dimanche 17 juillet 2011

Picte et picte et Rome et drame

Une chronique de Martin

Je vous préviens: je n'ai pas l'intention aujourd'hui de faire un cours d'histoire. Il est fort possible que Centurion prenne certaines libertés avec la réalité antique, mais je n'en ai cure: je veux parler du film pour ce qu'il est, un simple divertissement pour cinéphile moyennement exigeant. Je l'ai découvert l'autre jour sans y attendre de message philosophique venu des temps anciens. Et j'ai bien fait !

Le héros du jour s'appelle Quintus Dias. Légionnaire des armées romaines, il ne sent pas exactement le sable chaud, d'autant en fait qu'il est le chef d'une garnison postée à la frontière nord de l'empire, dans ce qui est aujourd'hui l'Écosse. Attaquée par un groupe armé picte, il est fait prisonnier et, après avoir passé un sale quart d'heure, parvient à s'échapper. C'est là qu'il tombe sur des militaires de son camp, venus eux aussi botter les fesses des peuplades locales pour la gloire de la Louve. Centurion démarre alors, son scénario développant une idée simple: seuls une poignée de soldats échappent à une embuscade et, après avoir vainement tenté de porter secours à leur général pris en otage, ces mêmes rescapés marchent finalement vers les lignes arrières et les joies inédites de la retraite.

Bien entendu, les choses ne seront pas si simples. Les codes du film d'action sont alors respectés: même s'ils se replient, les personnages principaux gardent en eux une dose d'héroïsme et un sens du devoir suffisants pour ne pas le faire par simple couardise. Il est évident d'emblée qu'avant de parvenir à bon port, toutes sortes de péripéties vont venir contrarier leur progression, péripéties au cours desquelles ils auront de multiples occasions de prouver leur valeur et leur ardeur au combat. En ce sens, Centurion reste un film assez basique, apte à surprendre seulement les rares spectateurs peu habitués au genre. Ce film tient du western, jusque dans la constitution d'un groupe hétéroclite, où chaque membre n'a pour envie que de sauver sa peau.

L'originalité est ailleurs. L'ennemi lancé aux trousses de nos Romains égarés n'est pas plus nombreux, mais il est dominé par une femme aussi sauvage que... muette. Sans malheureusement parvenir totalement à échapper à un certain nombre de clichés, le film prend alors une tournure plutôt intéressante. Autre atout: entendre les légionnaires parler anglais surprend un peu, mais que leurs ennemis s'entretiennent en gaélique ajoute un petit soupçon d'authenticité assez bienvenu. Techniquement, même si les sanglantes batailles restent parfois assez confuses, le long-métrage est ma foi réussi pour ses costumes et ses décors naturels, absolument somptueux. Centurion permet de s'évader du quotidien: c'est sa qualité principale. Un bilan honorable, donc, même s'il y avait sans doute encore mieux à faire. À réserver pour les soirées sans prise de tête.

Centurion
Film anglais de Neil Marshall (2010)
La nationalité du long-métrage vient expliquer qu'il puisse paraître manquer d'emphase dans les scènes d'action. Je n'ai pas (encore ?) eu l'occasion de comparer avec L'aigle de la neuvième légion, film autour des mêmes soldats, sorti cette année. Pour ce qui est maintenant de mes références en péplums récents, elles demeurent assez pauvres. Dernièrement, je vous ai parlé d'Alexandre, un film que j'avais bien aimé. Puisqu'il est ici question de Rome, citions aussi Gladiator: par sa grandiloquence même, le film de Ridley Scott est moins sincère et donc moins agréable. Enfin, à mon goût...

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