dimanche 29 avril 2012

Montand ce héros

Une chronique de Martin

Dix-huit ans. Il aura fallu attendre dix-huit ans, c'est-à-dire de 1990 à 2008, pour apprendre d'Agnès Varda que Jacques Demy était mort du Sida. Le cinéaste a travaillé jusqu'au bout et, bien qu'interrompu à deux reprises par des séances à l'hôpital, il est parvenu à sortir Trois places pour le 26 deux ans avant sa mort. Ce dernier film met en scène un autre monstre sacré du septième art made in France.

Yves Montand est filmé, lui, trois ans avant sa propre disparition. Point atypique, il joue son propre rôle: revenu à Marseille, sa ville d'enfance, le comédien se remémore les diverses étapes de sa vie. Joyeux (?) mélange d'anecdotes biographiques et de pure fiction.

Trois places pour le 26, c'est en fait tout ce qu'espère pouvoir obtenir une jeune admiratrice de la star, qu'incarne Mathilda May. Explication: si Yves Montand est descendu sur la Canebière, c'est également pour y jouer un spectacle. Le film de Jacques Demy est donc une mise en abîme, l'idée fonctionnant d'ailleurs à merveille avec un comédien aussi sincèrement cabot que son acteur principal. Reste que le résultat surprend, et ce dès le début, quand la vedette, tout juste sortie du train, rejoint la ville à pied, aussitôt interrogée par des journalistes dansants et chantants. Comme assez souvent dans d'autres oeuvres du même cinéaste, le kitsch n'est pas très loin. Il reste à l'écart toutefois quand le dialogue reprend "normalement".

Tout bien considéré, Trois places pour le 26 n'est pas un film capable de renverser la conviction de ceux qui n'aiment pas le style Demy. Le grand Jacques peine à se faire oublier dans ses images, d'autant plus personnelles que son fils Mathieu fait une apparition fugace à l'écran et que sa fille Rosalie signe les costumes évidemment colorés du long-métrage. En grand monsieur qu'il était, Yves Montand se coule parfaitement dans cet univers qui, pourtant, ne lui ressemble pas forcément. Dans le tempo années 80, le projet paraît un peu décalé aujourd'hui. Il y a toutefois quelque chose d'assez poétique derrière les aspects vieillots. Juste de quoi déplorer que la carrière du réalisateur n'ait pas duré un peu plus longtemps...

Trois places pour le 26
Film français de Jacques Demy (1988)
Je le dis souvent: si Jacques Demy a puisé dans les musicals américains la source d'une inspiration bien française, il ne faudrait surtout pas le cantonner à ses oeuvres "en chanté". Ce long-métrage alterne donc subtilement passages en musique - avec la complicité habituelle de Michel Legrand - et scènes de dialogue ordinaires. Honnêtement, je crois préférer Les parapluies de Cherbourg. Mention pour La baie des anges, quand le duo piano/violon m'irrite.

vendredi 27 avril 2012

La vérité sur Charlie

Une chronique de Martin

C'est seulement après qu'on m'a offert un coffret Alfred Hitchcock que j'ai redécouvert les films du cinéaste britannique. De tous ceux que j'ai eu l'occasion d'appréhender à ce jour, L'ombre d'un doute est celui qui m'a le plus plu. Hitch y justifie pleinement son titre officieux de maître du suspense. Il nous embarque à la rencontre d'une famille américaine ordinaire, le père, la mère, les trois enfants.

Charlotte, l'aînée, est ravie: son oncle Charlie annonce sa visite prochaine. Mais pourquoi le tonton a-t-il traversé le pays et passe-t-il quelques jours avec les siens ? C'est bien la question-clé du scénario.

L'intrigue de L'ombre d'un doute tourne bien autour du duo Charlotte et Charlie. C'est sur l'ambiguïté de leur relation qu'apparaît un léger sentiment de malaise. Ces deux-là ont-ils quelque chose d'immoral à cacher ? Le long-métrage avançant, j'ai petit à petit eu l'impression que non, que tout était en fait normal et que Hitch allait s'en sortir par une ultime pirouette sur l'air du "Je vous ai bien eus". Mine de rien, et c'est tout son talent ici, l’homme au cigare embrouille le décor avec les questions. S'il ne fait aucun doute que, dans son exil familial, Charlie est suivi, il faut attendre longtemps pour savoir par qui et surtout pourquoi. N'en déplaise à Charlotte.

Malgré son âge avancé, le film porte beau. La limite technologique ne saute pas aux yeux et, hormis certains arrière-plans un peu flous, l'image garde belle allure dans l'ensemble. Si le jeu des acteurs, lui, ne brille pas particulièrement, ce qui leur est donné de jouer m'a semblé assez moderne: à l'aspect ambigu de Charlie, déjà évoqué, répond l'effronterie de Charlotte, assez étonnante, me semble-t-il, pour un film tourné en 1942. De ce fait, L'ombre d'un doute mérite le détour, d'autant que, sorti en pleine guerre, il m'a aussi paru receler un second niveau de lecture, sur la sombre idée qu'un visage familier pourrait aussi être celui de l'ennemi. Je ne vous ai rien dit…

L'ombre d'un doute
Film américain d'Alfred Hitchcock (1943)
Comparé à Cinquième colonne, présenté il y a peu, le long-métrage prend l'avantage par sa subtilité. Pas trépident, il propose toutefois un crescendo dramatique intéressant, la tension montant longuement avant que l'on sache exactement ce qui se trame. C'est exactement sur ce modèle que j'espère un jour apprécier d'autres œuvres phares du même réalisateur, comme Fenêtre sur cour ou Psychose.

