mercredi 30 mars 2016

Un peu de moi

Le tag est un jeu sur les blogs: l'idée est de parler de soi de manière originale. Un blogueur crée (ou relaie) un questionnaire, y répond lui-même et, le plus souvent, propose à quelques lecteurs de l'imiter. Parce que le but était de citer des titres de films, j'ai trouvé amusant de satisfaire la curiosité de Sentinelle. J'ai pris le temps d'y réfléchir !

Certaines de mes réponses sont sincères, d'autres plutôt farfelues. D'après moi, il ne faut surtout jamais prendre un tag trop au sérieux.

Décris-toi...

Comment te sens-tu ?

Décris l'endroit où tu vis actuellement...

Si tu pouvais aller où tu veux, où irais-tu ?

Ton moyen de transport préféré ?

Ton meilleur ami est...

Toi et tes amis, vous êtes...

Comment est le temps ?

Quel est ton moment préféré de la journée ?

Qu'est la vie pour toi ?

Ta peur ?

Quel conseil as-tu à donner ?

La pensée du jour...

Comment aimerais-tu mourir ?

Les conditions actuelles de ton âme ?

Ton rêve ?

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Bon, à vous maintenant ?

Je n'ai pas vraiment pris l'habitude de désigner d'autres blogueurs susceptibles de répondre aux tags qui me plaisent. Tina et Chonchon ne m'ont pas attendu. Les autres, faites-le donc, si ça vous tente...

lundi 28 mars 2016

Objectif Lune

J'écrirai peut-être un jour une chronique sur les rumeurs qui tournent autour du cinéma. L'une d'elles dit qu'en 1969, la NASA avait passé commande à Stanley Kubrick d'un film qui montre l'arrivée de l'homme sur la Lune. C'est le point de départ du bien nommé Moonwalkers. Cette comédie potache se moque gentiment de cette théorie farfelue.

L'idée de base était que le célèbre cinéaste puisse fournir des images crédibles, à diffuser à la télé en cas d'échec de la mission Apollo 11. Aujourd'hui encore, des gens pensent que Neil Armstrong et consorts existent, certes, mais qu'ils ne sont jamais montés dans la fusée ! Moonwalkers préfère, lui, s'intéresser à Tom Kidman, un agent secret envoyé en mission à Londres pour y retrouver Kubrick et le convaincre de coopérer (en échange, bien sûr, d'un gros paquet de billets verts). C'est raté: il tombe sur un imprésario de pacotille et un faux Stanley. Pire: quand il s'en aperçoit, il est déjà trop tard pour faire machine arrière. Urgente, la situation le force à faire avec les deux abrutis...

Bon... avant même de voir le film, j'étais content de la perspective d'y retrouver à la fois Ron Perlman et Rupert Grint. L'armoire à glace américaine et le rouquin britannique semblent s'être bien amusés. Tant mieux, à vrai dire: leur plaisir est communicatif. Si j'ai déjà vu de meilleures comédies, celle-là est assez originale pour sortir du lot. C'est en fait à partir du moment où tout commence à partir en vrille que Moonwalkers décolle vraiment et atteint le grand n'importe quoi. Plusieurs univers entrent en collision: celui de la CIA, celui de la mafia et celui... des hippies ! Le résultat est assez saignant, je dois dire. J'aime autant ne pas entrer dans les détails: la reconstitution colorée et sous influence des seventies donne lieu à plein de scènes cocasses. La force du film, c'est justement de ne jamais se prendre au sérieux.

Moonwalkers
Film britannique d'Antoine Bardou-Jacquet (2016)

Surtout connu pour ses pubs, le réalisateur est bel et bien français ! Pas question de crier cocorico, mais bon... j'ai plutôt aimé ce film. Maintenant, à quoi le comparer ? Le générique du début m'a rappelé celui de Pop redemption, une franchouillardise de derrière les fagots. Somme toute, on reste loin du Flying Circus des Monty Python, hein ? Disons que j'ai trouvé ce que j'étais venu chercher: un vide-neurones.

samedi 26 mars 2016

Son rêve exaucé

La blogosphère n'est pas toujours tendre avec le cinéma français. Parfois en panne d'ambitions narratives et formelles, la production nationale ne connaît qu'une gloire intermittente. Souvent, en termes de volumes et de moyens, elle semble déficitaire. Et je ne crois pas que La vache, une sortie récente, suffira à rehausser sa popularité...

