mercredi 30 août 2023

Créatures féroces

J'emprunte à un film le titre de cette chronique (cf. index général) pour vous proposer d'en découvrir non pas un, mais deux autres aujourd'hui - deux popcorn movies avec un animal dangereux dedans ! Une bonne façon d'explorer le cinéma de genre, même si ces opus n'apportent rien de très original à ma connaissance du septième art...

The pool
Film thaïlandais de Bing Lumpraloeng (2018)

Jusqu'à présent, mon rapport avec le cinéma de ce lointain pays d'Asie reste très limité. Deux autres longs-métrages de cette nationalité figurent simplement sur ma liste: des films d'auteur, assez "pointus". Cette fois, je me suis retrouvé devant un vrai film d'exploitation. Problème: il aurait tout aussi bien pu être produit aux États-Unis. L'histoire ? Day, un jeune type qui bosse dans la pub, a pour mission de veiller au nettoyage d'une piscine utilisée au cours d'un tournage. Resté seul au bord de l'eau et fatigué, il s'octroie d'abord une sieste sur un matelas gonflable. Oui, mais... quand il se réveille, le niveau du bassin est plus faible et, bientôt au fond, il ne peut plus en sortir. Tout se compliquera encore avec l'apparition soudaine d'un crocodile ! Résultat: un récit tout à fait rocambolesque, avec quelques apartés fleur bleue portés par un personnage féminin exagérément sensible. Autant voir Enzo le croco et son histoire certes naïve, mais sympa...


Les dents de la mer, 2e partie
Film américain de Jeannot Swarc (1978)

Avec ce film, me voilà dans des eaux que je connais bien mieux. Franchement, je ne l'avais pas prévu ! J'imagine qu'un algorithme malicieux aura bien analysé mes intérêts geek pour ensuite venir poser sous mon nez une chronique relativement modérée sur ce bout de cinéma. Jusqu'alors, j'avais souvent vu cette suite du classique spielbergien - présent sur ce blog - présentée sous un mauvais jour. Je me suis donc dit: allez, pourquoi ne pas m'y frotter quand même ? J'ai donc retrouvé le regretté Roy Scheider dans la peau du shérif d'Amity, petite station balnéaire à nouveau confrontée à une attaque de requin. Je vous passe les détails: ils sont peu surprenants. Inutile également que je parle de la production (compliquée) de cet opus malaimé: je n'ai nullement l'intention de lui chercher des excuses. Honnêtement, le premier se suffit à lui-même, mais cet épisode 2 reste un divertissement honorable. Et mis en scène par un Frenchie. Avec en prime la musique de John Williams, on s'y retrouve, en fait. Et les volets 3 et 4 de la saga ? Eux, je n'ai pas prévu de les regarder !

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Une mini-conclusion, maintenant...

J'ai failli enchaîner avec le Piranhas d'Alexandre Aja, sorti en 2010. Finalement, je ne trouve pas indispensable de le voir rapidement. J'imagine un tout autre film pour commencer le mois de septembre. Mais on peut bien reparler de sales bêtes en section commentaires...

lundi 28 août 2023

Les cabossés

J'ai tenu à compter: au total, j'ai vu une bonne trentaine des films avec Benoît Poelvoorde. Bon... j'ai désormais un autre acteur belge préféré, mais le natif de Namur fait partie de ceux qui me font dire que nos voisins francophones ont "un truc en plus". Mon admiration demeure pour son double talent, comique ET dramatique. Respect(s) !

Je ne peux pas vous affirmer que je serais allé voir Sur la branche sans Benoît Poelvoorde au générique. Il me faut confier cependant que j'y ai d'abord croisé une actrice belgo-grecque: Daphné Patakia. Placée au centre du récit, elle interprète Mimi, une trentenaire fragile parce qu'assez isolée et tout juste sortie d'un hôpital psychiatrique. Cette héroïne très improbable ne se rend pas au stage d'insertion professionnelle que sa thérapeute a trouvé pour elle: elle entend voler de ses propres ailes et postule pour devenir l'assistante d'une avocate en mal d'argent (incarnée, elle, par la toujours juste Agnès Jaoui). C'est dans ces circonstances qu'elle rencontrera bientôt un juriste encore plus paumé et un drôle de type placé en détention provisoire. Je vous passe les détails: tous les personnages sont un peu cabossés. Évidemment, c'est justement cette fragilité qui les rend touchants. Annoncé comme une comédie, le film s'avère un rien plus complexe...

Aux amoureux des acteurs, je signale au passage la courte présence de Raphaël Quenard - celui que le landerneau du cinéma français semble s'arracher depuis l'an passé (il a joué dans douze films !). Maintenant, mon verdict: Sur la branche m'a légèrement déçu. J'attendais davantage de fantaisie dans le récit, mais mon impression générale reste mitigée, malgré la découverte de beaux personnages. Un point franchement positif: j'ai senti une liberté dans l'écriture. "J’aime ces films qui fabriquent de la comédie avec la petite cruauté de la vie et des autres, qui magnifient des personnages aux destins pâles, tout ça dans un écrin hyper simple mais finalement théâtral, car irréel", a souligné la réalisatrice-coscénariste dans une interview. Certain(e)s d'entre vous trouveront sans aucun doute son film réussi. J'ai bien aimé sa conclusion, qui me semble en fait porteuse d'espoirs pour celles et ceux qui se sentent abîmés sans trop savoir pourquoi. D'où ma note moins sévère que mes mots, afin de vous donner envie de vous faire votre propre opinion. C'est la bonne attitude à adopter !