----------
Un autre avis sur le film ?

Il peut vous être proposé par le blog "L'oeil sur l'écran". Vous y lirez un commentaire selon lequel, de tous ses films, Hitch considérait celui-là comme son préféré. Je n'ai pas eu l'occasion de vérifier l'info.

mercredi 25 avril 2012

La chance au tirage ?

Une chronique de Martin

Russ Richards présente la météo sur une petite chaîne locale américaine. Sa crétinerie n'a d'égale que sa cupidité. Très mécontent de son sort, le beau gosse s'estime digne de mieux et, pour grimper dans l'ascenseur de la réussite, trouve vraiment intelligent d'exploiter une concession de motoneiges... sous un soleil de plomb. Endetté jusqu'à l'os, il se laisse convaincre par un truand que le moyen d'oublier ses ennuis est de truquer le loto. Le bon numéro: le film trouve ainsi la justification de son titre et c'est parti pour une heure et demie avec John Travolta, Lisa Kudrow et Tim Roth, entre autres.

Par certains aspects, Le bon numéro me fait penser aux films improbables des frères Coen, quelque part entre Burn after reading et Fargo. La galerie de personnages offre sa dose de rire aux esprits tolérants qui passent sur les faiblesses affichées du long-métrage. Défaut majeur: un peu trop explicite, le scénario s'appuie en priorité sur une série d'acteurs un peu trop cabots. Passé le plaisir de voir jouer tout ce petit monde, on a le sentiment qu'ils sont si jobards qu'ils en deviennent faux. Rien de dramatique, mais le film traîne quelque peu en longueur, là où les frangins suscités s'illustrent souvent par leur sens de la narration et la concision de leur propos.

J'ai découvert Le bon numéro un peu par hasard, sûrement attiré par l'idée de voir John Travolta dans une comédie et de retrouver Lisa Kudrow, héroïne de Friends. Je ne le regrette pas: le regarder permet de s'offrir un bon moment, ni plus ni moins. Pas envie finalement de vous abandonner à la fatigue ? Le film s'avère calibré pour ces soirées à la cool, en solo ou en groupe, où on a juste l'intention de se vider la tête. Pas du grand cinéma, ça, c'est sûr. Plutôt du simple fun sur pellicule, ce qui n'est déjà pas si mal. Admettons que les Coen, eux, font quand même beaucoup mieux.

Le bon numéro
Film américain de Norah Ephron (2000)
Douze ans déjà: le cinéma vieillit plus vite qu'on ne peut le croire. Petit détail sur ce film: comme vous le constatez, il y a une femme derrière la caméra. Je ne sais pas ce que ça change, mais je trouve que c'est assez rare pour être signalé. Rien à ajouter. Si vous aimez les petits films sans prétention, vous en trouverez sûrement d'autres sur ce blog et notamment un Coen moins ambitieux: Ladykillers.

lundi 23 avril 2012

En parler (ou pas)

Une chronique de Martin

Un fait divers sordide aux États-Unis dans les années 60. Un roman français de Didier Decoin, qui ajoute quelques éléments dramatiques supplémentaires à cette histoire. Et enfin, un film du réalisateur belge Lucas Belvaux, un peu en décalage lui aussi, notamment parce que transposé dans la cité portuaire du Havre. Comme son nom peut le suggérer, 38 témoins parle du meurtre d'une femme et s'oriente d'emblée vers les nombreuses personnes qui ont vu ou entendu quelque chose. Et qui, l'enquête ouverte, n'ont rien dit à la police.

À l'évidence, le film interroge: "Et vous, qu'auriez-vous fait ?". Question quasi-accusatoire qui peut transformer une soirée cinéma en séance d’introspection. Dans son identité même, la victime n'a plus guère d'importance. Le coupable, lui, n'est à aucun moment sujet du long-métrage – et ce alors même que le roman lui accordait une place importante. Pour aborder ces 38 témoins, Lucas Belvaux s'est rapproché de l'intimité d'un couple. Louise, elle, n'était pas chez elle la nuit du meurtre. Pierre, en revanche, était là, a entendu, vu, mais préfère garder le silence, comme ses voisins, ment donc par omission à sa compagne, dans un premier temps. Il sera ensuite celui qui viendra dynamiter l'omerta. C'est alors aux conséquences de ce revirement que le scénario s'intéresse. Maintenant, je m'arrête. Pas envie d'en dire plus sur ses circonvolutions. À vous de voir.

