lundi 28 février 2011

British Oscars

Une chronique de Martin

Vous connaissez le principe, maintenant, pas vrai ? Ma chronique d'aujourd'hui sera consacrée aux Oscars 2011. Si vous voulez découvrir le palmarès sans tout lire, il y a aussi la rubrique dédiée.

Tom Hooper est, depuis la nuit dernière, le prince anglais d'Hollywood. Le discours d'un roi ? Je pensais en parler samedi. C'était avant de privilégier mes chroniques d'actualité. J'y reviendrai mercredi avec un plaisir d'autant plus grand que le long-métrage vient tout juste d'obtenir l'Oscar du meilleur film sorti en 2010. L'Académie a également couronné son réalisateur, Tom Hooper, donc, ainsi que son comédien principal, un autre Anglais, Colin Firth himself. Quatrième statuette: l'Oscar du meilleur scénario original. C'est ce qu'on appelle un carton plein et, si ce n'est pas un choix audacieux, ce n'est pas pour autant une décision illégitime. Franchement, je doutais qu'un film si anglais soit primé aux States. Dans ce genre d'occasions, j'aime me tromper. Il ne faut pas oublier que les Oscars couronnent aussi des films et artistes non-américains. Je trouve que c'est vraiment une bonne chose, dans le cas présent.

L'Oscar de la meilleure actrice accordé à Natalie Portman paraît devoir faire consensus. La jeune femme livre une prestation étourdissante dans Black swan, le dernier film de Darren Aronofksy qui reçoit là son unique récompense de la soirée. Je ne vais pas m'étendre sur les qualités du projet: Moko-B vous l'a présenté et j'ai une autre chronique sur le feu. Ce que je pense, comme beaucoup l'ont déjà dit, c'est qu'il est possible qu'à 29 ans, Natalie Portman atteigne une sorte de consécration. Il sera intéressant de voir comment elle évolue encore, mais elle semble désormais s'affirmer dans des rôles de plus en plus adultes. Et dans tous les genres.

Le palmarès 2011 des Oscars apparaît assez dispersé. L'autre film qui obtient quatre statuettes n'est autre que le blockbuster Inception. Je vous l'ai déjà expliqué: je n'ai pas totalement accroché à ce scénario malin, même si j'admets très volontiers qu'il est particulièrement inventif. J'ai trouvé qu'il n'accordait que trop peu d'importance aux personnages qu'il créait et, en dépit de qualités affichées, quelque chose d'impalpable a fait que je suis resté à côté. Une frustration d'autant plus vive que les premières images m'avaient littéralement happé. Hier soir, le long-métrage signé Christopher Nolan n'a pu obtenir que des récompenses techniques. Photo, effets visuels, mixage et montage son. Pas mal quand même.

Ce matin, une part de la presse se désole du peu de considération accordée à The social network. Le film de David Fincher remporte l'Oscar du meilleur scénario adapté. Pour le reste, c'est vrai également que le réalisateur ne peut qu'applaudir ses collaborateurs monteurs et musiciens. Il est permis de le regretter, son film s'étant emparé du phénomène Facebook avec pertinence. Je me souviens toutefois qu'à sa sortie, d'aucuns jugeaient que Fincher avait déjà fait (beaucoup) mieux. D'autres prétendent aujourd'hui que l'on tient là le film de toute une génération. Si je l'ai apprécié, je préfère toutefois laisser passer un peu de temps avant d'être affirmatif. Notons que près d'un million et demi de Français l'ont vu en salles.

Autre film qu'il sera peut-être intéressant de découvrir sur un écran géant: Fighter de David O. Russell. Cette oeuvre sur la boxe débarque le 9 mars dans nos contrées. À son actif, déjà, un doublé majeur: les deux Oscars des seconds rôles, attribués à Melissa Leo chez les filles et Christian Bale coté garçons. J'avoue ici sans honte que je ne connais pas la première: dans le projet qui l'emporte aujourd'hui au firmament des stars, elle joue la mère d'un boxeur moyennement doué. Le second m'est un peu plus familier, pour avoir notamment, et deux fois déjà, endossé le costume de Batman. Il est ici le frère du héros, rôle qui l'a incité à perdre près de vingt kilos ! J'ai entendu parler du film comme d'une histoire assez banale améliorée par une bonne mise en scène et des acteurs brillants. Franchement, oui, à ce stade, c'est assez tentant d'aller vérifier.

Encore une découverte possible avec Revenge - In a better world. Ce long-métrage danois a reçu hier l'Oscar 2011 du meilleur film tourné en langue étrangère. Je ne sais pas très bien ce qu'il raconte, mais j'ai noté qu'il avait été réalisé par Susanne Bier, une réalisatrice dont j'ai pu apprécier le travail sur After the wedding. Cette oeuvre parlait très brièvement d'action humanitaire, si je me souviens bien. Il semblerait en outre que le nouveau projet alterne les scènes situées en Europe du Nord et d'autres au Soudan, sur une thématique qui a fait souffler un peu de polémique lors du Festival de Cannes l'an passé. Serait-ce l'aboutissement de la construction d'un diptyque ? Possible. Je vous le dirai si j'ai l'occasion d'en savoir un peu plus.

