lundi 30 juillet 2018

Mon défi (étape 3)

Une mini-chronique aujourd'hui, pour faire un nouveau point d'étape sur mon avancée dans le Movie Challenge 2018, lancé par Tina et Lily. Je n'ai franchement pas de quoi pavoiser: depuis mon dernier bilan fin mai, je n'ai rempli qu'à peine... deux nouvelles petites cases ! C'est peu, même si je ne sélectionne pas (ou pas encore) mes films...

Contrairement à ce que mon image suggère, c'est devant un écran que j'ai validé la catégorie n°7 ("Le film se déroule dans le milieu médical") avec Patients et, six semaines plus tôt, la n°28 ("Le film se déroule au collège, au lycée ou à l'université") avec La révolution silencieuse. J'approche des trois quarts de mon programme complet. Force est de constater que, comme l'année dernière, j'ai su démarrer sur les chapeaux de roue, avant de connaître un gros ralentissement. Pas question de se prendre la tête: le but reste bien sûr de s'amuser. Je suppose que certaines rubriques vont me poser des difficultés certaines, mais nous sommes à cinq mois de 2019. Pas de pression...

Ci-dessous, la liste des objectifs que je dois encore atteindre...
4. Personne ne s'attendait à ce que j'aime le film,
9. Le titre du film comporte un verbe à l'infinitif,

15. Le réalisateur du film n'est ni acteur, ni cinéaste,
18. Le film est un court-métrage,
19. Le film est sorti l'année de mon bac,

22. Le film a remporté l'Oscar du meilleur film,
25. Le film m'a mis en colère,
31. C'est un film sensuel,

32. Le film dure au minimum trois heures,
35. Le film est tiré d'une série ou en a inspiré une,
36. C'est l'adaptation d'un livre que j'ai lu.

Rien d'impossible, a priori: je me sens (raisonnablement) confiant. D'ailleurs, je l'étais déjà lors de mon bilan de mars et à celui de mai. J'imagine que nous aurons évidemment l'occasion d'en reparler au fur et à mesure de ma progression. Et si vous rejoigniez le mouvement ? C'est un peu tard, sans doute, mais pas trop tard. Et à suivre, donc...

samedi 28 juillet 2018

Le poids de la dette

C'est un fait: j'ai mille choses à découvrir du côté du cinéma italien. Par bonheur, comme l'an passé, mon association a choisi de terminer sa saison 2017-2018 avec un classique de la comédie transalpine. Mais Il boom est-il véritablement destiné à nous faire rire ? Pas sûr. Inédit en France jusqu'en novembre 2016, il était "négligé" en Italie...

Au cours du débat qui a suivi la projection, un intervenant a suggéré qu'en 1963, nos voisins avaient eu du mal à accepter le ton grinçant du film. Il boom tourne surtout autour de Giovanni Alberti, un quadra oublieux de ses origines modestes et qui mène donc la grande vie grâce au succès de ses affaires. C'est en tout cas ce que l'on imagine au début, mais il s'avère que l'habile businessman est en réalité criblé de dettes. Il le cache à sa femme, Silvia, pour conserver son amour. Problème: Giovanni ne trouve aucun ami pour l'aider à s'en sortir. Douteux, ses projets immobiliers ne convainquent plus personne ! C'est pourquoi le pauvre bougre en vient à envisager une solution autre, dont je vais taire la teneur, tout en soulignant simplement qu'elle exige de lui un sacrifice important. Il est fort vraisemblable que, derrière le vernis de la caricature, le film nous parle également de la manière dont l'Italie s'est redressée de la guerre et du fascisme. Il le fait avec drôlerie, parfois, mais pas seulement: la bouffonnerie ne résiste pas toujours à la mélancolie. Le drame social n'est pas loin.

Avis aux amateurs: Alberto Sordi nous offre ici un grand numéro. L'ensemble a fort belle allure, certes, mais sa prestation de soliste suffirait à justifier la découverte de ce film rare. L'acteur-caméléon court partout, se bat et se débat: il brille toujours, dans le burlesque comme dans le  pathétique. Du coup, on rit et on pleure avec lui ! Croyez-moi, ces sentiments changent à toute allure, le personnage évoluant parfois au cours d'une même scène (et tout au long du film). C'est finalement ce qui l'humanise, alors que son comportement pourrait d'abord paraître indécent - il en subira de pires, à vrai dire. Je peux dès lors croire que le mauvais accueil réservé au film l'année de sa sortie est à relier avec la mauvaise conscience d'une nation redevenue prospère, mais qui restait hantée par quelques fantômes de son passé. Le titre Il boom nous indique que tout est allé très vite dans l'Italie d'alors, quand, dans le même temps, le scénario souligne que la réussite n'a pas atteint tout le monde de la même façon. Autant en rire, à l'italienne, et au moins tant que cela sera possible...

Il boom
Film italien de Vittorio de Sica (1963)

D'abord, un rappel: l'année dernière, c'est autour de Larmes de joie que mon association avait baissé le rideau (un très bon souvenir). Des comédies italiennes des sixties, je ne connaissais que Le pigeon et Ces messieurs dames. Ma toute première incursion chez De Sica est une réussite qui en appelle d'autres - et néoréalistes, si possible. Pour Alberto Sordi, vous pouvez aussi revoir... L'argent de la vieille !

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Je ne suis certes pas le seul à avoir vu le film...

Résultat: j'en profite pour relayer la chronique de "L'oeil sur l'écran".

jeudi 26 juillet 2018

Inquiétants mystères

Connaissez-vous Daphné du Maurier ? Les écrits de cette romancière britannique (1907-1993) ont parfois inspiré le cinéma. Il se trouve que, de manière impromptue, j'ai pu découvrir deux longs-métrages inspirés de l'une de ses oeuvres littéraires - d'où le diptyque du jour. Vous êtes friands de suspense ? Je crois... que vous allez être servis !