L'histoire que le film raconte débute dans un petit village d’Algérie. Fatah Bellabes, modeste paysan, arrose ses légumes en réinterprétant à sa façon quelques grands standards de la chanson française. Sûrement plus encore que de sa femme et de ses deux filles, l'homme prend soin de Jacqueline, une bête à cornes qu'il espère un jour emmener au Salon de l’agriculture, à Paris. Quand une lettre d'invitation officielle lui parvient enfin, Fatah n'en peut plus de joie. Avec le soutien de ses amis, il recueille de l'argent et s'embarque alors sur un bateau pour Marseille, avec son animal, bien entendu ! C'est le début d'un long voyage, riche de nombreuses péripéties. Maintenant, c'est à vous d'aller voir La vache si vous voulez savoir comment tout cela se passe. J'imagine que vous pouvez le deviner...

Sans réelle surprise sur le plan scénaristique, le long-métrage reste malgré tout sympathique. Il doit beaucoup à l'impeccable prestation de Fatsah Bouyahmed - un acteur que j'ai découvert du même coup. C'est simple: cet inconnu transcende la naïveté de son personnage. Conséquence: il nous fait croire à son histoire, aussi improbable soit-elle. La vache est un conte, en fait, dans une France trop belle pour être vraie. Peu importe: si on accepte l'idée de départ, on peut adhérer à tout ce qui s'ensuit ! Je l'ai fait assez volontiers, le sourire aux lèvres, content de voir le duo Jamel Debbouze / Lambert Wilson jouer les seconds rôles... au service du premier. Je sais d'ores et déjà que le résultat ne restera pas très longtemps dans mon Panthéon personnel, mais tant pis: j'ai vu une gentille petite comédie familiale. Je dois même ajouter qu'à la fin, elle a été applaudie par une partie de la salle. Les bons sentiments, de temps en temps, ça fait du bien.

La vache
Film français de Mohamed Hamidi (2016)

Il fait bon se promener sur les chemins avec Fatah. Quelques scènes assez jolies portent ce long-métrage, plutôt modeste par ailleurs. J'aime autant sourire à cet humour tendre et bouder la vulgarité comique si répandue de nos jours. Désormais, j'ai presque envie d'aller plus loin dans l'idée et de revoir La vache et le prisonnier. Maintenant, vous avez le droit de préférer les scénarios... vachards !

vendredi 25 mars 2016

De gros ennuis

Arrêtez-moi si je me trompe, mais j'ai un vague souvenir qui suggère que le cinéma coréen a connu une petite heure de gloire en France. Aujourd'hui, j'ai l'impression qu'à l'inverse, il est rentré dans le rang. C'est toutefois bien sa dimension "exotique" qui m'a incité à donner sa chance à Hard day, film coréen, donc, présenté à Cannes en 2014.

Hôte de la Quinzaine des réalisateurs, le film était reparti bredouille de la Croisette. J'ai trouvé, moi, qu'il ne cassait pas des briques. Précision: la prétendue journée difficile du titre se décline au pluriel. L'homme qui a de sérieux ennuis s'appelle Ko Gun-su: quand le film démarre, ce flic à moitié mafieux roule à vive allure pour arriver enfin à l'enterrement de sa mère. À son bureau, ses chers collègues subissent dans le même temps une inspection de la police des polices. En plein stress, Gun-su parvient à éviter d'extrême justesse un chien planté au milieu de la route. Une seconde plus tard, il renverse accidentellement un piéton, dont il embarque finalement le cadavre pour ne plus perdre de temps. Hard day 1 - La vraisemblance 0. Malheureusement, je ne suis pas parvenu à me laisser embarquer...

Le truc, c'est qu'aucun personnage du film ne m'a paru sympathique. Ce pseudo-héros aurait pu faire l'affaire, mais je me suis vite rendu compte que son sort m'était totalement indifférent. Le côté hasardeux du récit m'a aussi quelque peu gêné aux entournures. Parfois, j'ai eu l'impression que le but ultime était de nous faire rire. J'espérais frémir un peu, thriller oblige, mais là aussi, chou blanc ! Même quand un maître-chanteur entre en scène, j'ai trouvé l'intrigue bien peu enthousiasmante. Hard day est une promesse non tenue. Cela étant dit, ce n'est pas honteux: je n'ai pas accroché, mais j'ai vu un divertissement correct, que vous pourriez apprécier plus que moi. D'ailleurs, sur la presse et sur le Net, le film est plutôt bien coté. Aspect positif: côté mise en scène, j'ai relevé quelques jolies choses.

Hard day
Film sud-coréen de Kim Seong-hun (2014)

Bon ! Avis aux amateurs: huit autres films coréens vous attendent ailleurs sur ce blog (cf. ma rubrique "Cinéma du monde"). La plupart de mes amis connaisseurs de ce cinéma citent Old boy en exemple d'incontournable. Pour ma part, je ne tiens pas encore MA référence. Du coup, les choses sont ouvertes et je reste preneur de conseils. Notez que je dois avoir encore quelques DVDs à regarder de ce côté...