Côté réalisation, j'ai vraiment apprécié le travail plastique réalisé autour du film. J'ai aussi, c’est vrai, de l'affection pour Le Havre, une ville que j'ai habitée pendant quatre ans. Elle m'a semblé ici très joliment filmée. Sa frontière maritime apparaît comme la porte incertaine d'un autre monde et son port tel un oppressant labyrinthe. Vidé de l'essentiel de ses habitants, son centre-ville devient doucement le théâtre d'un huis-clos dévastateur. Même le refuge traditionnel du foyer n'en est plus un, tel qu'il apparaît à l'écran. Demeurent les hommes et les femmes, beaucoup et peu à la fois. Couple solidaire en voie de perdition, Sophie Quinton et Yvan Attal rivalisent de sobriété, en dépit de scènes un peu longuettes parfois. 38 témoins n'est paradoxalement pas un film très peuplé. J'y ai apprécié les prestations secondaires de Nicolas Garcia en journaliste patiente, de Natacha Régnier en voisine ambigue, de Didier Sandre en procureur fataliste et enfin de François Feroleto en flic à état d'âme. Des défauts, certes, mais du vrai bon cinéma francophone !

38 témoins
Film français de Lucas Belvaux (2012)
Même s'il est sans doute moins marquant, le long-métrage m'a fait songer à 12 hommes en colère. Par ce côté numérique, mais surtout cet homme qui fait barrage à l'unanimité dans un cadre judiciaire. Oui, je connais de nombreuses autres oeuvres axées sur la lâcheté humaine. Je n'en vois simplement pas qui étudie ainsi, de manière aussi rapprochée, les conséquences sur le lâche lui-même. Instructif.

----------
D'autres avis ?
Philippe n'a pas aimé du tout. Sylvie, une amie commune venue voir le film avec nous, beaucoup plus. Sur le Net, "Sur la route du cinéma" le présente de manière assez exhaustive et "L'impossible blog ciné" en parle plus sommairement, avec toutefois de longues observations sur le comportement du public ce soir-là, dans une salle parisienne...

vendredi 20 avril 2012

Ils brigueront la Palme

Une chronique de Martin

Une proportion inférieure à 1,5%. Parmi les 1.779 réalisateurs à avoir adressé leur long-métrage au Festival de Cannes, ils ne seront que 22 à briguer la Palme d'or cette année. 22 hommes connus depuis hier au matin et quelques jours seulement avant la désignation du jury censé les départager. Un seul écrira son nom au panthéon du cinéma mondial le 27 mai prochain. J'ai tenu à vous les présenter un par un. Par souci de clarté, j'ai choisi de le faire par ordre alphabétique...

Wes Anderson / États-Unis / 42 ans
Le premier est un bizuth. Son dernier film date d'il y a 2-3 ans. Je l'ai déjà présenté: il s'agit du très chouette Fantastic Mr. Fox. L'animation laissée de côté, Anderson fera l'ouverture du Festival avec un film en images réelles, Moonrise kindgom. Avec un casting de premier choix, le long-métrage promet beaucoup et raconte l'aventure de deux enfants disparus lors d'une tempête, en 1965. Sortie cinéma le jour de la projection sur la Croisette, le 16 mai.

Jacques Audiard / France / 59 ans
Jusqu'à présent, même si je n'ai pas vu tous ses films, je peux dire que le fils de Michel m'a toujours convaincu. Celui-là s'annonce intéressant, avec une opposition frontale entre notre Marion Cotillard nationale et le jeune espoir belge Matthias Shoenaerts (Bullhead). De rouille et d'os a déjà fait parler de lui dans la région, puisqu'il a en partie été tourné dans un parc aquatique d'Antibes. J'irai le voir.

Leos Carax / France / 51 ans
Les amants du Pont-Neuf
résonne comme un titre familier. Cannes m'offrira-t-il l'occasion de découvrir ce réalisateur ? Peut-être bien. Pour l'heure, j'en sais peu sur Holy motors, le film qu'il va présenter pour sa seconde compétition cannoise. Simplement qu'on y verra Kylie Minogue, Evas Mendes, Michel Piccoli et Jean-François Balmer dans ce qui devrait être une histoire de tueur... et de cinéma. Drôle de méli-mélo, mais c'est bien ce qui est susceptible de m'attirer.

David Cronenberg / Canada / 69 ans
J'ai raté A dangerous method. Est-ce que je vais voir Cosmopolis ? Pas sûr. Allégorie de la pourriture du capitalisme, ce long-métrage adapté d'un bouquin fait parler de lui comme le premier film sérieux du bellâtre Robert Pattinson. J'attends d'en savoir plus, mais ayant lu les termes de chaos et de paranoïa dans le pitch, ça ne me donne pas spontanément très envie. On verra plus tard si je reste dans le camp des imbéciles qui ne changent pas d'avis. J'espère que non, en fait.

Lee Daniels / Etats-Unis / 51 ans
Precious
, ça vous parle ? Si c'est le cas, vous avez déjà une base d'information sur le réalisateur afro-américain. D'après ce que j'ai pu lire, avec The paperboy, cette référence du cinéma indépendant change radicalement de registre, du mélo au thriller érotique ! On va retrouver du beau monde à l'écran et notamment Nicole Kidman, Matthew McConaughey et John Cusack. J'en passe et des meilleurs. Dans l'Amérique des sixties, suivons donc le résultat au cinéma, non ?

Andrew Dominik / Australie / 44 ans
Le réalisateur s'est fait connaître avec un western bien foutu au nom format XXL: L'assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford. Cinq ans plus tard, il revient avec Killing them softly. Argument numéro 1: la présence de Brad Pitt dans le casting. Le fiancé d'Angelina endosse ici les oripeaux d'un tueur à gages censé éclaircir les circonstances d'un braquage. L'humour et la violence composaient la sauce du roman dont le film est issu. Tout ça s'annonce bien !

