lundi 2 octobre 2023

Vers le haut ?

Je suis entré dans la vie active à 25 ans, encouragé par des parents ayant, eux aussi, fait des années d'études supérieures après le bac. Sophie Vasseur, la jeune héroïne de La voie royale, entre en classe préparatoire aux écoles d'ingénieur (et rêve d'intégrer Polytechnique). Elle présente "un profil atypique". Oui: elle est issue du monde rural...

Une fille d'agriculteur a-t-elle vraiment les mêmes chances de réussite qu'une jeune citadine de son âge, en France et à niveau comparable ? C'est l'une des - très pertinentes - questions que pose La voie royale. Et ce sans apporter de réponse claire et définitive, m'a-t-il semblé. Intelligent, le film nous invite à réfléchir à partir d'une problématique complexe et, sans prendre parti, à forger notre opinion personnelle. Pour cela, il nous ouvre les portes d'un univers assez peu connu: celui des prépas, donc, avec ce qu'il comporte de stimulant et d'exigeant. Sincèrement, ce type de cursus ne m'a jamais tenté - et le scénario du film ne m'invite pas à réviser mon jugement sur ces formations élitistes. J'ai l'impression qu'elles tiennent du parcours du combattant et que les jeunes qui les suivent en sortent davantage formatés qu'épanouis. Mais c'est bien entendu moins simpliste que je ne le dis ! Et d'ailleurs, le film montre bien que rien n'est jamais aussi binaire...

Imaginer qu'il nous présentera Sophie Vasseur comme une étudiante isolée et rejetée par les autres serait une erreur. Il dresse le portrait d'une jeune femme déterminée, certes, mais l'enrichit des nuances qu'apportent ses camarades de promo, d'une diversité appréciable. Mieux encore, la caméra ne se contente pas de saisir des instantanés révélateurs de la vie estudiantine: elle capte aussi ce qui se passe dehors, dans la supposée "vraie vie", qui est encore celle des parents et du grand frère de son héroïne, notamment. Cet enchevêtrement narratif ne nuit en rien à la fluidité du récit, on ne peut plus limpide. Une question m'est alors venue: La voie royale, OK, mais vers quoi ? Jusqu'au bout, l'ambition de la jeune protagoniste reste incertaine. Difficile, dans ces conditions, de savoir si ses efforts seront payants. Il semble que le réalisateur (et scénariste) du film s'interroge aussi. Conclusion personnelle: le film créera le débat et c'est très bien ainsi !
 
La voie royale
Film franco-suisse de Frédéric Mermoud (2023)

Un petit mot encore pour saluer la comédienne qui tient le rôle principal: Suzanne Jouannet, que je découvrais, est vraiment bien. Mentions aussi pour Marie Colomb, Maud Wyler et Marilyne Canto. Finalement, c'est parce qu'il reste un peu flou sur son point de vue que je n'accorde au film que trois étoiles et demie. Si le sujet retient votre attention, Première année a toutes les chances de vous plaire !

samedi 30 septembre 2023

À l'écoute des autres

Le terrorisme, l'action militante hors-la-loi... j'enchaîne les sujets difficiles ces jours-ci et aujourd'hui, je vais parler de la surveillance généralisée. Un bémol: je m'étais imaginé que Conversation secrète parlait d'un État oppresseur, mais non ! Il parle d'atteintes à la vie privée commises par des individus au bénéfice... de quelques autres !

Gene Hackman est Harry Caul, l'un de ces "détectives" dissimulés sous l'imperméable d'un quadra ordinaire, du côté de San Francisco. Saxophoniste amateur à ses heures, il s'est taillé une réputation flatteuse parmi ses pairs, mais mène essentiellement une vie solitaire, trop mutique pour développer la moindre relation amicale. Quand le film commence, il est le principal membre d'un trio chargé d'espionner un homme et une femme qui ont l'air de former un couple. La vérité est-elle toute autre ? Pas sûr, mais vous ne la découvrirez qu'au compte-gouttes - et ce, à partir d'un premier plan magistral. Derrière la caméra, Francis Ford Coppola signe un film auquel il tenait beaucoup (et que ses succès antérieurs avaient permis de financer). Ce qui lui aura valu de recevoir la première de ses deux Palmes d'or...