Sur la branche
Film franco-belge de Marie Garel-Weiss (2023)

Trois étoiles pour le film et un petit bonus lumineux pour la troupe. Car, oui, l'ensemble a pour lui une certaine originalité: un bon point. J'en espérais peut-être trop et par exemple un ton à la Salvadori comme j'ai aimé autrefois (Cible émouvante, Dans la cour, etc.). J'imagine qu'en visant moins haut, on passera un moment agréable. Comme dans les sillages d'Eldorado, Mobile home ou En roue libre...

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Serais-je passé à côté de quelque chose ?

Hum... j'ai l'impression en tout cas que Pascale a mieux aimé le film.

samedi 26 août 2023

Doubles visages

Corbucci, Leone et... Sollima: né avant les deux autres, mais lancé dans sa carrière de réalisateur un peu après eux, le troisième Sergio du western italien n'a pas nécessairement acquis la même notoriété. C'est toutefois en confiance - et sur la foi de critiques élogieuses - que j'ai regardé Le dernier face à face. Et c'était un choix judicieux !
 
La Nouvelle-Angleterre est une région du nord-est des États-Unis. Grande comme un tiers de la France métropolitaine, elle a Boston pour ville principale - NB: c'est aussi la capitale du Massachusetts. Quand le film commence, Brett Fletcher, un professeur d'université respecté, quitte son poste pour partir soigner sa maladie respiratoire au Texas, sous des températures supposément plus favorables. Problème: au Sud, les moeurs de la population sont bien différentes. Fletcher s'en apercevra vite quand il délivrera une leçon d'humanisme à un shérif des environs, avant d'être... pris en otage par le bandit que ce dernier rudoyait. Désormais, attention: Le dernier face à face du titre n'est pas forcément celui que vous avez pu vous imaginer. Rapidement, victime et bourreau se moquent de leurs différences supposées, au point même de fraterniser. La suite vaut le détour ! Vraiment, il serait dommage de limiter cet opus au côté "spaghetti"...

Souvent lié à des producteurs espagnols, les trois cinéastes italiens que j'évoquais en tout début de chronique ont su revisiter un genre des plus codifiés et livrer de l'Ouest leur propre vision, plus mordante. Inutile d'attendre que les personnages soient des modèles de vertu ! Dans Le dernier face à face comme dans plusieurs autres westerns nés en Europe, les considérations morales sont de fait mises de côté. Les rôles peuvent alors s'inverser: le bon devient une brute et la brute fait le chemin inverse, sans renier pour autant ses valeurs de truand. Tout cela exige peut-être de ne réserver le film qu'à un public averti. Pour autant, je trouve le propos intéressant et propice aux débats. "La violence individuelle, c'est un crime. La violence de masse, c’est l’Histoire", juge un personnage, comme pour justifier son attitude ambigüe, à rebours de l'héroïsme classique des cow-boys américains. Évidemment, à l'époque de la sortie du film, ce type de discours devait en décoiffer plus d'un - alors même qu'il fait sens de nos jours. Je vous laisse y réfléchir tout en savourant la B.O. d'Ennio Morricone !

Le dernier face à face
Film hispano-italien de Sergio Sollima (1967)

Un beau voyage avec deux des grandes têtes d'affiche de ce cinéma transalpin: les charismatiques Tomás Milián et Gian Maria Volontè. Vous avez aimé le premier ? Il régale dans Colorado (sorti en 1966). Le second, lui, était le bad guy de Et pour quelques dollars de plus. El mercenario et Le grand silence pourraient vous plaire également. Ainsi que Mon nom est personne, à la fois hommage et conclusion...

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Deux choses à savoir encore...
Aïe ! Le film circule parfois sous un titre Il était une fois en Arizona. Jadis charcuté lors du montage, il a récemment retrouvé un format plus complet (1h50 environ) et jugé proche des intentions de Sollima. 

Une autre chronique ?
Oui: j'en ai repéré une, encore récente, du côté de "L'oeil sur l'écran".

Et enfin, pour marquer le coup...
Salutations à l'ami Vincent, grand défenseur des westerns européens !

jeudi 24 août 2023

En guerre

Les deux dernières semaines du mois de juillet ont été les plus fastes en ventes pour les cinémas en France depuis le début de l'année 2023. C'est le 1er août que je suis allé voir Oppenheimer, l'un des films capables, d'après certains commentateurs, de fédérer un large public. Avec 2,1 millions d'entrées sur la période, il a connu de bons débuts...

J'admets que je me méfiais un peu à l'idée de passer trois heures enfermé devant un film de Christopher Nolan. Il est certes indéniable que le cinéaste américain a du talent, mais je trouve son travail beaucoup trop pompeux, parfois, pour me convaincre pleinement. Bon... en l'espèce, je peux admettre que le sujet l'imposait (presque). Il me semble en effet particulièrement difficile d'être sur la retenue pour dresser le portrait de Robert Oppenheimer, physicien de génie que les historiens présentent comme le "père de la bombe atomique". Avis aux éventuels connaisseurs: c'est dans Russians, une chanson engagée de Sting, que j'ai entendu son nom pour la première fois. Une bonne trentaine d'années plus tard, c'est avec un plaisir sincère que j'ai appris énormément de choses sur cet éminent scientifique. Sans suivre strictement le fil chronologique, le scénario nous rappelle qu'il fut d'abord choisi pour fabriquer une arme surpuissante capable de prendre de vitesse les ingénieurs nazis. Après la défaite du Reich allemand, c'est le Japon qui fut finalement ciblé, les 6 et 9 août 1945.