My cousin Rachel
Film britannique de Roger Michell (2017)

Une toute première relecture de ce roman était sortie sur les écrans en 1952, avec Olivia de Havilland et Richard Burton dans les rôles principaux. Dans l'Angleterre du 19ème siècle, Philip Ashley est forcé de se séparer de son cousin, qui fut aussi son tuteur, l'intéressé devant partir en Italie pour soigner une grave maladie respiratoire. Rasséréné par les lettres que son parent lui adresse, le jeune homme ne connaît qu'un court répit, le temps qu'arrivent d'autres courriers. Ambroise, l'expatrié, y déclare être tombé sous la coupe d'une femme tyrannique et dépensière. Mais il meurt sans en avoir livré la preuve ! L'intrigue commence réellement quand sa veuve oublie ses origines italiennes et s'installe outre-Manche comme maîtresse de la propriété laissée par le défunt. Il y a là tout ce que j'aime dans le septième art en costumes: du suspense, donc, une reconstitution vraiment soignée et un jeu d'acteurs convaincant. Un jeu de faux semblants, bien sûr. Si Sam Claflin, un peu flou, fait le job, sans plus d'éclat, Rachel Weisz est parfaite en embobineuse patentée (ou pas). Délectable ambigüité.

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D'autres avis sur ce film vénéneux ?
On peut lui trouver une certaine modernité en récit d'émancipation féminine ou dans sa façon de suggérer la démence liée au grand âge. N'hésitez pas à voir ce que Pascale, Dasola ou Laurent en ont retenu !

Les oiseaux
Film américain d'Alfred Hitchcock (1963)

On dit que le maître du suspense et l'écrivain ne s'entendaient guère. Qu'importe: à défaut d'avoir déjà lu le livre, je voulais voir le film. Puisque nous sommes entre gens de bonne compagnie, je vous avoue que je ne suis pas sûr que ce n'était pas pour la première fois ! Conséquence: même si je peux également supposer que la réputation du sujet rend dérisoire mon envie de ne pas trop en dire, j'ai choisi une image "neutre" pour préserver au moins quelques surprises possibles à ceux d'entre vous qui ne le connaîtraient pas en détails. Sommairement, je veux tout juste mentionner qu'il est ici question d'inquiétants volatiles, goélands et corbeaux, qui attaquent l'homme sans difficulté aucune et surtout... sans la moindre raison apparente. Sec comme un coup de trique, le scénario pose bien plus de questions qu'il n'apporte de réponses, avec toutefois un ton moraliste, à rebours des "bons sentiments" qui règnent souvent en maîtres dans le cinéma américain. Le thriller devient presque un film d'horreur ! Bel exercice de style, à considérer d'un oeil averti, car il peut mettre mal à l'aise...

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Vous voulez aller plus loin dans la peur ?
Je vous comprends: je partage ce sentiment d'attraction-répulsion. Plusieurs solutions pour l'assouvir: lire les textes de Strum, Benjamin ou Lui. Et, si vous l'osez, découvrir d'autres images chez Ideyvonne...

mardi 24 juillet 2018

Une peur muette

Sans un bruit est sorti au cinéma et le lendemain, c'était l'été. Faut-il en conclure que la saison chaude est, dès son début, favorable aux seuls blockbusters ? En attendant de le savoir, je dois admettre que j'ai pris un plaisir (coupable) devant ce long-métrage américain. Peut-être pas autant que certains, mais plus que d'autres, c'est sûr...

Tout le scénario repose sur une idée intéressante: les êtres humains sont attaqués par des monstres dès qu'ils produisent le moindre son ! D'où viennent les créatures ? Vont-elles coloniser le monde ? Ont-elles une faiblesse quelconque qui permettrait de se débarrasser d'elles ? Aucune réponse n'est donnée, mais il semble hasardeux de compter sur l'empathie de ces bestioles d'un genre inconnu. Je suis d'accord pour dire que tout cela ne suffit pas à faire un grand film, loin de là. Pourtant, Sans un bruit m'a plu: il se passe d'hémoglobine pour jouer à nous faire peur. La violence est réelle, mais fugace (ou suggérée). C'est bien trop rare dans le cinéma américain pour ne pas le relever...

Autre bel atout: le film a le mérite de ne pas traîner en longueurs inutiles. Avoir concentré le récit sur l'observation d'une seule famille relève ainsi de la bonne idée, d'autant que le tout ne dure pas plus qu'une heure et demie. En l'absence de digression, on va à l'essentiel et ce qui nous est montré gagne incontestablement en efficacité. D'aucuns jugeront que John Krasinski, le réalisateur-acteur, se donne le beau rôle et, du coup, regretteront peut-être qu'il ait ensuite choisi sa femme (Emily Blunt) pour tenir celui de la mère-courage du film. Passé ce qui n'est pour moi qu'un détail, je place un bémol personnel sur le côté très "amerloque" de cette aventure, où le vrai sacrifice parental peut apparaître parfois comme la seule condition de la survie des enfants. Heureusement, les jeunes acteurs jouent plutôt bien ! Bilan confirmé: dans le cinéma de genre, Sans un bruit tient la route. À voir, de préférence, sur un grand écran et dans une salle obscure...

Sans un bruit
Film américain de John Krasinski (2018)

C'est très certainement parce que le film se déroule dans un espace limité: en le voyant, j'ai assez vite repensé à 10 Cloverfield Lane. Cela pourrait vous surprendre, mais je n'ai toujours pas vu Alien. Quel autre monstre réveiller ? Celui de Predator ? Celui de Sunshine ? Ou encore le démon intérieur de Solaris ? Le choix est presque infini. Promis: dès jeudi, je vous parlerai d'une autre menace incontrôlable !

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D'ici là, si vous avez besoin d'un autre avis...

Je peux vous proposer d'aller lire ceux publiés par Pascale et Dasola.

lundi 23 juillet 2018

À sept contre un !