En bref, maintenant, je vous informe aussi que Toy story 3 a obtenu deux Oscars: celui de la meilleure chanson composée pour un film, mais aussi et surtout celui du meilleur long-métrage d'animation. C'est la cinquième récompense du genre pour Pixar, la troisième consécutive. Pas de commentaire particulier: je n'ai toujours pas vu ce dernier opus de cette fameuse histoire de jouets. Un jour...

Ce que j'ai vu et moyennement apprécié, c'est la version Tim Burton du mythique Alice au pays des merveilles. Marqué par une 3D inutile, le film n'est pas un chef d'oeuvre, mais il n'a pas pour autant volé ses statuettes, pour sa direction artistique et ses costumes. Preuve que son réalisateur n'est pas encore grillé du côté d'Hollywood.

Wolfman, je ne connais pas. Je crois vaguement en avoir entendu parler, mais pas franchement en bien, si mes souvenirs sont exacts. Qu'importe: il entre aussi au panthéon des Oscars 2011, récompensé pour la qualité de ses maquillages. Si vous trouvez que ce n'est pas flagrant sur l'image que j'ai choisi de mettre en ligne, je dois dire honnêtement que je suis d'accord avec vous. N'empêche que...

Comme les Césars, les Oscars concernent également le genre documentaire. Comme d'habitude, deux films ont reçu une statuette dorée cette année: au format long, Inside job évoque la crise financière. Dans un autre genre, format court, Strangers no more raconte le quotidien d'une école de Tel Aviv qui accueille des enfants venus de 48 pays différents. Désolé: je n'ai vu ni l'un, ni l'autre.

Puisque je parlais de courts métrages à l'instant, signalons également que deux autres oeuvres ont obtenu un Oscar sur ce format particulier. Production "ordinaire", God of love s'intéresse paraît-il à un joueur de fléchettes tombé amoureux. Film d'animation, The lost thing, lui, nous envoie dans une Australie futuriste à la rencontre d'un collectionneur de capsules. Je ne peux dire davantage, faute d'avoir découvert les lauréats en question.

Pour conclure cette chronique, il me faut toucher un mot des Oscars d'honneur remis hier par l'Académie. Ils sont au nombre de trois. Détaillons un peu. Le premier concerne Kevin Brownlow, spécialiste de l'histoire du cinéma muet et connu pour avoir reconstitué Napoléon d'Abel Gance, en identifiant 19 (!) versions différentes. Sur la gauche de la deuxième photo, vous aurez peut-être reconnu l'une des mes idoles éternelles: Eli Wallach, 95 ans depuis décembre et à jamais pour moi Tuco dans Le bon, la brute et le truand. Immédiatement à sa droite, Francis Ford Coppola, lauréat du prix Irving G. Thalberg - remis depuis 1938 aux producteurs reconnus pour leur créativité. Enfin, sur la troisième image, le dernier à avoir reçu un César d'honneur 2011, notre Jean-Luc Godard national. Certes, pas de statuette: il n'était pas à Los Angeles hier soir.

J'ai cité Jodie Foster et Antoine de Caunes dans ma chronique consacrée aux Césars: j'achève donc mon compte-rendu par 2-3 mots consacrés aux deux maîtres de cérémonie qui avaient été retenus hier soir pour les Oscars. Le public du Kodak Theater a eu l'occasion d'applaudir deux jeunes comédiens, Anne Hathaway et James Franco, 28 et 32 ans. C'est à vrai dire une façon de parler car, comme bien souvent en pareille circonstance, la soirée a semblé bien peu animée. Mais qu'importe: le plus important, c'est encore le cinéma !

samedi 26 février 2011

Hommes, dieux, Césars...

Une chronique de Martin

Le premier constat que j'ai fait à l'annonce des nommés aux Césars 2011, c'est que j'en ai vu beaucoup. Il y avait même, souvenez-vous, huit films français sur douze dans mon panthéon cinéma personnel millésime 2010. On en retrouve dans la liste des compressions dorées les plus convoitées des professionnels de la profession. Et présidée par l'incroyable Jodie Foster, que l'Académie ait choisi Des hommes et des dieux comme meilleur film de l'année écoulée me fait bigrement plaisir ! Ceux qui regrettent l'élitisme des palmarès passés peuvent constater deux choses: 1) le travail ici de Xavier Beauvois est certes également d'un grand classicisme, tant dans sa forme d'ailleurs que dans son propos, mais 2) le long-métrage a été, fort d'un peu plus de 3 millions d'entrées à ce jour, un grand succès public. Hier soir, les moines de Tibhirine qui l'ont inspiré étaient peut-être un peu moins loin des coeurs. Et c'est très bien ainsi !

J'aime autant vous prévenir: je vais être ici assez bavard. Précision donc pour ceux qui n'ont pas envie de tout lire: le palmarès complet de cette édition 2011 est également publié dans la rubrique dédiée.