Hiroshima et Nagasaki: aujourd'hui, le nom des deux villes martyres reste gravé dans les mémoires comme le symbole de ce que la guerre a de pire. Je ne suis pas cependant convaincu que l'objectif du film soit d'affirmer un propos pacifiste. Reste que je suis resté atterré devant le destin d'un homme missionné pour mettre ses compétences au service de son pays, engagé dans une bataille bien plus "coûteuse" que prévu... et qui sera ensuite cloué au pilori, sitôt la paix revenue. En cela et malgré son manichéisme, Oppenheimer est un grand film politique. Sa distribution est impeccable de talent: Cillian Murphy brille dans le rôle-titre et, quand c'est nécessaire, il est bien secondé par de très bons partenaires - je cite Robert Downey Jr., Emily Blunt et Matt Damon, mais il y en a (beaucoup) d'autres plutôt intéressants. Grâce à ce casting, les dialogues sont riches et exigent une attention soutenue, a fortiori si, comme je l'ai fait, vous avez opté pour la VO. Sur le plan visuel, je retiens également quelques scènes remarquables d'intensité. Elles ont bien entendu été taillées pour les écrans géants !

Oppenheimer
Film américain de Christopher Nolan (2023)

Septième film du cinéaste sur le blog et peut-être... mon préféré. D'aucuns s'emballent déjà et prévoient une moisson d'Oscars en fin d'hiver prochain - les films de Nolan en ont déjà obtenu onze ! Maintenant, je vous rappelle que la bombe atomique est un sujet fort que le cinéma japonais a aussi abordé (cf. entre autres Pluie noire). Et, avec Lumières d'été, un aparté français reste tout à fait possible.

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Une petite précision...
Certains critiques ont cru bon de souligner que le film restait muet sur la souffrance du peuple japonais. Ce n'est pas son sujet, dirais-je. Il se montre aussi évasif quant aux conséquences de la phase de tests sur la population riveraine des sites concernés (au Nouveau-Mexique).

D'autres avis sur le film ?
Je vous en soumets trois: ceux de Pascale, Princécranoir et Benjamin.

mardi 22 août 2023

Hors-service

Nous sommes dans un futur (proche ?). Jake et Kyra sont les parents adoptifs de Mika, une fillette d'origine chinoise. Le fonctionnement de la famille repose aussi sur Yang, un robot si parfaitement dessiné qu'il passerait aisément pour un véritable être de chair et de sang. Jusqu'au jour où, soudainement, il tombe en panne et ne parle plus...

Je vois peu de films de science-fiction, mais After Yang m'a paru intéressant pour son casting, avec notamment Colin Farrell en tête d'affiche. J'ignorais tout du réalisateur, un Américain né à Séoul connu principalement pour les nombreux essais vidéo qu'il a consacrés à d'autres cinéastes (Kubrick, Ozu, Hitchcock, Bergman, Godard...). Assez singulier, son travail fait appel à notre capacité d'imagination. Aucune date précise, ni aucun lieu déterminé ne nous permet d'établir que son film se déroule dans tel ou tel contexte. Tiré d'une nouvelle d'Alexander Weinstein (sans lien connu avec Harvey), le scénario pose d'excellentes questions sur l'éducation et notre - relative - dépendance à la technologie. Or, vous n'aurez droit qu'à des réponses partielles ! Et pour cela, il vous faudra à la fois réfléchir et accepter le rythme langoureux d'un long-métrage où il ne se passe que peu de choses ! Pour ma part, c'est passé - de justesse. Une fois n'est pas coutume...

After Yang
Film américain de Kogonoda (2021)

Avis aux curieux: le vrai nom du réalisateur est E. Joong-eun Park. Cela précisé, je vous garantis que les histoires de robots continueront de susciter ma vive curiosité, si ce n'est mon adhésion systématique. Blade runner reste l'exemple parfait du trouble que les androïdes peuvent causer - théorisé en son temps par l'écrivain Isaac Asimov. Pour ma part, je vous renvoie allégrement vers I'm your man (2022) !

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Il me reste un avis à vous proposer...
Vous noterez alors que Pascale n'est guère plus enthousiaste que moi.

lundi 21 août 2023

Skyblog, Google et moi

Je ne l'ai jamais utilisée, mais je me souviens bien de la messagerie instantanée CaraMail. Les outils dont je me sers pour communiquer sur Internet sont assez peu nombreux. J'imagine toutefois le désarroi possible de la communauté Skyblog - sans en avoir jamais fait partie. Le service prend fin aujourd'hui. Cela vous dit quelque chose, à vous ?

Skyblog, c'est le nom que la radio Skyrock avait donné à sa plateforme de blogging, lancée en 2002. Un temps, elle était parvenue à entrer dans le top 20 des sites Internet les plus visités dans le monde ! Aujourd'hui, ses créateurs jugent nécessaire de la mettre hors-ligne pour garantir leur conformité avec la législation sur les données personnelles. Ils ont laissé deux mois à leurs dizaines de milliers d'utilisateurs pour sauvegarder ce qui ne pourra plus être consulté qu'aux Archives nationales, dans un format préalablement anonymisé.

Tout cela me conduit à m'interroger sur la réelle pérennité du contenu que je produis et diffuse en ligne. À vrai dire, ma relative conscience de sa fragilité m'incite à en conserver une copie, mais je me dis aussi que ce serait insuffisant si mon cher ordi décidait de me planter. Après bientôt 3.000 chroniques, un crash serait difficile à encaisser. C'est la raison pour laquelle je reste à l'écoute de vos conseils avisés sur ces problématiques techniques (que je néglige bien trop souvent). L'idéal ? Une solution simple et pas trop chronophage. Grands mercis !

samedi 19 août 2023

Un coeur simple

Ah, le grand cinéma classique italien ! Je suis tout à fait convaincu d'avoir encore quelques-unes de ses plus belles facettes à découvrir. C'est avec bonheur qu'en juillet, j'ai enfin vu Les nuits de Cabiria ! Federico Fellini derrière la caméra filme son épouse Giulietta Masina dans le rôle principal: en soi, ce pas de deux est déjà une promesse...

