lundi 31 octobre 2022

Après l'orage

J'étais chez moi, à Nice, le soir du 14 juillet 2016, quand un camion fou fonça sur la Promenade des Anglais. J'ai déménagé il y a trois ans et m'en souviens encore, mais ne suis ici que pour parler de cinéma. Survenus, eux, le 13 novembre 2015, les derniers attentats parisiens nourrissent désormais plusieurs films. Et Revoir Paris en est un bon !

Une précision: cet opus n'évoque pas dans le détail les divers assauts menés dans les rues parisiennes, au Bataclan et au Stade de France. Nous sommes invités à suivre une victime qui, dans une brasserie, survit à une attaque et, sous le choc, oublie ce qui a pu se passer pour qu'elle échappe à la mort. Virginie Efira incarne cette femme violemment bousculée par le destin et qui cherche à se reconstruire en reconstituant son parcours personnel. Sa singularité en rencontrera d'autres, évidemment, et c'est l'un des intérêts du scénario d'illustrer que chaque individu peut avoir une vision et des réactions différentes face à la plus indicible des tragédies. Il n'y a pas de réelle fausse note dans ce long-métrage sensible et, vu le sujet, je n'ai guère l'intention de pinailler. En revanche, je suis prêt à débattre avec qui le voudra...

J'ai aimé que, né d'une quête et d'une démarche individuelles, le récit s'enrichisse progressivement d'une dimension collective. Les termes d'universalité et de résilience ne semblent pas s'imposer, toutefois. Je considère que c'est mieux ainsi: Revoir Paris n'a qu'une portée limitée, mais je ne pense pas qu'il soutienne un discours politique. Autant écouter les acteurs: en l'occurrence, j'ai notamment été ravi de réentendre Benoît Magimel, à qui, je trouve, la maturité va bien. Côté féminin, j'ai aussi été enchanté de découvrir Maya Sansa, actrice italienne dont j'avais négligé le talent, et j'ai été très touché par Nastya Golubeva Carax, fille de Léos, porteuse d'un regard neuf sur les célèbres Nymphéas de Monnet - que je vous laisse découvrir. D'un point de vue technique, quelques très beaux plans nocturnes remettent notre capitale blessée en lumière(s), en évitant le pathos. La réalisatrice a admis s'être inspirée de ce qui est arrivé à son frère.

Revoir Paris
Film français d'Alice Winocour (2022)

Un long-métrage digne et qui avance lentement vers la vie retrouvée. Serait-ce un message d'espoir ? Peut-être pas, mais un réconfort possible pour qui, comme moi, n'a pas vu le terrorisme de trop près. J'ignore si, un jour, le cinéma s'emparera un jour de la tragédie niçoise et, très franchement, je ne suis pas pressé qu'il le fasse. Amanda reste une belle référence si vous vous intéressez à ce thème.

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Et si vous voulez un autre avis sur le film du jour...

Je vous signale / rappelle que Pascale a d'ores et déjà publié le sien.

samedi 29 octobre 2022

Sur les flots

Je vous ai parlé récemment de mon goût pour les premiers films. J'ajoute aujourd'hui mon intérêt pour les héros récurrents du cinéma et leur première apparition à l'écran. Les exemples sont nombreux ! L'histoire du septième art se nourrit, je crois, de ces personnages mythiques immédiatement identifiés par le public. Et cela continue...

