Le Festival de Cannes, c'est fini ! Ethan et Joel Coen ont dévoilé hier le palmarès de leur jury... et je regrette que ce soit passé si vite. Pour être honnête, j'ai le sentiment de ne pas être tout à fait entré dans cette 68ème édition. Je conserve bien sûr l'espoir d'en voir quelques bons films et de m'en enthousiasmer alors, "à retardement". D'ici là, je tenais quand même à dire un mot au sujet des lauréats...
Premier constat: Jacques Audiard revient sur le devant de la scène. Sa Palme d'or complète idéalement une collection de trophées riche par ailleurs de plusieurs César et de deux autres trophées cannois. Cela dit, franchement, Dheepan, son nouvel opus, ne m'attire guère. C'est possible que j'aille le voir pour compléter mes connaissances cinéphiles, mais il ne m'a pas vraiment tapé dans l'oeil jusqu'alors. Théoriquement, la sortie de ce film noir autour d'un Tamoul réfugié en France pour fuir la guerre civile au Sri Lanka est prévue le 26 août prochain - sauf si, sur la vague du succès, il bénéficie d'une diffusion anticipée. Wait and see: pour moi, donc, pas de sentiment d'urgence.
Des gens pressés à Cannes, il y en a, et par exemple Laszlo Nemes. Âgé de 38 ans, le Hongrois, accueilli en résidence à Paris, se voit offrir le Grand Prix du jury pour son premier film: Le fils de Saul. Cette fiction évoque les Sonderkommandos, des unités de travail forcé au sein des camps de concentration nazis. Sortie en novembre.
Le Colombien César Augusto Acevedo, lui, vient juste d'avoir 28 ans. En cadeau, il repart avec la Caméra d'or, le trophée qui récompense une première oeuvre, pour La tierra y la sombra. Son scénario parle de la vie des paysans de la vallée du Cauca, au sud-ouest du pays. C'est à eux que le réalisateur a rendu hommage en recevant son prix.
Ely Dagher n'est quant à lui resté que quelques instants sur la scène du Palais des festivals, pour recevoir la Palme du meilleur film court. Ce cinéaste libanais, 29 ans, signe avec Waves '98 une oeuvre hybride (animation et images réelles) sur la déambulation d'un homme dans Beyrouth. Si j'ai bien compris, il y a mis beaucoup de lui-même.
S'investir à fond dans son travail: c'est sans aucun doute une qualité de Vincent Lindon. Il est probable que je reparle de La loi du marché dans quelque temps, mais je me réjouis déjà que ce comédien attachant ait gagné le Prix d'interprétation, la première récompense de sa vie, a-t-il indiqué. Acteur émouvant, l'homme, hier, était ému.
Du côté de ces dames, Emmanuelle Bercot semblait l'être tout autant. Le fait est que je connais mal cette réalisatrice et comédienne. Cannes lui a offert (je cite) "la semaine la plus dingue de (sa) vie". Soit un Prix d'interprétation pour son rôle de femme folle amoureuse dans Mon roi et l'ouverture du Festival avec son film, La tête haute.
L'une des surprises de cette édition 2015, c'est que deux Prix d'interprétation féminine ont été attribués. La seconde lauréate s'appelle Rooney Mara et joue avec Cate Blanchett une histoire d'amour homosexuelle dans l'Amérique des années 50: Carol. J'attends avec une relative impatience la date de sortie en salles...
D'une manière générale, il semble que ce duo féminin soit l'arbre dissimulant la forêt d'un Festival encore franchement très masculin. Soulignons alors la Palme d'or d'honneur attribuée à Agnès Varda ! Première réalisatrice récompensée de ce trophée, elle rejoint un club d'illustres papys: Woody Allen, Clint Eastwood et Bernardo Bertolucci.
J'en reviens au palmarès "ordinaire": parmi les autres films primés que j'espère découvrir, il y a The assassin. Cela m'offrirait l'occasion d'enfin voir mon premier Hou Hsiao-hsien, récompensé pour sa mise en scène de la Chine moyenâgeuse. À noter que le réalisateur taïwanais avait déjà reçu un Prix du jury... il y a maintenant 22 ans !
Autre curiosité: The lobster, du réalisateur grec Yorgos Lanthimos. Qu'on lui ait accordé le Prix du jury renforce quelque peu mon attente à son égard, mais, déjà, le pitch m'intriguait très franchement ! Imaginer un univers où les célibataires endurcis sont voués à être transformés en animaux, c'est assez taré pour me plaire. À suivre...