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Des avis plus enthousiastes sur le film, donc ?
Oui: j'en ai lu - entres autres - sur les blogs de Pascale et de Dasola.

mercredi 23 mars 2016

Hollywood stories

Est-ce parce que j'ai dû le voir en français ? Je n'ai pas trouvé la clé pour entrer véritablement dans le nouveau film d'Ethan et Joel Coen. Malgré ses qualités, Ave César ! m'a moins convaincu que beaucoup d'autres films des frangins. C'est un petit peu frustrant, je dois dire. Mon admiration fait que je suis des plus exigeants avec ces deux-là...

La promo du film me semble avoir tourné autour de George Clooney. Pourtant, dès le début, c'est clair: le vrai premier rôle d'Ave César ! est pour Josh Brolin - sa troisième prestation pour les frères associés. C'est un personnage intéressant qui lui a été confié: Eddie Mannix travaille comme fixeur pour un grand studio américain des années 50. Concrètement, quand un acteur sous contrat s'écarte de l'image parfaite qu'il est censé donner, Eddie est là pour le ramener fissa dans le droit chemin de ses obligations, par tous les moyens possibles. Autant dire qu'au moment où une star du péplum disparaît soudain d'un plateau de tournage, Eddie, qui en a vu d'autres, pense qu'elle n'est juste pas encore rentrée d'une coucherie quelconque. Maintenant, puisque l'absence est un peu longue, c'est aussi à Eddie qu'on demande de régler l'affaire. Sur ce plan, le film reste réussi. Avec l'ironie dont ils sont coutumiers, les Coen dynamitent gentiment la Babylone hollywoodienne d'antan, non sans nous offrir au passage une reconstitution soignée. Rien à redire, donc, sur la mise en scène.

La distribution, elle, est bien sûr aux petits oignons: vous y trouverez notamment Scarlett Johansson, Ralph Fiennes, Channing Tatum, Jonah Hill, une double Tilda Swinton et même Christophe Lambert ! C'est donc bien du côté du scénario que ce tout nouvel opus m'a laissé sur ma faim. Comme pour contenter tout ce petit monde, il éparpille l'intrigue principale et étire un peu trop de nombreuses séquences, souvent amusantes, mais qui paraissent quelque peu hors-sujet. Conséquence: je trouve que cette belle ouvrage manque de rythme. C'est cruel dit ainsi, mais j'ai attendu en vain que la chose s'emballe vraiment: sans être mauvais, Ave César ! ronronne (trop) gentiment. Malgré tout, j'ai pris un certain plaisir avec cette nouvelle occasion d'observer l'envers du décor. Au menu: un panorama des contraintes avec lesquelles les studios composaient lors de ce prétendu âge d'or. Finalement, je me suis demandé si Hollywood avait vraiment changé. Je n'en suis pas sûr et je suis ravi que les Coen continuent résolument de s'en moquer un peu. Ce constat est venu tempérer ma déception...

Ave César !
Film américain d'Ethan et Joel Coen (2016)

Péplums, musicals, westerns, ballets aquatiques, mélos... les styles d'époque défilent dans ce film-gigogne, dans un joli hommage rendu au cinéma des fifties. Rien que pour ça, je veux dire merci aux Coen. Tout ça m'a du coup donné envie... de voir davantage de classiques ! Seulement, des studios reconstitués, il y en a aussi dans The artist. Sans même revenir donc jusqu'au génial Boulevard du crépuscule...

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Quelques-uns de mes petits camarades l'ont vu aussi...

Je vous laisse avec Pascale, Tina, Dasola, Strum et Princécranoir.

mardi 22 mars 2016

Version originale française

Suivre l'ordre des films que je vois pour les évoquer sur ce blog devrait m'amener à vous reparler déjà de Les premiers les derniers. Pourquoi l'ai-je revu si vite ? Pour le présenter lors d'une autre soirée de mon association. Le visuel retenu pour cette chronique vous laisse sûrement comprendre que je préfère parler d'autre chose cette fois...

Voir successivement un film français d'un réalisateur d'ascendance sénégalaise et un film belge tourné chez nous m'a soudain interpellé quant à la notion de francophonie au cinéma. L'importance volumétrique de la production française, surtout si on la compare objectivement à celle de la population, fait de la France un pays majeur du septième art. Je crois savoir que, dans l'ordre actuel, l'Inde, le Nigéria, les États-Unis occupent le podium de la production mondiale. Derrière, le pays natal des frères Lumière est facilement dans le top 10 - avec des films parfois non-francophones, cela dit. C'est une question de création, mais aussi de politique et de fiscalité.