Je le reconnais: c'est l'envie de voir un film d'aventures à l'ancienne qui m'a d'abord guidé vers Sinbad le marin, une petite merveille hollywoodienne inspirée des fameux mythes des Mille et Une Nuits. Dans la tradition indo-persane, le navigateur vivait sept aventures. L'Amérique lui en offre une huitième et l'imagine partir de l'Irak actuel à la recherche du trésor perdu d'Alexandre le Grand. Une expédition évidemment semée d'embuches, un émir et un mystérieux magicien convoitant les mêmes richesses. Et bientôt, une femme - fatale - rejoint le trio masculin sur les flots pour quelques vagues de plus ! Qu'ajouter à cela ? Qu'il vous faudra ne pas vous formaliser de l'aspect vieilli du film pour l'apprécier à sa juste valeur de divertissement vintage. Je suis certain que Douglas Fairbanks Jr. et Maureen O'Hara vous aideront, de même que Anthony Quinn en méchant enturbanné. Le Technicolor désormais délavé ajoute au charme de cet opus totalement tourné dans les studios de la RKO, maison de production disparue en 1959. NB: j'ai quelques autres de ses films sous la main...

Sinbad le marin
(ou Sindbad le marin)
Film américain de Richard Wallace (1947)

D'animation ou en images réelles, il existerait une vingtaine de films avec Sinbad pour personnage principal - et quelques autres en prime où il est un protagoniste secondaire. Celui-là n'aura en fait manqué que de monstres marins pour que je lui attribue quatre étoiles pleines. Aux amateurs du genre, je conseille Le voleur de Bagdad. Dans un style assez proche, maintenez le cap vers Le corsaire rouge !

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Une seule image dans ma chronique, mais...

Si vous voulez en voir davantage, il vous suffira de suivre Ideyvonne.

jeudi 27 octobre 2022

Sa vie

Cela pourrait vous étonner, mais c'est un fait: c'est après avoir lu quelques critiques négatives que j'ai choisi d'aller voir le biopic consacré à Simone Veil, Simone - Le voyage du siècle. Cinq ans après la disparition de l'ancienne femme politique, le long-métrage nous rappelle d'abord son combat pour la légalisation de l'avortement.

Bonne idée ? Oui, je le crois. C'est sans doute pour ce vote favorable conquis de haute lutte en janvier 1975 comme ministre de la Santé que Simone Veil est le mieux connue. Le film sorti il y a quinze jours la présente aussi longuement comme une rescapée des camps nazis. Face à ces deux situations, j'étais pour ainsi dire "en terrain connu". Mais le récit m'a également appris certaines choses: la leçon d'histoire n'est jamais été laborieuse, même s'il m'a semblé qu'elle évitait soigneusement les quelques rares zones d'ombre du personnage réel. Bon... ce n'est pas très grave. Je me suis senti (un peu) moins à l'aise devant les scènes d'émotion, parfois trop larmoyantes à mon goût. C'est paradoxal, car j'ai été intéressé à découvrir les failles intimes de la jeune Simone Veil, fragile et néanmoins décidée à vivre SA vie !

Le film n'est pas sans défaut et n'évite pas toujours le pathos. L'interprétation sans faille de Rebecca Marder m'a permis de focaliser sur autre chose que les quelques excès de sensiblerie du scénario. Précision importante - mais sans spoiler: l'actrice joue Simone Veil dans ses jeunes années (de 1945 à 1962 environ). Elsa Zylberstein endosse quant à elle le costume de la femme mûre: son maquillage grossier est l'une des grosses faiblesses techniques du long-métrage. Heureusement, le scénario ne déroule pas les événements dans l'ordre chronologique: oui, j'ai vraiment beaucoup apprécié ce montage audacieux. Et bien sûr, il y a
le fond du propos, à mes yeux suffisant pour justifier qu'un tel film ait été tourné: il est certaines mémoires qu'il ne faut pas laisser s'éteindre. Simone - Le voyage du siècle présente d'importants défauts, mais je pense que c'est un témoignage important pour la France d'aujourd'hui. Et, a fortiori, celle de demain.

Simone - Le voyage du siècle
Film français d'Olivier Dahan (2022)

Après être sorti du cinéma, j'ai envie désormais de lire Simone Veil. Ou au moins d'en apprendre davantage sur son parcours. Bon signe ! C'est donc un bilan - globalement - positif que je tire de ma séance. Cela dit, je reviendrai volontiers sur le sujet en voyant ou revoyant d'autres films: La liste de Schindler est le premier auquel je pense. Sur ce blog, j'ai déjà évoqué Le pianiste et La vie est belle. À suivre.