Le génie du maître américain tient au doute qu'il instille lentement. Oui, Conversation secrète est un film qui sait ménager ses effets. Quand vous mordrez à l'hameçon, je suis certain qu'il vous entraînera dans ses filets et vous y laissera sans conviction fermement établie sur la réalité de ce que vous aurez vu. Je peux dire que les images demeurent essentielles, mais surtout que le son occupe une place prédominante. C'est d'ailleurs bel et bien la spécialité de Harry Caul ! Ce personnage fort peu amène ne suscitera guère qu'une empathie relative, mais j'ai trouvé que le petit jeu paranoïaque que son métier impose finit par se refermer sur lui (ce qui s'avère cruel, à mon sens). Avant d'en arriver à une conclusion angoissée, le déroulé du métrage nous offre de très belles choses et notamment une forme d'épure graphique très frappante, à rebours de l'esprit débridé des seventies. Près de cinquante ans ont passé, mais le propos, lui, reste d'actualité.

Conversation secrète
Film américain de Francis Ford Coppola (1974)

Un joli cap: c'était ma 3000ème chronique sur Mille et une bobines. J'avoue avoir anticipé et donc choisi Coppola pour "marquer le coup". L'Américain, lui, reconnaît l'influence du Blow up de son confrère italien Michelangelo Antonioni (1966) - un film qu'il me faut découvrir. Du côté des opus plus récents, difficile de ne pas penser à Blow out et, dans une moindre mesure, à La vie des autres. Du grand cinéma !

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Quelques derniers mots pour conclure ?

OK: je vous encourage à les chercher du côté de "L'oeil sur l'écran". Restez tranquilles, hein ? Je reviens dès lundi midi avec un autre film.

mercredi 27 septembre 2023

En action

Autant l'admettre: je ne me suis jamais penché sur le bilan carbone de tel ou tel film. Il me semble cependant que l'industrie du cinéma commence doucement à réfléchir à ce sujet, comme elle peut le faire autour de notions écologiques comme le bien-être animal notamment. Méfiance: entre les déclarations et les actes, il y a parfois un fossé...

Toujours est-il que ma très modeste conscience environnementale s'éveille aussi grâce au septième art ! C'est en fait par pure curiosité que, dernièrement, j'ai trouvé intéressant de me frotter à Sabotage. Inspiré par un livre polémique (cf. ma fin de chronique), ce film américain imagine un groupe de jeunes prêts à passer à l'action violente pour compenser l'inaction de leur gouvernement en matière de lutte contre le réchauffement climatique. À chacun ses raisons pour mener ce combat: le scénario a l'intelligence de (dé)montrer qu'une cause commune peut aussi réunir des gens très dissemblables. Bref... ici, grâce aux réseaux sociaux, un groupe de huit jeunes s'assemble pour construire une bombe et faire sauter une conduite d'acheminement du pétrole. Or, aux States, on parle de terrorisme. Bien conscients des risques encourus, les protagonistes du film agissent dans la clandestinité, évidemment, et en parfaite solidarité !

Cet opus de cinéma apparaît donc clairement comme une oeuvre d'essence politique. Je ne dis pas "militante", car il ne m'a pas semblé que le film cautionnait le comportement de ses divers personnages. Tout au plus nous invite-t-il à mieux comprendre leurs motivations profondes. Il y parvient grâce à la force du montage: on suit le groupe sur ses terrains d'action, mais, régulièrement, ces scènes haletantes sont entrecoupées par d'autres pour faire connaissance avec chacun. Sabotage se distingue aussi par l'efficacité de ce tempo, renforcée d'ailleurs par une bande-son particulièrement adaptée au sujet traité. Cette séance cinéma a donc été une vraie bonne surprise pour moi qui n'avais pas entendu la critique parler de cette fiction auparavant. Elle n'est certes pas incontournable, mais mérite qu'on s'y intéresse d'un peu plus près. Je vous signale l'existence d'une page Wikipédia en français, riche d'infos sur la production du film et sa réception. Son aspect "brut de décoffrage" est sûrement ce qui me plaît le plus. Cela nous mène vers un épilogue plutôt abrupt, quand tout a été dit...

