J'ai une désagréable impression: elle me dit que cette crise sanitaire mondiale nous a pratiquement fait oublier la question des migrants. Sérieux oui, mais pas plombant, le film La traversée nous la rappelle avec force, bien qu'il ne cite pas de noms de pays réels ou de dates. Cette merveille d'animation dit en fait beaucoup sans faire de bruit...
Ce n'est qu'à la toute fin que la réalisatrice place un carton-hommage à ses arrière-grands-parents: ils avaient dû quitter l'Ukraine en 1905 avec leurs très nombreux enfants, soucieux d'échapper aux pogroms. Son film - et premier long-métrage - est donc bien une sorte d'écho donné à ces destins tragiques. Florence Miailhe admet franchement qu'elle connaissait mal cette histoire familiale et ajoute qu'un déclic lui était venu au moment des premières migrations de populations subsahariennes. La traversée a bel et bien une portée universelle. C'est une oeuvre d'autant plus touchante qu'elle ne joue pas bêtement sur la corde sensible et qu'au coeur de la multitude, elle s'intéresse toutefois au sort particulier de quelques enfants et adolescents. Gamins que certains, assis sur un tas d'or et leur arrogance, achètent et... rebaptisent: Janet plutôt que Kyona, Peter à la place d'Adriel ! Aujourd'hui encore, il se trouverait des gens pour trouver ça normal...
Trêve de considérations politiques: je tiens à réserver ce paragraphe aux aspects artistiques et techniques du film. Il s'appuie également sur la complicité en écriture de la réalisatrice et d'une de ses amies proches, sa très fidèle coscénariste: la romancière Marie Desplechin. Un duo doué... et encore une plume que je vais devoir découvrir ! L'animation, elle, est créée à partir de peintures sur verre. À ce stade de ma présentation, j'ai choisi de NE PAS chercher à comprendre précisément comment l'artiste donnait vie à ses images: je préfère laisser la magie opérer seule, sans être "passée au filtre" d'un savoir quelconque. C'est que l'émotion reste plus forte ainsi, me semble-t-il. J'aurais sans nul doute pu dire bien d'autres choses sur La traversée en cherchant des informations, mais j'espère que ce que j'ai écrit suffira à vous donner envie (ou au moins à titiller votre curiosité). Tout ce que je pense de positif de l'animation française s'illustre ici. Je n'oublie pas pour autant que la création de cette vraie splendeur associe aussi des Allemands et des Tchèques. C'est tout un symbole...
La traversée
Film français de Florence Miailhe (2021)
Une note presque maximale pour bien confirmer mon coup de coeur ! L'optimiste en moi croit que cette perle intéressera les plus jeunes tout aussi bien que les plus expérimentés des spectateurs de cinéma. En dépit de la dureté de son propos, elle s'autorise des échappées poétiques d'une rare beauté. Plusieurs autres films sur les migrations m'ont (vraiment) ému: Rêves d'or, Harragas, Adieu Mandalay, etc...
Ce n'est qu'à la toute fin que la réalisatrice place un carton-hommage à ses arrière-grands-parents: ils avaient dû quitter l'Ukraine en 1905 avec leurs très nombreux enfants, soucieux d'échapper aux pogroms. Son film - et premier long-métrage - est donc bien une sorte d'écho donné à ces destins tragiques. Florence Miailhe admet franchement qu'elle connaissait mal cette histoire familiale et ajoute qu'un déclic lui était venu au moment des premières migrations de populations subsahariennes. La traversée a bel et bien une portée universelle. C'est une oeuvre d'autant plus touchante qu'elle ne joue pas bêtement sur la corde sensible et qu'au coeur de la multitude, elle s'intéresse toutefois au sort particulier de quelques enfants et adolescents. Gamins que certains, assis sur un tas d'or et leur arrogance, achètent et... rebaptisent: Janet plutôt que Kyona, Peter à la place d'Adriel ! Aujourd'hui encore, il se trouverait des gens pour trouver ça normal...
Trêve de considérations politiques: je tiens à réserver ce paragraphe aux aspects artistiques et techniques du film. Il s'appuie également sur la complicité en écriture de la réalisatrice et d'une de ses amies proches, sa très fidèle coscénariste: la romancière Marie Desplechin. Un duo doué... et encore une plume que je vais devoir découvrir ! L'animation, elle, est créée à partir de peintures sur verre. À ce stade de ma présentation, j'ai choisi de NE PAS chercher à comprendre précisément comment l'artiste donnait vie à ses images: je préfère laisser la magie opérer seule, sans être "passée au filtre" d'un savoir quelconque. C'est que l'émotion reste plus forte ainsi, me semble-t-il. J'aurais sans nul doute pu dire bien d'autres choses sur La traversée en cherchant des informations, mais j'espère que ce que j'ai écrit suffira à vous donner envie (ou au moins à titiller votre curiosité). Tout ce que je pense de positif de l'animation française s'illustre ici. Je n'oublie pas pour autant que la création de cette vraie splendeur associe aussi des Allemands et des Tchèques. C'est tout un symbole...
La traversée
Film français de Florence Miailhe (2021)
Une note presque maximale pour bien confirmer mon coup de coeur ! L'optimiste en moi croit que cette perle intéressera les plus jeunes tout aussi bien que les plus expérimentés des spectateurs de cinéma. En dépit de la dureté de son propos, elle s'autorise des échappées poétiques d'une rare beauté. Plusieurs autres films sur les migrations m'ont (vraiment) ému: Rêves d'or, Harragas, Adieu Mandalay, etc...
2 commentaires:
Il m'a échappé à cause de la profusion de sorties. J'espère pouvoir y remédier.
Le changement de prénom par exemple est une aberration et ce qui ne devrait pas être un sujet prend parfois beaucoup de place. On s'achemine vers une campagne lamentable.
Ouais, la campagne s'annonce... euh... atroce.
J'espère que tu auras l'occasion de voir ce beau film !
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