Sans nier l'importance des aspects financiers du cinéma, qu'on peut bien sûr définir aussi comme un produit d'exportation, je continue surtout de considérer ce vrai business comme une machine à rêves. Même si je préfère toujours les films en VO, l'amoureux des langues que je pense être se trouve ravi quand des artistes étrangers s'expriment en français. Parfois, c'est leur langue natale, de fait. Conséquence: je m'interroge sur la communauté que nous formons grâce à son usage commun... et j'essaye d'être un peu plus attentif encore à nos différences. Tout ça m'amène à penser qu'il serait bien d'avoir encore plus d'occasions de voir du cinéma de sources wallonnes et québécoises, au moins, et de se servir de notre très chère langue pour nous tourner vers d'autres contrées filmées, plus lointaines encore ou simplement moins fréquentées. Serait-ce trop demander ? Parfois, j'ai l'impression que nous négligeons cette évidente richesse.

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Le débat est plus ouvert que jamais...

Détail amusant: la Journée mondiale de la francophonie a eu lieu dimanche... et je ne l'ai appris qu'après avoir rédigé cette chronique.

lundi 21 mars 2016

En quête de soi

Andalucia serait sans doute passé sans que je m'y attarde réellement si je n'avais pas eu à le présenter à mon association - lors d'une série de projections sur le thème des exils (j'y reviendrai). J'ai découvert avec un certain plaisir ce petit film français d'un réalisateur né à Paris d'une mère française et d'un père sénégalais. C'est à noter, je crois...

Alain Gomis nous parle en effet d'identité, d'une manière que je vois rarement sur les écrans de cinéma ou dans les bulletins d'info télé. Yacine, son héros, vit dans une caravane. Sa conseillère Pôle Emploi lui affirme qu'il est un bon éducateur, mais lui rêve d'autre chose. Maintenant, de quoi ? C'est toute la question. Yacine n'a pas l'air assuré de celui qui se connaît lui-même. Il a réussi à quitter sa cité d'origine, vit de petits boulots, rencontre des filles sans s'attacher franchement, aimerait comprendre le sens de la vie à travers celles des SDF ou d'une star du rap... et, en attendant, il erre sans but précis. C'est curieux parfois, drôle souvent et aussi gentiment décalé.

Andalucia m'a permis d'apprécier le travail d'un comédien prolifique du cinéma français, mais rarement filmé ainsi: Samir Guesmi. Aussitôt qu'elle l'a cadré, la caméra paraît ne plus le lâcher: je crois qu'on peut dire que ce film est aussi SON film. Que contient-il d'autobiographique ? Je n'ai pas cherché à le savoir et peu importe ! Ce que j'ai trouvé intéressant, c'est l'impression que le long-métrage nous renvoie de facto à nos propres questionnements identitaires. Comment sommes-nous français ? Qu'avons-nous d'étranger aussi ? Aucune conclusion définitive n'est assénée ici. Je crois simplement que le déroulé du scénario, dans sa déconstruction même, nous invite à penser que se connaître est bien la meilleure manière de se libérer. Pas de cri, pas de haine, pas de violence: tout le film reste très doux.

Andalucia
Film français d'Alain Gomis (2008)

Content que ce long-métrage soit finalement passé dans mes radars ! Sans en faire un incontournable, j'ai le sentiment d'avoir pu découvrir une facette rare du cinéma français... et ça fait beaucoup de bien. Parcourant ensuite la filmo de Samir Guesmi, j'ai constaté qu'il avait notamment tourné deux fois pour la très regrettée Sólveig Anspach. J'y vois une raison de plus de guetter la sortie de L'effet aquatique...

dimanche 20 mars 2016

La saison du plaisir

L'hiver est terminé ! Il semble qu'il ait été plus chaud que beaucoup d'autres. Maintenant que l'on se dirige doucement vers des journées plus longues et encore plus douces, je suis - comme toujours - curieux de connaître les émotions que le cinéma voudra bien nous réserver. Et comme tout cela est subjectif, j'en reparlerai au fur et à mesure...