J'ai tenu à lire une critique de Scott Pilgrim aussitôt après l'avoir vu. Issu d'un Annuel du cinéma, ce texte présentait le film sous un jour favorable, tout en s'interrogeant sur le public qu'il était susceptible d'atteindre. C'est vrai que la question peut légitiment être posée. Autant révéler sans délai que l'on tient là un objet de la culture geek !

En tant que tel, Scott Pilgrim, adaptation d'une série de six comics écrits et dessinés par l'auteur canadien Bryan Lee O'Malley, repose essentiellement sur une idée basique pour le cinéma: celle du garçon tombé amoureux qui doit affronter les sept ex de sa petite copine. Romantique ? Pas franchement. Cet argument des plus minimalistes s'impose plutôt comme un prétexte à une avalanche d'images colorées et de plans courts, dignes en somme des jeux vidéo les plus agités. Assez bon connaisseur de cet univers, je tiens ici à vous faire part d'une évidence trop souvent négligée: dans le jeu vidéo, le joueur garde une part de contrôle sur l'action, là où le spectateur de cinéma demeure inévitablement passif. Cela peut expliquer que certains films d'inspiration vidéoludique soient jolis, mais tout à fait inintéressants. Celui d'aujourd'hui ne relève pas le niveau, mais il est bien ficelé. Dans son genre, c'est du coup une "proposition" tout à fait acceptable.

Le ton est à vrai dire donné dès l'avant-générique, le logo Universal apparaissant inhabituellement pixelisé et accompagné d'une musique de synthèse semblant sortie... du processeur d'un PC des années 80 ! Je signale à toutes fins utiles que Wikipédia dresse une liste complète des références que les connaisseurs pourront relever dans le film. L'encyclopédie en ligne souligne que, contre toute attente, le public américain ne n'est pas véritablement intéressé à Scott Pilgrim. Apparemment mal distribué, il a par ailleurs connu un autre flop retentissant dans nos chères salles françaises, avec un chiffre final arrêté à 21.422 entrées (dont 13.318 à Paris). Je ne comprends pas ! Peut-être que tout cela est trop clivant, en réalité, et ne peut séduire qu'une toute petite partie des amateurs de cinéma: ceux qui veulent en prendre plein la vue sans se demander si c'est une bonne idée. Après tout, pourquoi pas ? Leur cercle est moins fermé que d'autres...

Scott Pilgrim
Film américain d'Edgar Wright (2010)

Vous n'avez encore vu aucun film de ce cinéaste ? Je vous renvoie vers mon index des réalisateurs pour en découvrir quelques autres. Du côté geek, libre à vous ensuite de préférer Ready player one. L'imagerie des jeux vidéo a aussi inspiré... beaucoup de films ratés ! Game over ? Non, car eXistenZ et Sucker punch ont leurs adeptes. Ah ! Et il y a encore Les mondes de Ralph, un Disney un peu oublié...

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Là encore, la confrontation des points de vue est utile...
Je vous encourage à lire d'autres avis et d'abord celui de Laurent. Benjamin, revenu me commenter il y a peu, mérite aussi un p'tit clic !

samedi 21 juillet 2018

Une certaine rencontre

Je crois que c'est naturel: nous nous faisons tous une certaine idée des films avant de les voir. À mes yeux, le plaisir du cinéma tient notamment à ce qui vient après, quand arrive le moment de comparer ce qu'on a vu et ressenti avec ce qu'on avait imaginé. Et je dois dire aujourd'hui que L'autre côté de l'espoir est arrivé à me surprendre...

Le film tourne autour de deux personnages principaux, qu'il filme d'abord (et assez longuement) séparément. Le premier est syrien, arrivé clandestinement en Finlande pour fuir la guerre, après la mort sous les bombes de la plus grosse partie de sa famille. On apprend que Khaled est parti avec sa soeur Miriam, mais qu'il en a été séparé quelque part sur son chemin et qu'il fera donc tout pour la retrouver avant d'aller plus loin. De l'autre côté, Waldemar, lui, est finnois, VRP en chemises et tout juste séparé de sa femme (alcoolique). Efficace au jeu plutôt qu'en amour, il gagne une très grosse somme au poker et se décide à changer de vie, en rachetant un drôle de restaurant. Évidemment, Khaled et Waldemar finissent par se croiser. Je crois préférable de ne pas tout vous raconter ici. Comme d'habitude, oui...

Ce que je peux vous dire, c'est qu'en tournant ce film, qu'il présente d'ailleurs comme son dernier, Aki Kaurismäki reste fidèle à ses idées et à son style. À partir de faits réels et contemporains, il fabrique l'un des contes dont il a le secret. Il ne transforme pas son petit théâtre en tribune, mais le mélange d'humour, de tendresse et d'amertume révèle sans doute beaucoup sur le message qu'il entend faire passer. L'autre côté de l'espoir n'est pas un film politique dans le sens premier de la revendication: plus qu'engagé, c'est je crois un film engageant, qui met de la poésie dans le quotidien et, par la douceur de son récit, peut nous inciter à ouvrir les yeux, à réfléchir et à agir. Quelque chose me dit que cela ne peut pas plaire à tout le monde. Tant pis pour le consensus ! Pour ma part, j'ai vu un très bon film. J'étais vraiment ravi qu'il m'emmène là où je ne pensais pas aller. C'est évidemment pour moi l'une des caractéristiques du bon cinéma !

L'autre côté de l'espoir
Film finlandais d'Aki Kaurismäki (2017)

La manière dont ce film aborde la question des migrations étonne. Pour moi, c'est une surprise positive... et, très sincèrement, j'espère que vous la partagerez. Je sais à quel point le sujet est "sensible". Quitte à me répéter, je vous cite d'autres films qui l'évoquent frontalement (et différemment): Welcome, Rêves d'or, Desierto, Harragas, Eden à l'ouest... et je reste à l'écoute de vos suggestions !

