mercredi 31 octobre 2018

Salut !

Je n'ai pas jugé utile d'en parler en détail: j'ai eu l'occasion de revoir deux des films de Jeff Nichols - Mud et Midnight special. L'opinion positive que j'avais émise à leur égard n'a pas véritablement évolué. Venu des États du Sud, ce cinéma américain est tout à la fois profond et divertissant. Entre fond et forme, il parvient à un juste équilibre...

Désormais, à dire vrai, je ressens le besoin de me relâcher un peu. Rassurez-vous: tout va bien. C'est juste qu'après mes belles vacances estivales, j'ai repris sur un rythme assez soutenu, dans mon travail comme dans ma vie privée. Je vais donc laisser Mille et une bobines en stand-by une dizaine de jours, en tout cas de votre côté de l'écran. Pas de vrais congés, juste un temps de pause, le temps de voir venir. Je connais d'ailleurs déjà les films qui apparaîtront ici à mon "retour". D'ici à la reprise, évidemment, je vous souhaite plein de bon cinéma !

mardi 30 octobre 2018

Le vrai Charlie

Cela a été dit et redit au moment de sa disparition: Charles Aznavour était aussi un comédien. Au (gros) millier de chansons de son CV d'artiste, l'enfant de France et d'Arménie pouvait également ajouter une soixantaine de films. Il avait 36 ans dans Tirez sur le pianiste. Derrière sa caméra, François Truffaut, lui, n'en avait encore que 28...

De ce long-métrage, en réalité, je ne savais presque rien, si ce n'est que Boby Lapointe y pousse la chansonnette, offrant une prestation mémorable (et sous-titrée !) sur le célèbre Avanie et Framboise. L'essentiel est ailleurs et nous ramène à Charles Aznavour: pianiste de son état, Charlie Kohler exerce ses talents manuels dans un bar parisien depuis que... non, je ne vais surtout pas en dévoiler autant. Au milieu du film, un assez long flash-back vous expliquera tout. Logiquement, vous devriez déjà avoir compris que, derrière son don musical, le héros dissimule d'autres histoires sombres et secrètes. J'ajoute un petit détail: il n'en est assurément pas le seul responsable.

Comme souvent chez François Truffaut, les femmes jouent ici un rôle important. Le fait est qu'à deux reprises au moins, elles font rebondir l'intrigue, autour d'un scénario qui fait la part belle aux tourments amoureux. Le tout est d'autant plus surprenant que le film trouve d'abord son origine dans l'un des polars d'un écrivain et scénariste américain, resté célèbre comme un spécialiste du noir: David Goodis. Au feeling, j'ai en fait ressenti Tirez sur le pianiste comme un film hybride, d'influence américaine certes, mais très français également. Bon... il m'a fallu un moment pour "entrer dedans", en l'identifiant clairement pour ce qu'il est aussi: un pur produit de la Nouvelle Vague. C'est d'ailleurs précisément l'une des raisons qui m'ont fait l'aimer ! Allez, je consens à reconnaître aussi que le charme de Marie Dubois...

Tirez sur le pianiste
Film français de François Truffaut (1960)
Charles Aznavour a trouvé ici l'un de ses meilleurs rôles, dit-on. D'abord déroutant sur la forme, ce long-métrage m'a finalement plu. En son temps, était-il trop innovant ? Il fut un échec commercial. J'aime autant vous prévenir également que, malgré certains aspects assez drôles, c'est bien loin d'être une comédie. Je le comparerais volontiers à un autre grand film de la Nouvelle Vague: Pierrot le fou.

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Classique, vous avez dit classique ?

Je confirme. Du coup et avec joie, Eeguab et Lui répondent présents !

lundi 29 octobre 2018

Les gars du Nevada

Lundi ! Si vous le voulez bien, je vais vous ramener un peu à l'Ouest aujourd'hui, pour évoquer un autre western, américain cette fois. Yellow sky en version originale, ce digne représentant de l'âge d'or serait arrivé en France sous le titre Nevada, avant de devenir La ville abandonnée. C'est sous cette dernière désignation que j'ai pu le voir.

Stretch, Dude et leurs amis forment un groupe de bandits. Un jour comme les autres, ils braquent une banque, sans tuer ni blesser personne, mais, tandis qu'ils savourent leur succès, ils se retrouvent traqués et ne dénichent alors d'autre refuge... qu'un désert de sel ! Finalement lâchés par leurs poursuivants, ils affrontent des difficultés imprévues, d'autant qu'évidemment, ils en viennent vite à manquer d'eau. Le titre du film révèle à lui seul ce qu'ils trouveront au terme de ce drôle de périple: je n'en dirai pas davantage sur le scénario. Une chose est sûre: j'ai trouvé La ville abandonnée plutôt original. Avoir donné le beau rôle à de mauvais garçons, c'était un bon départ !

À partir de là, le film est plus nuancé que vous ne pourriez le croire. Première raison à cela: un personnage féminin unique, mais fort ! Mieux: cette femme évolue, comme d'ailleurs tous les protagonistes de ce récit, plus complexe que je ne me l'étais figuré de prime abord. Autres atouts de ce long-métrage: une mise en scène assez innovante parfois - je pense à une scène finale jouant sur le hors-champ - et, comme mes choix d'images le suggèrent, un très beau noir et blanc. Côté interprétations, rien à redire, c'est du solide: Anne Baxter joue merveilleusement les jeunes filles indomptables, tandis que le duo masculin, Gregory Peck et Richard Widmark, est parfait d'ambigüité. D'aucuns trouveront à chipoter sur la conclusion, mais je préfère rester sur une impression favorable. En fait, La ville abandonnée contient bien assez de belles choses et de surprises pour que je passe sur certains aspects moins convaincants. Westernophobes s'abstenir !

La ville abandonnée
Film américain de William A. Wellman (1948)

Soixante-dix ans ont passé ! Le long-métrage ne brille pas toujours par la modernité de son propos, mais, de fait, son ton a su m'étonner et me séduire tout à la fois. Osons une comparaison: Duel au soleil m'a paru beaucoup plus bling-bling, en partie du fait d'un Technicolor explosif. On a droit de l'aimer quand même, pour son autre femme forte et Gregory Peck ! On peut aussi lui préférer La cible humaine...

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D'autres avis vous intéressent ?
Cela tombe bien: je vous invite à lire ceux de Dasola, Eeguab et Lui

vendredi 26 octobre 2018

Corbucci vu par...

Je vous avais promis une surprise mercredi: j'y arrive aujourd'hui. Vincent Jourdan, l'auteur du blog mis en lien dans ma chronique précédente, connaît très bien Django... et m'a ainsi permis de le voir en salles, à l'invitation de mon association. Mieux: il a écrit un livre sur Sergio Corbucci et gentiment accepté de m'en reparler. Andiamo !

Vincent, comment es-tu tombé dans la marmite Corbucci ?
À la base, c'est parce qu'à quinze ans, j'ai vu Le grand silence, le film avec Jean-Louis Trintignant. C'était un après-midi à la télé et cela m'a profondément marqué. C'est un nom que j'ai gardé en mémoire...