Contrairement à ce que j'ai longtemps cru, Cabiria n'est pas un lieu ! C'est un personnage: celui de cette jeune prostituée indépendante installée dans un faubourg de Rome, qui se berce d'illusions sur la vie et les hommes. Sa très modeste situation la laisse croire au bonheur conjugal. Or, au début du film, l'un de ses amants lui vole son argent et manque même de la tuer. Et pourtant, même après cet épisode scabreux, elle relève la tête et continue de s'accrocher à ses idéaux. Cèdera-t-elle à d'autres chimères ? Je vais vous laisser le découvrir. L'incroyable génie du tandem Fellini / Masina est de nous embarquer avec l'héroïne et de ne jamais la présenter comme une personne naïve. Déterminée et même pleine d'aplomb, elle mène sa barque comme une femme libre, mais paye le prix d'une condition sociale qui, de fait, l'expose à de grandes difficultés, voire à des dangers. Subtil, ce beau récit le démontre, sans moralisme ou misérabilisme...

Ce cinéma-là est, à mes yeux, tout à fait incarné - presque palpable. C'est-à-dire que, pour moi, il s'inscrit assez clairement dans un cadre territorial donné et à une époque déterminée: l'Italie pauvre de la fin des années 50, donc. Je laisse volontiers à d'autres le soin d'apporter quelques précisions et/ou informations sur ce sujet, quitte à aller jusqu'à me donner tort, mais je trouve que Les nuits de Cabiria prolonge encore (un peu) l'inspiration néoréaliste du cinéma transalpin d'après-guerre, résolument affranchie de la chape de plomb fasciste. J'ai lu - et déjà en partie pu vérifier - que Fellini s'orienterait ensuite vers un style plus onirique, lâchant la bride à ses formidables facultés d'imagination. Il me semble que la fin de ce film présenté aujourd'hui amorce le virage: j'ai en effet l'impression qu'elle peut être analysée comme les premières minutes qui suivent un sommeil ou... le retour d'un rêve apaisant. Et, pour tout dire, je n'ai pas envie de trancher ! D'autres films italiens me permettront sûrement d'affiner mon propos. C'est "seulement" la quatrième fois que j'en défends un cette année...

Les nuits de Cabiria
Film italien de Federico Fellini (1957)

Comparaison n'est pas raison, mais j'insiste: le cinéma italien d'alors regorge de trésors anciens qu'il serait tout à fait désolant de négliger. Avec le divin maestro Fellini, s'inscrire dans une simple démarche chronologique vous conduira vers La strada d'abord et La dolce vita ensuite (non sans intercaler la merveille du jour, qui le mérite bien). Mon index "Cinéma du monde" regroupe bien sûr d'autres références !

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Des liens intéressants sur le Net ?

Il y en a beaucoup ! Je veux avant tout citer Eeguab et le remercier de nous avoir rappelé que le personnage de Cabiria apparaissait déjà dans Le cheik blanc. Pour un regard critique, voir "L'oeil sur l'écran" !

jeudi 17 août 2023

Le sens du devoir

Je parlais récemment avec une amie des premières heures du Festival de Cannes et de ce qu'il devait être en 1939: une réponse de la France républicaine à la Mostra de Venise, alors promue par les fascistes. Cela pourrait valoir une chronique, mais aujourd'hui, je vais revenir sur un film, découvert juste après cet échange: Deux sous d'espoir...

Ce long-métrage italien est sorti du lot au Festival de Cannes 1952. Impossible d'obtenir la Palme d'or: ce trophée n'existait pas encore. Comme à l'épatant Othello d'Orson Welles, c'est donc un Grand Prix qui lui a été décerné. Et il me semble que cela dit quelque chose d'important au sujet de l'époque ! Le film raconte en effet l'histoire d'un jeune de Cusano, un petit village situé à proximité de Naples. Dès le début, un carton remercie d'ailleurs les habitants de la région. Le sujet ? Revenu du service militaire, Antonio veut entrer dans la vie active afin de subvenir à ses besoins, ainsi qu'à ceux de sa mère. Volubile, cette dernière a d'ailleurs tôt fait de lui rappeler son devoir fraternel: son vieux père n'étant plus de ce monde, le brave garçon devra aussi travailler pour alimenter la dot de mariage de ses soeurs !

Autre point: Carmela, une jeune voisine, est folle amoureuse de lui. C'est tout à fait concret: on peut ainsi dire qu'elle lui "court après". Pour rire comme pour pleurer, elle sera la vraie étincelle du scénario. Deux sous d'espoir est d'une justesse rare. Il s'inscrit dans la veine néoréaliste du cinéma alors en vogue en Italie et s'intéresse à la vie ordinaire des gens, la représentant telle qu'elle est, en extérieur. D'après moi, ce n'est pas un hasard si les rares personnages négatifs de ce long-métrage se trouvent presque toujours derrière des portes closes. Autre fait très remarquable: l'humour du film et sa tendresse pour ses personnages - ce qui fait son sel et lui donne son souffle. J'oserai parler de modernité, au moins dans la gestion du rythme. Parfois, après que les dialogues se sont emballés, c'est par l'image seule que la réalisation nous donnera la mesure du temps qui passe. Un plaisir, ce mélange de bouffonnerie et de sensibilité ! C'est à voir !