Vous allez le comprendre si vous ne le savez déjà: ce palmarès 2011 des Césars est très dispersé. Il y a bien quelques grands gagnants, mais aucun film pour truster l'essentiel des récompenses. Hier soir, Antoine de Caunes indiquait avec humour que c'était peut-être parce que Jacques Audiard n'avait rien sorti dans le courant de l'année. Rappelons qu'en 2010, Un prophète avait obtenu... 11 trophées ! C'est vrai aussi que l'Académie avait accepté quelques règles nouvelles pour éviter qu'un nombre trop élevé de compressions tombe entre les mêmes mains, en conséquence notamment du "problème" relevé l'année dernière: un seul et même comédien récompensé comme acteur principal et espoir masculin. Bref. Tout ça pour dire que Roman Polanski s'est vu célébré pour sa réalisation dans The ghost writer. Ce n'est assurément pas immérité. Je garde toutefois dans un coin de ma tête la vague impression que le monde du cinéma a tenu à honorer l'un des siens après les déboires judiciaires de ce dernier. Pas de polémique ici, mais j'ai aussi remarqué que l'intéressé n'a pas dit grand-chose, sauf qu'il avait dû finir son film... en prison. Remarquable travail, il faut le reconnaître.

Remarquable, le travail de Sara Forestier dans Le nom des gens l'est tout autant à mes yeux. Hier encore, la jeune comédienne a fait montre d'une étonnante pétulance au moment de monter sur scène recevoir le César de la meilleure actrice. En hommage à ce film original dont elle traverse quelques chapitres totalement nue, elle a parlé de sa petite culotte porte-bonheur et de sa virginité perdue. C'était un peu étrange, mais assez dans l'esprit d'un long-métrage que j'ai personnellement beaucoup aimé l'année dernière. Une oeuvre qui fait du bien à notre conscience citoyenne, ce qui n'est pas inutile. Pour revenir à l'interprétation ici consacrée, je l'ai surtout appréciée pour sa sincérité et son engagement. Que la demoiselle soit si jolie ne fait pas tout, mais renforce évidemment mon plaisir de garçon.

Connaissiez-vous Éric Elmosnino avant qu'il incarne l'homme à la tête de chou ? Moi, non. Qu'il se soit vu offrir le César du meilleur acteur ne me choque absolument pas. Le comédien était certes "avantagé" du fait de sa ressemblance avec son modèle. Mais pour donner réellement une crédibilité à Gainsbourg (vie héroïque), il fallait sûrement bien plus que ça. Du charisme, par exemple, et un travail sur la gestuelle quasi-théâtral. Sur ce double point, le résultat paraît probant. Est-ce que ce sera le rôle d'une vie, laissant apparaître Gainsbarre à chaque nouvelle expression du visage d'Elmosnino ? J'espère bien que non. Il me semble qu'il sera au contraire intéressant de suivre les nouveaux projets du jeune homme, de voir comment, après s'en être si élégamment vêtu, il saura se dépouiller des habits du mythe. Pour lui, le plus dur commence peut-être...

Je dois avouer que j'avais oublié Anne Alvaro. Sa relative discrétion à l'affiche peut partiellement l'expliquer. Cela dit, comme l'Académie, j'avais remarqué sa prestation dans Le bruit des glaçons. L'image montre bien qu'en femme de chambre fidèle d'un homme aigri rongé par le cancer, la comédienne n'a pas la vie facile. C'est sans nul doute le propre de la plupart des rôles féminins de Bertrand Blier. Notons toutefois que, pour une fois, le fils de Bernard ne la joue pas macho jusqu'au bout. Sans trop dévoiler ici les tenants de ce drôle de film malade, le réalisateur a su s'adoucir avec le temps, ce qui lui a permis de renouer avec un succès d'estime. Et il faut admettre qu'Anne Alvaro incarne parfaitement les contradictions de ce calme retrouvé: son César du meilleur second rôle féminin me paraît mérité.

Je peux dire la même chose du César du meilleur second rôle masculin attribué à Michael Lonsdale pour son interprétation de Frère Luc dans Des hommes et des dieux. Un petit bémol, voulez-vous ? Dans le film, nommé lui aussi pour la compression, Olivier Rabourdin m'a encore plus touché que son aîné. Gageons que cette récompense tardive honore aussi un vieux monsieur - 80 ans - et une carrière. Dans les faits, ce n'est assurément pas volé. J'ai beaucoup aimé la distinction avec laquelle Lonsdale est allé ceindre la couronne. Comme si son César était vivant, il a ouvert son (beau) discours avec un très émouvant: "Te voilà enfin, petit coquin ! Mieux vaut tard que jamais". D'un franc sourire, il a aussi dit qu'il avait été récemment présenté comme... Michael Jackson, ne cachant pas l'amusement que ça lui avait procuré. Il a aussi expliqué être devenu acteur pour être autre chose que Michael Lonsdale. Il mérite amplement les louanges qui lui sont faites aujourd'hui, et notamment pour la remarquable scène dont est extraite la photo que j'ai choisie.

