dimanche 27 mars 2011

Espionnage amoureux

Une chronique de Martin

Contrairement aux apparences, je ne veux pas parler d'un couple jaloux et des guéguerres qui en découlent. Charade débute pourtant sur la totale déliquescence d'un sentiment amoureux, celui que porte Reggie Lampert à son époux, Charles. En vacances d'hiver à Megève sans son mari, la jolie Américaine en revient avec l'intention ferme de divorcer. Sans conséquence immédiate, elle vient de rencontrer Peter Joshua, un compatriote qui espère pouvoir la retrouver quelques jours plus tard. Ce qui arrive, dans une circonstance imprévue: une fois rentrée chez elle, Reggie trouve son appartement vidé et apprend que son "cher et tendre" est mort, jeté d'un train express qui devait le conduire à Bordeaux, l'étape d'un voyage fortuit à destination du Venezuela. Pourquoi ? Comment ? Mystère.

Ma première est l'une des stars féminines les plus adulées des années 60. Mon deuxième est un autre des grands noms d'Hollywood, acteur vedette à l'époque et mythe d'un âge d'or révolu. Mon troisième ? L'une des grandes capitales d'Europe, surnommée la ville-lumière, parfois même présentée comme la plus belle métropole du monde entier - ce qu'elle était peut-être de manière encore plus manifeste au moment du tournage. Mon tout est un film d'un réalisateur qui, dix ans auparavant, faisait chanter Gene Kelly sous la pluie. Réunissant le duo Audrey Hepburn-Cary Grant à Paris, c'est donc Charade, une perle cinématographique que le temps m'a semblé épargner. La plus belle réussite de ce film, pour moi, c'est de mêler avec efficacité romance et récit d'espionnage. Une jolie incongruité.

Certains esprits chagrins objectent que le scénario est de crédibilité douteuse, du fait de la différence d'âge entre les deux protagonistes principaux. Il est vrai que, comme très souvent d'ailleurs, Audrey apparaît tout à fait pétillante, là où Cary n'essaye même pas d'assombrir ses tempes grisonnantes. J'ai tenu à être précis: vérification faite, 25 printemps séparaient les deux comédiens. Madame n'avait que 34 ans au moment de la sortie du film, Monsieur en comptant alors presque 60. Dont acte. Franchement, ça ne m'a dérangé à aucun moment, surtout qu'on ne voit jamais qu'une fois (et déjà mort) le personnage de Charles Lampert, lui dont l'héroïne du film est censée être la veuve. Pour apprécier Charade, je crois donc qu'il suffit d'aimer les vieux films et leur charme certes un peu suranné. J'ai en tout cas trouvé que l'intrigue fonctionnait correctement, l'histoire d'amour un peu spéciale qu'elle développe subsidiairement n'étant que la cerise sur le gâteau. Certainement pas le film du siècle, mais une oeuvre à voir ou revoir avec plaisir.

Charade
Film américain de Stanley Donen (1963)
Entendons-nous bien, donc: il n'est pas dans mon propos de parler ici d'un chef d'oeuvre incontournable du septième art. Franchement daté par bien des aspects, le film peut, sinon déplaire, en fait laisser indifférent. Face aux canons modernes du film d'espionnage imposés par un James Bond, il manque sûrement d'un certain dynamisme. Disons alors que c'est autre chose et apprécions le spectacle tel quel. Je n'ai pas de référence précise en tête, mais il y a du Hitchcock dans cette histoire. La différence s'opère bien grâce à la jolie touche glamour qu'apporte le duo Hepburn-Grant. Simple et indissociable. Tiens, j'y pense: ça me rappelle un peu le bien plus récent Duplicity.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Encore Audrey Hepburn, Youpi !