En revanche, malgré Tim Roth et le Prix du scénario, je suis loin d'être sûr d'aller voir Chronic. Je n'ai lu que des mauvaises critiques autour de ce film du Mexicain Michel Franco, dont le personnage principal est un aide-soignant auprès de personnes en fin de vie. Anecdote amusante: Franco et Roth se sont rencontrés... à Cannes.
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Voilà, j'ai fait le tour du palmarès...
Je conclus avec trois films non-primés que je pense voir: Mia madre de Nanni Moretti et Notre petite soeur de Hirokazu Kore-eda devanceront sans doute Marguerite et Julien de Valérie Donzelli. Avant leur sortie, je suis désormais à l'écoute de vos commentaires.
Jacques Audiard |
Mads Mikkelsen et Laszlo Nemes |
Le Colombien César Augusto Acevedo, lui, vient juste d'avoir 28 ans. En cadeau, il repart avec la Caméra d'or, le trophée qui récompense une première oeuvre, pour La tierra y la sombra. Son scénario parle de la vie des paysans de la vallée du Cauca, au sud-ouest du pays. C'est à eux que le réalisateur a rendu hommage en recevant son prix.
Ely Dagher n'est quant à lui resté que quelques instants sur la scène du Palais des festivals, pour recevoir la Palme du meilleur film court. Ce cinéaste libanais, 29 ans, signe avec Waves '98 une oeuvre hybride (animation et images réelles) sur la déambulation d'un homme dans Beyrouth. Si j'ai bien compris, il y a mis beaucoup de lui-même.
Vincent Lindon |
Du côté de ces dames, Emmanuelle Bercot semblait l'être tout autant. Le fait est que je connais mal cette réalisatrice et comédienne. Cannes lui a offert (je cite) "la semaine la plus dingue de (sa) vie". Soit un Prix d'interprétation pour son rôle de femme folle amoureuse dans Mon roi et l'ouverture du Festival avec son film, La tête haute.
L'une des surprises de cette édition 2015, c'est que deux Prix d'interprétation féminine ont été attribués. La seconde lauréate s'appelle Rooney Mara et joue avec Cate Blanchett une histoire d'amour homosexuelle dans l'Amérique des années 50: Carol. J'attends avec une relative impatience la date de sortie en salles...
Jane Birkin, Agnès Varda et Lambert Wilson |
J'en reviens au palmarès "ordinaire": parmi les autres films primés que j'espère découvrir, il y a The assassin. Cela m'offrirait l'occasion d'enfin voir mon premier Hou Hsiao-hsien, récompensé pour sa mise en scène de la Chine moyenâgeuse. À noter que le réalisateur taïwanais avait déjà reçu un Prix du jury... il y a maintenant 22 ans !
Autre curiosité: The lobster, du réalisateur grec Yorgos Lanthimos. Qu'on lui ait accordé le Prix du jury renforce quelque peu mon attente à son égard, mais, déjà, le pitch m'intriguait très franchement ! Imaginer un univers où les célibataires endurcis sont voués à être transformés en animaux, c'est assez taré pour me plaire. À suivre...
En revanche, malgré Tim Roth et le Prix du scénario, je suis loin d'être sûr d'aller voir Chronic. Je n'ai lu que des mauvaises critiques autour de ce film du Mexicain Michel Franco, dont le personnage principal est un aide-soignant auprès de personnes en fin de vie. Anecdote amusante: Franco et Roth se sont rencontrés... à Cannes.
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Voilà, j'ai fait le tour du palmarès...
Je conclus avec trois films non-primés que je pense voir: Mia madre de Nanni Moretti et Notre petite soeur de Hirokazu Kore-eda devanceront sans doute Marguerite et Julien de Valérie Donzelli. Avant leur sortie, je suis désormais à l'écoute de vos commentaires.
12 commentaires:
Bonjour Martin.
Le prix reçu par Vincent Lindon m'a fait immensément plaisir. J'irai sans doute voir "La loi du marché"...et lirai avec plaisir le billet que tu lui consacreras.
Bonne journée.
Pareil que Laurent concernant Lindon.
Pour le reste une cérémonie ( bien française ) d'une platitude & d'une monotonie absolue.