D'une génération à l'autre: c'est Leïla Bekhti que l'Académie a retenue pour le César du meilleur espoir féminin. Tout ce qui brille - le film qui la consacre - n'est sûrement pas un chef d'oeuvre. Pour autant, j'en suis sorti avec le sourire aux lèvres. La naïveté de son propos m'a fait du bien: elle m'a mis du baume au coeur et, à l'époque, permis de mieux endurer notre monde, à l'évidence franchement plus brutal. Que voulez-vous ? C'est mon côté coeur tendre. De voir ainsi deux copines s'aimer, se disputer et finalement se rabibocher envers et contre tout, ça m'a touché, oui, j'ose l'écrire. Et Leïla Bekhti y est évidemment pour quelque chose, de par son étonnante spontanéité. Hier soir, sur la scène, elle était sans doute l'une des plus émues. Instable, sa robe ne l'aidait visiblement pas beaucoup à garder contenance, mais sa petite voix trahissait une vraie surprise doublée de fierté. Je lui souhaite d'autres expériences aussi bouleversantes.

Même chose pour Edgar Ramirez. Le problème, c'est que je suis incapable de vous parler de Carlos, parce que je ne l'ai pas vu. Notez toutefois que, même s'il est sorti en salles obscures, ce projet d'Olivier Assayas sur le plus célèbre terroriste des années 70-80 était d'abord destiné à la télévision - et que c'est même un format court qui a été diffusé au cinéma. Bref. Je suis vraiment en peine de dire quelque chose de constructif, sachant que je ne connais pas davantage le jeune acteur récompensé du César du meilleur espoir masculin. Ce que j'en sais, c'est qu'il est vénézuélien (avec accent), qu'il a 33 ans et qu'il a également tourné dans le Che de Soderbergh ou encore dans La vengeance dans la peau (Greengrass). Je vais désormais tâcher de suivre ses projets. Je n'en vois pas encore.

En attendant, je reviens une seconde sur Gainsbourg (vie héroïque) pour vous dire qu'il a obtenu hier deux autres récompenses: le César de la meilleure première oeuvre et celui du son. Pour commencer avec la première catégorie, j'avoue que, tant qu'à disséminer ainsi les Césars, j'aurais offert celui-là à Pascal Chaumeil (L'arnacoeur). Pour la seconde, mes souvenirs trop flous et mes compétences techniques de toute façon tout à fait insuffisantes m'interdisent d'avoir un avis définitif. J'ai juste l'impression d'une certaine facilité, mais n'oublie pas qu'il y avait 3.287 votants. Donc, un panel a priori assez représentatif des grands professionnels du septième art.

Là où je n'ai pas besoin de connaissances, c'est pour me réjouir aussi que Le nom des gens ait obtenu le César du meilleur scénario original. La joie un peu folle du couple Baya Kasmi/Michel Leclerc faisait plaisir à voir. J'ai réellement découvert deux cinéastes attachants cette année et j'espère que leurs prochains projets sauront nous offrir d'autres bons moments de cinéma. En attendant, un peu avant la cérémonie, j'ai remarqué le travail de Michel Leclerc sous un autre angle: celui de reportages décalés, sur la fabrication des pâtes alphabet ou les rayures rouges du dentifrice. Il y a aussi une dose de poésie dans toute cette diversité, ce que Sara Forestier et Jacques Gamblin ont, selon moi, parfaitement incarné à l'écran.

Si The ghost writer est un succès esthétique, critique et public, c'est aussi, d'après l'Académie, pour la manière dont il est parvenu à retranscrire le roman orignal de Robert Harris, L'homme de l'ombre. Pas bégueule, Roman Polanski l'a reconnu et promis qu'il offrirait donc au romancier ce César à leurs deux noms: celui qui vient désigner la meilleure adaptation. Très applaudi, le maître du suspense voit ses équipes également récompensées de deux Césars techniques, pour le montage (Hervé de Luze) et la musique (Alexandre Desplat). C'est à mes yeux et oreilles doublement mérité.

Pour tourner la page des Césars techniques, vous noterez finalement que Des hommes et des dieux complète sa belle collection dorée grâce à l'impeccable photo de Caroline Champetier.

Très beau film sur l'ère des Valois, La princesse de Montpensier, lui, aurait pu être récompensé pour avoir si majestueusement adapté la nouvelle de la comtesse de La Fayette. En coulisses, le travail qu'a accompli Caroline de Vivaise me semble toutefois largement mériter son César des meilleurs costumes. Pas la moindre faute de goût.

Même constat d'ailleurs pour celui d'Hugues Tissandier: même s'il est clair que Les aventures extraordinaires d'Adèle Blanc-Sec n'est pas un chef d'oeuvre, les décors du Paris et de l'Égypte des années 1900 qu'il donne à voir sont effectivement tout à fait réussis.

Vous êtes encore là ? Bravo et merci ! Vous avez déjà lu le plus gros. Le chapitre technique passé, il me reste quelques films et stars récompensés hier. Poursuivez donc sauf, bien sûr, si vous préférez désormais consulter le listing déjà publié dans la rubrique dédiée.

C'est avec une petite ironie qu'Antoine de Caunes a fait remarquer qu'on remettait hier le premier César du film d'animation. Je suis très heureux que l'Académie ait choisi le film de Sylvain Chomet, L'illusionniste. Cette fresque assez nostalgique d'un temps révolu est une merveille de dessin animé, mais aussi un vibrant hommage aux artistes. Et le cinéma, dans tout ça ? Il n'est pas écarté. Souvenez-vous que le film donne enfin vie à un vieux scénario oublié de Jacques Tati, histoire que l'homme à la pipe n'avait pas osé tourner lui-même. Son fantôme plane encore et c'est juste beau.