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Si vous voulez vous enrichir d'autres avis...
Je vous en recommande certains, écrits par Pascale, Dasola et Strum.

jeudi 19 juillet 2018

De neige et de feu

Un constat: les grandes images ne font pas toujours les grands films. J'aurais toutefois aimé juger de La lettre inachevée sur écran géant ! C'est à mon avis dans son format XXL originel que ce noir et blanc sublime relève toute sa (dé)mesure. Le DVD, lui, n'est qu'un pis-aller. Ce qui, sachez-le, ne signifie pas que je regrette de l'avoir regardé...

Autant le dire tout net: j'ai au contraire été très heureux de saisir l'occasion d'apprécier un autre film du fameux tandem du cinéma russe: Mikhaïl Kalatozov (réalisation) / Sergueï Ouroussevski (photo). Tourné et sorti à l'époque des Soviets, cet très spectaculaire opus passerait aisément pour une oeuvre de pure propagande, à la gloire exclusive de la Révolution socialiste. C'est indiscutable: il s'agit bien d'un travail de commande. Pourtant, déboulonner la statue reviendrait à négliger les distances que les exécutants ont prises avec l'imagerie triomphaliste du régime. La lettre inachevée a certes pour héros quatre géologues - une femme et trois hommes - envoyés au fin fond de la Sibérie à la recherche de diamants, en vue d'enrichir les caisses de l’État. Dès le début, un carton témoigne d'ailleurs d'un parallèle audacieux avec la conquête spatiale. Reste que l'expédition, deux ans après le Spoutnik et deux autres avant Youri Gagarine, tourne mal. Cet échec permet au duo ci-dessus évoqué de déployer tout son talent artistique, à la grandiloquence assumée. Un style, un vrai, un tatoué !

Je veux croire que certains réalisateurs contemporains, promoteurs sincères de films de survie musclés, ont pu trouver là une source d'inspiration pour des créations dites actuelles. Je me dis également qu'une telle expressivité des images, de fait couplée avec la virulence de la musique, peut évoquer les éternels chefs d'oeuvre du muet. Finalement, comme à l'opéra, les dialogues ne font guère qu'apporter une vague émotion supplémentaire à La lettre inachevée: je trouve que l'on pourrait presque s'en passer, tant tout le reste est puissant. Impossible, dès lors, de ne pas mentionner la formidable contribution de David Vinitski, chef décorateur: pour l'anecdote, les historiens d'art retiennent que le film fut amplement dessiné, avant de s'inscrire dans un décor naturel, ajusté pour "coller" à cette vision primitive. Chaque petit détail a donc sans doute été scruté, analysé, vérifié. Résultat: une merveille sur le plan formel. Je serai moins louangeur sur le fond, mais, à vrai dire, cela n'a pas la moindre importance. Retenu par le feu, la pluie ou la neige, j'ai frémi... comme rarement !

La lettre inachevée
Film soviétique de Mikhaïl Kalatozov (1959)

Petit mémo: en novembre dernier, je vous avais parlé d'un autre film du même réalisateur - Quand passent les cigognes, Palme d'or 1958. D'un point de vue stylistique, je ne trouve guère d'équivalent véritable à ces deux références du cinéma international. Après, pour ce qui est de l'histoire, celui d'aujourd'hui peut être la matrice de The revenant ou avoir inspiré Le territoire des loups. Mais... je l'aime davantage !

mercredi 18 juillet 2018

L'ombre d'un doute

Je ne veux pas sombrer dans la philo de comptoir, mais je trouve intéressant de réfléchir à la vérité en passant par le cinéma. Le film d'aujourd'hui pose la question du comportement d'un homme en temps de conflit: L'honneur d'un capitaine revient sur la guerre d'Algérie. Son titre donne déjà une (petite) idée de ce que le scénario raconte...

Marcel Caron, ex de la Résistance, est officier dans l'armée française quand il est tué lors d'une opération militaire d'envergure. Vingt ans ont passé lorsque sa veuve, Patricia, choisit d'intenter une procédure judiciaire contre un historien. Lequel, en public, prétend que le chef apprécié de ses hommes n'était qu'un tortionnaire et un assassin. Bien... personnellement, je ne souhaite pas m'étendre sur ces années sombres: je les connais beaucoup trop mal pour faire état d'un avis pertinent. Cela étant précisé, j'ai trouvé judicieux (et intéressant) que L'honneur d'un capitaine ose les aborder à partir d'une situation individuelle, fictive en effet, mais malgré cela tout à fait crédible. Retrouver Jacques Perrin dans l'uniforme du héros remis en question est un autre des éléments qui m'ont donné envie de voir le film. D'ailleurs, le casting est irréprochable. Claude Jade, Georges Wilson et Charles Denner sont associés à quelques bons autres seconds rôles.

Étrangement, au cours du procès qui va s'ouvrir, c'est Nicole Garcia qui m'a semblé la moins convaincante. Au départ, sa volonté d'obtenir justice lui permet de composer un beau personnage de femme forte. L'idée même est assez fascinante, même si quelques failles ou doutes auraient encore pu enrichir ce portrait. Las ! Dès que les plaideurs entrent en scène, Patricia s'efface, à tel point qu'elle se trouve privée de dialogues (avant une remarquable, mais peu bavarde conclusion). Aux divers moments de bravoure oratoire, L'honneur d'un capitaine privilégie également les flashbacks, parfois trop explicatifs, du coup. Quelque chose me dit qu'avec un peu plus d'audace et d'ambivalence pour les protagonistes, le film aurait pu être excellent. Je souligne qu'en l'état, il est tout de même réussi, puisqu'il évite intelligemment les pièges du révisionnisme et/ou de la leçon de morale républicaine. Une raison qui devrait me suffire à vous le recommander - vivement !