Deux sous d'espoir
Film italien de Renato Castellani (1952)

Les historiens du cinéma disent que le réalisateur a puisé des idées scénaristiques dans des anecdotes vécues et racontées par son acteur principal, Vincenzo Musolino (1930-1969). Un gage d'authenticité ! Grâce à son autre regard sur la ruralité italienne, I Basilischi (1963) mérite le détour, même si, c'est vrai, je l'ai un peu moins apprécié. Je préfère le rire "de couple" comme Le veuf ou Divorce à l'italienne.

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Pour finir, une précision...

Il ne faut pas confondre Renato Castellani et... Enzo G. Castellari. Personnellement, je n'ai pas encore vu de film du second nommé. Avec un western en point de mire, j'écouterai volontiers vos conseils !

... et aussi des salutations !
Elles iront cette fois à l'ami Eeguab, mon maître ès-cinéma d'Italie. Mention aussi pour ce cher Vincent: lui aussi peut me servir de guide.

lundi 14 août 2023

Indyspensable ?

"Les vrais héros ont forcément une petite part d'immortalité". J'avoue que cela manque de modestie, mais... j'attaque donc cette chronique avec une auto-citation, issue du billet que j'avais consacré (en 2008 !) au quatrième volet cinématographique des aventures d'Indiana Jones. Une bonne façon, je crois, d'introduire mon propos sur le cinquième...

Rappel: ce personnage d'archéologue aventurier a rencontré le public dans les années 80, avec un premier film dès 1981, puis deux autres sortis en 1984 et 1989. Il aurait pu n'y avoir que cette trilogie. Finalement, Steven Spielberg, le réalisateur de ces trois épisodes originels, se laissa convaincre par son ami producteur George Lucas d'en tourner un de plus en 2008 - lui aussi aurait pu être le dernier. Quinze ans (et un semi-échec plus tard), les deux larrons "historiques" sont toujours liés à la production, mais la réalisation d'Indiana Jones et le cadran de la destinée revient à un troisième: James Mangold. Les puristes peuvent respirer: Harrison Ford est à nouveau l'acteur principal et, désormais octogénaire, il joue sur la corde nostalgique sans aucun état d'âme apparent. Un début de satisfaction (pour moi) !
 
Qui s'empare du personnage d'Indiana Jones fait face à des codes. Concrètement, on ne peut pas tout se permettre avec un archétype aussi puissant. Cela tombe bien: grâce aux technologies numériques modernes, le film peut nous faire revenir en 1944 et offrir au héros une nouvelle confrontation avec ses ennemis habituels, les Nazis. C'est l'occasion d'une scène d'ouverture mémorable: une demi-heure d'action échevelée qui permet de poser les enjeux de ce qui arrive ensuite, pendant deux bonnes heures encore (et censément en 1969). Je dois vous le dire: Indiana Jones et le cadran de la destinée m'aura d'abord déconcerté, du fait de la profusion d'effets spéciaux. Question d'habitude, sans doute: je gardais en mémoire les images de la décennie 80 et le cinéma a beaucoup évolué depuis. Dont acte...

Heureusement pour moi, j'ai fini par m'habituer... et j'ai été content de retrouver Indy à l'âge mûr, professeur d'université presque retraité et divorcé, ne suscitant plus guère d'intérêt parmi ses étudiant(e)s. Très logiquement, c'est justement à cet instant précis que le scénario introduit un nouveau personnage dans la saga: Helena, présentée comme la filleule de l'aventurier. On comprend vite que ce dernier négligeait son rôle de parrain depuis longtemps, mais vous auriez tort de croire que je vais révéler les raisons de ce fameux désintérêt. Simplement, sachez-le: Indiana Jones et le cadran de la destinée gagne beaucoup avec l'apparition de cette protagoniste féminine inattendue. Y compris une certaine modernité, tout à fait bienvenue. Rien de très audacieux, ni de très appuyé, mais un vrai souffle inédit.

À mes yeux, c'est bien là que réside la réussite de ce nouveau film. Tout en montrant du respect pour les figures imposées mises en place il y a maintenant plus de quarante ans, il y apporte quelque chose d'assez riche pour proposer mieux qu'une banale suite de plus. Apparemment, le succès public n'est pas franchement au rendez-vous aux États-Unis ! De quoi peut-être éviter une déclinaison ultime autour de la nouvelle héroïne, qui n'aurait rien de bien nécessaire. Indiana Jones et le cadran de la destinée peut valoir pour lui-même pour les spectateurs néophytes de 2023... et il peut aussi tenir lieu d'agréable conclusion à la légende pour tous les autres, déjà initiés. C'est pourquoi il est de fait inutile d'aller encore plus loin, à mon avis. Même si j'admets mon plaisir face à ce type de sagas "à l'ancienne"...

Indiana Jones et le cadran de la destinée
Film américain de James Mangold (2023)

Vous l'aurez compris: j'ai vraiment apprécié ce cinquième épisode. Sans être le blockbuster le plus original du monde, cet opus m'a séduit et offert le spectacle attendu, à quelques détails - numériques - près. Je vous rappelle que j'avais déjà chroniqué les épisodes 1, 2, 3 et 4. Vous pourriez également remonter le temps avec Le secret des Incas. Ou préférer l'ersatz Allan Quatermain et le dernier des Tomb raider !

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D'autres points de vue, ailleurs ?

Je vous renvoie à ceux de Pascale, Dasola, Princécranoir et Benjamin. NB: vous en saurez plus sur le méchant (incarné par Mads Mikkelsen). Et/ou sur la prestation de l'actrice principale, Phoebe Waller-Bridge...

vendredi 11 août 2023

Très chers rebelles

Nous sommes en 1983. George Lucas voudrait prendre deux années sabbatiques au moment où Le retour du Jedi arrive sur les écrans. "Il a été le plus difficile à réaliser sur le plan technique et logistique. Tout ce que je vois, ce sont les erreurs et ce qui ne marche pas". Clore "sa" trilogie Star wars met une belle pression sur le producteur !