Sabotage
Film américain de Daniel Goldhaber (2023)

Une invitation au débat: nul n'est obligé de prendre les idées du récit comme les meilleures à avoir. Sans vraie tête d'affiche dans la troupe des comédiens engagés, le film se concentre dès lors sur l'essentiel. Sur un thème assez proche, je recommande vivement Night moves. Jusqu'où aller pour défendre des idées ? Il pose également la question. Tant que le soleil frappe le fait aussi (et sur un plan plus individuel).

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Si vous voulez creuser le sujet...

Au départ, il y a ce livre: Comment saboter un pipeline, paru en 2020 aux éditions La Fabrique. Petite précision: je ne l'ai pas (encore) lu. Son auteur, le Suédois Andreas Malm, est né en 1977 et s'interroge sur "la politisation insuffisante de la crise climatique". On s'en parle ?

lundi 25 septembre 2023

L'horreur

22 juillet 2011, 15h27: une violente explosion retentit dans le quartier des ministères d'Oslo, la capitale de la Norvège. 17h22: 60 kilomètres plus loin, sur l'île d'Utøya, le camp d'été de jeunes militants politiques de gauche - pour la plupart adolescents - subit une attaque à l'arme lourde. 77 personnes seront tuées ce jour-là - et 215 autres blessées !

Film norvégien, Utøya, 22 juillet revient sur ce drame effroyable. Après quelques images d'archive, il donne à voir un plan-séquence d'une longue heure et recrée la tragédie en suivant un personnage fictif. Quelques minutes avant le chaos, Kaja a connu une dispute avec sa soeur cadette, Émilie, qu'elle est pourtant censée surveiller. Elle en est séparée au moment des tous premiers coups de feu. Comme vous pouvez le supposer, elle passera le film à la chercher. Difficile de concevoir un dispositif cinématographique plus immersif !
 
Respectueuse des victimes, la réalisation se tient toutefois à l'écart d'un possible voyeurisme. Il n'en est pas moins permis de s'interroger sur les raisons qui peuvent pousser à visionner un tel long-métrage. Pour ma part, je me suis dit que ce serait faire oeuvre de mémoire. Le cinéaste à l'origine du projet, lui, dit avoir consacré un an et demi à une enquête préalable et à des rencontres avec des témoins directs. Le résultat est étouffant, anxiogène... mais c'est logique, finalement. Ce n'est certes pas ce que j'appellerais "un film pour tout le monde". Parmi ses mérites, celui de nous rappeler que les horreurs commises ce jour-là l'ont été par un type ordinaire ! Engagé à l'extrême-droite...

Utøya, 22 juillet
Film norvégien d'Erik Poppe (2018)

Le terrorisme dans ce qu'il a de plus direct, de plus cru: une approche sensorielle et frontale qui a la décence de s'appuyer sur les faits réels sans pour autant venir les exposer de la manière la plus sordide. D'autres films ont suivi sur cette affaire, mais je ne les ai pas vus. Moins éprouvants (quoique...), je suggère Amanda et Revoir Paris pour ne parler que de visions françaises. Il en est d'autres, bien sûr...

samedi 23 septembre 2023

Au temps du choléra

En revoyant Le hussard sur le toit l'autre jour, je me suis souvenu que Jean-Paul Rappeneau était un grand réalisateur du mouvement. Longue bien que sporadique, sa carrière nous entraîne vers des films dont toute idée d'immobilité est bannie. Dans celui que je présente aujourd'hui, c'est même la fuite qui pourra tenir lieu de sujet central !

