme le précédent, je démarre quelque peu sur les chapeaux de roue. Du retard à rattraper, en fait.

Aujourd'hui, une critique de film, ou plus exactement de dessin animé: Atlantide, l'empire perdu. Une oeuvre qui, sauf erreur, n'a pas connu un grand succès public et a de plus été plus ou moins éreintée par le critique. L'histoire: Milo Thatch est un scientifique grosses lunettes, convaincu - comme son grand-père l'était avant lui - de l'existence de la célèbre île engloutie. Un sympathique mécène apporte deux atouts précieux dans son jeu de petit génie: une carte pour situer la cité et des sous pour financer une expédition destinée à la retrouver. Quelques péripéties d'usage plus tard, le sieur Thatch et toute une équipe réunie autour de lui découvrent (facilement) l'objet de longues années de recherche. Et c'est là que les scénaristes de Disney dénouent les fils de leur intrigue, avec - classiquement - des bons, des méchants et bien sûr... d'autres péripéties d'usage.

Bon, mon avis maintenant. Atlantide, l'empire perdu m'a plu (rime). Ce n'est pas non plus l'histoire du siècle et la technique n'a objectivement rien de franchement impressionnant, mais on peut somme toute passer un bon moment devant cette heure et demie d'images en couleurs. Un aspect plutôt bien vu: ces messieurs-dames de chez Mickey ont tout de même poussé le jeu jusqu'à inventer tout un langage atlante, ce qui est assez louable. Autre originalité notable du film, piochée sur Allociné: il a été tourné en Cinémascope, ce qui est paraît-il rare pour une oeuvre d'animation. Bref, que ce soit pour cette raison ou pour d'autres, ce Disney-là mérite un petit détour. Déjà, il plaira à coup sûr à tous les "vrais" enfants. Il peut aussi séduire les grands enfants que beaucoup d'entre nous restent finalement un petit peu. Pour ma part, et pour être clair, si je n'irai pas jusqu'à le placer au même niveau que mes dessins animés préférés, je ne regrette pas pour autant de lui avoir laissé sa chance.

dimanche 4 janvier 2009

Huppert présidente !

J'allais parler de notule, mais le Littré - volume 13 page 294 - m'apprend que ce mot n'est employé que pour qualifier (je cite) "de courtes annotations mises à un texte ancien". Dans ce qui sera donc finalement une petite note, je voulais vous parler d'une actualité... avant que l'info soit vraiment réchauffée. Isabelle Huppert vient d'être désignée pour être, du 13 au 24 mai prochains, la présidente du jury du 62ème Festival de Cannes. Elle succèdera ainsi à l'acteur et réalisateur américain Sean Penn. Née en 1953, la comédienne est déjà venue plus de 25 fois sur la Croisette, et s'y est vue remettre deux fois le Prix d'interprétation féminine, pour Violette Nozière d'abord, en 1978, puis pour La pianiste en 2001.

De fait, je n'ai pas grand-chose à ajouter à ces informations récupérées dans une dépêche Reuters. Il ne vous surprendra pas qu'Isabelle Huppert ait exprimé sa joie et sa fierté devant la tâche qui l'attend. Elle a même parlé d'amour pour le Festival et le cinéma mondial. Rien que de très convenu, somme toute. Espérons désormais un verdict un peu plus aventureux. Là où je reste bien ennuyé, c'est pour vous donner mon avis sur le personnage. Je n'ai vu que très peu de ses nombreux films - 87 rien qu'au cinéma, selon l'encyclopédie en ligne Wikipedia. Rien depuis une oeuvre signée Claude Chabrol, Merci pour le chocolat, en 2000. C'est un peu loin. Le prochain - Un barrage contre le Pacifique - sort ce mois-ci. Disons donc que ce sera (peut-être) une occasion de me rattraper. Dans l'attente de vos éventuelles suggestions...

samedi 3 janvier 2009

Un aperçu de la steppe

Sergei Bodrov a raison: Gengis Khan a tout "ce qu'il faut" pour faire un héros de cinéma. Assisterait-on à un retour des films d'époque en costume ? Après la Rome antique de Gladiator et la Macédoine d'Alexandre, la caméra explore toujours le temps et, à une période plus récente, nous donne donc à voir la destinée d'un des grands chefs militaires d'Asie dans un film sobrement nommé: Mongol. L'ayant manqué au cinéma, je lui ai donné sa chance en empruntant le DVD pour une des petites chroniques culturelles que j'écris parfois dans le journal. Et un peu plus de deux heures d'évasion.

Mon verdict ? Mitigé. Oui, encore une fois, le réalisateur russe a trouvé un sujet intéressant. Sur ce postulat de départ, je n'irai pas jusqu'à dire qu'il a signé un grand film. Question: que manque-t-il donc à ce Mongol ? Les paysages y sont, aucun doute: la steppe est filmée dans toute sa sauvagerie, ainsi d'ailleurs que les hommes qui la peuplent. Il est d'ailleurs agréable d'avoir de temps en temps quelques repères temporels, car on oublierait presque que l'action se déroule au 12ème siècle, ce qui n'est finalement pas si éloigné. Gengis Khan n'est pas Attila le Hun ! Ce n'est pas non plus exactement un poète, ce que montrent plutôt bien des scènes d'action basées sur des faits réels et quelque peu "adoucies". Bref. Sur le plan esthétique, j'ai trouvé grosso modo ce que j'attendais.

Ce qui coince, alors, c'est peut-être bien le déroulement de l'intrigue. Enfant, Gengis Khan - qui s'appelle alors Temudgin - est toujours sous la menace des ennemis de son père. Ensuite, il arrive finalement à s'imposer en tant qu'homme adulte, mais sa femme est enlevée, ce qui l'incite à une revanche sanglante. Et puis, alors qu'il a noué une alliance avec un autre chef mongol, les circonstances conduisent à ce que la bonne entente soit brisée, ce qui engendre d'autres batailles. Finalement, le film se résume presque à une série de querelles privées. C'est en ce sens que Mongol peut surprendre. Certains seront même déçus. Mais ma recherche iconographique m'a permis de découvrir qu'il s'agit là du premier volet d'une trilogie. Attendons donc la suite pour nous faire une idée plus juste...