Le visuel ci-dessus dit tout: pour aujourd'hui, je veux me contenter d'une piqûre de rappel à celles et ceux d'entre vous qui ne voient qu'assez peu de films en salles. C'est aussi le Printemps du cinéma ! Depuis ce matin et jusqu'à mardi soir inclus, la très grande majorité des exploitants propose un tarif (unique) à 4 euros la séance. D'expérience, la formule fonctionne, à plus ou moins grande échelle selon les films. Je comprends bien que vous ayez d'autres envies dominicales que celle de vous ruer au coeur de la grande foule. Maintenant, vous avez trois jours également pour donner sa chance au petit film d'auteur que vous hésitiez encore à aller voir sur écran géant. Moi, je n'ai qu'un seul conseil à donner: prenez-y du plaisir ! Qu'importe la source: tout ce qui compte, c'est la joie que ça apporte.

vendredi 18 mars 2016

La terre primitive

J'aime découvrir des films avec mes amis, pour voir s'ils y apprécient les mêmes choses que moi ou, à l'inverse, si leurs goûts me plaisent. Bien motivé par un très bon copain, j'ai retenu l'option The revenant. C'était dans mes projets, de toute façon. J'étais même assez curieux également de me frotter à ce supposé grand favori des Oscars 2016...

Pour faire simple, je précise pour ceux qui ont échappé au bulldozer promotionnel que ce nouveau film avec Leonardo DiCaprio, réalisé d'ailleurs par le cinéaste oscarisé 2015, Alejandro Gonzalez Iñàrritu, nous ramène au temps des premiers trappeurs américains, vers 1820. Au beau milieu de nulle part, une troupe blanche est soudain surprise par l'attaque d'un tribu indienne, les Arikaras. On découvrira ensuite que ces derniers sont à la recherche de la fille de leur chef, enlevée par d'autres Blancs. Mais bon... le scénario du long-métrage tourne surtout autour d'une histoire de survie. Notre ami Leo, censé servir de guide aux chasseurs de peau, est vite agressé... par un grizzli ! Laissé pour mort par un de ses peu scrupuleux équipiers, il aura donc une revanche à prendre, sur le sort et sur son prétendu camarade. Vous pensez que, là-dessus, The revenant est banal ? Je confirme. Mais c'est vrai que sa star envoie du lourd dans l'intensité physique...

DiCaprio ne recule jamais: ça fait partie de ce que j'apprécie chez lui. Les images du film vous laisseront vite comprendre qu'il n'a pas dû être le seul à en baver sur le tournage. Ce cinéma qui mélange virtuosité technique et confrontation avec la nature, je l'aime aussi. Chapeau bas aux quelque 300 gugusses partis dans la neige et le froid pour obtenir ces plans de fada: effet waouh garanti sur écran géant. Bravo aussi aux acteurs et mention pour Tom Hardy, méconnaissable et qui apporte une belle complexité à son personnage de bad boy. Après, bon... j'ai bien quelques petites réserves, tout de même. Certaines séquences font appel à une sorte d'onirisme: ça se tient dans le discours général du long-métrage, mais je n'ai pas adhéré. Moins spirituel encore, je crois que The revenant aurait été meilleur. Ce sont les scènes les plus telluriques qui m'ont le plus plu - cf. le titre de cette chronique. Dès que la nature s'imposait, j'ai vraiment kiffé ! OK, je chipote: ces deux heures et demie de cinéma m'ont embarqué. Il s'en est fallu de peu pour que j'en parle comme d'un très grand film.

The revenant
Film américain d'Alejandro Gonzalez Iñàrritu (2015)

Certains vous diront que la flamboyance du style du cinéaste mexicain tient avant tout de l'esbroufe. Pas moi: souvent, elle me laisse baba. C'est plus sur le scénario que je trouve à redire, puisque j'ai vu ici quelques scènes "piquées" dans Jeremiah Johnson ou... L'empire contre-attaque ! Cela dit, je pense aussi que le film va bien vieillir. Techniquement, il est tout de même très beau et sans faute de goût. 

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Des précisions qui me semblent importantes...
J'ai vu le film en avant-première le 23 février, la veille de sa sortie française. J'ai écrit cette chronique le 24. Je savais alors qu'il était candidat à douze des Oscars 2016, mais pas encore que l'Académie allait finalement lui en décerner trois - ceux du meilleur réalisateur, du meilleur acteur et de la meilleure photographie. Ce qui a donc valu à Iñàrritu un doublé 2015/2016, à DiCaprio sa première statuette dorée et à (Emmanuel) Lubezki son troisième trophée consécutif ! L'Oscar du meilleur film, lui, a consacré Spotlight, de Tom McCarthy.

Et d'autres avis, si vous le souhaitez...
Sentinelle a été la première à chroniquer, profitant de la sortie belge anticipée. Pascale a vite enchaîné, à peine remise de ses émotions. Depuis ? Dasola, Princécranoir, Strum et 2flics l'ont à leur tour évalué.

mercredi 16 mars 2016

Amour toujours

S'il y a un domaine entre tous où je pense être un militant européen convaincu, c'est bien celui du cinéma. Je ferai probablement un jour un décompte précis, mais je suis déjà persuadé que les films américains sont moins nombreux parmi mes visionnages que les films du Vieux Continent. Aujourd'hui, une coprod' franco-italienne: Alaska.