Quels souvenirs gardes-tu de la manière dont tu as reçu le film ?
Je crois qu'aucun autre film ne m'a choqué à ce point ! Je me souviens des circonstances et d'avoir pensé que le film n'était pas fini, qu'un morceau avait été coupé et qu'il manquait quelque chose, tellement j'avais du mal à accepter ce final particulier !

Ta passion pour le cinéaste t'est venue assez jeune, finalement...
Elle est venue un peu plus tard. On ne voyait plus de films de Corbucci dans les années 80. C'est revenu au cours des années 90, grâce à la vidéo et surtout au DVD, quand ses grands titres comme Django ont commencé à ressortir. J'en ai vu d'autres et j'ai donc fait le lien avec Le grand silence. En constatant que c'était le même réalisateur, ça m'a intéressé et c'est ainsi que j'ai découvert non seulement ses westerns, mais aussi ses autres films: ses comédies, ses péplums et certains films d'aventure... il y en a quand même beaucoup !

Comment placerais-tu Django parmi ses westerns ?
Il se situe dans la première partie des treize que Corbucci a réalisés. Il s'intercale entre Ringo au pistolet d'or, assez classique, et Navajo Joe, une grosse production de Dino de Laurentiis avec Burt Reynolds dans le rôle principal. Ce projet-là a mis du temps à se monter: en attendant sa sortie, Django a ainsi pu être tourné et finalisé rapidement. Il arrive aussi à une époque où le western italien est en plein essor et fait partie de ces films qui ont amené le genre vers quelque chose de neuf pour l'époque.

Qu'est-ce qu'il a de novateur, justement ?
Il prend vraiment à l'envers tout ce qui était jusqu'alors le western américain: le héros peut être vu de bien des façons, mais en aucune manière selon les critères classiques. Il n'y a plus de lien avec la géographie ou l'histoire de l'Amérique, si ce n'est quelques bribes ! Pour moi, plus encore que les Leone, c'est un western profondément italien, qui invente un nouveau territoire, qui est presque un monde d'enfance. Tous les petits Européens jouaient aux cow-boys et aux indiens: c'est dans cet univers que se situe Django. Nous sommes à la limite du fantastique, aussi. Corbucci fait référence à de nombreux éléments de la contre-culture de son époque. Il amène le film dans une autre dimension, qui lui est propre et qui va définir le western italien pendant les quatre ou cinq années de son âge d'or.

Et pourtant, le film est fabriqué avec peu de moyens...
C'est tout le paradoxe ! Si le film est allé si loin dans la démesure et l'innovation, c'est justement parce qu'il n'y avait que peu de moyens. Le scénario lui-même n'était même pas fini quand le tournage a commencé ! Il y a donc eu beaucoup d'improvisation ! En même temps, l'équipe se connaissait bien, entre le chef opérateur Enzo Barboni, le chef costumier Carlo Simi, la décoratrice Marcella de Marchis, l'assistant réalisateur Ruggero Dedodato, même les acteurs... beaucoup avaient déjà travaillé ensemble. L'atmosphère leur a permis de se lâcher. Cela s'est passé un peu de la même façon pour Keoma, le film d'Enzo G. Castellari, sorti dix ans plus tard. Là aussi, des moyens limités ont permis aux parties prenantes de délirer un maximum ! Dans les deux cas, ça a donné quelque chose, là où ça aurait pu être un échec complet...

Et ça a d'autant mieux marché pour Django que le public italien aura tout de suite adhéré à ce style baroque...
Oui... et pas seulement le public italien ! Le film aura quelques soucis avec la censure, mais tous les pays qui vont le voir le recevront comme un film novateur. Au milieu des années 60, on se trouve dans une période d'agitation politique mondiale: on ne veut plus voir les héros classiques, mais on préfère un anti-héros, dont on ne sait ni s'il est vivant ou mort, ni ce qu'il cherche vraiment. En creux, parfois, on trouve des idées sur l'argent, la révolution, le destin, la vengeance. Tout cela mélangé correspond à l'air du temps et, donc, plaît ! En fait, chacun y prend ce qu'il veut. Les Japonais y voient une démarcation des films de samouraïs, les Français une critique de la société. Aux États-Unis, c'est la période des hippies, qui ne peuvent qu'être séduits par le côté "branque". Comme pouvait plaire le cinéma de Leone !

D'ailleurs, pour faire le lien, on peut dire que les deux Sergio n'étaient pas rivaux, mais plutôt amis...
En effet. Ils échangeaient beaucoup entre eux et se rendaient souvent l'un sur le tournage de l'autre. Je crois qu'il y avait une émulation globale, bien plus décontractée que ce que l'on a pu en dire...

Est-ce que certains des acteurs de Django étaient déjà des stars ?
Pas vraiment. L'une des caractéristiques de Corbucci, à la différence de Leone, c'est qu'il ne va pas forcément chercher des Américains. Souvent, sur le plateau, tous les acteurs sont espagnols ou italiens. Juste après Abel dans La bible de John Huston, Franco Nero tient ici son premier grand rôle... qu'il avait hésité à accepter, se demandant si ce serait bon pour sa carrière. C'est amusant: Django a fait de lui une vedette et il en parle toujours ! Le reste de la distribution n'était pas connue: la star féminine, Loredana Nusciak, avait bien fait quelques films, mais les autres étaient principalement des acteurs typés dans le genre. Quelques têtes connues, mais pas des vedettes.

Toutefois, on ne peut pas parler de série B ou de film parodique...
Non, ce n'est pas une parodie, en dépit de son humour particulier ! Quant au terme de "série B", il correspond en fait à une économie bien particulière du cinéma américain, mais que l'on ne retrouve pas dans les autres pays. Django est un film à petit budget, destiné d'abord, comme beaucoup de westerns, aux salles populaires. Aujourd'hui, on a plutôt tendance à tout confondre. Or, il se trouve que les films de séries B n'existent plus ! Leurs schémas sont passés dans les séries A, depuis pas mal d'années maintenant.

Preuve au moins de leur popularité persistante...
Tout à fait. Cela correspondait au départ à un cinéma de distraction, populaire, sans la connotation péjorative. Il était destiné aux salles de quartier, avant de séduire des fractions du public plus exigeantes, soit pour les recherches formelles, soit pour les messages derrière. Certains westerns italiens ont ainsi pu séduire une partie de la gauche non-communiste. Dans l'un d'entre eux, un personnage est habillé comme Che Guevara: une évidence pour un spectateur de 1968-69 !

Après Django, Corbucci a-il eu davantage de moyens pour tourner d'autres westerns ?
En fait, il les avait déjà ! Comme je le disais, au moment de faire Django, il travaille aussi sur Navajo Joe, où il dispose d'un budget plus important. En fait, avec des budgets variables, il s'est débrouillé pour faire les films qu'il voulait. Cela correspond à l'époque, aussi. C'est quelqu'un qui a toujours su s'ajuster et qui savait tourner vite, jusqu'à quatre films par an. Il était vraiment capable de gérer ce type de situations un peu tendues et, quand c'était nécessaire, il pouvait gérer de grosses machines.

En plus du western, il a donc touché à tous les genres...
Oui. Il a débuté avec des mélodrames. Par ailleurs, il a fait beaucoup de comédies, un film d'espionnage, deux péplums, un film historique, deux films de capes et d'épées. Il a tourné avec les plus grandes stars de l'époque: Ugo Tognazzi, Marcello Mastroianni, Renato Pozzetto, Paolo Villagio, Vittorio Gassman... il les a tous fait travailler.