Vous aimeriez retrouver la lumière du soleil ? Le film en regorge. Aix-en-Provence, été 1832. Angelo Pardi, un jeune Italien, s'efforce d'échapper aux espions autrichiens lâchés à ses trousses. La fortune de sa mère a fait de lui un colonel, prêt à renverser le pouvoir établi dans son pays - et venu en Provence rassembler l'argent nécessaire. Problème: au même moment, la région est ravagée par le choléra. Étranger errant de village en village, Angelo est le bouc-émissaire idéal d'une population aux abois, qui meurt ou subit un confinement sanitaire. Sa rencontre avec la belle Pauline de Théus, une femme partie seule à la recherche de son mari, pourrait changer son destin...
 
Que vous dire ? Cette adaptation d'un (superbe) roman de Jean Giono brille par la beauté de ses innombrables scènes tournées en extérieur. Des Bouches-du-Rhône à la Haute-Savoie, le film est un grand voyage qui passe aussi par le Gard, les Alpes-de-Haute-Provence ou l'Isère. Grâce à une impeccable reconstitution, on chevauche donc volontiers aux côtés de Juliette Binoche et Olivier Martinez. Mieux: on frémit comme eux des dangers auxquels ils s'exposent. Émotions garanties. Lors de sa sortie, Le hussard sur le toit avait aussi créé l'événement pour son budget: 176 millions de francs, alors la somme la plus élevée jamais consacrée à une production cinématographique française. Pauline et Angelo ont attiré un peu plus de 2,5 millions de spectateurs dans les salles obscures - d'où la dixième place du box-office national cette année-là. J'ai l'impression qu'ils sont désormais un peu oubliés. Leur histoire ne mérite pourtant pas de disparaître de nos mémoires !

Le hussard sur le toit
Film français de Jean-Paul Rappeneau (1995)

J'ai commencé avec l'idée du mouvement... et il me faut ajouter que, parmi les cinq opus chroniqués sur les Bobines, ce film de Rappeneau demeure sans aucun doute le plus posé (je n'ai pas dit "statique"). Soyons clairs: Cyrano de Bergerac, c'est évidemment plus enlevé. Dans les deux cas, j'ai des envies de balade sur les lieux du tournage. Et c'est sûr qu'on voyage tout de même plus qu'avec Madame Bovary !

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Et quitte à parler de grande littérature...

Je vous encourage à lire la chronique de Strum, qui offre une analyse comparée du film et du livre. Livre que je relirai volontiers, d'ailleurs.

vendredi 22 septembre 2023

Voir en peinture(s)

C'est la fin de l'été aujourd'hui et, demain, il restera pile cent jours pour finir l'année 2023. J'ai longtemps cherché un sujet de chronique susceptible de marquer ces "événements", mais j'ai fait chou blanc. Face à cette panne d'inspiration, j'ai cru bon de revenir sur le film d'avant-hier, qui peut orienter nos regards sur d'autres formes d'arts !

Le photogramme ci-dessus me fait ainsi presque penser à un Renoir. Ce n'est pas un scoop: dès ses origines, le cinéma est intimement lié au grand art visuel qu'est la peinture. On parle même de tableaux pour désigner les films (ou les différentes scènes qui les composent). En 1906, La Galerie du Vieux Moghul du Britannique William Sickert devient la première représentation d'une salle obscure sur une toile. D'autres suivront, bien entendu, et les oeuvres des grands maîtres classiques inspireront à leur tour celles des meilleurs réalisateurs. Désormais, un mouvement de va-et-vient paraît très naturel, au point que le Musée national d'art moderne (Centre Georges Pompidou) imagine une exposition Le Mouvement des images il y a une douzaine d'années. Et bien d'autres choses restent à dire et écrire sur ce sujet !
 
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J'y reviendrai sans doute un jour, mais...