Beau, Océans l'est aussi, dans un tout autre genre. Si le César 2011 du meilleur documentaire reste dans ma mémoire depuis maintenant un an, c'est aussi parce que j'ai eu l'immense privilège d'interviewer longuement l'un de ses auteurs: Jacques Cluzaud. C'est lui qui est venu hier recevoir la récompense de ce travail de titan, représentant son complice, Jacques Perrin, et l'ensemble des équipes techniques liées à cet incroyable projet. Je note que c'est l'un des deux moments de la soirée où quelqu'un a parlé - brièvement, mais avec distinction - du statut des intermittents du spectacle. Et je dis bravo !

Après Carlos, pardon de faire aussi l'impasse sur Logorama, César du meilleur court-métrage. Ce petit film d'animation de 22 minutes m'intrigue: le discours de ses créateurs sur leurs inquiétudes à avoir utilisé le symbole des marques sans leur consentement titille vraiment ma curiosité. Il se peut donc que j'en reparle un jour prochain, quand j'aurais réussi à poser un oeil dessus. Patience...

En attendant, je vous encourage à revoir The social network, César du meilleur film étranger. C'est je crois d'extrême justesse qu'il est sorti de mon "top ten 2010". Une fois encore, le travail du réalisateur David Fincher fait merveille, tant dans l'intelligence du propos exprimé que dans les images ainsi produites. Écrire un long-métrage sur Facebook aurait pu s'avérer délicat, parce qu'un peu prématuré. Mais non: Fincher signe une oeuvre d'une grande maturité. On est ici bien loin du langage SMS qui fleurit trop souvent sur la toile.

Il ne me reste plus qu'à parler des deux autres stars américaines mises en lumière. Quentin Tarantino, d'abord, qui a reçu un César d'honneur. Je me dois d'être honnête: autant je le trouve régulièrement, dans ses films et dans ses postures, outrageusement cabot, autant je l'ai jugé cette fois d'une sobriété remarquable. J'ajoute à cela qu'à la toute fin de son discours, quand il s'est écrié "Vive le cinéma !", on a retrouvé le QT un peu fou que je sais aussi apprécier. Pour enjoliver tout ça, je tiens aussi à me souvenir que Jodie Foster fut une parfaite présidente de l'Académie. Une idée de la distinction: la plus francophone des actrices US a encore fait montre d'une classe folle et d'une modestie à toute épreuve. Elle a dit quelques minutes avant la cérémonie qu'on verrait bientôt débarquer son premier film de réalisatrice, Le castor, où elle jouera aux côtés de son vieil ami Mel Gibson. J'ai hâte de la revoir à l'écran, là-dedans ou, pourquoi pas ? devant la caméra d'un cinéaste français.

vendredi 25 février 2011

Et si c'était vrai ?

Une chronique de Killaee

Je vous arrête tout de suite: je ne compte pas vous parler de l'adaptation cinématographique - peu réussie, cela dit - du best-seller de Marc Levy. Voici une chronique qui me tient à cœur, celle du cultissime
Invasion Los Angeles. Et bien figurez-vous que je n'ai eu l'occasion de le voir que très récemment. Pourtant, ceux qui me connaissent savent à quel point ce genre cinématographique m'intéresse: la science-fiction extraterrestre.

Je dois avouer que les images ne m'étaient pas inconnues. J'avais eu l'occasion de les admirer lors de nombreux montages confectionnés par des inconnus, jugés par certains d'hurluberlus, traitant de la critique de notre société de consommation, d'anti-satanisme et du groupuscule du Nouvel Ordre mondial. Mais fermons cette parenthèse qui n'a rien à voir avec le cinéma.

"Invasion Los Angeles est un vieux film", m'a averti mon cher et tendre barbu avant de le visionner. J'étais donc prévenue. Datant de 1988, il relate l'histoire de John Nada, qui parcourt les routes à la recherche de travail comme ouvrier sur les chantiers. Sa superbe chevelure, nuque longue de rigueur, nous guide jusqu'à un bidonville, où il crèche. Sans trop vouloir vous raconter les détails, il va avoir en sa possession une mystérieuse paire de lunette qui lui permet de voir la réalité: un monde dirigé par des extraterrestres avides d'argent et de pouvoir.

Après avoir regardé ce long-métrage, je n'ai pas pu m'empêcher de penser: et si c'était vrai ? Sans aller jusqu'à une invasion extraterrestre qui nous dirigerait et nous hypnotiserait pour que l'on accomplisse bien sagement notre tâche d'esclave moderne, je dois dire que cette SF est une parfaite critique de notre société. Et pourtant, c'est un vieux film ! 22 ans plus tard, rien n'a changé ! Comme quoi, les soucis de la classe pauvre et maintenant moyenne étaient déjà d'actualité à l'époque. Car il s'agit bien là de faire réfléchir le spectateur sur la vie qui nous entoure et de poser à la face du monde les disparités économiques entre les hommes. Et si tout était fait pour laisser la pauvreté s'installer et tendre vers un confort toujours plus grand pour ceux qui sont nés avec une cuillère en or dans la bouche ou qui ont réussi à gravir les échelons à la sueur de leur front ? Ce dernier cas est de plus en plus rare...