Et Totò, aussi...
En effet, dans les années 60. Leur relation était assez particulière. Disons que Corbucci correspondait bien à ce que Totò recherchait chez un metteur en scène. Lui voulait tourner vite et disposer d'un cadre pour s'exprimer. Il n'était pas possible de le diriger...

Avec une telle carrière, comment expliquerais-tu que Corbucci n'ait pas la même notoriété qu'un Sergio Leone, par exemple ?
Par plusieurs raisons. La première, c'est qu'il a fait beaucoup de choses très diverses et qu'il y en a forcément de plus ou moins bonnes, dans une telle filmographie. Ensuite, les mélodrames de ses débuts et la quasi-totalité de ses comédies ne sont pas sortis en France ! Hors d'Italie, il n'est presque connu que pour ses westerns...

Et toi, personnellement, comment as-tu accédé au reste ?
Aujourd'hui, une partie des films a été rééditée, à l'image de Bluff, par exemple, une comédie en costumes années 20, sortie en 1976, avec Anthony Quinn et Adriano Celentano. Après, parce que je parle italien, j'ai pu accéder à toute sa filmographie, largement disponible en Italie, à l'exception des mélodrames. Oui, frustration cinéphile...

Tout cela ne t'a pas empêché d'écrire un livre sur Corbucci. Comment l'idée t'est-elle venue ?
D'abord, j'ai créé un blog, Inisfree, où j'ai commencé à parler de ce qui m'intéressait. Corbucci est ainsi venu plusieurs fois sur le tapis et j'ai pu vérifier qu'il suscitait des discussions avec mes amis ! De l'une à l'autre, ma curiosité a été nourrie. Quelqu'un a fini par me dire que j'avais peut-être la matière suffisante pour en faire un livre, ce que j'ai d'abord pris pour une plaisanterie. Puis, en me rendant compte qu'il n'existait rien dans ce domaine, je me suis dit qu'il y avait peut-être quelque chose à faire. Et j'ai poussé mes recherches.

C'est donc facile, en France, d'écrire sur un réalisateur italien ?
C'est mon premier livre ! Je ne peux pas dire comment ça se passe pour les autres. J'ai eu des retours de personnes qui avaient proposé le sujet à des éditeurs, lesquels avaient dit non. Pour ma part, j'ai fait le livre tout seul et ce n'est qu'après que j'ai cherché un éditeur. C'est ainsi que j'ai rencontré Jean-François Jeunet, chez LetMotiff, qui, visiblement, a tout de suite été emballé. Tout s'est passé de manière très rapide, alors que, pour être franc, au départ, je ne m'attendais pas à trouver un éditeur aussi vite... ni même du tout.

En tout cas, tu es un vrai passionné de western, et pas seulement du western européen...
C'est vrai: mon éducation de base, c'est le western américain. Pourtant, généralement, c'est tranché: les amateurs de westerns classiques ont du mal avec les westerns européens, à l'inverse de ceux qui aiment les westerns européens et se montrent distants à l'égard des classiques. Moi, en fait, j'aime les deux, et sans problème. D'ailleurs, Sergio Corbucci aimait le western américain: ça se voit !

Tu as des références ? Des films un peu au-dessus des autres ?
Du côté des classiques, c'est Rio Bravo, de Howard Hawks, que je préfère, sans hésiter. Mais John Ford, c'est quand même le maître ! Après, tous les westerns d'Anthony Mann, Sam Peckinpah, Budd Boetticher... c'est difficile d'établir une hiérarchie. En films, j'aurais également pu citer La chevauchée fantastique, La horde sauvage...

Tu parles de films de toutes les époques, aussi...
Oui. Du côté italien, ensuite, j'aime tous les Leone, mais j'aime beaucoup Le bon, la brute et le truand et Il était une fois dans l'Ouest. J'ai aussi une affection particulière pour Il était une fois la révolution, que je trouve plus spontané pour un réalisateur qui ne l'a jamais été vraiment. Après, j'aime donc beaucoup les films de Corbucci: Django et Le grand silence ont été pour moi des films déclencheurs, mais c'est El mercenario qui est mon préféré, celui que je trouve le plus beau sur le plan technique. Chez d'autres réalisateurs italiens, j'aime aussi Tire encore si tu peux, de Guilio Questi, Django porte sa croix, d'Enzo G. Castellari sur un scénario de Corbucci, Blindman, de Ferdinando Baldi, Le retour de Ringo, de Duccio Tessari...

On notera pour finir qu'il y a plein de déclinaisons de Django !
Exact, mais jamais de vraie suite officielle. Les Italiens se sont engouffrés dans la brèche, avec plein de pseudo-Django, qui n'avaient plus grand-chose à voir. Il y en a quand même deux ou trois sympas...

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23h10 environ... un ajout un peu tardif...
Sur ces bonnes paroles, il me faut quand même remercier Vincent pour sa grande disponibilité et sa passion, largement communicative. Désormais, je prolonge le plaisir en lisant son bouquin. Du bonheur ! 

mercredi 24 octobre 2018

Flingueur en solo

Je l'ai déjà dit: Eddy Mitchell et son émission télé La dernière séance sont indissociables de mes (bons) souvenirs d'enfance liés au cinéma. Le petit garçon que j'étais au début des années 80 a dû regarder quelques dizaines de westerns américains avec son papa, à l'époque. Et ce bien avant de comprendre qu'il y en avait aussi des européens...

Il m'a ensuite fallu quelques années de plus pour réaliser et admettre que ceux qui parlaient de westerns spaghetti à propos des productions italiennes le faisaient parfois pour dénigrer des films d'une facture différente de celle des classiques du genre. Mieux au fait de l'histoire et de la diversité du cinéma aujourd'hui, je vois grandir mon intérêt pour le western européen et, donc, pour celui imaginé par des équipes transalpines. Ce qui me conduit aujourd'hui à vous parler de Django. Signé Sergio Corbucci, ce long-métrage ose aborder le mythe en sens inverse: son personnage principal nous est donc présenté sous la pluie battante, de dos, sans cheval et traînant derrière lui un... CERCUEIL !

Quelques coups de feu très bien placés et une petite dizaine de morts plus loin, notre homme termine sa route avec une femme. Ils arrivent dans un patelin presque désert, où survivent péniblement un patron de saloon (à moitié proxénète) et quelques filles de petite vertu. Bientôt, l'étranger est sommé de déguerpir, car son indépendance d'esprit pourrait déplaire à chacun des deux clans "mafieux" installés à proximité: les Mexicains du général Rodriguez ou les suprémacistes blancs du major Jackson. Je vous passe les détails... et vous épargne du même coup le récit complet de la suite des événements. Django semble ne pas beaucoup s'écarter d'autres films de cet acabit, mais...

L'important n'est pas là, dirais-je. Dans le joyeux défilé d'archétypes offert par les acteurs et compte tenu des situations rocambolesques dans lesquelles le scénario les plonge, m'est avis qu'il est judicieux d'éviter de prendre Django trop au sérieux. Autant vous dire aussi que cela va vite flinguer en tous sens - et sans considération aucune pour ce que l'on pourrait appeler le réalisme. C'est un fait: le film demeure constamment au premier degré du divertissement, bourrin et assumé comme tel. Si on s'y laisse prendre, il en devient sympa. Tourné avec des moyens limités, il ne se moque pas du public et joue sans fausse honte avec les codes du cinéma de genre. Moi, ça me va !