L'honneur d'un capitaine
Film français de Pierre Schoendoerffer (1982)

Je suis persuadé que certain(e)s d'entre vous savent que le cinéaste était aussi derrière la caméra d'autres récits liés aux armées françaises: Le crabe-tambour (1977) en est l'exemple le plus fameux. Bien entendu, il en est d'autres, que je verrai peut-être... un jour. D'ici là, les films militaires présents sur ce blog ne sont pas légion ! Mais vous pouvez encore choisir Signes de vie ou American sniper...

lundi 16 juillet 2018

Sur les circuits

Le 15 est passé: je ne veux pas attendre que le 16 le soit aussi. Conséquence: comme d'habitude en milieu de mois, je donne la place à Joss. Elle souhaite encore vous parler de motos... et de deux films autour du Continental Circus ! Et je la laisse donc vous expliquer ça !

Quarante-deux ans les séparent. Et c'est justement ce recul qui rend la chose particulièrement intéressante. Pour clore un semestre de chroniques motocyclistes, j'ai choisi deux longs-métrages français de genre documentaire tout à fait exceptionnels. Non concurrents, mais complémentaires, ils offrent un témoignage unique sur la société des sportifs moto des années soixante-dix.

Sorti en 1972, sur une bande-son du groupe Gong, le film Continental Circus, de Jérôme Laperrousaz, porte le nom que donnaient les coureurs aux Championnats du Monde de vitesse moto des années seventies/eighties. "Circus" comme un cirque ou une foire qui se déplace de site en site, d'année en année, avec ses forains, ses véhicules, ses drapeaux, son spectacle. Et "Continental" parce que la totalité des courses avaient lieu en Europe et, surtout, en dehors de la Grande-Bretagne !

Le film raconte la quotidien d'un pilote de moto privé, l'Australien Jack Findlay (1935-2007), surnommé "le guerrier des circuits" par le journal Libération et assisté de sa compagne Nanou, durant la saison 1969. Ses deux machines: une 500 Matchless et une Jawa 350 quatre cylindres type 673, en remplacement de Bill Ivy, décédé lors des essais du Grand Prix d'Allemagne de l'Est. Les principales difficultés de ce pilote comme quasiment de tous les autres sont malgré tout d'ordre financier.

Les pilotes privés de l'époque ne subsistent que grâce aux primes gagnées lors des courses. Quant aux chutes, elles représentent une double perte financière, celles des dégâts sur la moto et du manque à gagner sur la prime. "Cinq semaines de convalescence, trois Grands Prix manqués, 1 000 livres perdues !", déclare la compagne du pilote australien. 

Bien entendu, la vie des pilotes d'usine est aux antipodes de celle des privés. Sur sa MV Agusta, le champion du monde italien Giacomo Agostini en est le témoin emblématique. Au terme d'une année de lutte, d'insupportables moments de détresse et de douleur, physique ou morale, mêlés à des joies intenses et échanges superbes de fraternité et d'amour, Jack Findlay remportera la cinquième place du Championnat, après trois chutes et autant de podiums. Belle prestation pour le pilote comme pour le film Continental Circus qui mérita le Prix Jean Vigo "pour sa qualité de réalisation et son indépendance d'esprit". Une sacrée page, historique et authentique.

Deuxième volet : "Dans la série Continental Circus, je voudrais le film !", ont dit certains. Et oui, sorti en 2014, le documentaire Il était une fois le Continental Circus reprend le contexte du même championnat, mais cette fois, après plus de quatre décennies, sous l'œil et la main experte de Bernard Fau, lui-même pilote de Grand Prix moto du Continental Circus, se déplaçant de ville en ville pour assurer un spectacle aussi poignant que dangereux. Trois heures durant (si, si !), ce réalisateur-cameraman-monteur mène de façon très artistique, totalement passionnante et carrément émouvante, les courses appelées ICCP, organisées par Eric Saul, un autre champion de la même veine. 

Des interviews de ses copains de la grande époque comme Giacomo Agostini, Christian Sarron… ou de la génération suivante comme celle de Jean-Louis Tournadre (premier champion du monde français en 1982 et qui abandonna tout définitivement un an après !) aux tours de piste de leurs emblématiques machines, des images d’archives de l'INA sur les années 70-80 couvrant les impressions des jeunes fougueux (dont certains y ont laissé la vie… Olivier Chevallier, Patrick Pons, Michel Rougerie, Barry Sheene), à celles des paddocks, départs, arrivées, podiums, des sportifs mythiques d'hier aux fascinants pilotes vintage qu'ils sont devenus, comme à ceux moins connus, souvent talentueux, et pour lesquels il était question de survivre financièrement, et aussi survivre tout simplement tant le danger était omniprésent à chaque compétition…

En résumé, c'est tout un univers qui reprend vie et dans lequel on ne s'ennuie jamais. Bien tourné et remarquablement monté, le film de Bernard Fau nous parle aussi de celui qu'il est, qui n'a jamais cessé de courir sur circuit, mais qui, faute de budget, a arrêté la haute compétition dès 1963, se tournant avec beaucoup de talent vers le cinéma : "Faute de titre, je rêvais de devenir le premier pilote-réalisateur !"

Un pari totalement réussi qu’ont soutenu la Fédération française de motocyclcisme, mais aussi des sponsors comme Eric de Seyne, à la tête de Yamaha Europe, et puis tant de passionnés par le biais d'une souscription sur le web, qui font parler le réalisateur d’un véritable "film de famille". Il était une fois le Continental Circus (www.bernardfau.com) continue à séduire partout dans les festivals de films de moto, comme par exemple au French Riviera Motorcycle Film Festival - premier festival français créé par Olivier Wagner - qui s'est tenu à Nice en mars dernier (www.frmff.com). Un (très) long-métrage qui s'engage encore à tenir en haleine pour longtemps. On appelle ça une référence, non ?

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Allo, allo, amies lectrices, amis lecteurs... vous êtes encore là ? N'attendez plus pour remercier Joss de sa contribution à ce blog ! J'espère la convaincre de rempiler en septembre. Vos commentaires sont rares, mais toujours très appréciés. Bref... je compte sur VOUS !