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Et pour compléter mon avis...

Vous pourriez lire celui de Pascale... nettement moins enthousiaste.

lundi 24 octobre 2022

L'histoire en marche

Je fonde une partie de mon idéal républicain sur les principes définis par l'article 1 de la Déclaration des droits de l'Homme et du Citoyen. Adopté le 26 août 1789, ce texte fondateur énonce: "Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l'utilité commune". Bien dit.

C'est avec ces mots à l'esprit que j'ai regardé Un peuple et son roi. Ce film d'envergure ramène notre regard sur la Révolution française depuis la prise de la Bastille (14 juillet 1789) jusqu'à la condamnation à mort et l'exécution du roi Louis XVI (21 janvier 1793). L'originalité principale tient au fait qu'il concentre l'essentiel de sa rétrospective historique à l'observation des hommes et femmes de Paris, acteurs des événements révolutionnaires, mais à qui les droits nouveaux n'ont été octroyés que très progressivement. Avoir des connaissances sur le fond n'est peut-être pas un luxe pour bien suivre le scénario. Personnellement, j'ai vraiment aimé que le film ne soit pas didactique comme le serait un livre ou une page Wikipédia, mais je comprends que certains puissent reprocher au récit d'être un peu abscons parfois. Le réalisateur a visiblement fait d'importantes recherches avant de tourner. Et j'ai ainsi appris pas mal de choses intéressantes. Un simple exemple: la forte présence des femmes dans la Révolution.

D'aucuns ont reproché au film de sombrer dans la pure illustration. Pour certains, il ne tiendrait debout que grâce au concours d'actrices et d'acteurs de premier rang, un peu trop visibles pour être honnêtes. Mouais... moi, j'ai bien aimé les voir en costumes populaires d'époque, Adèle Haenel, Izïa Higelin, Laurent Lafitte, Denis Lavant, Céline Salette, Olivier Gourmet, Noémie Lvovsky et Louis Garrel. Impossible, par ailleurs, de ne pas être touché par l'apparition solaire du regretté Gaspard Ulliel ! Je n'ai pas eu l'impression que ces stars étaient simplement venues pour cachetonner, bien au contraire. J'admets qu'Un peuple et son roi est un film propre, à l'imagerie soignée. Peut-être que Paris n'était pas aussi beau, au 18ème siècle. Sans doute aussi que la vie était toute différente hors de la capitale et qu'on peut juger regrettable que le long-métrage fasse l'impasse sur cet aspect des choses. Mais bon... le film que j'ai vu a de l'allure. Très sincèrement, j'ai plutôt envie de défendre ce cinéma ambitieux !

Un peuple et son roi
Film français de Pierre Schoeller (2018)

Quatre étoiles pleines d'enthousiasme: je ne souhaite pas chipoter. J'ignore si je pourrai voir d'autres films sur la Révolution française dans le futur, mais je "rattraperai" le Danton d'Andrzej Wajda (1983). Avant cela, parmi d'autres, il y a deux films que je vous conseillerai pour un décalage sur cette thématique: Les adieux à la reine, placé dans les coulisses de la monarchie, et Lady Oscar, à la sauce manga !

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D'autres avis sur la blogosphère ?

Oui: je vous inviterai donc à lire aussi ceux de Pascale, Dasola et Lui.

samedi 22 octobre 2022

Jean-Luc

Une mini-chronique aujourd'hui pour reparler de Jean-Luc Godard. Prétendre que je porte le deuil du cinéaste disparu le 13 septembre serait mentir. Depuis maintenant quelques jours, je ressens toutefois une forme de regain d'intérêt - qui, de fait, me surprend moi-même. Étudiant, je me souviens que je me moquais d'un copain de promo fasciné par le sieur JLG et c'est comme si j'avais fait volte-face. Pierrot le fou reste un jalon important de ma cinéphilie "en germe". Sans doute faudrait-il que je me décide à voir À bout de souffle ! Cette semaine, j'ai acheté le dernier numéro de Cahiers du cinéma pour lire l'hommage que le journal a rendu à son ancien collaborateur. Ce billet est aussi une invitation à en rediscuter avec qui le voudra. Je ne porte pas le deuil, non. Mais Godard m'apparaît irremplaçable...