J'ajoute que, lorsqu'il est sorti, cet OVNI a connu son heure de gloire. Carton du box-office italien, il a également été exporté avec succès en France, en Espagne, en Allemagne et même jusqu'au Japon ! Jugé trop violent, il fut toutefois coupé aux États-Unis, n'est jamais sorti dans les salles britanniques et ne fut programmé sur une télé anglaise qu'en 1993. Mais peu importe: Django a été l'objet d'un culte important... et parfois très intéressé, de nombreux films de qualité discutable ayant été intitulés (ou renommés) pour faire une référence directe au personnage-clé, sans pourtant qu'il réapparaisse à l'écran. C'est cela aussi, le cinéma d'exploitation. En fait, je préfère en rire...

Django
Film italien de Sergio Corbucci (1966)

Ayant eu la chance de voir le film sur grand écran, je vous confirme qu'il est bon de revenir ainsi aux sources du western européen. Quentin Tarantino, qui en a proposé une relecture très différenciée avec Django unchained et Les 8 salopards, me paraît moins sincère dans sa démarche et bien plus ambigu dans son rapport à la violence. Autant donc rester avec Sergio Corbucci et (re)voir Le grand silence.

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Aujourd'hui, j'en termine avec deux liens...
Cela vous donnera l'occasion de lire une autre belle analyse de Strum. Et je citerai aussi un "petit nouveau", Vincent, avant... une surprise !

mardi 23 octobre 2018

Le cinquième homme

Vous serez probablement d'accord: ne pas savoir comment les choses vont se dérouler est assez jubilatoire quand on regarde un thriller. Maintenant, il peut aussi être excitant de se faire le complice (muet) d'un personnage et de le voir duper les autres. C'est sur ce schéma qu'il y a quelques jours, j'ai savouré Symphonie pour un massacre...

Pour tout vous dire, c'est en priorité pour le regretté Jean Rochefort que je me suis intéressé à ce film, l'un des premiers longs-métrages où, à défaut de moustache, il avait tout de même le premier rôle. Notre affaire tourne autour de cinq truands parisiens, qui s'associent pour acheter une grosse quantité de drogue à un parrain marseillais. L'un de ces mauvais garçons est chargé par les autres de convoyer l'argent requis jusqu'à destination, mais c'est compter sans la trahison de l'une des quatre autres crapules, déterminée à voler la somme complète avant qu'elle ne soit transformée en poudre de perlimpinpin. Aucun des plans ne va pas fonctionner comme prévu, évidemment. Désormais, c'est à vous de découvrir pourquoi... et ce qui arrive ensuite. Sommairement, je dirais juste qu'un joli suspense s'installe et que, cohérent, le scénario nous réserve une intrigue bien ficelée. Si le genre vous plaît, Symphonie pour un massacre va vous régaler.

La distribution masculine est remarquable: au cas où, pour une raison que je ne m'explique pas, le talent de Jean Rochefort était insuffisant à vous convaincre, vous aurez toujours la possibilité de vous rabattre sur l'un de ses complices... à condition de parvenir à faire un choix entre José Giovanni, Michel Auclair, Claude Dauphin et Charles Vanel. Et les femmes dans tout ça, me direz-vous ? Elles restent discrètes dans le déroulé du récit, mais leurs personnages sont déterminants dans la conclusion de l'histoire. Sans éclat particulier, Michèle Mercier et Daniela Rocca font le job - et j'ose dire que c'est très bien ainsi. Bref, Symphonie pour un massacre, film quelque peu oublié, gagne à être connu et offre un bon divertissement à qui s'y laisse prendre. Assez naturel pour l'époque, le noir et blanc accentue son petit côté vintage, ce qui ne le rend pas moins sympathique, bien au contraire. Dans la masse des polars français, celui-là mérite une place de choix !

Symphonie pour un massacre
Film français de Jacques Deray (1963)

Après Ascenseur pour l'échafaud, c'est donc le deuxième film noir français intéressant que je vois cette année. Je l'ai même trouvé mieux "tenu" que le classique de Louis Malle, le scénario de ce dernier développant une sous-intrigue d'un intérêt somme toute discutable. Dans le genre, Du rififi chez les hommes me laisse un souvenir marquant ! Mais on peut préférer l'humanité de Quai des orfèvres...

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À tout seigneur tout honneur...

Je dois le signaler: c'est chez l'ami 2flics que j'ai pu découvrir le film.

lundi 22 octobre 2018

Drôle de loulou...

Par l'un de ces enchaînements fous dont j'ai le secret, je vais ouvrir cette semaine avec un film bien différent de celui que j'ai présenté samedi: La vengeance du serpent à plumes. L'idée de revoir Coluche dans ses oeuvres me plaisait, mais, autant le dire, cette pochade demeure un film très moyen. La nostalgie n'est plus ce qu'elle était...

Loulou Dupin est un dragueur invétéré et le surveillant d'un tire-fesses dans une station de ski des Alpes françaises. Quand un notaire l'informe que sa grand-mère est morte et lui a légué un appartement parisien, notre gaillard déboule aussitôt dans la capitale pour prendre possession de son bien. Qu'il faille en déloger deux jeunes femmes avant toute autre installation ne l'émeut guère, jusqu'au moment fatal où l'une de ces demoiselles apparaît devant lui... les seins nus ! Mouais... nous, spectateurs, savons alors quelque chose que Loulou ignore encore: la miss fait partie d'un petit groupe d'activistes violents, prêts au pire pour la cause d'une révolution sud-américaine. La vengeance du serpent à plumes, c'est un peu n'importe quoi. Même quand il s'envole vers un autre horizon, le film ne décolle pas...

À vrai dire, jusque dans cette conclusion "exotique", le film cherche visiblement une tonalité comique qu'il ne trouve guère qu'en flirtant allégrement avec le nanar. L'aspect incisif de l'humour de Coluche disparaît presque intégralement sous la pantalonnade. De manière étonnante, le scénario évoque aussi un véritable sommet de chefs d’État, la Conférence Nord-Sud organisée à Cancún (Mexique) au mois d'octobre 1981, comme fond de sauce ! Malheureusement, le plat lui-même, sans être tout à fait indigeste, pèse un peu sur l'estomac. La vengeance du serpent à plumes avait attiré près de 2,7 millions de spectateurs dans les salles françaises à sa sortie, mais son charme n'a pas franchement résisté aux années. On le considérera dès lors comme le témoin d'une époque, avec toute l'indulgence nécessaire. Cette veine de la comédie française semble bien tarie aujourd'hui. Cela dit, je ne prétends pas qu'on fasse tellement mieux désormais...