Petit rappel au cas où: Joss et la moto, c'était aussi...
- Un vieux film italien: Les fiancés de la mort,
- Un autre récent: Italian race (Veloce come il vento),
- Un court-métrage français: 1971, Motorcycle heart,
- Une gentille petite blague en images: Trois pêcheurs,
- Et une présentation générale sur le Festival déjà cité.

dimanche 15 juillet 2018

Casse-tête chinois

Je vous l'annonce avec dépit: je suis presque totalement passé à côté de Kaili blues. Oui, je m'attendais à quelque chose d'assez "difficile" quand j'ai décidé de regarder ce film chinois, mais je reste frustré d'avoir si peu (ou mal) réussi à le suivre là où il voulait m'emmener. Si certain(e)s d'entre vous l'ont vu et aimé, qu'ils en parlent, surtout !

Le récit se passe dans la province du Guizhou, au sud de la Chine. Oubliez le pays en plein boom économique et ses gratte-ciels urbains plus hauts que ceux de Manhattan: nous sommes à la campagne. L'intrigue qui nous est proposée tourne autour de Chen Shen, médecin de son état. Si j'ai bien compris, notre homme doit à la fois retrouver son neveu, que son frère a vendu (!) pour ne plus avoir à s'en occuper comme le père qu'il est pourtant, et le tout premier homme qu'a aimé son assistante, si toutefois il est encore en vie. Je suis donc désolé d'admettre que, très vite, j'ai perdu le fil. J'ai dû découvrir le film dans un état de fatigue trop intense pour le comprendre. Dommage...

Je me suis raccroché aux images. Autant le souligner: la photo du film est splendide et les paysages plutôt inédits, ce qui a donc su titiller mon intérêt à l'égard des horizons autres, lointains et/ou inconnus. Ailleurs sur Internet, vous lirez peut-être également que Kaili blues contient un très long plan-séquence, ce que j'avais appris... et oublié quand je l'ai regardé. Je confirme: ce tour de force intervient un peu avant les scènes finales et doit durer une petite demi-heure, je crois. Il m'a procuré une sensation de vertige, qui correspond parfaitement aux émotions ressenties devant ce long-métrage du genre abscons. Après coup, j'ai lu (et admis) qu'il joue sur la temporalité et s'inscrit aussi bien dans le présent que dans le futur. Et le rêve ? Possible. Quant à moi, je laisse la porte ouverte à toutes les interprétations...

Kaili blues
Film chinois de Bi Gan (2015)

Deux chiffres: seules trente copies du film ont circulé dans les salles françaises et il n'y aura été vu que par à peine... 13.884 personnes ! À tous points de vue, on est bien loin des blockbusters que la Chine nous envoie désormais régulièrement (du genre La grande muraille). Ce cinéma vaut le détour, même si je préfère le lyrisme flamboyant d'Adieu ma concubine ou la "claque" de Nuits d'ivresse printanière !

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J'ai quand même lu une autre chronique...
Intéressés ? Vous pouvez la retrouver du côté de "L'oeil sur l'écran". 

vendredi 13 juillet 2018

Le choix de revenir

Ma chronique du jour nous ramène vers l'Amérique latine et un pays peu exploré jusqu'alors: la Colombie. Le choix de la culture intensive de la canne à sucre a largement favorisé le développement industriel local, mais il a également contraint des milliers de paysans à un exil forcé. La terre et l'ombre vient nous parler de ceux qui sont restés...

Le film s'ouvre en fait sur un retour: celui d'Alfonso, un cultivateur parti chercher fortune ailleurs que sur son lopin, mais qui s'est décidé à faire machine arrière... dix-sept ans plus tard ! Un choix accueilli avec froideur par Alicia, l'épouse qu'il avait jadis laissée derrière lui. Dans sa vieille maison, il y a aussi un fils très malade, une belle-fille qu'Alfonso n'a encore jamais rencontrée et un petit-fils à rassurer. Placée au coeur même de ce microcosme en clair-obscur, la caméra invite ainsi le spectateur à prendre en considération toute la réalité du dénuement absolu. La terre et l'ombre n'est toutefois pas un film misérabiliste: bien au contraire, il fait montre d'une grande dignité dans le traitement de ses personnages. J'ai d'ailleurs apprécié le fait qu'ils soient peu nombreux: les émotions s'en trouvent "concentrées" !

Une précision que je crois importante: il s'agit bien d'une fiction. Notez au passage que le réalisateur a été récompensé d'une Caméra d'or au Festival de Cannes 2015: un jury (spécifique) a donc estimé qu'il présentait le meilleur premier film, toutes sélections confondues. "J'ai voulu essayer de faire face à l'oubli, expliquait-il alors. Le film est né d'une douleur personnelle: j'ai perdu ma mère avec qui j'avais grandi seul et, en faisant ce film, je me suis dit que j'allais retrouver des êtres aimés. Ma famille". Attention: il est question de source d'inspiration, mais le récit n'est assurément pas autobiographique. C'est par le soin apporté à la mise en scène et une certaine retenue dans les dialogues qu'il se distingue - d'une manière très positive ! D'après moi, La terre et l'ombre appartient à ce cinéma qui dit beaucoup sans trop de bruit et avec peu de mots. Il ne juge pas utile de crier: c'est cette pudeur même qui en fait la force et la beauté. Quelque chose passe qui pourrait certes ressembler à un message politique, mais ce n'est pas vraiment le propos. À chacun d'en juger...

La terre et l'ombre
Film colombien de César Acevedo (2015)

Une oeuvre juste sur la vie rurale, comme l'était Le démantèlement. De par son côté taiseux, son origine latino-américaine et son nombre réduit de personnages, ce long-métrage rappelle aussi Les acacias. Pour le lien avec le sol natal, on est plus proche de La terre éphémère (ou bien de L'île nue, à la limite) que de Petit paysan. Désolé, je ne vois pas réellement de comparaison adéquate. Et vous ?

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Si vous souhaitez un autre éclairage...