Je n'avais aucune intention de rédiger un texte très long aujourd'hui. Cela ne vous empêche pas d'échanger avec moi en commentaires. Diriez-vous par exemple être sensibles à l'aspect pictural du cinéma ? Saviez-vous que Bouli Lanners était peintre ? Je suis à votre écoute...

mercredi 20 septembre 2023

Deux types amis amis

La panne d'inspiration... j'imagine à quel point cela doit être frustrant ou douloureux pour un artiste, habitué à s'exprimer par son travail. Dans Un coup de maître, c'est ce qui arrive à Renzo Nervi, peintre que la disparition de sa femme a soudain privé de son élan créatif. Ces quelques mots sont trompeurs: je vous parle bien d'une comédie !

Renzo Nervi, c'est Bouli Lanners, la toute première de mes raisons pour être allé voir ce film. L'acteur belge forme ici un excellent duo avec Vincent Macaigne, alias Arthur Forestier, galeriste de son état. L'idée du scénario est d'en faire deux amis "à la vie, à la mort", l'un soutenant l'autre dans sa déprime existentielle et malgré son attitude très franchement borderline, entre autres auprès de possibles clients. Sous-jacent, c'est l'autre thématique du long-métrage: est-il indigne pour un créateur de vendre le fruit de son travail à une personne qu'en temps normal, il considérerait avec dédain ? Dans une phase difficile pour lui, doit-il au contraire s'isoler et laisser alors libre cours à ses penchants égotiques profonds, au-delà de tout vernis social ? Un coup de maître choisit de s'amuser de ces questions sérieuses. Chacun jugera ensuite de la qualité et de la valeur des réponses apportées. Le cinéma, comme la peinture, s'ouvre à la subjectivité...

Un (tout) petit regret: l'importance que Renzo/Bouli et Arthur/Vincent prennent sur la toile maintient les autres personnages au second plan. Ce n'est pas très grave pour Aure Atika, dont le rôle est anecdotique. Je le regrette davantage pour Bastien Ughetto, un acteur découvert en avril et dont le potentiel comique m'a paru un peu sous-exploité. C'est que je suis convaincu que sa palette personnelle est plus riche ! Cela dit, le virage que le long-métrage prend dans son dernier tiers l'entraîne vers une composition plutôt inattendue. Il sera question d'une association humanitaire, Action contre la faim, et je dirai juste que le film a bel et bien permis de lui apporter un soutien financier. Au moins pour cela, l'équipe d'Un coup de maître mérite le respect. Même si elle verse parfois dans la caricature, j'ai également souri devant sa représentation du marché de l'art, gentiment moqueuse. Ses dérives commerciales font l'objet de quelques scènes piquantes. Tout bien considéré, il manque un petit je-ne-sais-quoi de plus incisif pour parler d'un grand film. Pas une raison pour bouder votre plaisir...

Un coup de maître
Film français de Rémi Bezançon (2023)

Au terme de cette chronique, je n'ai toujours pas expliqué le titre. Simple conseil d'ami: évitez la bande-annonce et gardez la surprise ! En vous en parlant, je me suis soudain rappelé le film American bluff et ce qu'il disait au sujet des tableaux exposés dans les musées. Maintenant, si la peinture vous intéresse, je vous renvoie à d'autres comme Gauguin, Artemisia ou Moulin Rouge. L'embarras du choix...

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Une autre regard sur le film est possible...

Je vous recommande de découvrir aussi celui de notre amie Pascale.

lundi 18 septembre 2023

Égouts et couleurs

Les geeks le savent: Leonardo, Michelangelo, Donatello et Raphaël sont certes des peintres de la Renaissance, mais pas uniquement. Depuis 1984, les maîtres du classicisme italien ont donné leurs noms à d'étranges créatures vertes nées dans un comics: les Tortues Ninja ! Plusieurs fois apparues au cinéma, elles y sont revenues début août...

