lundi 11 mai 2015

Drôle de déesse

Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais pour ma part, je trouve que ça fait longtemps que je ne vous ai pas parlé de Woody Allen. Séance rattrapage donc avec Maudite Aphrodite, l'un de ses films sortis au cours des années 90. C'est amusant, d'ailleurs: en explorant les recoins de ma mémoire, je me suis rappelé m'être moqué jadis d'un copain de fac qui l'avait aimé. Les temps changent, ma parole...

Parce que oui, une vingtaine d'années plus tard, je dois bien admettre que moi aussi, j'ai aimé Maudite Aphrodite. Notre bon ami Woody joue classiquement un New-yorkais névrosé. Lenny Wentrib panique d'autant plus fort que sa femme aimerait avoir un enfant avec lui. Précision importante: pas question pour autant de risquer sa carrière pour concevoir le mouflet, l'adoption s'avérant une solution pratique franchement acceptable. De fil en aiguille, le bambin est donc adopté. Et pendant ce temps, Lenny psychote toujours, admiratif de son fils certes, mais torturé par mille questions sur l'identité de sa mère biologique. C'est avec lui que l'on découvre alors que ladite génitrice exerce ses talents dans deux boulots différents: prostituée et actrice porno. Illico presto, Woody/Lenny s'érige en protecteur improbable...

Jamais à court d'idées farfelues, Allen entrecoupe cette fois son récit avec les incantations d'un pseudo-choeur antique. Il faut souligner toutefois que son long-métrage n'a absolument rien d'une tragédie. C'est même tout le contraire, à vrai dire: ici, on s'amuse franchement et, entre deux répliques, on s'attendrit. C'est sans nul doute l'aspect que j'ai préféré dans le film: le personnage de Lenny dissimule mal des tombereaux de gentillesse. Il s'y prend mal, certes, mais il tâche d'arranger les choses au mieux pour les autres. Je ne surprendrai personne en soulignant l'efficacité du casting. C'est avec un plaisir non dissimulé j'ai retrouvé Helena Bonham Carter en épouse ambigüe et carriériste. La vraie surprise est venue de Mira Sorvino: j'ignorais tout de cette comédienne jusqu'alors et son jeu en ravissante idiote m'a vraiment séduit - quel dommage d'avoir dû la découvrir en VF ! Maudite Aphrodite valut à son interprète principale un Oscar mérité. Dans la filmographie de son auteur, c'est peut-être bien une pièce mineure, mais pas au point pour autant de me faire taire mon plaisir.

Maudite Aphrodite
Film américain de Woody Allen (1995)

Dans la foulée de cette oeuvre tendre, notre vieil ami américain conservera sa douce approche des sentiments et en fera le moteur d'un autre petit chef d'oeuvre: Tout le monde dit I love you. D'innombrables réalisateurs de tous pays s'essayent à la comédie romantique... et très rares sont ceux qui en ont une telle maîtrise. Libre à vous toutefois de préférer d'autres opus, Alice ou Manhattan.

----------
Pour terminer, deux liens complémentaires...
Le film fait également l'objet d'une chronique sur "L'oeil sur l'écran". Princécranoir en dit lui aussi quelques mots (positifs) sur son blog.

4 commentaires:

cc rider a dit…

un woody allen en VF ??!!!
J'admire votre stoicisme

princécranoir a dit…

Ah je l'aime beaucoup celui-là, avec son chœur antique, sa péripatéticienne godiche et son hurluberlu de chroniqueur sportif. Pas le top d'Allen mais assurément un des plus drôles.

Martin a dit…

@CC Rider:

Croyez bien que, si j'avais eu le choix, j'aurais évidemment retenu la VO !

Martin a dit…

@Princécranoir:

Nous sommes d'accord, l'ami. La drôlerie de ce film et sa tendresse font un joli mélange.