PS / Bercot ! Au secours, aussi glamour qu'un Psychrolutes marcidus ... ;-)
++
@Laurent:
Merci ! Je vais sans doute aller voir "La loi du marché" ce week-end ou le prochain. J'ai l'impression que la consécration de Vincent Lindon fait plaisir à tout le monde. C'est cool !
@Ronnie:
Bon, tu as gagné ! Je suis allé voir ce qu'était un Psychrolutes Mardicus et tu es parvenu à me faire rire. Cela dit, c'est franchement sévère, l'ami. Je ne vais pas juger cette pauvre Emmanuelle Bercot sur son glamour, mais (peut-être) sur son travail.
Hum... c'est toujours difficile de juger un palmarès sans voir les films mais j'ai quand même pas mal suivi Cannes, y a quand même des films cassés qui se retrouvent au palmarès, les autres très aimés pas du tout... Bon quoi. Et puis très très français ce résultat, il faut qu'avec un jury francophile et peu diversifié, il fallait s'en douter. Même le Audiard n'a pas été si bien accueilli, mais bon il a eu la Palme, j'ai l'impression que beaucoup retournent leur veste et ont la mémoire courte... Après, je regardais un max de films possibles, au palmarès ou non, parce que je suis curieuse et cinéphile. Mais je suis sceptique pour être honnête sur certains films. J'ai écouté la conférence de presse du jury, une délibération trop rapide, pour moi c'est pas une bonne chose, et j'ai l'impression que chaque membre du jury a défendu son petit film préféré, et qu'il n'y a pas réellement eu du débat. Perso, je suis parfois plus rassurée que les jurés débattent réellement longtemps, ça a plus de sens.
Et la cérémonie était une catastrophe, ça ressemblait aux Césars, sans déconner, j'ai l'impression que Gilles Jacob serrait un peu plus...
Tu as raison, Tina: c'est bien difficile de savoir exactement à quoi s'en tenir tant qu'on n'a pas vu les films. Compliqué également de savoir comment les choses se sont passées lors des délibérations...
La cérémonie m'a bien déçu également. C'était heureusement moins long que les César, mais j'attendais mieux de Lambert Wilson. D'une manière générale, j'ai trouvé ça creux au possible - à l'exception des danseurs japonais du début, ainsi que des interventions d'Agnès Varda et de Vincent Lindon.
Bon, après tout, je me dis que ce n'est pas le plus important.
Pour ce que je dis pour les délibérations, je me tiens surtout à la conférence de presse du jury. Après effectivement, personne n'y assiste (quoique, j'aimerais bien être une mouche pour tout savoir !).
Oui, heureusement qu'il y avait Varda et Lindon. Mais même leurs interventions étaient trop longues pour être franche !
Après, effectivement, le palmarès n'est qu'un plus (on est toujours content de voir un bon film récompensé), le principal est de voir des films exposés qui pourront après le festival peut-être trouver leur public.
Si tu étais une mouche, tu pourrais assister aux délibérations cannoises, mais tu comprendrais sans doute beaucoup moins bien, forcément ! Reste une femme: ça vaut mieux, je crois !
C'est vrai que les discours étaient un peu longs, mais bon... pour des artistes de cette ampleur, et surtout émus comme ils étaient, je leur pardonne volontiers. Et tout comme toi, c'est clair que j'attends avant tout au Festival de Cannes qu'il permette à certains films d'exister sur notre territoire. C'est même pour moi le premier argument pour défendre son existence (et son histoire).
Mais je veux rester une femme... juste devenir une mouche (ou une coccinelle parce que c'est plus joli) le temps de voir ce que je veux voir :o :o
Oui c'est sûr qu'il y a l'émotion, j'essaie de me mettre à leur place. Mais certains (du genre Bercot) nous ont fait leur liste des courses, au bout d'un moment, j'ai crié devant ma télé "booooouge" (oui j'ai de grandes conversations avec ma télé, chut).
Coccinelle, c'est mieux, en effet !
Pour ce qui est du speech d'Emmanuelle Bercot, je suppose qu'en l'absence de Rooney Mara, elle a dû se croire autorisée à parler deux fois plus longtemps. Je salue d'ailleurs le fait que, dans mon souvenir, elle ait d'emblée dit un mot gentil sur sa co-lauréate.
Que de films à voir en perspective, que de découvertes, que d'envies ! Vive le cinéma !!!
Tu l'as dit, Chonchon ! Et dire que certains ne sortiront que début 2016...
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