Invasion Los Angeles
Film américain de John Carpenter (1988)
Je ne le savais pas: ce long est tiré d'une nouvelle de Ray Faraday Nelson, intitulée Les Fascinateur. Possible que je la lise. Je doute toujours des adaptations. Car il y a certains détails qui m'ont chiffonnée. Le héros, Nada, souvent trop balourd, par exemple. Lorsqu'il y a un affrontement, il n'a à affronter que deux extraterrestres à la fois, maximum, et les scènes sont parfois assez prévisibles. Pour les fanatiques de ce genre, je ne saurai que conseiller de voir le fameux Dark City ou de regarder une énième fois les Matrix...

mercredi 23 février 2011

Trois regards sur l'après

Une chronique de Martin

Il faut croire que je m'étais emballé. En relisant les appréciations publiées ici et là sur le dernier film de Clint Eastwood, je constate que je m'étais trompé en les imaginant toutes négatives. Non, non. Aucune n'est réellement dithyrambique, mais la plupart demeurent plutôt nuancées. Ouf ! Le cinéaste pour lequel j'ai le plus d'admiration ne s'est pas fait "descendre". Je suis heureux de pouvoir éviter de m'inscrire à contre-courant, pour tout dire. Si Au-delà n'est assurément pas sa meilleure réalisation, j'en suis sorti en me disant qu'à défaut de quasi-perfection, il y avait là une indéniable sincérité de la part de ce vieux monsieur qu'est mon idole aujourd'hui. Objectivement, il tire parfois un peu trop sur la corde sensible, mais je ne pense pas que ce soit par calcul. Je peux tromper, mais je crois au contraire que c'est de manière purement naturelle. Instinctive. Parce que c'est tout simplement ainsi qu'il ressent les choses.

Voilà, c'est ça: Au-delà me semble être un beau film instinctif. Même si vous ne l'avez pas encore vu, et même si vous n'avez pas l'intention de le voir, je suppose que vous n'aurez pu éviter la promo bulldozer qui entoure désormais chaque nouveau projet eastwoodien. Personnellement, sur la base de la confiance que je prête systématiquement à Monsieur Clint, j'avais voulu en savoir le moins possible, bien déterminé de toute façon à m'offrir la séance cinéma. Bref. Pour tout de même cadrer un peu, disons que le film aborde ouvertement la thématique de la mort autour de trois personnages: une jeune journaliste française qui a survécu au tsunami, un ouvrier américain qui souhaite oublier son don de médium, et un enfant anglais qui vient de perdre son frère jumeau. Trois destins éclatés qui vont finir par se réunir, mais pas de manière aussi approfondie qu'on peut l'imaginer d'abord. Je vous laisse le découvrir seuls.

Je l'ai dit, je le répète: tout n'est pas parfait dans Au-delà. Le film m'a pourtant plu. Si les violons et la guitare sèche de la bande originale, elle-même composée par Clint Eastwood, rajoutent parfois une couche sucrée un peu inutile, certains passages m'ont à l'inverse bouleversé et notamment les scènes inaugurales, quand la mort frappe deux fois dans toute son injuste froideur. Aborder le drame de plein fouet, le rendre bien visible à l'écran, c'est une bonne part de ce qui me plaît dans le classicisme de la réalisation: savoir dire les choses sans faux semblant ou atermoiement. J'admets volontiers que ça ne saurait suffire: encore faut-il que les comédiens soient crédibles. Pour ne parler que des trois principaux, je dirais que oui, globalement, le contrat est respecté. Matt Damon n'en fait pas énormément dans le démonstratif, mais justement, c'est exactement ce qu'il fallait, il me semble, son rôle me paraissant réellement imposer cette retenue. Cécile de France n'est pas toujours au top, mais je ne la blâme pas: c'est son premier film à l'échelle internationale et elle a elle-même traduit un texte illustrant le regard sur la France d'un "Yankee". Le plus épatant à mes yeux reste incontestablement le petit George McLaren, qui parvient à exprimer un deuil considérable, en somme trop grand pour lui. Qu'importe alors si l'ensemble ne fait pas l'unanimité, qu'importe s'il reste un peu d'outrance dans le propos: moi, j'ai ressenti une certaine empathie pour ces trois personnages. Et c'est exactement ce que j'espérais.

