Une chronique de Martin
Il n'y a pas d'âge pour aimer le cinéma. J'ai toutefois constaté que, né à quelques jours de la fin de la première moitié des années 70, c'est la culture des années 80 que je connais le moins bien. Non pas que mes parents aient refusé de m'y initier, simplement, je suppose que, pour certaines choses, j'étais juste trop petit. Ce qui est curieux, c'est que je pense pouvoir dire que je maîtrise un peu mieux la décennie de ma naissance et ses devancières. Par chance, il est toujours possible, à l'occasion, de s'offrir des séances de rattrapage !
C'est ainsi que je me suis retrouvé devant ma télé, pour la diffusion de L'été meurtrier. Plus qu'Isabelle Adjani, à vrai dire follement sexy dans ce film, ce qui m'a attiré ici a d'abord été une vraie curiosité autour de la prestation d'Alain Souchon. Mes oreilles ont souvent pris plaisir à écouter le poète lunaire et je voulais découvrir ce qu'il était capable d'offrir au regard. Je n'ai pas été déçu. Sous les bouclettes de Florimond, alias Pin-Pon, l'ami de Laurent Voulzy m'a offert exactement ce que j'attendais de lui: une interprétation fabuleusement juste d'un homme amoureux que, par son attitude même, sa petite amie étonne, déroute et finit par inquiéter. Il y a effectivement un crescendo dramatique dans la très efficace intrigue de cette belle production, née d'une idée du romancier-scénariste Sébastien Japrisot, développée sous les encouragements du cinéaste Jean Becker. Un travail collectif, donc, dont l'intensité a conservé une réelle intensité à ce jour, 28 ans après la sortie du film en salles.
Reprenons. L'été meurtrier consacre bien sûr aussi Isabelle Adjani. Elle est ici Éliane, incarnation de la féminité si affirmée que tous l'appellent juste Elle. Aux yeux des garçons, la jeune femme a de fait un charme volcanique, tout en assurance: on ne s'étonne guère que, dans ce village de Provence, elle passe pour une Marie-couche-toi-là du plus bas étage. Cette réputation ne rebute pas Pin-Pon, garagiste un peu rêveur, pompier volontaire à ses heures. Bien qu'elle semble d'abord devoir lui résister, Elle lui cède finalement assez facilement, au terme tout de même d'un repas bien arrosé et de ce qu'il faut bien appeler une crise d'hystérie. Signe avant-coureur de... c'est à vous de voir ! Il est clair qu'il ne sera pas question ici d'histoire d'amour pure et dure, mais, comme vous le verrez peut-être, d'un scénario placé à mi-chemin entre le thriller policier et le drame de moeurs assez sordide. La belle enfant saura s'incruster dans la vie des autres pour le meilleur et peut-être aussi pour le pire. Le mieux étant vraiment désormais que je me taise pour ne pas trop en révéler...
L'été meurtrier rebutera peut-être ceux d'entre vous qui ont du mal avec un certain cinéma français. Personnellement, je l'ai en fait aimé pour ces mêmes raisons, ce classicisme, cette simplicité formelle. Cette façon de filmer me semble laisser toute la place aux acteurs et, jusque dans ses seconds rôles, le long-métrage ne manque pas d'effectivement faire briller quelques grands noms "de chez nous". Outre ceux que j'ai déjà cités, je retiens Suzanne Flon en grand-mère complice, Michel Galabru en patriarche brisé, François Cluzet en loser magnifique et petit frère inconséquent, Martin Lamotte en cocu arrogant... entre autres. Oui, ces deux grosses heures sont passées pour moi comme une lettre à la Poste. Il m'a semblé aussi qu'un soin tout particulier était apporté aux décors de cette production, magnifiés encore par un jeu sur la lumière tout à fait convaincant. Objectivement, même en s'appuyant sur les idées de son ami Sébastien Japrisot, je ne suis pas sûr que Jean Becker ait ici inventé grand-chose. Néanmoins, et c'est déjà bien, il prouve une fois encore qu'il est un bon artisan. Son film a la saveur du travail bien fait. Voilà: je n'ai certes pas vu un chef d'oeuvre, mais je me suis régalé.
L'été meurtrier
Film français de Jean Becker (1983)
Au risque de dévoiler encore un élément important, je dirais finalement que, devant la prestation du duo Adjani/Souchon, j'ai pensé à Béatrice Dalle et Jean-Hugues Anglade dans 37°2 le matin. J'indique toutefois à ceux qui ont vu le film de Jean-Jacques Beineix que le fin mot de l'histoire est ici bien différent. Je me suis aussi souvenu de L'histoire d'Adèle H. à plusieurs reprises, mais chut ! Pas sûr qu'il faille conseiller ça aux plus jeunes, mais, pour les ados cinéphiles d'aujourd'hui comme pour ceux d'hier, il y a tout de même dans cette escapade en Provence de la belle ouvrage tout à fait digne d'être considérée. Oui, c'est un vrai petit coup de coeur personnel !