Nadine est une jeune Française désoeuvrée, venue dans un palace passer un casting pour être mannequin, sans la moindre conviction. Fausto, lui, arrive d'Italie: il travaille dans ce même hôtel, où se joue la sélection. Quand un hasard - bien malicieux - place le gentil garçon sur le chemin de la jolie fille, leurs deux solitudes se rencontrent aussi. Coup de foudre moderne et premier rebondissement: Fausto, qui montrait l'une des chambres à Nadine, tombe alors sur le client. Scandale, embrouille, début de bagarre... la suite s'écrira en prison. Vous voulez savoir la suite ? Désolé, je n'ai pas envie d'en dire davantage. Et pourquoi Alaska ? La réponse dans la bande-annonce...

Ce teaser est d'ailleurs, je trouve, trop bavard et un peu trompeur. Bref... personnellement, je suis allé voir ce film parce que j'aime assez donner leur chance à ce type de longs-métrages, sans star véritable et du coup peu promus. Mon bilan: ça m'a bien plu. Objectivement un peu trop "copieux", le scénario d'Alaska est arrivé pourtant à m'embarquer dans cette histoire d'amour... compliquée. Restons tout à fait honnête: la jolie Astrid Bergès-Frisbey y est sûrement pour quelque chose. Et Elio Germano n'y est pas pour rien ! L'alchimie du duo fonctionne bien, disons, et la mise en scène évite astucieusement les scènes racoleuses ou banalement érotiques. Pêché d'orgueil: le film est un peu longuet sur la fin, certains personnages secondaires prenant peut-être un peu trop de place. Rien de fâcheux.

Alaska
Film franco-italien de Claudio Cupellini (2015)

Bon... c'est sûr que ça ne va pas révolutionner le cinéma, hein ? J'insiste, toutefois: ce petit film sans génie m'a bien diverti. Quelques maladresses et longueurs n'ont pas terni cette impression d'ensemble: ce côté bancal est même assez attachant, à mon sens. Maintenant, une comparaison... euh... ce n'est pas facile à trouver ! Romance et thriller sont difficilement conciliables. Ouais, je sèche... 

mardi 15 mars 2016

Double vie

Je ne peux pas prétendre être un connaisseur de François Truffaut. J'ai vu certains de ses films - quelques-uns sont présentés ici. L'idée m'est venue de regarder La peau douce, que j'avais pu enregistrer lors d'un passage sur Arte, en... octobre 2014. La chaîne binationale l'avait classé parmi les films "intimes et tourmentés" de son auteur...

Il semble que Truffaut ait mis beaucoup de lui dans cette histoire d'adultère bourgeois, en y injectant les affres de l'un de ses vécus amoureux et allant jusqu'à tourner dans son propre appartement. Bâti sur des cendres, La peau douce a pour premier personnage principal un homme ordinaire, vaguement caché sous les traits d'un écrivain reconnu. Le récit débute à peine que ce Pierre Lachenay essaye déjà d'attraper un avion pour Lisbonne: son retard et son empressement suggèrent nettement la sensation d'étouffement qui est la sienne dans son univers quotidien. L'homme s'échappe donc et, en chemin vers le Portugal, rencontre une hôtesse de l'air dont il s'éprend aussitôt. Dès cet instant, il mènera une double vie, pour le meilleur probablement, mais aussi et surtout pour le pire. Ce qui est montré de l'attitude de ce pseudo-héros ne me l'a pas rendu sympathique. Jean Desailly, que j'ai découvert avec ce rôle, l'incarne avec justesse.

De part et d'autre de la tromperie, j'ai également apprécié le jeu nuancé de Nelly Benedetti (la femme) et certainement plus encore celui de Françoise Dorléac (la maîtresse). Les habitués de ce cinéma assurent que, pour sa mise en scène, Truffaut s'est beaucoup inspiré de son maître en suspense, Alfred Hitchcock himself. Je le crois volontiers. Cela dit, on devine assez vite comment tout ça peut finir. Est-ce un défaut ? Je ne le pense pas. Certes fraîchement accueilli lors de sa sortie, La peau douce a perdu de sa modernité thématique et formelle, mais demeure un film appréciable, que je suis content d'avoir vu. Seuls les dialogues m'ont paru un peu plaqués, parfois. Pour son auteur, il s'agissait surtout de réaliser un film "indécent, complétement impudique, assez simple, mais très triste". Un cahier des charges audacieux pour l'époque, mais je dirais que le programme est respecté. Petit bémol pour la fin, que j'ai trouvée un peu abrupte.