La vengeance du serpent à plumes
Film français de Gérard Oury (1984)

Vous l'aurez compris: je reste sur un léger sentiment de déception. Sorti à la veille de mes dix ans, le film m'a paru un peu trop loin dans le délire et, paradoxalement, pas assez dans l'esprit d'aventure. J'attendais un équivalent français d'À la poursuite du diamant vert et suis donc resté sur ma faim. Tant pis: cela n'a rien de très grave. Pour une comédie eighties plus enlevée, je suggère plutôt L'Africain !

samedi 20 octobre 2018

Un refuge en montagne

Il l'a indiqué en interview: "Mes projets de cinéma démarrent toujours avec une rencontre dans la vraie vie". Âgé de 43 ans, le photographe et réalisateur franco-suisse Germinal Roaux s'est intéressé au sort des jeunes migrants que l'on appelle des mineurs non-accompagnés. C'est ce qui lui a inspiré Fortuna, une fiction... nourrie de faits réels.

Le titre du film est aussi le prénom de son héroïne, une adolescente éthiopienne accueillie dans un monastère installé au coeur des Alpes. D'emblée, nous sommes frappés par l'idée que l'on se fait du contraste entre la terre natale de cette jeune fille et l'endroit où elle a trouvé refuge. Du passé, nous ne verrons rien, si ce n'est quelques plans éphémères d'une mer agitée ô combien évocatrice. Cette retenue visuelle est, à mon humble avis, la principale qualité de Fortuna. Concentré sur son personnage principal, le scénario a la bonne idée d'éviter toute reconstitution hasardeuse: il est de toute façon évident que la situation de la gamine est des plus précaires. Pas de miracle...

Inutile de tout révéler sur le récit: je pense en avoir dit suffisamment pour vous faire comprendre si le film peut vous intéresser (ou non). Sur le plan formel maintenant, je vous avoue que c'est le noir et blanc qui m'a d'abord donné envie de voir le film. Ce choix esthétique ambitieux s'est avéré pertinent: les images sont souvent très belles. Un petit bémol malgré tout: parfois, l'émotion paraît presque coupée dans son élan. Si ce n'est austère, le long-métrage est un peu froid. Fortuna maintient une forme de distance, avec de bonnes intentions sans doute, mais cela pourrait en dérouter certain(e)s parmi vous. Heureusement, les acteurs sont impeccables et concernés: aux côtés de la jeune Kidist Siyum Beza, j'ai ainsi pris grand plaisir à retrouver des visages familiers, tels ceux de Patrick d'Assumçao et Bruno Ganz. Deux scènes au moins nous offrent de riches échanges philosophiques sur l'engagement et la solidarité. La cerise sur le gâteau, si j'ose dire.

Fortuna
Film suisse de Germinal Roaux (2018)

J'ai failli enlever une demi-étoile à ma note, car le long-métrage manque parfois d'un peu de vigueur pour embarquer le spectateur "ordinaire". Cela reste pourtant une oeuvre digne sur un sujet difficile et, je tiens à le souligner, certainement assez proche de la réalité. Sur les migrations, je suggère aussi Welcome, Harragas, La pirogue, Rêves d'or, L'autre côté de l'espoir ou Eden à l'ouest, entre autres !

vendredi 19 octobre 2018

Les petits philosophes

Aujourd'hui, je vais faire un petit détour du côté des documentaires pour vous parler de Ce n'est qu'un début, un film que j'ai découvert lors de la reprise des activités liées au cinéma de "ma" bibliothèque. Honnêtement, sans cela, je pense que je ne l'aurais jamais repéré. Peut-être faudrait-il en fait que je sois plus attentif à la non-fiction...

Voilà maintenant une bonne dizaine d'années, deux documentaristes français ont trimballé leur caméra dans la classe - de maternelle - d'une dénommée Pascaline Dogliani. En fonction dans la banlieue parisienne, cette jeune enseignante menait alors des ateliers philo avec les bambins dont elle avait la charge. Une démarche étonnante et centrée, évidemment, sur des concepts relativement simples. Résultat: les enfants se sont emparés de ces sujets et en ont débattu avec leur institutrice, sur la base de leurs propres idées et arguments contradictoires. Il en ressort des choses épatantes: pour conserver une centaine de minutes d'images, les cinéastes ont dû faire un tri parmi 180 heures (l'équivalent de sept jours et demi) de rushes. Franchement, le résultat mérite d'être vu... et montré, bien entendu !

Pour être tout à fait objectif, si je m'en tiens à une approche cinéphilique classique, le film ne présente qu'un intérêt très limité. Destiné au grand écran, il s'étire sur un temps respectable, mais reste d'une banalité technique assez confondante. Je le trouve honnête d'aborder son sujet de front, sans s'attarder vraiment sur le contexte socio-politique. En un mot, Ce n'est qu'un début peut être considéré comme un film engagé, mais ce n'est pas un film revendicatif. Comment l'inscrire dans un cadre plus grand, alors ? En demeurant attentif aux quelques séquences qui se déroulent autour de l'école. Sans commentaire aucun, les réalisateurs ont intégré le son de flashs d'info: ce qu'on réentend des propos de Xavier Darcos, alors ministre de l'Éducation nationale, est bien assez éloquent pour qu'il soit inutile d'en rajouter. Autre belle idée: amener la caméra jusqu'au domicile des enfants, pour illustrer, par petites touches, leur vie quotidienne et familiale - le tout sans jamais venir empiéter sur leur intimité. Joliment équilibré et touchant, ce documentaire m'a donné le sourire !

Ce n'est qu'un début
Documentaire français de J.-P. Pozzi et P. Barougier (2010)

Une petite réussite, sans nul doute, mais une réussite quand même. L'humilité générale qui se dégage de ces images fait plaisir à voir. Maintenant, je dois vous avouer que je ne connais guère d'autre film comparable. Être et avoir (sorti en 2002) est passé sous mes radars. Tôt ou tard, dans ma collection, je piocherai Entre les murs, la Palme d'or de 2008, qui attend sagement son tour. D'autres idées ? J'écoute !

mercredi 17 octobre 2018

Portrait sensible

Salut tout le monde ! Comme prévu, Joss fait un retour rapide aujourd'hui pour vous parler d'un film qui l'a passionnée: Mr. Turner. Intéressé moi aussi, je lui laisse donc la parole sans plus de tralala...

J'ai toujours raffolé de biopics. Celui-là m'a comblée. Les vingt-cinq dernières années de l'un des plus grands peintres britanniques, si ce n’est le plus grand, Joseph Mallord William Turner (1775-1851) dont on retient surtout les marines ouvertes sur des soleils couchants époustouflants de lumière et ses vues de la Tamise, dont l'incendie du Parlement. Un impressionnisme tout à fait particulier qui lui donne une centaine d'années d'avance sur la peinture de ses contemporains.

En dépit de sa qualité de membre de la Royal Academy, l'artiste à la fois reconnu (et dissipé !) est raillé par la haute société. William vit entouré de son père, qui est également son assistant, et de sa gouvernante dévouée. Amateur de bordels, cet homme au physique ingrat partage son quotidien entre la peinture et les voyages qui l'inspirent grandement. Profondément affecté par le décès de son père, William Turner s'isole, jusqu'au jour où il rencontre la propriétaire d'une pension de famille, à Margate, au bord de la mer…

Comme il est bon, le temps qui passe aux côtés de l'artiste ! Où les années semblent des jours, et parfois le contraire… On y chemine au rythme de Turner, souvent filmé de dos. Et à mesure que l'homme avance, nous nous familiarisons avec le personnage, lourd, grognant plus qu'il ne parle, exprimant peu ou pas ses sentiments, souvent terrassé par la souffrance, trouvant rédemption dans le pinceau, et laissant parfois émerger le trait d'humour ou de dérision, d'un simple regard, geste ou onomatopée…. La lumière de ses sujets est intense. Celle que perçoit Turner le transcende avant de nous atteindre au plus profond de nous-mêmes. Nous connaissions tous - ou presque - son style ou au moins une de ses œuvres, mais voilà qu’il nous étrille d'émotion, cet être hors du commun. Plus jamais, nous ne pourrons revoir une seule de ses toiles avec le même sentiment.