Vous pouvez également aller voir ce qu'en a pensé mon ami Eeguab.

jeudi 12 juillet 2018

Aparté islandais

J'en suis d'autant plus désolé que c'est de fait la toute première fois que cela arrive: je n'ai que modérément apprécié Back soon, un film de Sólveig Anspach - dont, en général, le travail me plaît davantage. Attention: rien n'est vraiment mauvais dans cette (troisième) fiction de la cinéaste franco-islandaise. J'ai été moins "réceptif", c'est tout...

Le dépaysement est garanti: cette fois, la réalisatrice nous conduit droit vers son pays de glace et de feu. Nous y retrouvons son actrice fétiche, Ditta Jónsdóttir, dans le rôle culte d'Anna, poétesse, mère célibataire de deux garçons déjà grands et vendeuse de marijuana ! L'intéressée entend justement faire autre chose de sa vie et compte vendre sa clientèle à un loulou quelconque, qui accepterait donc d'offrir une grosse somme d'argent en échange... des numéros contenus dans le répertoire d'un téléphone portable. Ce banal objet possède une importance capitale dans Back soon: à vous de découvrir pourquoi. À vrai dire, c'est un peu light, mais assez loufoque, aussi...

Jusqu'au générique final, et je le dis positivement, nous sommes plongés dans un univers personnel, à la fois proche et (très !) décalé des réalités de notre monde. On peut tout à fait comprendre qu'Anna veuille en garder le meilleur et s'échapper du reste. L'étrange scénario laisse passer un soupçon de désespoir: Back soon évoque rapidement quelques sujets plutôt sensibles, tels que le suicide ou la parentalité non assumée. Surprise: il les aborde également sur le ton de l'humour. Et même si l'hilarité n'est pas de mise, il faut reconnaître qu'il y a ici quelque chose que j'apparente à une vraie personnalité artistique. Quand on a la fâcheuse habitude des rires en boîte que nous imposent nombre de pseudo-comédies, on se dit que ce n'est déjà pas si mal. Bref, malgré mes bémols, il n'est assurément pas interdit de sourire !

Back soon
Film franco-islandais de Sólveig Anspach (2008)

C'est vrai qu'on peut le voir indépendamment, mais le long-métrage s'inscrit comme le premier des volets de la "trilogie fauchée" produite par Sólveig Anspach, la suite venant avec Queen of Montreuil (2013) et L'effet aquatique (2016). Vous l'aurez compris: ma préférence irait plutôt vers ces deux autres films, que j'ai découverts "dans l'ordre". Libre à vous de choisir Lulu femme nue ou... la cinéaste elle-même !

mardi 10 juillet 2018

Bande de filles

2001: George Clooney et Steven Soderbergh revisitent un vieux film avec Frank Sinatra et redonnent ainsi vie à Danny Ocean, bel homme et ex-taulard, chef de bande et braqueur de casinos. Une trilogie débarque sur les écrans, en 2001, donc, 2004 et 2007. Je vais parler aujourd'hui du quatrième volet, que je suis allé voir le mois dernier...

Plus de dix ans après l'extinction des feux, la lumière a été rallumée pour donner une suite (ou plutôt une prolongation) à cette franchise mythique. L'idée surfe sur l'air du temps: puisque les trois épisodes précédents reposaient sur une troupe de fameux acteurs, remplacer ces messieurs par une équipe de femmes était censé faire le buzz. Gagné ! En ce qui me concerne, en tout cas, c'est bien ce casting féminin qui, en premier lieu, m'a conduit tout droit à Ocean's 8. Bilan: ce nouvel opus m'a diverti, mais je ne crierai pas au génie. Disons qu'il s'agit d'un produit marketing efficace, conçu pour mettre en valeur les actrices qui participent à l'aventure: Sandra Bullock, Cate Blanchett, Anne Hathaway, Helena Bonham Carter ou Rihanna par exemple. Les autres ? J'en suis navré: elles m'étaient inconnues...

Plus de casino dans le viseur: ces dames et demoiselles s'associent pour dérober une très lourde parure de diamants, lors d'une soirée VIP organisée par un grand musée new-yorkais. Elles croient bon d'agir quand le bijou sera bien en évidence, au cou d'un célèbre mannequin ! Trop gros pour être vrai ? Je le reconnais, mais c'est la loi du genre. Constat d'évidence: Ocean's 8 est un pop corn movie. Je ne pense pas qu'il restera dans les annales du cinéma et je suis même prêt à parier que la série s'arrêtera là. Pas grave: j'en ai assez vu, pour tout dire. Je veux croire que les comédiennes se sont bien amusées et compte sur elles pour renouer avec des rôles plus ambitieux dans un avenir proche. À moins bien sûr que George Clooney ne ressorte du placard pour un énième rebond. Pas sûr que ce soit vraiment indispensable...

Ocean's 8
Film américain de Gary Ross (2018)

Vite vu, vite oublié ? Sans doute. Il n'empêche que je reste satisfait d'y avoir cédé, un soir où j'étais trop HS pour choisir un programme plus exigeant. Vous n'avez pas vu les "versions masculines" ? J'ai écrit quelque chose sur Ocean's 12, mais je n'ai pas eu l'occasion de revoir les deux autres depuis... longtemps ! La prochaine fois, il est possible que je choisisse plutôt l'original: L'inconnu de Las Vegas. À suivre...

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Un avis féminin vous intéresse ?

Je vous propose d'en lire deux: celui de Pascale et celui de Dasola. Nota bene: Lara, une amie avec qui j'ai vu le film, l'a plutôt apprécié.

lundi 9 juillet 2018

Se relever

Réfléchissez-y un court instant: sous la forme d'un pictogramme blanc sur fond bleu, l'image d'une personne en fauteuil roulant s'est imposée partout pour représenter le handicap. Elle reste pourtant restrictive. Au quotidien, d'autres situations peuvent poser autant de problèmes aux personnes touchées: déficiences sensorielles, troubles maladifs...