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Pour aller plus loin dès aujourd'hui...

Je conseille également les (beaux) textes de Pascale et Princécranoir.

jeudi 20 octobre 2022

Il était une femme...

Maria est introvertie, maladroite et femme de ménage. Elle travaille à l'École des Beaux-Arts et semble plutôt appréciée des étudiants. Certains profs lui font sentir qu'elle vit dans un monde différent. Maria s'en sort, malgré tout, et sympathise avec Hubert, le gardien. Cette petite histoire fragile, c'est celle de Maria rêve - film délicat...

Dans le rôle principal, Karin Viard joue un peu à contre-emploi: à l'aise et convaincante, elle démontre que son talent est intact et continue d'assurer une belle présence à l'écran. Je ne pense pas que cela puisse suffire à ce que le film soit un triomphe, mais ce n'est pas grave. Maria rêve tient de la bulle de savon, éphémère et jolie à la fois. Quelques clichés, sans doute, mais quelques très beaux moments aussi pour relever la sauce (dont un baiser "virtuel", à découvrir !). Franchement rien d'incontournable, mais une séance cinéma à la cool.

Vous y retrouverez aussi Grégory Gadebois, un acteur bien plus fin que son physique de gros nounours ne le laisse supposer. Un rôle secondaire a également été confiée à Noée Abita, moins en vue ici que dans d'autres productions, mais qui tient son rang dignement. Même constat pour Philippe Uchan, qu'on voit peu mais qui se montre très juste dans un rôle plutôt ingrat. Maria rêve est un film artisanal porté par des comédiens investis, qui rendent leurs personnages attachants - alors qu'en d'autres mains, ils pourraient être mièvres. Bilan globalement positif, donc, même s'il manque peut-être un peu d'audace dans le scénario. Sa douceur, elle, m'a été plutôt agréable...

Maria rêve
Film français de Lauriane Escaffre et Yvo Muller (2022)

Je reçois ce film écrit par un duo sans trop me poser de questions existentielles sur les origines de son inspiration. Ce cinéma tendre peut, je le crains, déplaire à certains... mais je ferai avec, ma foi ! Maintenant, Karin Viard en femme "simple" m'a paru plus touchante dans Lulu femme nue. Et je me souviens tardivement qu'elle jouait déjà une femme de ménage dans Ma part du gâteau. Comme quoi...

mardi 18 octobre 2022

Une nouvelle vie ?

J'ai mis du temps à apprécier le jeu de Laurent Lafitte. Son faux air de Michel Leeb rajeuni m'a longtemps empêché de prendre son travail au sérieux - même quand il s'est bien détaché des rôles comiques. Heureusement, cela a changé: j'apprécie désormais le registre étendu d'un acteur (très) subtil. Résultat: c'est pour lui que j'ai regardé K.O. !

Antoine Leconte est l'odieux directeur d'antenne d'une chaîné télé. Après une altercation verbale avec l'un de ses salariés, il découvre que sa femme a écrit un roman dont il est le personnage principal. L'image que le manuscrit renvoie lui est insupportable: il le confisque et cherche à contacter son avocat pour empêcher toute publication. Vous l'aurez compris: c'est à un sale type que le scénario de K.O. cherche à nous intéresser. C'est alors qu'un premier rebondissement narratif rebat les cartes et, soudain, fait totalement basculer la vie de ce pseudo-héros. Un petit conseil à ce stade: si les explications rationnelles vous sont indispensables, accrochez-vous aux branches ! Jusqu'à la dernière image et jusqu'au dernier son, le mystère du film reste solide et les événements s'enchaînent de manière imprévisible. Vous finirez sans doute par douter de la réalité de ce que vous voyez. Personnellement, j'ai bien aimé me faire balader. Question de goût...

