Vous connaissez le Palais idéal du facteur Cheval ? Cette construction a fait parler d'elle dernièrement, à l'occasion d'une émission de télé censée désigner le monument préféré des Français: elle s'est classée au deuxième rang, parmi quatorze propositions et derrière la citadelle de Belfort. Elle a aussi fait l'objet d'un film, tout début janvier 2019...
L'incroyable histoire du facteur Cheval: difficile d'imaginer un titre plus explicite. Au moins, on a déjà une idée de ce qui nous attend ! Rappel: Joseph Ferdinand Cheval naît en 1836, dans un petit village de la Drôme. Après de courtes études, il est boulanger, puis ouvrier agricole. C'est la misère qui l'incite à passer le concours des Postes. En 1867, il devient donc facteur, alors qu'il est déjà marié et père d'un bébé garçon. Deux années plus tard, à sa demande, il est affecté à Hauterives, à douze kilomètres de son "point de départ". C'est là qu'il travaille jusqu'à sa retraite, en 1896 - des tournées quotidiennes de plus de trente bornes ! Là aussi qu'il entreprend la grande oeuvre de sa vie: ce fameux Palais idéal, aujourd'hui propriété communale classée Monument historique et visitable au prix de quelques euros. Tout cela, le film nous le raconte avec une délicatesse bienvenue. Jamais il ne se moque du brave préposé: une belle preuve d'empathie.
Il n'est probablement pas donné à tous les acteurs de paraître crédible dans la peau d'un tel personnage: Jacques Gamblin, lui, nous offre ici une interprétation de haute volée, les expressions de son visage rendant les rares dialogues presque inutiles. On dit que Joseph Cheval souffrait peut-être d'un trouble autistique, ce que le jeu du comédien parvient à faire ressentir avec force: bravo ! Le reste du casting assure une admirable prestation de groupe, malgré l'absence de noms clinquants - si ce n'est Laëtitia Casta, d'une très grande justesse. C'est sans difficulté que L'incroyable histoire du facteur Cheval nous fait traverser près d'un demi-siècle de l'existence de son "héros". Une existence parsemée de drames, marquée par la mort des êtres qu'il aimait. Le film, lui, ne verse jamais dans le pathos: bon point. J'en ai beaucoup aimé la forme, à commencer par les couleurs désaturées et la musique de deux frères, Baptiste et Pierre Colleu. Les effets spéciaux qui laissent apparaître le Palais en construction passent, eux, vraiment inaperçus. Émouvant voyage dans le temps...
L'incroyable histoire du facteur Cheval
Film français de Nils Tavernier (2019)
Ce biopic soigné est une réussite, tout à la fois sobre et touchante. En découvrant l'histoire de Cheval, on comprend mieux sa motivation pour créer quelque chose qui soit tout à la fois unique et pérenne. Parmi les biographies d'artistes plastiques, je peux vous suggérer d'accorder un peu de votre temps à Rodin, Renoir et/ou Gauguin. Une belle fiction comme L'artiste et son modèle vaut aussi le détour !
----------
Avant d'aller voir le film (ou le Palais lui-même)...
Vous aurez peut-être envie de lire également la chronique de Pascale.
L'incroyable histoire du facteur Cheval: difficile d'imaginer un titre plus explicite. Au moins, on a déjà une idée de ce qui nous attend ! Rappel: Joseph Ferdinand Cheval naît en 1836, dans un petit village de la Drôme. Après de courtes études, il est boulanger, puis ouvrier agricole. C'est la misère qui l'incite à passer le concours des Postes. En 1867, il devient donc facteur, alors qu'il est déjà marié et père d'un bébé garçon. Deux années plus tard, à sa demande, il est affecté à Hauterives, à douze kilomètres de son "point de départ". C'est là qu'il travaille jusqu'à sa retraite, en 1896 - des tournées quotidiennes de plus de trente bornes ! Là aussi qu'il entreprend la grande oeuvre de sa vie: ce fameux Palais idéal, aujourd'hui propriété communale classée Monument historique et visitable au prix de quelques euros. Tout cela, le film nous le raconte avec une délicatesse bienvenue. Jamais il ne se moque du brave préposé: une belle preuve d'empathie.
Il n'est probablement pas donné à tous les acteurs de paraître crédible dans la peau d'un tel personnage: Jacques Gamblin, lui, nous offre ici une interprétation de haute volée, les expressions de son visage rendant les rares dialogues presque inutiles. On dit que Joseph Cheval souffrait peut-être d'un trouble autistique, ce que le jeu du comédien parvient à faire ressentir avec force: bravo ! Le reste du casting assure une admirable prestation de groupe, malgré l'absence de noms clinquants - si ce n'est Laëtitia Casta, d'une très grande justesse. C'est sans difficulté que L'incroyable histoire du facteur Cheval nous fait traverser près d'un demi-siècle de l'existence de son "héros". Une existence parsemée de drames, marquée par la mort des êtres qu'il aimait. Le film, lui, ne verse jamais dans le pathos: bon point. J'en ai beaucoup aimé la forme, à commencer par les couleurs désaturées et la musique de deux frères, Baptiste et Pierre Colleu. Les effets spéciaux qui laissent apparaître le Palais en construction passent, eux, vraiment inaperçus. Émouvant voyage dans le temps...
L'incroyable histoire du facteur Cheval
Film français de Nils Tavernier (2019)
Ce biopic soigné est une réussite, tout à la fois sobre et touchante. En découvrant l'histoire de Cheval, on comprend mieux sa motivation pour créer quelque chose qui soit tout à la fois unique et pérenne. Parmi les biographies d'artistes plastiques, je peux vous suggérer d'accorder un peu de votre temps à Rodin, Renoir et/ou Gauguin. Une belle fiction comme L'artiste et son modèle vaut aussi le détour !
----------
Avant d'aller voir le film (ou le Palais lui-même)...
Vous aurez peut-être envie de lire également la chronique de Pascale.
4 commentaires:
J'ai beaucoup aimé ce film.
Et plus encore le Palais idéal où je suis allée 3 fois en deux ans... chaque fois j'y passe des heures dans un état de contemplation intense tant cette oeuvre ouvre l'imagination.
Une fois j'y étais avec mes 2 petits. Nous avons dormi tous les 3 dans une roulotte.
C'est à une vingtaine de kms d'Annonay. C'est magique. Et à 800 m du Palais il y a la tombe du Facteur qu'il a mis 15 ans à réaliser quand il a eu fini le Palais.
Tiens, quelques photos.
http://www.surlarouteducinema.com/archive/2020/02/12/un-peu-de-tourisme-6212249.html
@Pascale 1:
Ce film a effectivement beaucoup de qualités et donne envie de visiter le Palais.
J'étais au courant pour la tombe: le facteur ne lâchait rien. C'est fou et c'est beau !
@Pascale 2:
Merci beaucoup ! Cela renforce encore cette envie que j'ai d'y aller un jour.
Enregistrer un commentaire