Au-delà
Film américain de Clint Eastwood (2010)
Coïncidence ou destin, c'est troublant: pour lancer une comparaison de ce film avec un autre, je voulais vous suggérer de voir ou revoir La chambre du fils, long-métrage que j'avais pour ma part découvert... un an jour pour jour auparavant ! Très concrètement, l'une et l'autre de ces deux propositions de cinéma posent la question du deuil, sans réellement apporter de réponse à l'interrogation lancinante: comment s'en sortir ? L'une et l'autre s'achèvent pareillement sur une petite note d'espoir. Overdose de guimauve ? Peut-être. Message de réconfort, dirais-je, pour ma part. Sans honte à avouer ce que vous avez sûrement déjà saisi: j'ai plutôt aimé ça.

mardi 22 février 2011

Seventies, kung-fu & pimp

Une chronique de Moko-B

J'ai envie de vous parler d'un film. Et quel film ! Alors là je vous dis tout de suite : "respect" ! Je vous dis "Attention les yeux !". Je vous dis "Énorme !".
Voilà quelques temps, je tombe par hasard (je me souviens plus exactement comment) sur la bande-annonce d'un film complètement surréaliste aux relents de Blaxploitation surjoués. La musique semble rétro à souhait et les acteurs "senventiesés" à mort. Je me dis: "Bingo, il faut que je vois cet ovni". L'ovni en question, c'est Black Dynamite. J'avoue que je m'attendais à rire (un peu), à me moquer (beaucoup) et à survoler les évènement (tout le temps) en regardant ce film. Et bien non: une fan de Quentin Tarantino (et partiellement Robert Rodriguez) comme moi ne pouvait rêver plus belle "transition" cinématographique.

Parce que Black Dynamite, c'est une peu comme un film de QT qui serait tourné en dérision totale. Là où Tarantino réussit un travail quasi parfait sur la "création" de défauts de fabrication vintage pour Deathproof, Scott Sanders et Michael Jai White ont vraiment fait un film "bout de ficelles".Parlons d'ailleurs de ces deux hommes, initiateurs du projet. À l'origine, l'idée vient de Michael Jai White, comédien et acteur principal du film: "J'étais en Bulgarie, j'écoutais un morceau de James Brown (Superbad) et toute l'histoire m'est apparue. J'ai eu envie de redonner vie à ce genre de personnage. Le "Bad Motherfucker". Notons au passage et en se retenant de pouffer qu'il pratique sept arts martiaux et qu'il s'est notamment entraîné avec Steven Seagal et JCVD (on a dit qu'on ne rigolait pas !). Sur cette idée et trois séances de pompes plus tard, il embarque Scott Sanders dans la partie et lui présente le personnage avec force costumes loués et quelques séances photos organisées. Et voilà que le projet Black Dynamite est lancé. Ce film aurait pu être une parodie grotesque et plate. Il n'en est rien. Le pitch est aberrant : "Black Dynamite est le type le plus redoutable et le plus cool de toute la ville. Cet ancien des commandos de la CIA règne sur les rues, un 44 Magnum dans une main et un nunchaku dans l'autre. Avec sa pratique du kung-fu qui n'appartient qu'à lui, il fait régner la peur chez les gogos et les crétins et cela, des deux côtés de la loi. Fière de sa couleur, Black Dynamite est aussi le chéri des dames avec son style trop classe. Lorsque Jimmy, son frère, est mystérieusement assassiné, la CIA demande à Black Dynamite de reprendre du service. En remontant la piste d'une douille retrouvée sur les lieux du crime, Black Dynamite se retrouve au milieu d'un vaste complot destiné à affaiblir l'Homme Noir : de la drogue est distribuée dans les orphelinats de la région et le ghetto est inondé de bière frelatée. Avec l'aide de la belle et militante Gloria, Black Dynamite décide alrs d'éradiquer définitivement les auteurs de cet affreux complot". Derrière, se cache un film-hommage, à mi-chemin entre Shaft et Jackie Brown.


Ce complot absurde qui consiste à introduire en force dans le ghetto la bière Anaconda ("The big snake Anaconda gives you oooooooooo" ... hem ... pardon) visant à réduire la taille de sexe des noirs est le prétexte idéal pour nous inonder de "joyeusetés" kitch : gros plan sur des personnages prononçant de façon exagérée chaque syllabe de leurs répliques, faux raccords bâclés, doublures remplacés sans sourciller, soul music à fond les manettes, matos technique apparaissant dans le champ caméra, et générique d'apparition "Dynamite ! Dynamite!" (prononcez "Daneumaïte") pour chaque entrée ou pause forcée du personnage principal. Il n'est d'ailleurs par le seul à porter un nom aussi suggestif qu'improbable. Ainsi, vous aurez le bonheur de voir apparaître CreamCorn, Chicago Wind ou encore Tasty Freeze. Je ne vous parle même pas de la tapisserie et du mobilier, véritables éléments "collector" qui rendraient jaloux tout fan absolu des 70's. Black Dynamite n'est pas qu'un film dérisoire. Le complot stupide qui y est présenté, par exemple, fait référence à une véritable rumeur qui courut dans les années 70 et selon laquelle un fabricant de poulet frit affilié au KKK, introduisait dans sa viande une substance qui rendait les Noirs stériles. De même, les costumes, la bande-son et la représentation du mâle Black-caïd brutal, affamé de sexe et amateur de gros flingues autant que de musique soul & funk et de castagne est un hommage très réussi à la Blaxploitation.