J'avais lu en son temps de nombreuses critiques sur ce film qui m'avait déjà sublimée. D'un côté, trop esthétique, trop long, cinéaste en retard sur le peintre, acteur piégé par un paradoxe temporel... Et de l'autre, un chef-d’œuvre ! En fait, pas de juste milieu, pas de critique tiède. Personnellement, c'est dans une œuvre majeure que je me suis une seconde fois retrouvée. Impossible de faire abstraction de la réelle vivacité de ce film qui lui confère au meilleur moment l'énergie nécessaire. Mike Leigh s'est d’ailleurs saisi de l'un des plus médiatiques évènements ayant agité la société londonienne en 1832.

Lors de la grande exposition annuelle de la Royal Academy de Londres, Turner se trouva accroché auprès de son éternel rival, Constable (autre grand peintre, dans le genre laborieux). Il présentait une marine dans les tons bleu pâle et vert sombre, de pure tradition hollandaise. Or, son voisin avait choisi un sujet cher au cœur des Londoniens : l’inauguration du pont de Waterloo, rutilant sous les ors et vermillons. Turner jaugea l'affaire longuement, puis, la veille du vernissage, apposa en public une touche de minium , imposant une toute petite bouée rouge au centre de sa composition, dont il traça la base d’un seul coup de pouce, aimantant tous les regards.

"Il est venu ici et a tiré un coup de canon", dira Constable déconfit, en découvrant cette riposte. Deux siècles plus tard, une paire de musées londoniens rallumaient gaiement la querelle en exposant simultanément les deux peintres. À sa façon, Mike Leigh a lui aussi réchauffé le calumet de l'histoire en offrant à Turner un visage qui lui appartient. J'avais également entendu que la scène où le peintre se fait ligoter au sommet d’un mât afin de se retrouver au cœur des éléments n'était que légende (ou disons sans aucune preuve). Qu'importe, Turner aurait pu faire cette démarche. Il l'a sûrement faite, si compulsif dans ses dessins comme dans sa perception de toute chose, par laquelle l'artiste donnait la part belle à l'instinct.

Lorsque la famille légitime du peintre (nombreuse, avec petite-fille à la clé) se présente régulièrement au domicile des Turner, visiblement abandonnée par William, c'est le père de ce dernier qui a l'habitude de les recevoir avec bienveillance, sous le regard et le ton acide de la belle-fille. Il est évident que William est protégé par son père. On peut imaginer une enfance douloureuse, la perte de la mère, que sais-je ? Bref, sa grande irresponsabilité est criante. On ne comprend pas comment le peintre a pu en arriver là, mais on le prend comme il est. On s'attend à tout avec cet écorché vif. Une fragilité dissimulée sous un quintal de chair mal assumée. Au décès de son père, William se donne encore davantage à son art et sortira vainqueur de sa solitude, grâce aussi à sa belle relation avec la propriétaire de la pension où il aime trouver refuge, demeurant des jours durant derrière sa fenêtre donnant sur la mer pour en capter les humeurs. Cette harmonie nouvelle, on la perçoit grâce à la finesse de Mike Leigh. Là encore, jour après jour, saison après saison, le beau s'installe entre les êtres, entre le peintre et la nature, entre le peintre et lui-même. Derrière ce titre si sobre, un très grand film.

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Mr. Turner
Film britannique de Mike Leigh (2014)
Distribution :
Timothy Spall : J.M.William Turner
Paul Jesson : William Turner (le père)
Marion Bailey : Sophia Booth (la propriétaire de la pension)
Dorothy Atkinson : Hannah Danby
Karl Johnson : M. Booth
Ruth Sheen : Sarah Danby
Sandy Foster : Evelina

Récompenses :
Festival de Cannes 2014
• Prix d'interprétation masculine pour Timothy Spall
• Prix Vulcain de l'artiste technicien pour Dick Pope

Boston Society of Film Critics Awards 2014 :
• Meilleur acteur pour Timothy Spall (2e place)
• Meilleur scénario pour Mike Leigh (2e place)
• Meilleure photographie pour Dick Pope (2e place)

Los Angeles Film Critics Association Awards 2014 :
Meilleure photographie pour Dick Pope (2e place)

National Board of Review Awards 2014 :
Top 2014 des meilleurs films indépendants

New York Film Critics Circle Awards 2014 :
Meilleur acteur pour Timothy Spall

Prix du cinéma européen 2014 :
Meilleur acteur pour Timothy Spall

National Society of Film Critics Awards 2015 :
• Meilleur acteur pour Timothy Spall (1re place)
• Meilleure photographie pour Dick Pope (1re place)
• Meilleur film (3e place ex-æquo avec Birdman)
• Meilleur réalisateur pour Mike Leigh (3e place)

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Joss a encore des idées dans les cartons. Vous devriez donc retrouver sa prose d'ici, je suppose, quelques semaines. Et moi ? Je reviens vendredi vous parler de petite enfance. Comment ? Vous verrez bien !

lundi 15 octobre 2018

De rouille et d'or

Tourner un western ? Jacques Audiard n'en faisait pas une priorité. Dernièrement, le cinéaste a ainsi expliqué que c'est une proposition de l'acteur américain John C. Reilly et de sa femme Alison Dickey, productrice, qui l'a conduit à réaliser Les frères Sisters. Lire le roman du Canadien Patrick deWitt l'aura convaincu de le mettre en images...

Pour la toute première fois, le Français s'est donc penché sur les idées d'un autre, lui qui, jusqu'alors, n'avait suivi que sa propre inspiration. Pour ce faire, peut-être aidé aussi par la Palme d'or qu'il a remportée en 2015, il a fait appel à un quatuor de comédiens américains choisi parmi les meilleurs: à John C. Reilly déjà cité, il a ajouté deux stars majeures, Joaquin Phoenix et Jake Gyllenhaal, ainsi que Riz Ahmed. Avec pareil carré d'as, on peut se croire capable d'abattre un jeu gagnant ! Le Frenchie a-t-il pour autant remporté la partie ? Possible. L'histoire qu'il a portée à l'écran est à sa place dans le Grand Ouest. Un mystérieux homme de pouvoir charge deux frangins à la gâchette facile de retrouver un chercheur d'or, inventeur d'un procédé chimique apte à détecter les gisements qui reposeraient au fond des rivières. Idéaliste, le prospecteur semble s'être lié d'amitié avec un détective parti à sa poursuite et envisage de créer avec lui une communauté entre hommes de bonne volonté. Reste à savoir dans quelle situation cette étrange intention le mettra alors... au doux pays du flingue-roi !