Matteo Garrone / Italie / 43 ans
S'il vient à Cannes, ce qui est probable, le cinéaste pourrait devoir monter les marches sans son acteur principal, retenu... en prison. Récompensé en 2008 pour Gomorra, un film sur la mafia, l'Italien étudie désormais l'univers de la téléréalité. L'occasion également d'apprécier une des stars transalpines, inconnue ici, Claudia Gerini. Reality, le film à suivre pour le Prix d'interprétation féminine ?

Michael Haneke / Autriche / 70 ans
Trois ans après sa Palme pour Le ruban blanc, le maître viennois revient ! Contre toute attente, son film s'appelle... Amour. Romantique ? Probablement pas. Pathétique ? Sûrement. Le film fait parler de lui pour une bonne raison: il marque le grand retour cinéma de Jean-Louis Trintignant, 81 ans depuis décembre. Les amateurs retrouveront à ses côtés la muse de Haneke: Isabelle Huppert. Quelque chose me dit que ça sera un film dur, mais un grand film.

John Hillcoat / Australie / 51 ans
Réalisateur de clips vidéo et de documentaires, l'homme s'est fait connaître au cinéma avec des films aux univers marqués: le western La proposition et le long-métrage post-apocalyptique La route. N'ayant encore vu ni l'un ni l'autre, je surveille le nouveau: Lawless. Homonyme d'un projet de Terrence Malick, cette production évoquerait le destin de trois frères spécialistes du trafic d'alcool pendant la Grande Dépression. On doit notamment y retrouver Jessica Chastain, Mia Wasikowska et Tom Hardy. C'est tentant.

Abbas Kiarostami / Iran / 71 ans
Le réalisateur perse s'intéresse désormais... au Japon ! En habitué des séjours cannois, il présente cette année le récit d'une rencontre entre un vieil universitaire et une étudiante obligée à se prostituer pour passer ses diplômes. Like someone in love - c'est le titre anglais du film - nous permettra de revoir Rio Kase, pilote kamikaze et fantôme dans le joli Restless du cinéaste américain Gus van Sant.

Ken Loach / Angleterre / 75 ans
Le plus militant des cinéastes britanniques a-t-il trouvé la paix ? Sincèrement, on dirait ! Motivé par Éric Cantona pour une comédie sociale, le fort sympathique Looking for Éric, le papy rouge persiste dans ce registre resté longtemps à l'écart de ses élans créateurs. Aujourd'hui, le résultat s'appelle La part des anges. Sur un scénario de son vieux pote Paul Laverty, Loach va nous présenter un père décidé à ouvrir une distillerie de whisky. J'attends ça de pied ferme.

Sergei Loznitsa / Ukraine / 48 ans
Dans la brume
: le titre français du film du cinéaste ukrainien n'annonce pas une franche partie de rigolade. La confirmation tombe à la lecture du pitch: le film rappelle la Biélorussie de 1942, occupée par les troupes nazies. Il y est question de résistance et de trahison. Deux sujets que le cinéma post-soviétique parvient enfin à aborder. Une oeuvre utile, donc, pour une possible prise de conscience.

Cristian Mungiu / Roumanie / 43 ans
Palmé d'or en 2007, le réalisateur des Carpates, fort d'un CV intéressant comme assistant du Français Bertrand Tavernier, revient sur la Croisette avec un long-métrage intitulé Beyond the hills. Émotion: traduit en français par "Derrière les collines", le titre m'évoque un roman que j'aime énormément. Rien à voir, cela dit. Loin de raconter la première guerre mondiale, le film montre la vie d'une femme accusée d'être possédée. On ne va pas rigoler, je pense.

Yousry Nasrallah / Égypte / 50 ans
Ancien assistant de son compatriote Youssef Chahine, le cinéaste cairote débarque avec une oeuvre de fiction sur le printemps égyptien. Après la bataille évoque la rencontre entre une femme militante de la liberté place Tahrir et un homme soldat de l'armée régulière chargée de mater l'insurrection populaire. Nasrallah vient pour la quatrième fois à Cannes pour y présenter l'un de ses films.

Jeff Nichols / États-Unis / 33 ans
Le benjamin de la compétition a fait parler de lui l'année dernière avec Take shelter, film orienté sur un homme souffrant de troubles délirants. Pour une nouvelle venue sur la Croisette, il présentera Mud, troisième de ses longs-métrages. La lecture du pitch m'évoque Un monde parfait de Clint Eastwood, à l'envers, avec cet adolescent qui aide un fugitif à retrouver la femme de sa vie. J'imagine toutefois que ça n'a au fond rien à voir. Il me faudrait aller vérifier.

Alain Resnais / France / 89 ans
Le doyen des chasseurs de Palme est un ami du Festival: il y revient régulièrement et y avait déjà été primé en... 1980, grâce à son film Mon oncle d'Amérique (Grand Prix du jury). Le titre de son cru 2012 est une promesse: Vous n'avez encore rien vu. Une version filmée d'Eurydice de Jean Anouilh, avec une distribution de haut vol, conduite par le quatuor Sabine Azéma, Anne Consigny, Pierre Arditi et Lambert Wilson. On murmure que Resnais préfère la compétition à l'hommage poli qu'on pensait lui rendre. Chapeau bas, monsieur !