K.O.
Film français de Fabrice Gobert (2017)

Simon Werner a disparu... - le premier film du cinéaste - demeure moins convaincant à mes yeux, mais je surveillerai le prochain ! Cette fois, pas de bémol: ce long suspense m'a plu jusqu'au générique final. Laurent Lafitte est si doué que c'est assez facile de le "suivre". Je vous conseille vivement de le retrouver dans L'heure de la sortie. Par séquences, mon film du jour m'a aussi rappelé à Shutter Island...

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Une précision...
Je n'ai pas parlé du reste de la troupe réunie à l'écran: un casting intéressant avec Chiara Mastroianni, Zita Hanrot et Clotilde Hesme côté féminin, Pio Marmaï et Jean-Charles Clichet chez les hommes. Une combinaison efficace qui fait preuve d'une jolie complémentarité.

Un succès mitigé, mais...
J'ai quand même pu trouver un avis de Pascale parmi ses chroniques.

lundi 17 octobre 2022

Les premiers

Je n'en ai peut-être pas laissé l'impression samedi avec ma chronique consacrée au premier film de Costa-Gavras, mais j'ai un intérêt sincère pour les premières fois au cinéma. Celles des réalisateurs m'attirent particulièrement: certaines donnent déjà une (petite) idée de ce qui suivra et d'autres font figure de "simple" exercice de style...

D'autres encore s'avèrent fascinantes parce qu'elles restent uniques. J'y réfléchis souvent et je pense qu'un jour, j'ajouterai une mention dans mon index des réalisateurs pour signaler les oeuvres premières. Toutes ne se ressemblent pas, bien sûr, et c'est leur intérêt aussi. Certaines sortent du lot ! Je vous rappelle que le Festival de Cannes décerne chaque année une Caméra d'or à un(e) cinéaste débutant. Remonter le fil du temps permet ainsi de découvrir de jolies choses comme Murina, Nuestras madres, La terre et l'ombre, Ilo Ilo, etc...

Chaque année, des villes aussi diverses qu'Angers et Annonay accueillent des événements cinéma dédiés aux tous premiers films. Bonus: ces manifestations nous ouvrent également sur le monde. J'aime croire que c'est important, en constatant qu'à l'heure où j'écris ces lignes, les films non-américains et non-français les plus appréciés de notre box-office 2022 sont aux 21ème, 37ème et 42ème rangs. Bref... c'est un autre sujet. Il me faudrait prendre davantage de recul avant de parler d'un désintérêt du public pour les débuts de carrière. Après ce premier jour de la semaine, je suppose que j'y reviendrai ! Mais avant cela, j'aurai sûrement d'autres premiers films à évoquer...

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Je vous laisse sans trop de repères...

Si vous aviez un top des premiers films à me proposer, n'hésitez pas !

samedi 15 octobre 2022

Sans entrain

Ma mère a aussitôt reconnu Jacques Perrin sur la photo. L'acteur avait 24 ans et une grosse quinzaine de longs-métrages derrière lui lorsqu'il joua dans Compartiment tueurs, le premier Costa-Gavras. Quelques années plus tard, il fut aussi le coproducteur de trois opus du cinéaste franco-grec. Une amitié que je n'aurais pas soupçonnée...