La peau douce
Film français de François Truffaut (1964)

Sans en faire un incontournable, je considère donc ce long-métrage comme l'une des pièces intéressantes du puzzle-carrière du cinéaste. J'ai particulièrement apprécié son noir et blanc classieux, qui finira d'appuyer mon envie de revoir Les 400 coups et/ou Jules et Jim. Maintenant, en attendant, libre à vous de plonger vers la noirceur avec La chambre verte ou bien L'histoire d'Adèle H. (mon préféré).

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Il semble que le film ait la cote, désormais...
On en parle chez Chonchon, Sentinelle, Eeguab, Lui et Princécranoir !

lundi 14 mars 2016

Oublier la guerre

Les films avec Robin Williams gardent pour moi un goût d'enfance. L'immense talent de ce cher poète disparu n'est pas en cause: il s'agit simplement de mon constat que l'acteur était entré dans mon viseur quand j'étais encore bien jeune. Revoir alors Good morning, Vietnam m'aura donc vite révélé que j'avais presque tout oublié du scénario...

Ne vous torturez pas les méninges: je vais vous raconter. L'histoire écrite par un dénommé Mich Markowitz est celle d'un soldat de l'armée américaine, envoyé à Saïgon en 1965 pour tenir le micro d'une radio destinée aux troupes US engagées dans la guerre du Vietnam. Problème: loin de l'exécutant docile rêvé par ses supérieurs, l'homme est en réalité un trublion de première classe, qui multiplie les blagues douteuses et les imitations politiques à l'antenne ! Son admiration naïve des femmes asiatiques l'inciterait même à prendre la défense des civils. Good morning, Vietnam, film pacifiste ? Pas sûr. Disons que, sans être occulté, l'aspect militaire reste souvent hors-champ...

Le film suggère tout de même que la guerre est une absurdité. Finalement, il est construit en deux parties: la seconde adopte un ton plus grave que la première. Au départ, Robin Williams nous réserve un show incroyable, presque outrancier, et démontre des capacités folles dans le domaine du pur délire. En VO, la mitraillette verbale m'est apparue presque incompréhensible sans recours aux sous-titres. Le contraste avec la suite est saisissant et nous amène tout à coup vers la réalité de ces terribles années. Good morning, Vietnam en a parfois l'allure et le rythme, mais n'est évidemment pas une comédie. Les acteurs sont souvent bons - une mention pour Forest Whitaker. J'ai donc passé un assez bon moment. Je ne mets qu'un petit bémol pour faire état de l'angélisme de certaines situations. Rien d'indécent.

Good morning, Vietnam
Film américain de Barry Levinson (1987)

Tourné en Thaïlande, le long-métrage n'a pas la force émotionnelle d'autres oeuvres sur le conflit vietnamien, mais je crois pouvoir dire qu'il n'a pas non plus la prétention de rivaliser. Bon point: il me paraît accessible à un large public, dont les préadolescents font partie. Envie d'autre chose ? Les films sur le Vietnam sont légion. Les visiteurs garde ma préférence sur le traumatisme de la jeunesse américaine...

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Pour aller plus loin...

Vous avez le choix: la chronique de Lui et/ou les images d'Ideyvonne.

samedi 12 mars 2016

Indissociables ?

J'ai aimé qu'Omar Sy, interrogé par Télérama sur sa vision de l'année dernière en France, ose répondre qu'il serait urgent d'arrêter de faire mention de l'origine des gens quand on dit déjà qu'ils sont Français. J'ai aimé aussi qu'il nous appelle à un travail sur nous-mêmes et dise alors que nous en sommes capables. Ce qui me conduit à Chocolat...

Après trois films tournés à l'étranger, ce tout nouveau long-métrage de l'ex-trublion de Canal+ le replace comme l'une des pièces majeures de l'échiquier cinématographique français. Omar y interprète le clown Chocolat, alias Rafael Padilla, enfant d'esclaves africains exploités dans la colonie espagnole de Cuba. Seuls quelques flashbacks documentent ce passé, mais Chocolat - le film - entre vite dans le vif de son sujet. Nous voilà en France, sous le chapiteau d'un cirque itinérant. Padilla y a pris le nom de Kananga et joue les cannibales pour effrayer les petits et les grands. Sorti de la piste, sa rencontre avec un autre artiste, George Footit, fait de lui le personnage amusant d'un duo comique épatant, bientôt recruté par le directeur d'une grande scène parisienne. D'indissociables amis ? Vous verrez. D'une histoire vraie, légèrement réécrite, il est tiré ici un beau récit de cinéma. Je le dirai tout net: tout m'a semblé être à sa juste place.