Je traduis le titre, si besoin: l'idée de Ninja Turtles : Teenage years est d'évoquer les années d'adolescence de Leo, Mickey, Don et Raph. Et pour tout vous dire, c'est même encore plus simple: le scénario explique comment ces drôles de bestioles ont été réunies par un rat réfugié dans les égouts de New York, qui a alors choisi de les élever comme ses enfants. Ce n'est qu'ensuite et sous l'effet d'un fluide mystérieux que chaque membre de la bande a grandi jusqu'à la taille d'humains adultes - humains dont les Tortues ont appris à se méfier. Seulement voilà... au début du film, l'envie de quitter leur cachette s'avère plus forte que jamais. Elles se disent alors qu'une action héroïque leur permettrait d'être populaires (et d'intégrer un lycée). Vous imaginez bien que cela ne se passera pas aussi facilement. Soutenues dans leur quête de normalité par une apprentie journaliste de leur âge, les Turtles ont un atout: leur maîtrise des arts martiaux !

Une précision pour les fans: le grand ennemi que je leur connaissais n'apparaît pas dans ce nouvel opus cinéma. Il est toutefois probable qu'il revienne dans une suite. Je suppose en fait que les producteurs américains (Paramount, Nickelodeon, etc.) se décideront notamment en fonction des recettes de cet épisode - sa rentabilité étant acquise. Au-delà de ces considérations, Ninja Turtles : Teenage years m'a plu de par sa proposition esthétique et les qualités d'une animation 3D moins "léchée" qu'à l'accoutumée. J'ai appris ensuite que son style s'inspirait de celui des dessins exécutés par l'un des réalisateurs quand il était lui-même adolescent (Jeff Rowe a aujourd'hui 37 ans). Autre très bonne idée du film: avoir opté pour de vrais teenagers pour doubler les personnages non-encore-adultes, d'où le léger regret personnel de n'avoir pas pu le découvrir dans sa version originale. Bref... malgré ce bémol et la conscience de ne pas être représentatif du véritable public-cible, j'ai passé un assez chouette moment. Possible qu'il me conduise très bientôt à ressortir ma vieille console...

Ninja Turtles : Teenage years
Film américain de Jeff Rowe et Kyler Spears (2023)

Je crois bien que c'est avec un (vieux) jeu vidéo et sur une borne d'arcade que j'ai découvert cet univers. Et il m'est toujours familier ! Les 14-16 ans d'aujourd'hui l'apprécieront-ils ? Ce n'est pas à exclure. Pour la bagarre, vous préférerez peut-être l'un des Kung-fu panda ou, au rayon du cinéma d'animation japonais, Le garçon et la bête. En images réelles, Karaté Kid peut être un teen movie de référence...

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Et si on chipotait un peu ?

Ce serait l'occasion d'évoquer les traductions cinéma pour la France. En version originale, le film porte un titre différent et bien plus long ! Il reprend le nom "officiel" de nos vertes amies depuis leur apparition dessinée: Teenage Mutant Ninja Turtles... et le terme Teenage rappelle qu'elles n'ont jamais été autre chose que des adolescentes. Même si ce serait dans cet épisode cinéma que c'est le plus flagrant...

samedi 16 septembre 2023

Toutes ses dimensions

Au-delà de l'univers observable, il se pourrait qu'il en existe d'autres qui lui ressembleraient: c'est peu ou prou ce que suppose le monde scientifique en parlant de multivers. La possibilité d'une intervention humaine dans un décalque de notre réalité fascine nombre d'artistes de cinéma. Exemple récent avec Everything everywhere all at once !

Tout. Partout. Tout à la fois.
La traduction (approximative ?) du titre ne dit pas grand-chose du contenu du grand gagnant des Oscars 2023. Le premier personnage du film est Evelyn, une femme américaine d'origine chinoise, gérante d'une laverie automatique. Son naturel stressé s'accommode difficilement de toute la série de problèmes qu'elle doit gérer simultanément, à commencer par un redressement fiscal doublé d'un divorce. Or, ce monde tel qu'il apparaît à Evelyn existe, certes, mais n'est en fait que celui... d'une seule de ses vies. Dans d'autres dimensions, parallèles, elle est aussi être cheffe cuistot dans un grand restaurant, actrice ou championne de kung-fu. Waouh !

