vendredi 4 mars 2011

Cinékid !

Une chronique de Moko-B

Il y a quelque temps maintenant, je me suis laissée aller à voir ce que le petit écran pouvait me proposer comme programme du soir. Sur la chaîne Arte, je vois s'annoncer un film au titre improbable: Le fils de Rambow. Je suis d'abord incrédule évidemment. Et puis, n'ayant pas envie de regarder un film précis ce soir-là, je me dis "pourquoi pas ?". Je me dis que j'ai bien fait...

L'action de ce film est censée ce dérouler en Angleterre en l'an 1982 (un grand cru, cette année-là !). On y suit Will (Bill Milner), jeune collégien qui vit avec sa mère et sa grand-mère. Le père est mort. Leur quotidien est régi par un ensemble de règles très strictes édictées par la communauté religieuse à laquelle ils appartiennent. Notamment, ils n'ont pas le droit d'écouter de la musique ou de regarder des films. À ce petit point du long-métrage, mon oeil critico-agnostique commençait déjà à s'énerver, et je m'offusquais personnellement et intérieurement de l'emprise de la religion sur certaines personnes et de l'entrave aux libertés individuelles. Blablabla, ... j'ai failli bêtement passer à côté du film en ronchonnant ainsi comme une vieille rombière !

Ainsi, alors qu'on glisse dans le quotidien de Will comme dans une confortable paire de charentaises, un élément perturbateur entre dans le champ: Lee Carter (Will Poulter). Ce gamin et camarade de collège de Will en est tout l'opposé. Turbulent, violent, agitateur et pirate vidéo à ses heures, il vit
avec son frère aîné, quasiment livré à lui-même dans l'immense villa de leurs parents.

Le décor est planté. Les deux protagonistes vont entrer en collision émotionnelle comme deux comètes furieusement pressées. Deux mondes se confrontent pour le meilleur et surtout pour le pire. Pour ceux qui, comme moi, sont très difficiles à contenter cinématographiquement, sachez qu'on ne tombe pas dans le cliché après ça. Non. Point de scène où Will se mettrait à fumer, crier des injures, ferait de la prison ou frapperait une vieille dame. On est loin de Dog Pound ou de Billy Elliot...

L'Angleterre de ce film est toujours aussi froide et monochrome. Mais la lumière brille de par les jeunes acteurs qui portent le film. Oui, Lee va dévergonder un peu le jeune Will, notamment en lui faisant découvrir le film Rambo, (prononcez "Rambow" pour être plus ingliche). Mais là encore, le film prend un virage inattendu. Et Lee apparaît comme n'étant plus seulement une brute-tête-brûlée. Non, il s'avère avoir de l'imagination, de l'inspiration. Bref, il est plein de créativité et de vie, entraînant Will, plus réservé et introverti, dans son univers. Le but de leur jeune vie: réaliser un court-métrage et l'envoyer à un festival de jeunes réalisateurs pour gagner un prix. Leur projet artistique: un film sur le fils supposé de Rambo...

Étrangement, on ne pense pas une seule minute à balancer la zapette dans son téléviseur en se disant "mais c'est n'importe quoi, ce film!". Non, on se cale encore plus dans son fauteuil et on attend la suite, impatient, fébrile, curieux. Et on est servi quand entre en scène le personnage - et le mot est un faible euphémisme ici - de Didier Révol, correspondant français au look plus qu'approximatif (Jules Sitruk que je n'avais même pas reconnu !), quelque part entre un émo, un punk et 21 Jump Street. Celui-ci en impose rapidement et se constitue une petite "cour" qui exécute ses moindres désirs.

Sans vouloir trop en dire, vous comprendrez que Didier Révol va vouloir mettre son grain de sel (de khôl ?) dans le projet Le fils de Rambow. Les amitiés vont être éprouvées, l'autorité parentale et religieuse bouleversée, les rapports bousculés et dévoilés. Deux facettes de l'éducation juvénile sont très bien mises en opposition: la rigueur totale et le laxisme absolu. Les détails (amusants) sont à découvrir par vous-mêmes !


Le fils de Rambow
film franco-anglo-américain de Garth Jennings (2007)
Le cinéma offre de plus en plus rarement des oeuvres modestes et touchantes à la fois. Présenté au Festival du Film de Sundance en 2007, Le fils de Rambow est un long-métrage simple mais pas simpliste. Il permet de revisiter l'Art de l'enfance dans toute sa splendeur. Le temps de l'insouciance, des essais à volonté, des rêves et de la spontanéité est ici offert avec un label 100% bio-crédibilité ! Le côté "Monde des Bisounours" est soigneusement évité en incluant la dose minimale recommandée de scènes justes et froides de réalité. On a presque l'impression par moments d'être en face de ce qui aurait pu être une rencontre d'enfance de Matt Damon et Ben Affleck. Et puis, surtout, c'est un puissant curatif pour ceux qui auraient tendance à sombrer fréquemment dans le négativisme et la fatalité. Se rappeler qu'on a été un enfant, qu'on a cru en chaque chose qui nous arrivait, qu'on a dépensé son énergie sans compter pour ses projets et contre l'adversité. Plutôt que de courir avec votre gamin voir le dernier Disney en 3D, posez-vous en famille, chez vous, et regarder ce film plein de simplicité !

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