Celles et ceux d'entre vous qui connaissent déjà cet univers étendu savent bien sûr à quoi s'en tenir. Aujourd'hui encore, les trois films originels ont de nombreuses ramifications, sous le pavillon de Disney. Fin juillet, j'ai cependant tenu à revoir Luke, Leia, Han, Chewbaccah et tous les autres tels qu'ils étaient au démarrage de leurs aventures. J'ai pour cela ressorti une perle de ma collection de DVDs: un coffret double avec Le retour du Jedi dans sa première version cinéma. Avant d'y replonger, j'ai même mis la version française, avec les voix que j'avais entendues à ma découverte le film (sur cassette VHS). Résultat: j'ai retrouvé mon plaisir d'adolescent inchangé - ou presque.

C'est paradoxal, mais je crois que je n'étais pas arrivé à sympathiser avec la personne qui m'avait permis de découvrir la saga entière. J'avais alors une bonne quinzaine d'années de retard sur sa projection dans les salles obscures. Il y en a encore parmi vous qui l'ont loupée ? Bon... sans leur gâcher le plaisir, je dirais que l'intrigue de Star wars repose principalement sur une opposition assez classique entre le bien et le mal. En (très) résumé, une équipe de rebelles épris de liberté affronte ainsi un empire souhaitant imposer un ordre autoritaire jusqu'à la plus reculée des galaxies. D'où un premier opus cinéma terminé par la victoire des bons, tandis que le deuxième épisode marque la revanche des méchants. Le retour du Jedi ? C'est la belle ! Même si d'autres longs-métrages arriveront donc ensuite, dès 1999...

Soyez sûrs d'une chose: le charme du film de 1983 opère toujours. Évidemment, il faut tout de même se laisser embarquer: l'absence des retouches numériques introduites ultérieurement sur les copies initiales laisse apparaître les grosses ficelles d'un film de 40 ans. Qu'importe, en fait. Le retour du Jedi me semble une référence incontournable dans le registre qui est le sien: celui du blockbuster d'action. Et à l'époque, l'arrière-plan interstellaire était à la mode ! Moi, j'aime toujours autant les créatures et environnements inventés pour donner vie à ce récit finalement intemporel, digne des légendes chevaleresques du Moyen-Âge européen que j'ai apprises à l'école. D'aucuns me diront qu'elles sont largement dépassées de nos jours. Oui, c'est vrai: la société a beaucoup évolué. Et le cinéma avec elle...

N'empêche: l'aspect désormais vintage des tous premiers Star wars demeure tout à fait insuffisant à m'en détourner définitivement. Certes, Le retour du Jedi ne date pas d'hier, mais cela m'indiffère. J'espère que les enfants et ados d'aujourd'hui l'apprécieront tel quel. Vous aurez remarqué que je n'évoque guère le scénario, cette fois. D'ailleurs, j'ai aussi cherché des photos d'illustration assez "neutres". L'idée était ainsi de faire un clin d'oeil aux fans de la première heure. Dans ce film, objectivement, il y a à prendre et (un peu) à laisser. Néanmoins, je m'en satisfais pleinement et, à l'aune de l'ensemble des neuf longs-métrages de ce que l'on nous présente désormais comme la saga Skywalker, il est clairement l'un de mes préférés. Surprise: en son temps, il n'avait fait vendre "que" 3.277.005 places dans les salles françaises, s'adjugeant le douzième rang du box-office national. Puis, en 1997, un petit million de tickets supplémentaires s'écouleront pour sa version numérisée et quelque peu retouchée. C'est bien celle que la plateforme Disney + a ressorti aujourd'hui, oui !

Star wars épisode VI - Le retour du Jedi
Film américain de Richard Marquand (1983)

Un réalisateur britannique - et presque inconnu - aux commandes. J'aimerais réhabiliter cet homme, mort peu de temps après, à 49 ans seulement. Pour ce qui est du film, je crois bien avoir dit le principal. Geek j'étais, geek je reste... et j'aime donc toute la série des neuf. N'oubliez pas les huit autres épisodes: les I, II, III, IV, V, VII, VIII et IX. Pris d'un bloc, ce gros machin du cinéma US a belle allure, je trouve...

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Envie d'en voir un peu plus ?

Je vous renvoie à la petite galerie d'images publiée par Ideyvonne. Vincent, lui, nous avait offert une mini-analyse comparée. Nostalgie !

Et même dans les coulisses du blog ?
J'ai compté: il y a 2.500 longs-métrages sur Mille et une bobines. Rassurez-vous: je ne m'arrête pas ! Rendez-vous lundi pour la suite...

mercredi 9 août 2023

Des rêves à la réalité...

1980. Le numéro 1 du box-office français attire 4.378.430 curieux dans les salles obscures. Le pays n'avait plus vu un score aussi faible pour un long-métrage arrivé en tête des ventes depuis la Libération. Pourtant, je suis sûr que le film est encore inscrit dans l'inconscient collectif. Après tout, il a révélé Sophie Marceau ! Son titre ? La boum.

Je vous parle d'un temps où les adolescents aimaient se retrouver pour danser sur des musiques à la mode, loin du regard des adultes. Où, quand on était un gentil garçon, on ne montrait aucun signe d'énervement si aucune fille n'était venue nous proposer un slow langoureux lors du fameux quart d'heure américain. Où le téléphone était encore si nouveau dans les appartements qu'aucun p'tit jeune n'aurait pu imaginer en avoir un, portable, et s'en servir pour envoyer des photos, de simili-visages aux expressions variées, des messages écrits ou de simples sons. Était-ce le bon temps ? Peut-être bien, oui. Le film est sorti quand j'allais avoir six ans. Je n'ai pas de nostalgie...