C'est amusant de parler de "soupçons" au moment de parler d'un film policier. Compartiment tueurs est l'adaptation d'un roman (éponyme) signé de l'un des maîtres du genre en France: Sébastien Japrisot. Autant le dire: j'ai souvent apprécié les oeuvres cinématographiques tirées des romans de cet écrivain - que j'ai peu lu, pour l'instant. Déception: le film dont je vous parle aujourd'hui ne m'a pas emballé. L'histoire, pourtant, avait démarré sur de bons rails: l'assassinat d'une femme à bord d'un train-couchettes entre Marseille et Paris promettait son lot de mystère et de frissons. Las ! Je n'ai rien vu d'excitant dans cette intrigue. Bon... heureusement, la mise en scène sauve l'affaire: le débutant derrière la caméra est loin d'être manchot. Classieux, son noir et blanc est encore sublimé par une troupe d'actrices et d'acteurs de haut vol: Simone Signoret, Yves Montand, Catherine Allégret et Claude Mann, Pierre Mondy, Michel Piccoli, Charles Denner, Jean-Louis Trintignant... et je suis sûr d'en oublier. Ce casting en or massif est l'une des bonnes raisons pour voir le film !

Compartiment tueurs
Film français de Konstantinos Costa-Gavras (1965)

Bilan (très) mitigé: j'aurais aimé mieux aimer, mais sans y parvenir. Ouille ! J'ai l'impression d'être passé à côté d'un grand classique ! Sortis eux aussi dans les années 60, des films comme Le 7ème juré ou Classe tous risques me conviennent davantage, mais je trouve que ma comparaison reste très hasardeuse. Pour un suspense intégral et une histoire de train, je suggère Symphonie pour un massacre...

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Pour finir, je laisse la parole à la défense...

"L'oeil sur l'écran" a dit du bien du film du jour. Et Dasola également !

jeudi 13 octobre 2022

Action girls

Seuls quelques jours ont passé depuis que j'ai vu Charlie's angels. Problème: j'ai déjà presque tout oublié. Ce film inspiré de la série éponyme (Drôles de dames en VF) donne de nouveaux - jolis - visages aux héroïnes, mais ne propose rien de résolument nouveau au rayon des blockbusters. Abordons-le alors tel un popcorn movie. Un de plus !

Actrice-réalisatrice-scénariste, Elizabeth Banks a certes eu une idée inspirée: celle de faire appel à Miss Kristen Stewart pour être la tête d'affiche de son trio, avec Naomi Scott et Ella Balinska (inconnues ?). Le reste est vraiment ordinaire, même si ce ne sont pas les hommes qui s'en sortent le mieux, pour une fois. On suit les pérégrinations internationales de femmes censées mettre un terme aux activités criminelles d'un sale type: celui-ci a mis la main sur une technologie innovante dans le domaine de l'énergie, qui s'avère très dangereuse et donc menaçante entre ses mauvaises mains. Ça va pétarader sec. Amateurs de films d'action, Charlie's angels saura vous en donner pour votre argent. Si la froideur de son accueil critique vous rebute malgré tout, je crois que vous pouvez passer votre tour. Sans regret !

Charlie's angels
Film américain d'Elizabeth Banks (2019)

Un aveu pour finir: je crois bien n'avoir jamais regardé la série originelle. Je suis donc mal placé pour dire si le film la respecte. Qu'importe: ce que j'ai vu m'a vidé les neurones, sans enthousiasme véritable. Pour l'action un peu geek, mieux vaudrait un Tomb raider ! Là, on ne s'ennuie pas, mais on plafonne au niveau de Ocean's 8. Sans jamais oublier que d'autres avaient déjà un Charlie's angels 2...

lundi 10 octobre 2022

Tout sauf une mère

Rakel, 23 ans, aimerait devenir astronaute, dessinatrice ou garde forestière. Un jour, cette jeune Norvégienne découvre cependant qu'elle est enceinte de six mois. Pour elle, c'est une pure catastrophe. Et pour moi, spectateur de cinéma, un possible argument de comédie. Me restait donc à aller en salle vérifier cet a priori (très) favorable...