Chocolat s'illustre d'abord à mes yeux par de très belles prestations d'acteurs. Je parle au pluriel: si Omar m'a paru très investi et crédible dans la peau d'un personnage complexe, j'ai énormément apprécié que son jeu n'efface pas la grande performance de James Thierrée. C'est un fait: petit-fils de Charles Chaplin, l'intéressé a de qui tenir. Encore faut-il pouvoir assumer ce nom et cet héritage: le comédien fait mieux encore, apportant force et émotion à son personnage tourmenté, jouant aussi sur des numéros... qu'il a lui-même créés. Outre les deux protagonistes principaux, le scénario gagne en densité grâce à toute la troupe - Clotilde Hesme et Olivier Gourmet en tête. La reconstitution de la France de 1900, elle, est tout à fait soignée. J'ai trouvé louable que ce travail fasse écho à des problématiques contemporaines, sans en rajouter - le seul constat est déjà édifiant. J'oublie les quelques petites maladresses: c'est un vrai coup de coeur !

Chocolat
Film français de Roschdy Zem (2016)

J'aime bien Roschy Zem acteur. J'ai l'impression qu'il a progressé aussi derrière la caméra - après Omar m'a tuer, un peu caricatural. J'espère vous motiver à découvrir le parcours du vrai Rafael Padilla. Les quelques libertés prises par le film demeurent acceptables. Maintenant, j'aimerais découvrir un autre long-métrage sur un thème voisin: le (controversé) Vénus noire d'Abdellatif Kechiche. Patience...

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Si vous ne voulez pas attendre, deux solutions...
Vous pouvez lire Gérard Noiriel, historien spécialiste de l'immigration. Son livre, Chocolat, clown nègre, rappelle que Rafael Padilla aura été le premier artiste noir à devenir une vedette de la scène française. Sinon, vous pouvez également faire un p'tit tour chez Dasola et Tina. Pascale en a parlé également, en citant ses "autres films" de février. 

jeudi 10 mars 2016

Le monde des glaces

Je connais peu de moyens de transport aussi évocateurs de l'aventure que le bateau. L'autre samedi, j'ai voulu renouer avec des émotions enfantines en m'embarquant vers Tout en haut du monde. Ce film d'animation m'avait d'abord tapé dans l'oeil grâce à sa jolie affiche. En mouvement, il m'a permis de passer un bon moment. Hissez haut !

Dans la salle, je n'étais pas seul, mais presque: un jeune homme venu avec son père, une grand-mère et ses petits-enfants... nous n'étions que six. Je me suis donc concentré sur l'écran et, en quelques minutes seulement, j'ai oublié l'ambiance de ma ville ensoleillée pour plonger dans le Saint-Pétersbourg pré-hivernal de 1882. La jeune fille unique d'une famille noble m'y attendait, à la veille de son tout premier bal. Mais voilà... plutôt que danser, Sacha préfère rêver de voyages lointains, sur les traces de son grand-père, Oloukine, jamais revenu d'une périlleuse expédition vers le Pôle Nord. Ce qui est assez original dans ce joli film, c'est de transformer une princesse en aventurière. Tout en haut du monde dénote de l'univers de conte de fées propre aux dessins animés à la Disney: c'est assurément tout sauf un défaut.

Autre bon point: la farouche détermination de Sacha nous entraîne vers une destination suffisamment nouvelle pour maintenir l'intérêt du spectateur jusqu'au terme du périple. La petite demoiselle continuera d'avancer quand d'autres hésiteront: c'est un joli message d'espoir et d'ardeur à la tâche à délivrer à une jeune adolescente. L'adulte que je suis, lui, a pris plaisir à ces images joliment animées. Sans forcément atteindre les sommets de ce qui se fait aujourd'hui sur le plan technique, le film sait affirmer sa propre personnalité graphique, ce qui me semble être en soi une réussite. Le côté linéaire du récit bride un peu l'émotion, mais je pense que le jeune public appréciera. Tout en haut du monde nous rappelle aussi que la France est toujours l'un des pays-phares de l'animation. Pourvu que ça dure !

Tout en haut du monde
Film français de Rémi Chayé (2016)

Prix du public lors du dernier Festival d'Annecy, ce sympathique animé est aussi la toute première réalisation de son auteur, sur une idée originale de Claire Paoletti, créditée comme co-scénariste. La presse spécialisée ne lui a également accordé que de très bonnes notes ! Vous pouvez y amener vos minots les yeux... ouverts et leur montrer aussi Le tableau - Rémi Chayé en fut le premier assistant réalisateur.

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Si, après m'avoir lu, vous hésitez encore...

Vous vous laisserez peut-être convaincre par Pascale ou Sentinelle.