Carlos Reygadas / Mexique / 40 ans
Ancien avocat, le cinéaste d'Amérique centrale s'est déjà fait remarquer à Cannes, remportant quelques Prix de second rang. Intéressant quand même, pour un jeune réalisateur. Reygadas vient cette fois avec Post tenebras lux, qu'il présente comme une oeuvre largement autobiographique. Le film serait marqué par les souvenirs, les sensations, les rêves et les peurs. Mystérieux et fascinant ?

Walter Salles / Brésil / 56 ans
Celui qui s'est intéressé à la jeunesse itinérante de Che Guevara poursuit son chemin au cinéma avec Sur la route, adaptation attendue du roman éponyme de Jack Kerouac. N'ayant pas encore lu le livre, je ne saurais vous dire ce que le film racontera, mais j'ai très envie de le découvrir. Je suis d'emblée curieux de la manière dont le septième art va donner corps au mythe de la beat generation. D'autant qu'il paraît que Kerouac, lui, ne revendiquait aucun message.

Hong Sang-soo / Corée du sud / 51 ans
Je vous remercie de tolérer une possible erreur dans la graphie exacte du nom du réalisateur. J'ai toujours des doutes avec la langue coréenne, renforcés ici par le fait que j'ignore tout de l'intéressé. Après quelques recherches, je constate que le titre d'un de ses films, Ha ha ha, m'est vaguement familier. Déjà invité au Festival plusieurs fois, le cinéaste asiatique présentera une mise en abyme du cinéma, In another country. Avec notamment Isabelle Huppert !

Im Sang-soo / Corée du sud / 49 ans
Petite différence d'âge, même nationalité, mais aucun lien familial entre les deux homonymes: fils de critique, cet autre Sang-soo a travaillé avec l'un de ses compatriotes que je connais déjà (un peu) pour avoir vu l'un de ses films: Im Kwon-taek. Il était à Cannes il y a deux ans avec The housemaid. Il y retourne en mai pour prendre part à la compétition avec Taste of money, un thriller nimbé d'érotisme. L'histoire d'un jeune homme ambitieux et sans limite.

Ulrich Seidl / Autriche / 59 ans
Auteur de très nombreux documentaires, le cinéaste présentera finalement... un long-métrage de fiction, son troisième. Étrangement intitulé Paradis: amour, le film se tourne principalement vers le destin de trois soeurs. L'une fait du tourisme sexuel au Kenya, l'autre se voue au culte de Dieu et la dernière perd sa virginité dans un centre de thalassothérapie. Il me semble avoir lu quelque part une comparaison avec le style du Français Éric Rohmer.

Thomas Vinterberg / Danemark / 42 ans
Il faudra bien que je saisisse un jour l'occasion de découvrir enfin l'acolyte de Lars von Trier, comme lui à l'initiative du Dogme danois, et ses films tournés caméra à l'épaule à la lumière naturelle. Vinterberg paraît moins sulfureux que son aîné, pas plus optimiste. Quatorze ans après son Prix du jury (Festen), l'enfant de Copenhague revient avec The hunt. Le très charismatique Mads Mikkelsen y joue un quadra tout juste remis de son divorce et qu'une vilaine rumeur va couper de sa communauté. La calomnie au cinéma: un thème intéressant, sinon emballant. J'irai sûrement m'en faire une idée.

mardi 17 avril 2012

Macho, macho

Une chronique de Martin

Jean Dujardin et Gilles Lellouche sont potes. Ce n'est pas un scoop pour ceux parmi vous qui connaissent les deux comédiens. C'est probablement à cette amitié que l'on doit le film Les infidèles. Souvenez-vous: avant les Oscars et sa sortie en salles, il avait subi une polémique du fait d'affiches jugées dévalorisantes pour l’image des femmes. À l'écran, il faut admettre que les deux copains s’amusent à se transformer en odieux machos un peu décérébrés. Rien d'univoque, mais pour la finesse, les gonzesses repasseront…

Je n'étais pas très chaud pour aller voir Les infidèles. Je me suis laissé embarquer par mon pote Philippe, le tarif réduit du Printemps du cinéma achevant de me convaincre que je n'avais pas grand-chose à perdre. En fait, je ne suis pas bon client des films à sketchs. Et, encore une fois, au cours de la projection, il m'est arrivé de trouver le temps long. À l'inverse, certaines aventures de ces deux obsédés m'ont vraiment fait rigoler. Contre toute attente, j'ai même été ému par quelques-unes des histoires. Mention pour celle où Jean Dujardin retrouve sa compagne Alexandra Lamy dans un dialogue-vérité particulièrement dévastateur pour leur image respective. Jouer ça, ce climat de mensonge au sein même du couple, être aussi crédible dans le dérisoire que le cruel, je salue la performance du duo.

