Une chronique de Moko-B
J'ai commencé mon année cinématographique par l'autre bout de la planète, au pays du Soleil levant (ou Japon pour les intimes). Depuis longtemps, les fameux studios Ghibli m'offrent de jolies gourmandises visuelles et sonores. Hayao Miyazaki en est l'un des senseïs - maîtres - les plus souvent cités. Mais il n'est pas le seul à oeuvrer dans cette fourmilière magique. Pour preuve, c'est Hiromasa Yonebayashi, autre petit prodige des couloirs Ghibli, qui est aux commandes de Karigurashi no Arrietty (en français: Arrietty, le petit monde des chapardeurs), leur 17ème et nouveau film.
D'emblée, sachez qu'il n'y a pas de choc au niveau graphique. Le "code" Ghibli est ici respecté à la lettre: générosité des couleurs, chara-design familier, expressions "forcées" des personnages (cheveux hérissés de peur, etc...). Le style Miyazaki n'est pas loin ...
L’histoire est celle de Shô, un jeune garçon malade âgé de 12 ans. À quelques jours de subir une opération du coeur, il vient en convalescence chez sa grand-mère, Sadako. Elle et sa domestique Haru vivent dans une ancienne demeure avec un grand jardin un peu à l’abandon, à l'ouest de Tokyo. Sous le plancher de cette maison résident aussi les membres d’une famille pas plus haute que trois cerises: Pod le père, Homily la mère, et leur fille de 14 ans, Arrietty. Ce sont des chapardeurs, créatures lilliputiennes vivant au crochet des humains (de grande taille). Ils ont pour règle de ne jamais être vus par eux. Cependant, Shô ne tarde pas à apercevoir Arrietty, peu après son arrivée.
Une sorte de romance insouciante et (sûrement) éphémère naît alors entre eux deux. Shô fait tout pour revoir Arrietty. Elle-même se retrouve tiraillée entre la confiance et les sentiments qu'elle a pour le jeune homme et les règles de stricte discrétion édictées par les siens, qui craignent pour leur survie. Sauvegarde d'une amitié éphémère ou d'une vie éternellement précaire ? Telle est la question...
Comment souvent (toujours ?) chez Ghibli, la prédominance de l'homme sur la nature et la condition écologique terrestre sont évoquées. La fuite éternelle du peuple des chapardeurs, dépendant des actions de l'homme, est une métaphore joliment dessinée sur la fuite en avant de nombreuses tribus animales face aux dégradations de l'environnement et pourquoi pas, demain, de certains hommes ? L'intolérance humaine et sa peur de la "différence" sont aussi clairement mises en scène. Est-ce dommageable au film ? Non, si l'on est habitué et aimant du style Ghibli.
Arrietty, le petit monde des Chapardeurs
Film japonais de Hiromasa Yonebayashi (2010)
Une nouvelle fois, ceux nommés - à mon grand désarroi - les studios Disney nippons proposent une oeuvre délicatement travaillée. Inspiré par le roman The Borrowers de l'Anglaise Mary Norton, Arrietty est une jolie histoire, offrant une matière idéale pour le talent magique de Ghibli. Ce long-métrage marque aussi l'ère des changements pour le studio avec un nouveau réalisateur (même s'il était déjà un familier des équipes techniques): Hirosama Yonebayashi. Le grand compositeur Joe Hisaishi a également été laissé sur la touche au profit de Cécile Corbel, jeune harpiste celtique française, qui a composé et chanté sur l'ensemble de la bande-son. Une très bonne surprise !Arrietty n'innove pas certes, mais le film donne une nouvelle fosi au spectateur la preuve du talent nippon en matière d'animation traditionnelle. La recette naïveté+écologie+drame fonctionne encore, sans surprendre cependant. Le Figaro faisait la remarque (affligeante) de la triste absence de technologie 3D sur ce long métrage. C'est à mon sens plutôt la force actuelle de Ghibli, qui devra cependant apporter plus de nouveautés scénaristiques et de magie pour prospérer.
Pour comparer les avis sur le film...
Vous pouvez lire ou relire l'ancienne chronique de Martin.
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Vous pouvez lire ou relire l'ancienne chronique de Martin.
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