En parler aujourd'hui me permet de souligner que près de la moitié des handicaps sont "invisibles". Le film Patients, lui, nous montre qu'une même situation peut avoir plusieurs origines. Fabien Marsaud est à l'initiative de ce long-métrage, adapté du livre autobiographique qu'il a écrit pour parler de son parcours. Je suppose que la plupart d'entre vous le connaissent sous son pseudo de Grand Corps Malade. En 1997, animateur d'une colonie de vacances, le jeune homme saute dans une piscine dont le niveau d'eau est trop bas. Un accident gravissime: les premiers médecins qui l'examinent imaginent alors que le déplacement de sa colonne vertébrale risque de le laisser paralysé du bas du corps et, donc, incapable de remarcher un jour. Pas de surprise, en fait: si vous connaissez l'artiste, vous savez déjà qu'il s'en est sorti et que c'est debout qu'il est devenu une référence du slam, poésie orale, urbaine et souvent publique. Aurait-on droit ici à un film bourré de bons sentiments, sous la forme d'une rédemption individuelle ? Pas du tout ! Ce (beau) récit nous raconte autre chose...

Logique: ce n'est pas pour rien que le titre du film est au pluriel. Autour de son héros, qui porte d'ailleurs - c'est notable - un autre nom que le sien, Grand Corps Malade a placé une galerie de personnages confrontés au handicap moteur, mais pour toutes sortes de raisons différentes. Porté par un message globalement optimiste, le scénario n'occulte rien du grand désespoir qui peut parfois saisir ces jeunes obligés de vivre "autrement". Il souligne, avec à-propos, que tous n'auront pas la même chance à l'issue de leur parcours thérapeutique. Autant dire que le spectateur, non concerné au premier chef, navigue au coeur d'émotions contradictoires, très intelligemment dosées. Chose que je retiens: Patients parvient assez souvent à être... drôle. C'est vraiment un film positif: le principal protagoniste suit un chemin difficile, qui le conduit parfois à certains renoncements ou deuils véritables, mais qui le ramène aussi vers une forme de lumière. D'après moi, c'est ce cheminement qui en fait une oeuvre de cinéma réussie: on peut parler de progression. Bref, je vous la recommande !

Patients
Film français de Grand Corps Malade et Mehdi Idir (2017)

Quatre étoiles pleines pour la justesse et la pertinence du projet. Vous me donnerez votre avis, sans doute, mais je crois pouvoir dire que les films centrés sur le handicap sont vraiment peu nombreux. Intouchables ? La famille Bélier ? C'est autre chose. Amour ? Aussi. J'ai entendu de bonnes choses sur Hasta la vista, un film espagnol. Vous auriez quelques tuyaux ? J'écoute. Et j'espère revoir Rain man...

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Une petite précision...
Le co-réalisateur de Grand Corps Malade a aussi un pseudo: Minos. Ami du slammeur, il en tourne les clips depuis une dizaine d'années.

Et pour finir, faute de lien ami...
Une rubrique du Movie Challenge ! Le long-métrage du jour est parfait pour remplir la case n°7: "Le film se déroule dans le milieu médical".

dimanche 8 juillet 2018

Un drame africain

Autant vous l'avouer: je ne savais pas tout à fait à quoi m'attendre quand j'ai choisi de regarder The constant gardener. John Le Carré est l'auteur du roman éponyme, d'accord, mais je n'ai encore rien lu de cet auteur (que je me représente en maître de l'espionnage). Franchement, parfois, c'est bien aussi de partir sans aucun a priori...

Bon... histoire de vous tenir informés, je vais quand même vous dire deux mots du scénario. L'histoire tourne autour d'un diplomate britannique, Justin Quayle, placé au service de sa Gracieuse Majesté au Kenya. Un jour, de passage à Londres, il doit remplacer au pied levé l'un de ses collègues pour une conférence géopolitique. L'affaire se complique quand, à la fin de son intervention, une auditrice l'interpelle avec des questions de politique étrangère assez sensibles. Scandale ? Non, car Tessa est finalement la seule à s'opposer à Justin de cette façon, ce qui provoque finalement... un coup de foudre inattendu entre les deux contradicteurs ! La suite se passera sur le sol africain, avec à la clé une intrigue liée à la corruption des élites locales et aux pratiques plus que douteuses des grands laboratoires pharmaceutiques occidentaux. Il ne peut être exclu que la fiction s'approche ici au plus près d'une certaine (et peu reluisante) réalité...

Sur le strict plan cinématographique, en tout cas, le pari est gagné. The constant gardener est un vrai bon film, de fait assez sombre dans ce qu'il raconte, mais très intéressant tout le long du métrage. J'ai pu craindre au départ qu'il soit difficile à suivre, mais j'ai trouvé qu'il était très clair, finalement, si on prend bien soin d'être attentif aux interactions (réelles ou possibles) entre les divers personnages. Autre qualité du film: le fait qu'il ait largement été tourné en Afrique et sur les lieux mêmes de l'action, ce qui nous permet de contempler quelques magnifiques décors naturels et rend les choses crédibles. Évidemment, la caméra nous montre aussi, au passage, la misère absolue des populations locales - et ce n'est pas moins intéressant. Tout au plus puis-je déplorer quelques scènes un peu trop frénétiques et des effets parfois inutiles, mais ce sera simplement pour chipoter. La fin, elle, est dure, mais très belle, aussi. Armez-vous de courage !

The constant gardener
Film britannique de Fernando Meirelles (2005)

Je n'ai pas parlé des acteurs: le duo vedette est très convaincant. Ralph Fiennes joue admirablement sur toute une palette d'émotions contradictoires et Rachel Weisz, elle, n'a certes pas volé son Oscar. Par certains aspects, ce grand personnage féminin m'a évoqué celui de Sigourney Weaver dans Gorilles dans la brume. La mise en scène m'en a aussi rappelé une autre du même réalisateur: La cité de Dieu !

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Vous voulez comparer mon avis avec un autre ?

N'hésitez pas: j'ai déniché une chronique chez mon ami Eeguab. Encore hésitants ? Vous pourriez vous tourner vers "L'oeil sur l'écran".