La boum
nous raconte cette époque et les premiers émois amoureux d'une fille-toute-jeune-femme, Vic, 13 ans. Elle l'entoure de parents sympa, mais juste un peu trop stricts pour oser lui lâcher la bride. Brigitte Fossey et Claude Brasseur, qui les incarnent, sont parfaits. Même chose pour Denise Grey, très juste en arrière-grand-mère délurée et dès lors (presque) toujours disposée à "arranger les coups" de sa descendante la moins expérimentée du côté des sentiments. Allez... les allergiques au sucre et à la guimauve peuvent zapper. Vous êtes encore là ? L'aspect générationnel de ce long-métrage pourrait vous intéresser, même si cette génération n'est pas la vôtre. Accordez-lui donc votre confiance, en toute connaissance de cause ! Pour ma part, je voulais le faire depuis longtemps et je suis content d'y être parvenu devant ma télé, un soir où j'étais de bonne humeur. Dreaaaaaaaaaaaams... are my reality... le tube mythique de la B.O. sent fort la praline, certes, mais colle bien aux images et au scénario. Pourrait-il plaire aux gamines de l'an 2023 ? Je ne sais pas répondre...

La boum
Film de Claude Pinoteau (1980)

Entendons-nous bien: ce récit initiatique s'adresse plutôt aux ados. Aujourd'hui, il apparaît gentiment suranné, mais garde un charme proche de celui de la très jeune Sophie Marceau de cette époque. J'avoue préfèrer "mon" film générationnel à moi: Le péril jeune. Quant aux jeunes amours, elles ont plus d'audace dans Shéhérazade. Pour d'autres tourments, voir aussi Mommy. Et/ou Lola vers la mer !

lundi 7 août 2023

Leçon de (sur)vie

Il arrive après ceux de la Croatie, de la Bolivie et de l'Uruguay. Inattendu, le drapeau de la Syrie flottera désormais sur les Bobines. J'ai en effet eu le temps de voir Nezouh, le (joli) film d'une cinéaste de ce pays, peu avant qu'il ne soit plus à l'affiche. Vous noterez aussi qu'il été primé lors du Festival de Venise de 2022. Une bonne surprise.

Dans la langue arabe, le mot nezouh désigne un simple déplacement. Celui des hommes, bien sûr, mais aussi ceux de l'âme ou d'éléments premiers, comme l'eau par exemple. Mon long-métrage d'aujourd'hui l'explique dès le début: libre ensuite à chacun d'interpréter les choses comme il l'entend. Tout cela en s'immergeant dans le quotidien concret d'une ville en guerre, Damas, devenue un champ de ruines. Nous faisons alors la connaissance d'une adolescente, Zeina, 14 ans. Aux côtés de ses parents, Hala et Mozat, elle survit dans la capitale dévastée. Une bombe tombée pile sur son immeuble a cassé les murs pour y laisser quelques petites fissures... et de gigantesques trous. Pas de quoi décourager le pater familias, décidé à colmater les unes et à boucher les autres au plus vite pour éviter les regards indiscrets des voisins. Mais c'est alors que la résistance féminine s'organise ! Autour de Zeina, tout d'abord, qu'un vague cousin de son âge entraîne sur les toits, au mépris des traditions et des usages "raisonnables" définis en temps de conflit armé. Il n'y a qu'à passer par l'ouverture...

À ce stade de la lecture, vous vous attendez peut-être à un drame mâtiné d'une certaine touche poétique. C'est - presque - le contraire que le film nous offre: un récit onirique qui n'occulte rien des horreurs subies par le peuple syrien depuis maintenant plus de douze ans. Simplement, tout est beaucoup plus suggéré que réellement montré. Nezouh fait ce choix et s'y tient de bout en bout de son métrage. Sachant que l'idée de la cinéaste était de montrer un visage différent des hommes et les femmes ayant fui la dictature, c'est plutôt réussi pour une coproduction franco-britannique (tournée en Turquie). Évidemment, dans le sens opposé, le résultat peut aussi déplaire. Pour ma part, j'ai préféré considérer la démarche sous son angle positif: celui de la fameuse résilience dont les médias nous parlent devant ce type de tragédies humanitaires, quasiment à nos portes. Autour du cas qui nous occupe, je n'ai pas entendu de prêchi-prêcha moralisateur pour renvoyer illico la culpabilité droit dans notre camp non-interventionniste. Un autre "détail" que je mets au crédit du film.

Nezouh
Film (franco-anglo-)syrien de Soudade Kaadan (2023)

Une note un peu surévaluée, aujourd'hui encore, pour saluer la qualité du travail d'une artiste formée au cinéma dans son pays et au Liban. Certains critiques ont proposé une comparaison avec La vie est belle de Roberto Benigni... et je dois dire que ce n'est pas du tout absurde. Resté au Moyen-Orient, devant la gamine, j'ai aussi songé à Wadjda. Et pour embellir ce qui est abominable, je repense aussi à Timbuktu !

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Un point de vue différent ?

Hum... je n'en ai pas déniché et vous laisse donc lire celui de Pascale.

samedi 5 août 2023

Edith éperdue

Une bonne nouvelle pour commencer: la carrière de Mia Wasikowska n'est peut-être pas terminée. J'ai bien souvent apprécié l'actrice australienne dans ses oeuvres et, à 33 ans désormais, il semble qu'elle poursuive son chemin un peu à l'écart du système hollywoodien. Tant mieux ! J'ai pu craindre un instant qu'elle ait arrêté de tourner...