L'idée du film ? Voir Evelyn passer d'une réalité à l'autre et apprendre à se battre. Objectif: sauver le monde et - dans l'élan - sa famille. Rien de franchement original pour un blockbuster US, me direz-vous. C'est vrai. Il se peut donc que les deux heures et quart du métrage vous paraissent longues comme une semaine sans sortie au cinéma. Un critique a parlé du film comme d'une "véritable déclaration d’amour au septième art, pleine de trouvailles et de bizarreries génialissimes". Un autre a évoqué "un pur chaos organisé, un bijou d’orfèvrerie". Mouais... j'avoue: je ne suis pas aussi emballé qu'eux. Cela étant, sur la forme, il y a toujours quelque chose d'original visible à l'écran. Et, de ce fait même, le récit ne connaît que très peu de temps morts - ce qui plaira à qui saura apprécier cette frénésie graphique. Les autres passeront leur chemin sans (trop de) regrets. Notez qu'en France, le film n'est que 76ème du box-office l'an passé...

Everything everywhere all at once
Film américain de Daniel Kwan et Daniel Scheinert (2022)

Le buzz m'a induit en erreur: en fin d'exploitation dans les salles françaises, le film n'y avait en fait accumulé "que" 436.224 entrées. Même pas la moitié du dernier épisode de Matrix, pourtant malaimé ! Ma comparaison est-elle juste ? Vous pouvez me donner votre avis. Avant cela, L'imaginarium du docteur Parnassus est un bon moyen alternatif de rejoindre une "dimension parallèle". Ou alors Stargate...

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Je n'ai pas parlé des acteurs...

Un mot pour signaler que j'ai été content de revoir Michelle Yeoh. Jamie Lee Curtis et
Ke Huy Quan ? J'en avais déjà dit un mot en avril.

jeudi 14 septembre 2023

Massacre

Bon... je n'en avais pas lu beaucoup sur X avant de le regarder. Suffisamment toutefois pour me gâcher les rares "surprises" du film. L'idée première: suivre les pas d'une bande de jeunes Américains partis tourner un porno au milieu de la campagne texane, en 1979. Leur producteur a décidé de louer une grange isolée à un vieux type...

Autant dire que ça va barder ! Comment ? Je ne vais pas trop en dire. C'est assez prévisible, de toute façon. Non ? Disons que la mort s'invitera bientôt sous les projecteurs et qu'elle y fera des ravages. Avant de la voir débarquer, il faudra tout de même rester patient devant les simili-cabrioles coquines des personnages. Les plus prudes d'entre vous fermeront les yeux devant les quelques seins ou fesses visibles à l'écran: toutes scènes comprises, ça doit durer une minute. Le plus hardcore est en réalité concentré dans la dernière demi-heure du métrage et, malgré la rupture de ton, reste ultra-convenu. L'idée de rendre ainsi un hommage à certains films de genre des seventies était plutôt sympathique, mais X n'y apporte rien de très nouveau. Las ! Derrière ce titre minimaliste, j'attendais davantage... de chair !

X
Film américain de Ti West (2022)

Pas très original + pas complètement nul non plus = note généreuse. Un point qui m'a surpris: les critiques pro ont bien accueilli le film. Son box-office français, lui, n'a pas décollé: moins de 50.000 entrées. Je spoile un peu pour vous dire qu'il vaut mieux tourner votre regard vers d'autres opus comme Massacre à la tronçonneuse ou Evil dead. Pour ma part, je privilégie plutôt les gialli italiens (du type Suspiria).

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Attendez ! J'ai un truc à ajouter...

X est le premier volet d'une trilogie. L'épisode 2 est sorti en France dans le courant de juillet, mais seulement en vidéo. Il s'appelle Pearl et nous ramène en 1918: le réalisateur dit qu'il s'agit d'un mélodrame. La conclusion arrivera avec MaXXXine, annoncé en post-production...