Le reste du temps, objectivement, les femmes n'ont pas le beau rôle dans Les infidèles. Elles sont stupides, bêcheuses, moches, vulgaires, immatures ou un peu tout ça en même temps. Caricaturales, en un mot. Vous me direz: pourquoi prendre la défense des personnages féminins quant il s'agit ostensiblement de raconter n'importe quoi ? Pas faux. Disons que je préfère les choses nuancées, côté humour, et qu'au bout d'un moment, la gaudriole me lasse franchement. Cela étant dit, il n'est pas question de jeter le bébé avec l'eau du bain. Aussi idiots apparaissent-ils, j'ai également apprécié Jean Dujardin et Gilles Lellouche pour leur engagement total dans la grivoiserie. Les deux mecs se marrent et leur enthousiasme m'a paru parfois franchement communicatif. Sandrine Kiberlain s'offre un grand moment, Isabelle Nanty est super et Guillaume Canet surprend, restant irrésistible... dans son genre. Il me reste à espérer maintenant qu'après cette pantalonnade, les garçons sauront revenir à des projets plus ambitieux. Ils ont déjà prouvé en avoir le potentiel.

Les infidèles
Film collectif français (2012)
Tourné donc sur le principe d'une série de sketchs de longueur variable, le long-métrage m'a plu dans certaines de ses composantes et, à d'autres moments, n'a suscité en moi qu'un ennui poli. J'étais parti pour deux étoiles, mais j'en ajoute une demie pour le talent burlesque de Jean Dujardin. Pour finir, je tiens à dire que la section que j'ai le plus aimée est l’œuvre d’une femme (Emmanuelle Bercot). Michel Hazanavicius s'en sort avec les honneurs, mais Éric Lartigau, Fred Cavayé et consorts peuvent aller se rhabiller. Pas de film comparable à proposer aujourd'hui: je n'ai pas vu les comédies italiennes dont celui-là aurait tiré son inspiration. Partie remise...

----------
Un avis féminin sur la chose ?
Vous pouvez en lire un grâce au blog "Sur la route du cinéma".

dimanche 15 avril 2012

Convoitise et crime

Une chronique de Martin

Il me semble qu'il y a quelque chose d'un peu indécent à s'inspirer d'une véritable affaire criminelle pour tourner un film de fiction. D'après ce que j'ai lu, Éric Guirado n'aurait pas consulté les proches des cinq victimes avant de reprendre la trame générale de la tuerie du Grand Bornand pour en faire un thriller de cinéma. Le réalisateur prévient toutefois qu'aux éléments factuels de ce drame, il a ajouté quelques compléments dramatiques nés de sa propre imagination.

Possessions met mal à l'aise. Mon envie de le voir, réelle, reposait sur une interrogation intime: qu'est-ce qui pousse une personne ordinaire à en tuer une autre ? Comment s'opère le déclic ? Quel est le point de non-retour ? Je ne suis pas sûr que l'art puisse répondre seul à cette question. Il peut toutefois nous permettre d'y réfléchir posément, ou au moins de manière moins passionnée que la réalité. Dans le cas de ce film, comme de fait dans la véritable histoire qui l'a inspiré, la germe du meurtre se développe à partir d'une différence de classe sociale. Marilyne et Bruno quittent le Nord et viennent s'installer à la montagne. Ils trouvent facilement du travail, lui comme mécano et elle femme de ménage chez leurs propriétaires. C'est là que le bât blesse. L'un des couples est dépendant de l'autre. Une situation d'autant plus frustrante qu'il n'a pas pu prendre possession immédiate de son chalet et qu'il navigue donc de solution provisoire en hébergement temporaire. Avec, à mesure que le temps passe, le sentiment d'avoir été blousé, voire volontairement humilié.

Pas besoin que je revienne sur la fin: sauf à être resté enfermé toutes ces dernières semaines, elle ne présente aucune surprise. L'intérêt du film reste objet de débat: bonne illustration de l'affaire d'allure quasi-documentaire, le long-métrage n'y apporte pourtant aucun fait nouveau. Au contraire: Possessions peut sembler caricaturer ses personnages, là où il me semble qu'il aurait pu gagner en les présentant sous tous leurs aspects. Certaines scènes paraissent un peu répétitives et, pourquoi le taire ?, assez fausses aussi. Rires dans la salle devant certaines réactions de Bruno. Endormissement profond d'un de mes proches voisins. Sensation diffuse qu’Éric Guirado est quelque peu passé à côté de son sujet. Cela dit, tout n'est pas à jeter pour autant. Je reste sur une opinion assez positive. À mes yeux, l'interprétation des principaux acteurs porte le long-métrage vers autre chose qu'une simple relecture. Jérémie Renier offre au regard une autre belle facette de son talent. Julie Depardieu épate en femme perdue dans son sentiment d'injustice. Alexandra Lamy et Lucien Jean-Baptiste, eux, composent efficacement ce couple de propriétaires, aveuglés par la réussite, condescendants sans forcément le vouloir et comme condamnés d'avance. Mention spéciale aussi aux trois jeunes enfants, toujours dans le bon ton. On n'est sûrement pas passé loin d'un vrai grand film.

Possessions
Film français d’Éric Guirado (2012)
Avec tout ça, je n'ai pas trouvé de réponse à ma question du début. Je crois d'ailleurs qu'il est impossible d'y répondre de manière générale. L'avantage du cinéma par rapport à la réalité, ça serait peut-être que, devant cette interrogation, il a un peu plus de liberté. Les ressorts de la fiction plus puissants que les faits ? C'est possible. Pour en juger, je vous recommande vivement un autre film français du genre thriller: le "non-réel" et formidablement réussi Garde à vue.

