


Sur la Croisette, Hunger a marqué le jury et obtenu la Caméra d'or, récompense créée en 1978 pour consacrer le meilleur premier film parmi l'ensemble des sélections du Festival. Imaginant que j'allais découvrir une nouvelle oeuvre "coup de poing", je suis allé vérifier mon pressentiment il y a un peu plus d'une semaine. Je n'ai pas été déçu. Toute la difficulté pour moi est dès lors de parler d'un scénario qu'il est préférable de découvrir seul, de ne pas trop en dire, donc, de peur de gâcher le plaisir. Faut-il seulement parler de plaisir ? Honnêtement, le terme me paraît inadapté, voire presque grossier dans le contexte. Non, cette grosse heure et demie de cinéma n'est pas plaisante. Dire qu'elle est prenante serait sans doute plus juste. De fait, il m'apparaît bien difficile, à moins d'être profondément insensible, de ne pas être happé par ce qui est ici montré.
Hunger
est presque un film muet. Je dis "presque", car les dialogues n'en sont pas absents. Simplement, sans doute sont-ils toutefois réduits au strict minimum. En fait, de prime abord, c'est par l'image que le spectateur est visé. "Regardez !", semble dire le réalisateur, qui ouvre son récit par l'arrivée d'un nouveau prisonnier à Maze, osant ainsi ne pas se focaliser d'emblée sur son personnage principal. Démarche intéressante qui permet sûrement de s'identifier encore plus facilement à ce type, dont on sait peu de choses. Pourtant, au fil des situations présentées, l'histoire écarte les bons sentiments et ne laisse finalement que peu de place à l'empathie. Jamais le propos n'est en tout cas manichéen, bons Irlandais contre méchants Anglais, braves taulards contre salopards de gardiens. Chacun analysera comme il l'entend, se fera sa propre idée, selon ses convictions personnelles. Par sa maîtrise parfaite, le film dit tout de même beaucoup de choses sur ces "héros" tragiques, en peu de mots, donc. La porte à la réflexion et au débat est ainsi rouverte. Bingo !Mission accomplie, les filles ! On peut trouver le spectacle pitoyable. Ai-je dit que c'était mauvais ? Non. Pas du tout, mais je comprends très bien qu'on n'accroche pas. C'est typiquement le genre de films que je ne regarderai pas avec l'espoir d'un nouvel acquis culturel. C'était déjà le cas pour le premier, dans mon souvenir, mais Charlie's Angels 2 tient du pop corn movie, pas du film d'auteur. Entre les deux, j'aime les créations qui se situent à un juste milieu, alliant divertissement et réflexion. Là, c'est du grand n'importe quoi sans autre ambition que le fun. Un produit de consommation courante. J'assume: c'est tout ce dont j'avais besoin l'autre soir !
Un mot du scénario ? Trois jolies filles sont envoyées en mission. Objectif: libérer un agent secret retenu dans une vague prison mongole. Après quoi, on découvre qu'un criminel a trouvé le moyen d'identifier et d'éliminer froidement tous les témoins dont la police s'est servie pour coffrer d'autres caïds de la pègre. Je résume: ça va vous paraître étonnant, mais ça reste assez flou dans mon esprit. Encore une fois, Charlie's Angels 2 est ce genre de films qui permet allégrement de laisser son cerveau débranché quelque temps. Je n'ai donc pas tout retenu. Bref, regardez-le si vous aimez les cascades improbables, l'humour au tout premier degré et les petites pépées. Sur ces plans-là, pas de doute: il remplit largement son contrat.
Bon. Je m'attendais à autre chose, à un truc plus simple pour être tout à fait clair. Oui, j'ai été vraiment surpris par la relative densité de ce scénario, qui voit les héros policiers de la série venir rapidement à bout du célèbre anarchiste Jules Bonnot, puis déjouer, au cours de la partie la plus longue du métrage, un complot international, avec en toile de fond l'alliance anglo-russo-française préalable à la première guerre mondiale. Ouf ! Il faut s'accrocher pour tout comprendre. Les brigades du tigre sont certes constituées de flics de choc, mais le spectateur peu attentif ou un peu endormi peut vivre décrocher. Certifié car testé pour vous !