Un constat: nous voilà face à un western pour le moins déroutant. Évidemment, vous y trouverez malgré tout de nombreuses références aux archétypes du genre: des armes à feu, des chevaux, un saloon fréquenté par des dames de petite vertu et des desperados, arrivés en ville après avoir traversé mille paysages et passé de longues nuits en pleine nature, à la lueur d'un feu de camp. Il n'en reste pas moins que le film est presque parvenu à constamment déjouer mes attentes de vieil habitué de ce type d'histoires. Faut-il parler de French touch pour expliquer que Les frères Sisters sorte du lot ? C'est très tentant. Cela dit, force est donc de constater que le scénario trouve sa source dans une oeuvre littéraire nord-américaine - et écrite en langue anglaise, de surcroît. Au fond, il est peut-être inutile de se torturer les méninges pour analyser le succès de l'entreprise: chaque partie prenante a trop de talent pour qu'un raté soit juste envisageable. Maintenant, je me dis qu'il faut aussi savoir entrer dans cet univers pour en mesurer la valeur. Et que la fin devrait en étonner plus d'un...

Les frères Sisters
Film franco-américain de Jacques Audiard (2018)

Je l'ai suggéré et enfonce le clou: c'est sans doute son aspect atypique qui donne du charme à ce western. De nombreux autres représentants du genre chevauchent sur le blog, sans être tous aussi intéressants. Parmi les plus récents, je vous conseille notamment The homesman et La dernière piste, plus radicaux que le True grit des frères Coen. J'ai désormais envie de voir Hostiles, dont j'ai eu de très bons échos !

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Aimé ou pas, une chose est sûre...

Le film fait du bruit sur la blogosphère ! L'amie Tina en a parlé brièvement, tout comme des cinq autres qu'elle a vus en septembre. Pascale et Dasola l'ont devancée, tout comme Strum et Princécranoir. Vous pourrez vérifier que toutes et tous n'ont pas la même opinion...

dimanche 14 octobre 2018

La ville la nuit

Je vous ai parlé de ce temps pas si lointain où les lauréats des César défilaient pour remercier Claude Berri. J'ai appris - un peu plus tard - que Coluche en avait fait une blague ! Récompensé pour sa prestation dans Tchao pantin, l'humoriste est de fait excellent dans ce film noir. Sa chienne de vie, dit-on, se retrouve dans celle de son personnage...

Lambert est simple pompiste dans le 18ème arrondissement de Paris. Une nuit, sous une pluie battante, il voit débarquer Youssef, un jeune du quartier, dont la mobylette (volée, bien sûr) est tombée en panne. Bien que très différents l'un de l'autre, les deux hommes unissent leurs solitudes et deviennent amis. En fait, c'est presque un rapport de filiation qui viendra lier l'honnête travailleur au loulou insouciant. Tchao pantin respire la misère affective et, compte tenu de la photo grisâtre de Bruno Nuytten, on se dit vite que tout cela finira mal. Vérification faite, une rupture de récit survient à la moitié du film. Bien... ne comptez pas sur moi pour révéler quoi que ce soit de plus ! L'anecdote veut que Claude Berri, confiant dans le talent dramatique de son poulain, insista pour que le film sorte à la toute fin d'année pour attirer l'attention des jurys des César. Bien joué: outre Coluche meilleur acteur, Richard Anconina fut, lui, honoré de deux statuettes dorées, à savoir celles du meilleur second rôle et du meilleur espoir...

Les techniciens eurent droit à leur part du gâteau: à Bruno Nuytten déjà cité, l'académie voulut ajouter Gérard Lamps et Jean Labussière pour le son. Tchao pantin a donc marqué son temps, si j'ose dire. Qu'en reste-t-il aujourd'hui ? Une oeuvre remarquable d'authenticité. Complété notamment par Agnès Soral et Philippe Léotard, le casting fait merveille et rend nos émotions encore plus fortes. Le scénario sublime les traits d'une France d'en bas que l'on voit peu au cinéma. On peut aussi apprécier ce long-métrage comme l'un des derniers d'Alexandre Trauner, juif hongrois émigré en France dont la carrière de décorateur cinéma avait débuté... au tout début des années 30 ! En un mot comme en cent, ce film est un morceau de patrimoine. Quelque 3,8 millions de Français étaient allés le découvrir en salles l'année de sa sortie - ce qui lui vaut la 9ème place du box-office 1983. Trente-cinq ans plus tard, Paris a changé, certes, mais la "formule" fonctionne toujours. Je vous souhaite donc de le vérifier à votre tour.

Tchao pantin
Film français de Claude Berri (1983)

Désolé: aucun film ne me vient en comparaison, même si j'ai pensé à... Blade runner du fait de cette vision très sombre des réalités citadines. Les deux longs-métrages n'ont en commun que l'intérêt réel que je leur porte et la décennie 1980. Tiré d'un roman, Tchao pantin me rappelle ceux du regretté Jean-Claude Izzo et notamment un polar très rude: Total Khéops (dont je n'ai pas vu l'adaptation). À suivre...

samedi 13 octobre 2018

Au père inconnu

J'ai hésité longtemps, mais j'ai fini par regarder Le fils de Jean. Faudrait-il que je le regrette ? Sans doute pas. Je dois dire cependant que, dans mes souvenirs, le long-métrage avait reçu un accueil bienveillant de la part de la critique, alors que je l'ai trouvé honnête et réussi dans son genre, mais pas folichon non plus. Je m'explique...

Mathieu apprend un jour que son père biologique vient de mourir. Dans le même temps, il découvre qu'il a deux demi-frères au Canada. Averti par un ami de son géniteur, le jeune homme aimerait pouvoir les rencontrer, lui qui mène pourtant déjà une vie familiale complexe depuis le décès de sa mère et la fin de son histoire avec sa femme. Bon... sur cette base, Le fils de Jean propose une intrigue ancrée dans le réel, à laquelle il est bien sûr possible de se montrer sensible. Nommé au César pour le rôle de Mathieu, Pierre Deladonchamps fait montre de justesse dans son jeu, adoptant une sobriété de bon aloi. Mais, si louable soit-elle, cette retenue finit par handicaper le récit...

C'est un peu cruel de l'exprimer ainsi, mais je dois bien reconnaître que je me suis vite désintéressé du sort de Mathieu. La sympathie dont il est abreuvé par la (quasi-)totalité des autres personnages m'est vite apparue forcée ou tout à fait artificielle, même si je sais pertinemment combien les Québécois peuvent se montrer généreux avec nous autres, les maudits Français ! Autre "souci": j'ai vu arriver la conclusion du scénario une bonne vingtaine de minutes en avance. Résultat: tout cela m'a paru cousu de fil blanc et un peu décevant. Heureusement, les acteurs font le job, avec une mention particulière pour Gabriel Arcand, que j'étais en fait très content de retrouver. Bref, Le fils de Jean ne m'a pas pleinement convaincu, mais demeure un film très recommandable, touchant par sa modestie... j'ai vu pire !