Bilan: Ninjababy est un bon film, mais... ce n'est pas une comédie. Pas seulement, disons: si certaines séquences prêtent à (sou)rire devant les multiples déconvenues de son héroïne, le scénario s'avère d'une richesse d'abord insoupçonnée et joue sur d'autres registres sensibles que celui du seul rire. Il le fait grâce à une jolie galerie d'épatants personnages, au premier rang desquels je cite volontiers celui du futur bébé de Rakel, présent sous forme de dessins animés. Ses interventions sont parfois drôles, mais plus souvent touchantes. Rassurez-vous: l'idée n'est pas de fustiger les femmes sans désir d'enfant, mais d'évoquer la parentalité sous ses diverses facettes. Point important: jamais les hommes ne sont vraiment laissés de côté. On en découvre deux dans le récit, vraiment différents l'un de l'autre !

J'avais déjà vu huit films norvégiens avant celui-là et c'est également pour sa nationalité "exotique" que je me suis intéressé à Ninjababy. Vous pourrez aussi noter qu'il a été réalisé par une femme. J'ajoute que j'ai été épaté par la prestation tout à fait inspirée de l'actrice principale, Kristine Kujath Thorp, que j'ai découverte à l'occasion. Même si ses partenaires de jeu ne déméritent pas, j'ai envie de dire que, parfaitement juste, elle porte le long-métrage sur ses épaules. Attendez-vous à être surpris - et séduits - par sa belle interprétation ! Tout cela est-il un pamphlet féministe ? Je ne crois pas, à vrai dire. C'est précisément ce que j'ai apprécié: nous restons tout à fait libres de nos jugements, portés sur Rakel et/ou sur les autres protagonistes de cette curieuse histoire contemporaine. Pour ma part, mon opinion finale serait plutôt bienveillante à l'égard de tous, filles et garçons. Pourquoi ? Je vous laisserai voir le film avant de peut-être le révéler !

Ninjababy
Film norvégien de Yngvild Sve Flikke (2021)

Un film que je n'avais pas vu arriver - et c'est une bonne surprise ! J'insiste pour souligner la bonne qualité d'ensemble de la distribution. En comparaison, le thème de la mère "malgré elle" est traité de façon franchement plus angoissante dans We need to talk about Kevin. Toujours sur ce même sujet, Le refuge ne m'aura guère laissé aujourd'hui qu'un souvenir flou. Autant revoir Le premier cri, donc...

samedi 8 octobre 2022

Isolée

J'ai voulu voir L'île de Nim pour Jodie Foster. Ce film - pour enfants - n'a connu qu'un succès mitigé en France: 546.734 entrées en salles. Abigail Breslin y jouait déjà, à douze ans, son onzième rôle. Objectivement, dans ce long-métrage, c'est elle qui tient la vedette. Et j'imagine que c'est sur elle que l'attention des bambins doit porter !

Nim vit seule avec son père sur une île déserte. Elle compte des amis parmi les animaux des environs: un pélican, une otarie, un iguane. Quand le paternel ne revient pas d'une mission scientifique, la gamine s'en sort en appelant au secours le héros de ses livres d'aventure préférés. Surprise: si Alex Rider débarque, ce n'est pas le clone d'Indiana Jones espéré, mais la romancière introvertie qui l'a inventé. Bref... j'en ai déjà révélé beaucoup et préfère donc rester silencieux sur le reste, histoire de vous laisser quelques (petites) surprises. L'idéal serait une séance avec des kids qui auraient l'âge de l'héroïne. Moi ? J'ai vu le film avec ma mère. Sans emballement. Sans déplaisir !

L'île de Nim
Film américain de Jennifer Flackett et Mark Levin (2008)

Trois étoiles pour moi et une demie supplémentaire pour tenir compte du fait que je ne fais vraisemblablement pas partie du public-cible. Toujours en nuances, je salue la qualité graphique... des génériques et déplore certains effets spéciaux un peu bof sur le plan technique. L'aspect insulaire de la chose reste anecdotique: c'est bien dommage. Ma môman a vu un parallèle avec Les Goonies ! Là, j'avoue: je sèche.

