Une chronique de Martin
Tout d'abord, un coup de gueule: je suis un peu navré de la manière dont le marketing va jusqu'à influencer le titre des films. On atteint des sommets: en anglais dans le texte, Very cold trip a été choisi pour la diffusion française de ce long-métrage finlandais et change même du titre choisi pour la promotion... anglo-saxonne - un titre dont je me suis servi, moi, pour ma chronique, en français, bien sûr. Il est évident qu'il y a ici une référence à Very bad trip, film américain sorti l'année dernière. Le comble, c'est que cette référence avait elle aussi un autre titre original en anglais et, ultime ricochet, que son titre "français" s'inspirait de Very bad things. Enfin bref...
J'imagine qu'il faut se réjouir que ce film soit parvenu jusqu'à nous. C'était pour moi une première rencontre avec le cinéma finlandais. D'où une question: comment Very cold trip est-il arrivé jusqu'ici ? Supposons - mention étant faite avant même les premières images - que c'est grâce au festival cinéma de l'Alpe d'Huez, qui lui a décerné son Grand Prix 2010. Le scénario, lui, est basique. Irina et Janne forment un jeune couple en crise: la jeune femme en a assez de voir son compagnon, un chômeur longue durée, ne rien faire de toutes ses journées. L'orage éclate quand, un jour où elle lui a laissé quelque argent pour aller acheter un décodeur télé, le garçon oublie la commission et squatte le pub voisin. Au coeur de la nuit, Irina met Janne dehors et lui laisse jusqu'au petit matin pour dénicher l'objet.
Vous l'aurez peut-être compris à la première image: la colère d'Irina transforme Very cold trip en road movie lapon. L'intrigue principale s'accroche aux basques de Janne, forcé d'embarquer ses copains Kapu et Räihänen dans l'aventure. Un voyage qui, dans la nuit et le froid, ne sera pas de tout repos. Il y a quelques vrais morceaux de bravoure dans ce petit film venu d'un horizon lointain. Je n'ai certes jamais ri aux éclats, mais j'ai souvent souri devant les péripéties du trio. Potache parfois, l'humour ici développé est surtout tendre: malgré tous ses défauts, il n'est pas difficile de prendre Janne en affection tant, ultimatum sous les yeux, il se démène pour "garder" Irina. Évidemment, il a de la concurrence, mais... bon, vous verrez bien.
Même si ce n'est pas l'intention première du réalisateur, je dois dire que le film a aussi une certaine sensibilité sociale. Ses personnages sont un peu caricaturaux, mais, en tant que tels, j'imagine donc qu'ils s'inspirent aussi d'une certaine réalité. Au-delà du pur plaisir que m'a procuré cette séance cinéma, je suis content d'avoir pu ouvrir une petite porte sur le monde extérieur. Car, même si c'est pourtant un pays qui m'a toujours attiré, je ne sais pas grand-chose de la Finlande d'aujourd'hui. Very cold trip a le mérite de montrer quelques jolis paysages et, plus prosaïquement, nous rappelle également que nos voisins du Nord sont eux aussi passés à l'euro. Peut alors émerger l'envie d'en savoir un peu plus. Sans se fatiguer pour autant, d'après moi, ça peut être l'un des buts du cinéma.
Very cold trip
Film finlandais de Dome Karukoski (2010)
Juste histoire de boucler la boucle, je crois tout de même devoir ajouter que la comparaison implicite avec Very bad trip garde malgré tout une pertinence. L'approche sociale du long-métrage l'écarte néanmoins de la simple loufoquerie de son prédécesseur américain. On reste dans la comédie, loin de ce que pourrait raconter un Ken Loach. Je vous renverrais cependant vers Looking for Eric dans le cas où vous rechercheriez un vrai film social et drôle à la fois.
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