Bon... aujourd'hui, je vous propose de retrouver la jeune comédienne dans un long-métrage que certains ont vu comme un film d'horreur. Guillermo del Toro, le réalisateur, a quant à lui parlé d'une "romance gothique". Vous avez peur... d'avoir peur ? Rien n'est très effrayant dans Crimson Peak, si ce n'est une scène ou deux que je réserverais à un public adulte (et averti). L'histoire est censée se passer en 1901. Edith Cushing, une jeune femme, vit avec son père, un bourgeois doté d'une belle fortune. Apprentie romancière, elle tombe amoureuse d'un aristocrate anglais démuni, en dépit de la méfiance paternelle. Bientôt, elle convole en justes noces et, soudain confrontée à un deuil imprévu, part s'installer avec son noble époux dans son domaine. Hanté par les fantômes des propriétaires passés ? C'est fort possible !

Je savais à l'avance que ce film n'était pas le plus aimé de son auteur. Pour ma part, j'ai marché et passé un bon moment devant ma télé. Efficace, la prestation de Mia Wasikowska m'a convaincu et j'ajoute qu'elle est bien entourée - avec Tom Hiddleston et Jessica Chastain. Peut-être le scénario est-il trop simpliste pour les habitués du genre ? C'est possible aussi, mais, franchement, cela ne m'a guère dérangé. Guillermo del Toro reste à mes yeux un formidable créateur d'images. Le manoir dans lequel il situe l'action de cet opus est d'une beauté incroyable, sublimée par ce que j'appellerais des trouvailles de génie. Un exemple: sa toiture éventrée laisse constamment entrer la pluie, la neige et les feuilles mortes à l'intérieur - c'est vraiment sublime. "Notre maison vit", dit en substance le principal personnage masculin. C'est vrai: elle est parcourue de papillons, entre autres créatures. Rien que pour cet univers, je trouve que le spectacle vaut le détour. Disons en tout cas que j'ai arrondi ma note vers le haut, cette fois. Tout en me promettant de voir encore... d'autres Guillermo del Toro !

Crimson Peak
Film américain de Guillermo del Toro (2015)

Les fidèles du cinéaste mexicain préfèrent d'autres films, c'est vrai. Néanmoins, j'assume cet avis enthousiaste (et plus long que prévu). Pour moi, le film est au croisement de Rebecca et Shining, sans aller toutefois jusqu'à égaler l'un ou l'autre de ces immenses classiques. Revoir Les autres (Alejandro Amenábar) me fait envie, désormais. Pour d'autres frissons, Les innocents reste aussi une belle référence !

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Et pour d'autres points de vue...

Vous pouvez demander à Pascale, Dasola et Lui ce qu'ils en ont pensé.

mercredi 2 août 2023

Un écart fatal ?

Question: que feriez-vous si on vous proposait trois mois de salaire pour un travail d'une heure ? Réputé irréprochable, Franco Amore, flic bientôt à la retraite, accepte pourtant de se réinventer en convoyeur au service d'une sommité de la mafia chinoise. Un vrai jeu d'enfant pour lui, pense-t-il. Mais tout va très mal se dérouler, bien entendu...

Qui a vu Dernière nuit à Milan aura forcément un souvenir marquant de son générique de lancement. La caméra survole longuement la cité lombarde et l'impose pour ainsi dire comme le véritable coeur battant de ce thriller intense. Certes, le thème du brave type qui dérape soudain et se voit alors contraint de se battre pour sauver sa peau n'est pas foncièrement original au cinéma, mais il est si bien traité ici que j'ai mordu à l'hameçon - et ce dès les toutes premières minutes. C'était aussi l'occasion, c'est vrai, de découvrir autrement une ville familière, l'un des principaux lieux de mes vacances estivales 2021. Je suis très satisfait de ce nouveau "voyage", par écran interposé. Mes parents pourraient s'en amuser, eux que je moque assez souvent pour leur grosse consommation de fictions policières télé. J'assume...

L'une des belles et grandes qualités de cet opus, c'est d'offrir un point d'ancrage solide avec son personnage-phare, mais aussi une galerie importante de protagonistes secondaires. Sans tomber dans le piège du tout-masculin pour autant: je vous laisserai découvrir l'importance prise par Viviana, la femme de Franco, dans l'évolution du récit jusqu'à son terme. Autre atout: le montage du film en trompe-l'oeil. Concrètement, une énigme est posée au départ et à nouveau exposée ensuite, grâce à un judicieux flashback qui use d'une perspective différente. Celles et ceux d'entre vous qui m'ont précédé au cinéma retiendront-ils aussi la conclusion ? Il m'a en fait semblé qu'une ombre passait pour - peut-être - redistribuer les cartes une dernière fois. Aucune inquiétude à avoir: cette remarquable production transalpine tient la route en elle-même, sans qu'une suite apparaisse nécessaire pour expliciter l'ensemble de ses enjeux dramatiques et narratifs. Mention particulière pour le comédien numéro 1: Pierfranco Favino mérite les éloges qui lui sont décernés. Et j'en reparlerai, sans doute !

Dernière nuit à Milan
Film italien d'Andrea Di Stefano (2023)

Les superlatifs volent en escadrille pour parler de ce film bien ficelé et à la plastique quasi-irréprochable. Certains critiques professionnels évoquent même une parenté avec Martin Scorsese (Les affranchis ?). Revoir Collateral me permettrait de valider celle qui est faite aussi avec le cinéma de Michael Mann. Moi, au début, je pensais à Drive ! Pour l'Italie, vous préférerez peut-être le côté très brut de Gomorra...

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Le film est plutôt bien accueilli par la blogosphère...

Vous en jugerez - notamment - chez Pascale, Dasola et Princécranoir.