samedi 17 février 2024

De l'entraide ?

Je ne sais pas si le chiffre est toujours juste: au début de l'automne dernier, une soixantaine de migrants entrait sur le territoire français en passant par les cols haut-alpins... chaque jour (selon Europe 1) ! Aujourd'hui, je vais vous parler d'un film de fiction: La tête froide. Son scénario tourne autour d'une femme, confrontée à cette réalité...

Marie, 45 ans, habite seule dans un mobil-home et doit une somme importante à son propriétaire. Pour s'en sortir, elle se rend en Italie une fois par semaine et entretient un petit trafic de cigarettes. Jusqu'à une nuit où, au beau milieu de la montagne, un homme noir surgit devant sa voiture, qu'elle est à deux doigts de renverser. Souleymane en a vu d'autres, c'est certain, et dans son anglais approximatif, il parvient à convaincre Marie qu'elle pourrait gagner beaucoup d'argent en aidant des clandestins à traverser la frontière. Contre toute attente, la jeune femme accepte... pour une seule fois ! À partir de là, La tête froide prend les atours d'un thriller relativement efficace, même si j'en connais certes de plus originaux. Tourné à Briançon et Montgenèvre, il s'avère de fait plutôt crédible...

Dans le rôle principal, Florence Loiret Caille s'en tire honorablement. Son partenaire, Saabo Balde, se montre plutôt convaincant, lui aussi. Objectivement, les autres protagonistes ont bien moins d'ampleur. J'avance ici une hypothèse: c'est avant tout grâce à son réalisateur que La fête froide gagne son statut de "bon petit film de cinéma". Stéphane Marchetti, en effet, a fait ses premiers armes de cinéaste dans le domaine du documentaire. Il parle désormais d'une "continuité naturelle" entre les deux facettes de son travail et assure être revenu vers une forme qu'il souhaitait pratiquer depuis plusieurs années. "J'avais envie de créer un univers et d'y amener du romanesque". Bravo à lui, donc: ses images sont tout à la fois belles et signifiantes. Elles nous parlent d'une rencontre inattendue, qui en appelle d'autres !

La tête froide
Film français de Stéphane Marchetti (2024)
Je n'ai assurément pas fini de parler des migrations sur ce blog ! Sujet désormais récurrent sur (tous) les écrans, il est traité cette fois avec intelligence, sérieux et empathie. NB: c'était le cas également dans un beau film militant sorti à la mi-novembre 2022: Les engagés. Dans les montagnes toujours, je recommande aussi Les survivants. Et sachez-le: je compte prochainement arpenter d'autres territoires...

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Un p'tit lien pour la route ?

C'est possible: un autre avis peut être consulté sur le blog de Dasola.

6 commentaires:

Pascale a dit…

Il vient après Le prix du passage qui m'a paru plus efficace et crédible. Du coup je n'ai pas parlé de celui-ci qui m'a semblé ne pas proposer grand chose.

Martin a dit…

J'ai raté "Le prix du passage". Je pense que je le rattraperai à l'occasion, à la téloche...

Jourdan a dit…

Ah je le note.
Oui ces films sur les migrants disent quelque chose sur beaucoup d’entre nous,qu’on ait des descendants partis d’Italie à une époque, d’Algérie, d’Arménie, ou autres,fuyant les dictatures.


Martin a dit…

Je suis entièrement d'accord avec vous. "Interdit aux chiens..." devrait vous plaire.

dasola a dit…

Bonjour Martin K, merci pour le lien et sinon c'est un bon complément au "Prix du passage" sur le même thème. Celui-ci est plus angoissant peut-être parce qu'il neige. En revanche, à la fin, il y a une ellipse entre le fait d'être prisonnier dans la neige avec une blessure et le fait que Souleymane arrive en Angleterre, comment a-t-il fait? Bonne journée.

Martin a dit…

C'est vrai qu'après l'épisode dans la tempête, cet épilogue anglais est un peu expéditif.

En revanche, j'ai bien aimé l'ultime échange de regards entre les deux femmes. Comme si la fatalité faisait que tout devait recommencer...