----------
Si vous préférez lire un autre avis sur le film...
Je vous conseille de jeter un oeil au blog "Sur la route du cinéma".

vendredi 13 avril 2012

Nouveau pouvoir

Une chronique de Martin

Si on choisit d'énoncer ses caractéristiques une à une, Chronicle n'a plus grand-chose d'un film original. Les histoires de super-héros déferlent sur les écrans depuis des années. Le décor des campus universitaires est un grand classique des longs-métrages américains.

Quant à l'idée de faire tenir la caméra par l'un des personnages, même en la faisant régulièrement changer de main, elle n'a rien d'innovant. Demeure pourtant en moi l'impression d'avoir découvert l'un des longs-métrages les plus singuliers de ce début d'année. Lesté par quelques petits défauts, certes, mais porté par un ton assez neuf.

Chronicle dresse donc la... chronique de la vie de trois ados américains. Andrew l'introverti filme ses journées en espérant tenir le moyen d'échapper à la violence de son père. Matt, son cousin, croit malin de citer Schopenhauer et Jung pour impressionner les filles, sans succès véritable. Quant à Steve, beau gosse black, il s'imagine bien en nouveau Barack Obama par la seule grâce de son bagou. D'abord banal, le destin du trio change quand, après avoir découvert un mystérieux minerai, les trois compères commencent à développer des dons surnaturels simplement en se concentrant sur une idée précise. Je n'en dirai pas davantage pour préserver le suspense. Juste, rapidement, que le film peut se décompenser en trois parties.

J'avais entendu parler du long-métrage en bien. C'est dans l'espoir d'être agréablement surpris que je suis allé le voir au cinéma quelques semaines après sa sortie. Pas de déception, donc. Chronicle ne révolutionnera pas le septième art, mais c'est un film intelligent, assez court d'ailleurs pour être franchement percutant. Sur le fond, j'en ai dit suffisamment, je crois. La forme elle-même est très réussie, avec donc cette caméra passant très régulièrement d'un personnage à l'autre ou flottant dans les airs au milieu du trio. Toujours lisible et curieusement réaliste, l'action n'en pâtit donc jamais, le propos restant très cohérent à partir d'un point de départ fantastique. Cerise sur le gâteau: sur les responsabilités qu'apporte le pouvoir, le scénario recèle un fascinant second niveau de lecture.

Chronicle
Film anglo-américain de Josh Trank (2012)
Et dire que le réalisateur n'a que 27 ans ! Le constat rend son travail d'autant plus digne de compliments à mes yeux: le garçon a su m'embarquer dans son histoire par la magie de sa technique, simple et sophistiquée à la fois. Je vais également tâcher de retenir le nom de Max Landis, fils de Joe, âge équivalent et même talent affirmé pour écrire un scénario. J'ai beaucoup entendu parler de Kick ass comme long-métrage renouvelant le genre "film de super-héros". Avant de le voir un jour ou l'autre, j'ai déniché cette première perle. Pourvu que sa suite, déjà annoncée, ne vienne pas en ternir l'éclat...

----------
Un avis qui rejoint le mien...
Vous pouvez le lire sur "L'impossible blog ciné". Un peu moins d'enthousiasme chez "Sur la route du cinéma", mais tout de même...

mercredi 11 avril 2012

La route était libre

Une chronique de Martin

J'ai fait une erreur. Je croyais que Easy rider n'était pas seulement le premier film de Dennis Hopper comme réalisateur, mais également et surtout son dernier. Vérification faite, je constate que six autres l'ont suivi, ce qui fait du comédien américain un metteur en scène expérimenté, "malgré tout". Cela dit, ce tout premier opus me paraît tout de même le plus (re)connu de son auteur. J'ai pu le découvrir récemment et j'indique à ceux qui l'ignoreraient encore qu'il suit quelques jours de la vie de Wyatt et Billy, deux hippies américains qui font à moto la route de Los Angeles à La Nouvelle-Orléans.

L'objectif de ce duo: suivre le carnaval ! Sachant qu'il s'est donné l'un des deux rôles, l'autre revenant à son pote Peter Fonda, producteur du film, il est bien évident que Dennis Hopper s'est placé symboliquement du côté de ce drôle de héros chevelu et moustachu. Easy rider est un cri contre une certaine intolérance de l'Amérique. Peut-être même bien contre le système du cinéma US, vue la façon dont il s'inscrit tout de même assez largement hors des cadres habituels. C'est une synthèse assez subtile de l'opposition frontale entre une société réactionnaire et les chantres d'une nouvelle liberté. Elle obtint le Prix du premier film au Festival de Cannes 1969.

Pour autant, le propos du film n'est pas 100% manichéen, les bons d'un côté et les méchants de l'autre. Si le scénario déverse une dose de vitriol sur le puritanisme de certains, il n'oublie pas de montrer clairement que les autres ne sont pas forcément des types bien. Billy paraît parfois assez crétin, tandis que Wyatt, fumeur de joints habituel et trafiquant de drogues, a vraiment de sérieux états d'âme. Un troisième larron, merveilleusement joué par Jack Nicholson, vient alors densifier le propos de Easy rider et, assez rapidement, amener l'intrigue à son point final. Le dénouement proprement dit s'impose avec une telle fulgurance qu'on reste sonné, sur le bord de la route.