C'est ainsi que je me suis retrouvé devant ma télé, pour la diffusion de L'été meurtrier. Plus qu'Isabelle Adjani, à vrai dire follement sexy dans ce film, ce qui m'a attiré ici a d'abord été une vraie curiosité autour de la prestation d'Alain Souchon. Mes oreilles ont souvent pris plaisir à écouter le poète lunaire et je voulais découvrir ce qu'il était capable d'offrir au regard. Je n'ai pas été déçu. Sous les bouclettes de Florimond, alias Pin-Pon, l'ami de Laurent Voulzy m'a offert exactement ce que j'attendais de lui: une interprétation fabuleusement juste d'un homme amoureux que, par son attitude même, sa petite amie étonne, déroute et finit par inquiéter. Il y a effectivement un crescendo dramatique dans la très efficace intrigue de cette belle production, née d'une idée du romancier-scénariste Sébastien Japrisot, développée sous les encouragements du cinéaste Jean Becker. Un travail collectif, donc, dont l'intensité a conservé une réelle intensité à ce jour, 28 ans après la sortie du film en salles.
Reprenons. L'été meurtrier consacre bien sûr aussi Isabelle Adjani. Elle est ici Éliane, incarnation de la féminité si affirmée que tous l'appellent juste Elle. Aux yeux des garçons, la jeune femme a de fait un charme volcanique, tout en assurance: on ne s'étonne guère que, dans ce village de Provence, elle passe pour une Marie-couche-toi-là du plus bas étage. Cette réputation ne rebute pas Pin-Pon, garagiste un peu rêveur, pompier volontaire à ses heures. Bien qu'elle semble d'abord devoir lui résister, Elle lui cède finalement assez facilement, au terme tout de même d'un repas bien arrosé et de ce qu'il faut bien appeler une crise d'hystérie. Signe avant-coureur de... c'est à vous de voir ! Il est clair qu'il ne sera pas question ici d'histoire d'amour pure et dure, mais, comme vous le verrez peut-être, d'un scénario placé à mi-chemin entre le thriller policier et le drame de moeurs assez sordide. La belle enfant saura s'incruster dans la vie des autres pour le meilleur et peut-être aussi pour le pire. Le mieux étant vraiment désormais que je me taise pour ne pas trop en révéler...
L'été meurtrier rebutera peut-être ceux d'entre vous qui ont du mal avec un certain cinéma français. Personnellement, je l'ai en fait aimé pour ces mêmes raisons, ce classicisme, cette simplicité formelle. Cette façon de filmer me semble laisser toute la place aux acteurs et, jusque dans ses seconds rôles, le long-métrage ne manque pas d'effectivement faire briller quelques grands noms "de chez nous". Outre ceux que j'ai déjà cités, je retiens Suzanne Flon en grand-mère complice, Michel Galabru en patriarche brisé, François Cluzet en loser magnifique et petit frère inconséquent, Martin Lamotte en cocu arrogant... entre autres. Oui, ces deux grosses heures sont passées pour moi comme une lettre à la Poste. Il m'a semblé aussi qu'un soin tout particulier était apporté aux décors de cette production, magnifiés encore par un jeu sur la lumière tout à fait convaincant. Objectivement, même en s'appuyant sur les idées de son ami Sébastien Japrisot, je ne suis pas sûr que Jean Becker ait ici inventé grand-chose. Néanmoins, et c'est déjà bien, il prouve une fois encore qu'il est un bon artisan. Son film a la saveur du travail bien fait. Voilà: je n'ai certes pas vu un chef d'oeuvre, mais je me suis régalé.
L'été meurtrier
Film français de Jean Becker (1983)
Au risque de dévoiler encore un élément important, je dirais finalement que, devant la prestation du duo Adjani/Souchon, j'ai pensé à Béatrice Dalle et Jean-Hugues Anglade dans 37°2 le matin. J'indique toutefois à ceux qui ont vu le film de Jean-Jacques Beineix que le fin mot de l'histoire est ici bien différent. Je me suis aussi souvenu de L'histoire d'Adèle H. à plusieurs reprises, mais chut ! Pas sûr qu'il faille conseiller ça aux plus jeunes, mais, pour les ados cinéphiles d'aujourd'hui comme pour ceux d'hier, il y a tout de même dans cette escapade en Provence de la belle ouvrage tout à fait digne d'être considérée. Oui, c'est un vrai petit coup de coeur personnel !
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