Le fils de Jean
Film français de Philippe Lioret (2016)

Mon bilan est mitigé: avec une bonne idée au départ, le long-métrage cède trop au pathos pour me convaincre tout à fait. Dommage. J'attendais (un peu) mieux du réalisateur de Welcome, film imparfait par bien des aspects, mais que j'avais trouvé plutôt digne et sincère. Si ce sont les liens familiaux qui vous intéressent, je crois préférable de choisir Secrets et mensonges ou Tel père, tel fils, pour tout dire. 

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Bien sûr, on peut être d'un autre avis que le mien...

Je vous laisserai donc découvrir ce qu'en ont pensé Pascale et Dasola.

jeudi 11 octobre 2018

De par leur nature

Je me méfie des bandes-annonces. J'aime pouvoir découvrir un film sans a priori et, autant que faire se peut, je cherche dès lors à éviter tout ce qui pourrait trahir le secret de ce que je vais découvrir. Paradoxe: c'est sa bande-annonce qui m'a conduit à Leave no trace. Visiblement, ce long-métrage est passé sous les radars médiatiques...

Je ne saurai trop vous encourager à lui donner sa chance ! Il repose sur un duo père-fille, joliment interprété par Ben Foster, apprécié dans d'autres films indé américains, et Thomasin Mckenzie, actrice néo-zélandaise (née en 2000). Tom et son papa vivent dans une forêt de l'Oregon, qui est aussi un parc national. Ils sont donc en infraction avec la loi. Malgré leurs efforts pour passer inaperçus, ils finissent par être arrêtés et du coup contraints de revenir à une vie "normale". Les services sociaux leur fournissent une maison, on leur demande d'aller travailler ou de s'inscrire à l'école... et on s'inquiète bien peu de ce qui les a conduits vers la marge. Le scénario de Leave no trace apporte une réponse à cette pseudo-énigme, sans s'arrêter longtemps sur ce détail. Parce qu'il a, tout simplement, autre chose à raconter...

J'aime décidément beaucoup ce cinéma-là, orienté vers l'Amérique ordinaire. Sans esbroufe ni tapage, je le trouve bien plus évocateur que beaucoup d'autres. L'air de rien, il en appelle à nos émotions primaires et fait montre d'empathie pour croquer des personnages souvent abîmés par la vie. Dans le cas particulier qui nous occupe aujourd'hui, la nature intervient par ailleurs comme un élément central du récit, apte à rassembler les hommes autour de valeurs simples et, peut-être, à les sauver. Mais attention: Leave no trace demeure centré sur l'humain, porté de fait par des comédiens inspirés et d'une justesse remarquable. Ils ont su me sortir de mon quotidien ! Les dialogues étant réduits au minimum, tout cela est d'une douceur étonnante et d'une belle sensibilité. À savourer en famille, si possible.

Leave no trace
Film américain de Debra Granik (2018)

Mon premier coup de coeur de l'automne ! Il me donne très envie d'enfin apprécier Winter's bone, le film précédent de la réalisatrice. Avant cela, vous dire que le long-métrage d'aujourd'hui m'en a rappelé d'autres, dont Into the wild serait l'archétype (en plus tragique). Envie de suspense, mais aussi de retour à la nature ? Je vous suggère d'autres latitudes et La forêt de Mogari, Tracks, Comme un avion...

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Ah ! Je ne suis pas seul...

Pascale, elle aussi, est parvenue à voir le film. Et elle en dit du bien !

mardi 9 octobre 2018

Un détour côté courts

Le court-métrage est-il le parent pauvre du cinéma ? J'ai pu constater qu'il était encore très souvent présenté comme l'outil des cinéastes débutants soucieux de faire leurs gammes (et de se faire connaître). Personnellement, je trouve cette vision un peu réductrice. Et je veux revenir aujourd'hui sur trois courts que j'ai pu découvrir récemment...

Arthur Rambo
Court-métrage français de Guillaume Levil (2018)

De ce petit film, j'aurais pu parler plus tôt, puisque je le l'ai découvert avant La belle, au départ de la nouvelle saison de mon association. Guillaume Levil est un réalisateur ami, que nous invitons parfois comme animateur-présentateur. Avec une équipe réduite, il a tourné ce court dans un lieu qu'il connaît bien pour y avoir vécu enfant: l'Île de la Réunion. L'histoire est un peu la sienne, semble-t-il, et parle d'enfants que la vie et les adultes séparent après une bêtise commise en classe. L'un d'eux récitant péniblement des poèmes au feu rouge pour gagner quelque menue monnaie, il y a aussi un regard social derrière la caméra. Rien de brutal au sens explosif du terme, cela dit. Le film avait été préacheté (et en partie remonté) par France 2. J'ignore s'il fera aussi l'objet de prochaines diffusions sur la chaîne... 

Rentrée des classes
Court-métrage français de Jacques Rozier (1956)

Changement de décennie, mais on retrouve à nouveau des enfants. Cette fois, c'est Correns, un petit village du Var, que la caméra explore pour nous. Les gamins qu'elle nous permet ainsi de rencontrer vont donc à l'école, sauf un, René Boglio. Il faut dire que le môme aurait du mal à se présenter devant son professeur, puisqu'il a... jeté son cartable dans la rivière voisine, en réponse au défi d'un copain. Vous l'aurez (peut-être) compris: le film nous convie à une escapade buissonnière, le temps de retourner en salle de classe. Le regard posé sur les marmots est d'une tendresse renversante et les images belles comme un après-midi sous le soleil de Provence. C'est encore mieux grâce à la BO, ouverte sur les rythmes entraînants de Darius Milhaud. Mozart est là, lui aussi: extraites de La flûte enchantée, les vocalises de la Reine de la Nuit ajoutent même à la magie du décor. J'ai aimé ces 24 minutes hors du temps, découvertes... dans une bibliothèque !

Zéro de conduite
Court-métrage français de Jean Vigo (1933)

Toujours à la bibliothèque, j'ai enfin croisé la route de ce cinéaste "maudit" des années 30. Pourquoi le qualifier ainsi sans avoir parlé encore de son travail ? Parce qu'après quelques années d'une carrière éphémère, l'homme est mort de septicémie, à 29 ans seulement. Aujourd'hui (et depuis 1951), un Prix de cinéma porte son nom, offert à l'auteur d'un film que le jury distingue - je cite - "par l'indépendance de son esprit et la qualité de sa réalisation". Le court-métrage évoqué ce jour aurait pu le gagner: il met en scène une autre rentrée des classes, dans un pensionnat parisien, cette fois. L'insouciance relative des enfants se heurte vite à la sévérité des adultes, en dépit de la mansuétude de l'un des surveillants, à l'attitude chaplinesque. D'inspiration anarchiste et jugé subversif, le film fut privé de visa d'exploitation jusqu'en 1945 ! Je me suis délecté de son air moqueur et de ses images, proches de celles du cinéma muet. À voir et revoir !

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Une bonne nouvelle, d'abord: n'importe lequel de ces trois films permet d'avancer mon Movie Challenge. Après un faux départ il y a quelques mois, je coche la case n°18: "Le film est un court-métrage".

Cette chronique est désormais, comme les autres, ouverte au débat. J'envisage d'évoquer d'autres courts d'ici la fin de l'année, en tournant mon regard aussi vers le monde de l'animation (et/ou d'autres pays). La richesse du sujet est infinie, je suppose, comme celle des longs. N'hésitez donc pas si vous avez des titres à me conseiller: je prends !