Black Dynamite

Film américain de Scott Sanders (2010)

J'ai ri aux larmes, j'ai tapé du pied sur mon parquet et j'ai failli me faire pipi dessus. Tout est cheap, surjoué, inexplicable, fou et hilarant. A l'heure où certains studios et réalisateurs peu inspirés prétendent fabriquer du "comique" avec des films plats et froids et des acteurs au jeu affligeant, il est bon de savoir que quelque part en ce monde, on peut encore trouver des pépites comme Black Dynamite. Évidemment, il n'est plus à l'affiche en salle de cinéma (je vous en parle très tard, sorry...) et j'avoue que le prix de 26 euros demandés par la FNAC pour le DVD est un peu comment dire.... abusif (?). Mais oublions ces considérations bassement terrestres ! Vous l'aurez compris: je vous recommande chaudement ce petit bijou décalé. Si vous affectionnez le cinoche "oeufs brouillés et philosophie de café d'autoroute" comme moi je l'aime - Tarantino, Rodriguez, les frères Cohen; si vous aimez les flics qui servent à rien, les pimp, les répliques cultes, les lunettes de soleil vintage et les moumoute façon "Jack's"; si vous aimez le kung-fu trop mis en scène et les gun rutilants, alors ce film est pour vous ! En vous souhaitant un fou rire final aussi haut et tonitruant que le mien (si, si, vous verrez... et pardon !) et surtout en vous demandant de ne pas oublier ceci : méfiez-vous toujours de la perfidie du kung-fu des vieux bonzes à barbe soyeuse !

lundi 21 février 2011

Chauve-sourire

Une chronique de Martin

Est-ce que j'ai honte de mon titre ? Oui, un peu. The dark knight mérite sûrement mieux. Resté - temporairement - le dernier récit des aventures de Batman au cinéma, le film m'a semblé bien meilleur que son prédécesseur, Batman begins, pourtant du même auteur. J'en viens même à me demander ce que je pourrais penser maintenant, à la "revoyure", de ce premier opus de la trilogie Nolan. Dans mon souvenir, au cinéma, je l'avais surtout trouvé... bruyant (et un peu ridicule aussi, il est vrai). Est-ce que d'avoir vu l'épisode 2 sur ma télé et en VO sous-titrée a changé la donne ? Possible. Je n'ai pour l'heure aucune possibilité de revenir en arrière et ose espérer que vous vous contenterez d'une analyse somme toute partielle.

Première impression à chaud, donc, et rebond sur mon titre foireux: The dark knight m'a redonné le sourire. J'avoue toutefois avoir eu quelque difficulté à entrer dans l'histoire. Manque de vrais repères, sans doute dû au fait que le premier film ne m'avait donc pas laissé un souvenir impérissable et que je n'ai jamais lu le comics. Bref... Pour résumer ce dont il est question ici: homme extrêmement riche vivant dans une Gotham City aux élites presque 100% corrompues, Bruce Wayne endosse régulièrement la tenue de Batman, l'homme chauve-souris, pour régler leur compte aux méchants qui profitent allégrement du laxisme des autorités. Paradoxe: sa clandestinité violente lui vaut d'être également considéré comme un délinquant ordinaire, à enfermer de toute urgence. D'où l'intérêt du film: Wayne a bien envie de retrouver sa vie d'avant et de laisser à un justicier apparaissant au grand jour le soin de kärcheriser la racaille. D'où cette personnalité plus complexe que celle du super-héros lambda.

Sur ce seul point, The dark knight est une réussite: dans la peau sensible du gentil malgré lui, Christian Bale m'a paru convaincant. Mais que dire alors de Heath Ledger, qui incarne ici l'ennemi public numéro 1, le fameux Joker ? Le jeune Australien est à tout le moins ébouriffant, à fond dans ce personnage complètement fou, d'autant plus dangereux qu'il tue sans motif ou peut-être... pour le seul plaisir de tuer. Je rappelle à toutes fins utiles que le comédien est mort quelques mois après le tournage et que, pour ce rôle, il a été récompensé d'un Oscar à titre posthume. Ce qui me semblait alors une certaine facilité de l'Académie me paraît nettement plus justifié maintenant que j'ai vu découvrir sa prestation. Je n'en dirais pas plus et espère que ça suffira à vous motiver à voir le film, si ce n'est fait. Et si ce n'est pas le cas, j'ajoute juste qu'au-delà de deux acteurs inspirés, il y a là un scénario accessible aux profanes, mais aussi assez retors pour ne jamais tomber dans la facilité des blockbusters hollywoodiens. Je vous assure que, moi qui goûte peu au genre d'habitude, j'ai vraiment passé un bon moment. Agréable surprise.

The dark knight
Film américain de Christopher Nolan (2008)
Pas convaincu par Inception ni même, donc, par le Batman précédent, je peux dire que j'attendais Nolan au tournant. Christopher 1 - Martin 0: il a fini cette fois par emporter le morceau. Cet extrait de sa filmographie passe du coup à la première place (provisoire) de mon classement personnel des films de super-héros. J'insiste: il m'a paru beaucoup plus intéressant que ceux que j'ai pu voir et par exemple, pour en citer un que j'ai déjà pu chroniquer ici, que Spider-Man. De là à me ruer sur le troisième et dernier épisode quand il sortira en salles, il y a un pas que je ne peux pas promettre de franchir le moment venu. En attendant, voilà encore une preuve qu'au cinéma, il vaut mieux ne pas partir avec trop de préjugés...