L'arbre cache-t-il la forêt ? Le film est-il tout simplement mauvais sous couvert de complexité ? Je ne dirai pas ça. C'est même à vrai dire un programme tout à fait décent pour un après-midi pluvieux ou, donc, une soirée de fin de semaine. Peut-être pas LE film à voir absolument, mais une production honnête qui, dans l'éventail élargi du cinéma français, s'en tire avec les honneurs, d'autant finalement que la reconstitution est honnête. Les brigades du tigre, et c'est d'ailleurs là, je crois, ce qui m'attirait de prime abord, c'est également un casting de premier choix, avec l'ami Edouard Baer presque à contre-emploi, Jacques Gamblin, la très jolie Diane Kruger ou encore Clovis Cornillac. Bilan: encore une fois, le film n'a rien d'incontournable, mais j'ai tout de même passé un bon moment.
Bref... Amadeus. Il est toujours difficile - voire artificiel - de faire des listes de films préférés. Mais s'il fallait toutefois que je me lance dans un tel classement, ce film de Milos Forman serait assurément dans les toutes premières places et sans doute même sur le podium. Il peut sembler que je parle d'évidence, compte tenu du nombre impressionnant d'éloges et de récompenses que ce petit miracle sur pellicule a reçus. Je me souviens toutefois qu'à l'époque de sa sortie (1984), il suscitait malgré tout une polémique du fait du caractère hystérique qu'il colle à la personnalité de Mozart. Et puis, il y a ceux qui, comme Jean-Marie, un de mes amis, amateur de musique classique et d'opéra, regrettent que Forman ait inventé une sombre affaire d'assassinat pour expliquer la mort du prodige autrichien...
Que cela ne vous décourage pas: Amadeus, c'est tout ça, mais pas seulement. Très sincèrement, je ne cesse de voir et de revoir certaines de ses scènes, et c'est à nouveau la présence de Mathieu ici qui m'a incité à le revoir en entier. Pour moi, il y a vraiment énormément de choses à recevoir de ce film magistral. Si la musique y joue bien entendu un rôle capital, je dirais même probablement celui d'un personnage à part entière, de très nombreuses autres façons de voir le film peuvent aisément être envisagées. En guise de "sous-thèmes", je retiens notamment les jeux d'influence politique au sein des puissants, le génie créatif en ce qu'il a d'extraordinaire et de destructeur, la relation père-fils, l'insouciance de la jeunesse, la foi et le doute, etc... je pourrais d'ailleurs sûrement en citer d'autres. Pour faire court, Amadeus est un "must" incontournable pour tout cinéphile. Porté par des acteurs prodigieux et une reconstitution historique parfaite, il reste, vingt-cinq ans après, l'une des plus grandes réussites du septième art international.
Waouh ! Quelle baffe ! Le ton est donné dès les premières secondes du générique et se confirme largement tout au long du métrage. C'est clair: on n'est pas là pour rigoler ! La musique vous glace d'entrée et vous embarque pour deux heures de projection du genre intense. Le réalisateur Jean-Paul Richet n'a certainement pas choisi la facilité en racontant la vie de cette petite frappe devenue l'homme le plus recherché de toutes les polices, mais il s'en est sorti, et avec la manière ! D'aucuns affirment pourtant que L'instinct de mort donne à Mesrine le beau rôle, celui d'un mec différent que la société a pour ainsi dire condamné. On n'a pas dû voir le même film !
Bref... ce qui semble mettre tout le monde d'accord, en revanche, c'est la prestation de Vincent Cassel. Waouh ! Deuxième baffe ! Franchement, ne me demandez pas trop de raison objective, le fait est que j'aime ce mec ! Je trouve qu'il dégage un charisme fou dans la grande majorité de ses rôles. Bon exemple ici. Endosser la peau d'un salop lui va à ravir. Je ne sais pas ce qu'il a fait de sa voix, mais elle a également changé, elle aussi: elle est plus dure, plus populaire d'accord, mais résolument plus ferme. Difficile à expliquer en mots. Il faut l'entendre dans les scènes de confrontation, qui ne manquent pas ! Je cite deux exemples: le premier "échange" (plutôt viril) avec Guido, le parrain qu'interprète Gérard Depardieu, et la conversation téléphonique avec Jeanne Schneider/Cécile de France, emprisonnée. Non, vraiment, L'instinct de mort, c'est du grand cinéma, exigeant et marquant. J'irai probablement voir le deuxième volet bientôt.