Easy rider
Film américain de Dennis Hopper (1969)
Je suis trop jeune - et sans doute pas assez fou - pour faire désormais du long-métrage un de mes nouveaux films cultes. J'admets tout de même qu'il puisse ne ressembler à aucun autre, sorti avant... ou après. Aucune comparaison ne s'impose à moi. J'attends la sortie prochaine de Sur la route, l'adaptation du roman beatnik de Jack Kerouac, pour me faire une idée. Et, en me disant qu'il me faudrait lire enfin le bouquin, je me dis que ce serait bien aussi de voir Carnets de voyage, qui raconte, sauf erreur, l'itinérance du jeune Che Guevara. Le "hippie" d'une autre culture ?

----------
Un point que je n'avais pas relevé...
Après avoir lu ma chronique, un ami à moi souligne judicieusement que Wyatt et Billy font une très longue route de l'Est à l'Ouest du sud des États-Unis. Rien que dans le cap de leur road trip, ils se placent donc d'emblée à contre-courant du mouvement des pionniers et, symboliquement, à rebours du rêve américain. Bien vu, Benjamin !

lundi 9 avril 2012

Claude's way

Une chronique de Martin

J'ai vainement cherché quelqu'un qui m'aurait paru pouvoir s'intéresser à Claude François. C'est finalement tout seul que j'ai répondu à l'invitation d'un bon contact professionnel - le service presse de la Société des Bains de mer, à Monaco - pour découvrir Cloclo, le biopic consacré au chanteur, sorti il y a désormais un peu moins d'un mois. J'avais trois ans à peine quand l'idole est décédée.

Je n'en ai pas de souvenir, d'autant moins en fait que mes parents m'ont tourné vers d'autres musiques. Cela dit, je mesure à quel point sa popularité demeure et respecte l'image que ses fans gardent de lui.

Claude François ou la vie d'un homme qui a toujours agi à sa façon. Ce qui m'a attiré vers le film, je crois que c'est d'abord la perspective d'apprécier le travail d'un jeune acteur que j'aime bien: le comédien belge Jérémie Renier. J'ai déjà dû souligner à quel point j'apprécie les caméléons, ces artistes capables d'endosser la peau d'un autre, tout en changeant régulièrement de registre. Avec Cloclo, je crois possible que le premier interprète parvienne enfin à se faire connaître du très grand public et récolte les fruits de son talent. Sincèrement, il le mériterait: je l'ai oublié en quelques minutes seulement et je n'ai plus vu à l'écran que Claude François. Chapeau !

Autre aspect remarquable de Cloclo: sa bande originale. Cadencé bien évidemment par les chansons de la star, le long-métrage prouve combien elles ont su imprégner la culture populaire. J'ai découvert quelques morceaux moins célèbres et très vite reconnu les tubes. J'avoue que, moi qui ne suis pas fana de ces oeuvres, leur présence m'a aidé m'immerger dans le film, un peu comme l'ont fait les efforts apportés à la reconstitution réaliste d'une époque au charme vintage. J'ai ainsi pris plaisir à découvrir d'autres facettes de Claude François dont j'ignorais tout jusqu'alors: sa vie familiale, sa quête effrénée d'une femme à aimer et sa jalousie maladive, son culte obsessionnel de la perfection et son complexe de supériorité. Pendant deux heures et demie, et malgré quelques longueurs, le propos s'avère captivant.

Cloclo
Film français de Florent Emilio Siri (2012)
En sortant de la salle, j'ai entendu la maman d'un de mes confrères lui demander si le rôle pourrait valoir un César à Jérémie Renier. Réponse dans une petite année. Il est clair que le comédien a donné de sa personne et je redis tout le bien que je pense de la démarche. Côté réalisateur, en dépit de quelques effets faciles, je salue également le travail effectué, Florent Emilio Siri ne paraissant pas être un spécialiste du genre. Celui d'Olivier Dahan sur La môme soutient la comparaison. Pas celui de Joann Sfar pour Gainsbourg (vie héroïque), plus imaginatif et d'un certain point de vue poétique.

----------
Envie de lire une autre chronique ?
Je vous recommande celle de "Sur la route du cinéma".

dimanche 8 avril 2012

Étoiles et toiles

Une chronique de Martin

Si je reprends aujourd'hui le titre d'une vieille émission télé consacrée au cinéma, c'est que j'ai une annonce à faire: soucieux d'apporter périodiquement quelques nouveautés sur ce blog, j'ai décidé de changer ma manière de "noter" les films. J'espère dès lors que la conclusion du smiley ne vous manquera pas trop: j'achèverai toujours mes chroniques par une synthèse, mais désormais, elle sera précédée de petites étoiles censées vous donner une idée plus nette de la valeur que j'accorde finalement au long-métrage concerné.

Les connaisseurs auront reconnu l'étoile utilisée dans la série de jeux vidéo Super Mario Bros. J'ajoute que les visuels que j'utiliserai seront évidemment beaucoup plus petits que celui qui me sert aujourd'hui de modèle. Si j'ai décidé de changer, c'est qu'ils m'ont paru un rien plus explicites que les émoticônes que j'ai utilisées jusqu'alors. D'abord grises, cinq étoiles s'illumineront de jaune selon le degré d'appréciation du film, avec possible demi-étoile. Rares devraient être les fois où elles brilleront à l'unisson ou, à l'inverse, resteront toutes "éteintes". Vous pourrez juger par vous-mêmes du résultat avant même d'y avoir pensé: j'inaugure ce nouveau système demain.