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Surprise: un de mes blogs-références évoque le film...

Je veux parler de celui de Pascale (qui vous en dira beaucoup de mal).

mercredi 5 octobre 2022

Un grand flou

Éloïse se réveille sur un banc parisien. S'aperçoit qu'elle a pleuré. Comprend qu'elle a oublié tout le reste - le lieu où elle vit, son boulot, ses ami(e)s, ses parents... et moi aussi, j'en oublie sûrement. Question existentielle: comment se reconstruire à partir du vide ? C'est la question de La page blanche, un joli petit film sorti fin août !

Adaptation libre d'une BD du duo Pénélope Bagieu / Boulet, cet opus cinématographique met en vedette Sara Giraudeau dans un rôle taillé pour elle: celui d'une jeune femme fragile et même un peu éthérée. Somme toute, c'est logique: même si je pense que quelques souvenirs ne sont pas vraiment indispensables, perdre totalement la mémoire n'apparaît pas de prime abord comme une bénédiction. Le combat d'Éloïse pour se redécouvrir me semble aussi légitime que difficile. Conséquence: je suis vite entré en empathie avec ce personnage. Petit à petit, il retisse le fil de sa vie d'avant l'oubli et aborde dès lors les autres sous un angle nouveau, ce qui permet aux acteurs d'exprimer une gamme complexe de sentiments - et mention spéciale aux meilleurs, Grégoire Ludig, Pierre Deladonchamps et Sarah Suco. La page blanche patine un peu, parfois, mais évite le côté lourdingue que d'autres films de ce genre peuvent avoir. Ce qui est déjà louable !
 
La page blanche
Film français de Murielle Magellan (2022)

Quatre étoiles pour ce film attachant et ses acteurs très impliqués. C'est beaucoup, sans doute, mais cela reflète mon petit coup de coeur pour cette histoire tendre qui ne sombre jamais dans le gnangnan. Avec quel autre long-métrage comparer celui-là ? J'hésite, en fait. Amorosa Soledad, peut-être: je m'en souviens trop peu pour être sûr. Sur la mémoire qui s'en va, je recommande Si je t'oublie... je t'aime.

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Si vous voulez en rester au film du jour...

Il vous est toujours possible de vous fier à la chronique de Pascale. Apparemment, parmi mes blogs de référence, seul le sien en a parlé.

lundi 3 octobre 2022

Largués

Trois vieux Italiens ne touchent qu'une petite retraite et se disent qu'ils vivraient plus confortablement dans un autre pays (lointain). Reste à trouver celui qui conviendrait... et ce n'est pas si facile ! Comique et mélancolique, Citoyens du monde évite la touche dramatique - qui lui aurait sûrement donné une toute autre tonalité...

Sans m'interdire d'être ému, j'ai plutôt souri devant les pérégrinations romaines de ces presque-papys. Les moyens déployés pour le film apparaissent assez limités comparés à ceux d'autres productions européennes du même acabit. Cela ne n'empêche pas le plaisir ! Même sans envergure folle, Citoyens du monde reste un film agréable. Les comédiens sont un peu cabotins, mais juste ce qu'il faut pour être crédibles dans le costume de ces messieurs un peu largués. Un peu rêveurs aussi, dirais-je. Ce qui me les a rendus sympathiques.
 
Citoyens du monde
Film italien de Gianni Di Gregorio (2019)

Cela faisait déjà un moment que je voulais découvrir l'un des films imaginés par ce cinéaste-acteur, sans doute mieux connu chez lui qu'en France (NB: j'en ai un autre à disposition, qui attend son tour). Cet opus chroniqué aujourd'hui est léger, mais sans prétention véritable d'être autre chose qu'un divertissement. Je vous laisse revenir vers Nanni Moretti (Mia madre, Tre piani...) pour le sérieux !

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Je termine cette courte chronique avec un lien...

Cela me permet de signaler que Dasola, elle aussi, avait aimé le film.