vendredi 31 mai 2019

Arrêt (provisoire)

Un simple mot aujourd'hui pour vous dire que je fais une pause blog d'une petite vingtaine de jours. D'ici à la reprise, je vous souhaite plein de bonnes choses et, bien sûr, beaucoup... de (très) bons films !

lundi 27 mai 2019

Joon-ho... et les autres

Le 72ème Festival de Cannes s'est achevé samedi par le triomphe inédit d'un cinéaste sud-coréen: Bong Joon-ho, à l'unanimité du jury. Une première depuis 2013 et La vie d'Adèle ! La sortie dans les salles françaises est toute proche: le film y arrive dès le 5 juin prochain. Possible dès lors que je vous en reparle ici dans quelques semaines...

Je note avec amusement que Okja, le précédent long du réalisateur, avait été présenté à Cannes en 2017, mais sans pouvoir être primé parce que produit par Netflix et diffusé sur petit écran uniquement. Pas envie de polémiquer: je n'ai pas vu cet autre opus et n'ai donc aucun avis particulier. En revanche, je connais Memories of murder ! Résultat: j'ai une confiance certaine en Bong Joon-ho. Wait and see. Parasite, qui voit le fils d'une famille pauvre embauché comme prof d'anglais dans une famille riche, augure d'une intrigue vénéneuse. Déjanté, gore, malin, grinçant... les quelques opinions que j'ai lues sur le film évoquent une Palme méritée. Encore un peu de patience...

Voici maintenant d'autres titres qui titillent ma curiosité...

/ Le daim (Quentin Dupieux)
Parce que nous y verrons Adèle Haenel et Jean Dujardin, bien sûr. Mais également pour la folie de Dupieux (cf. Rubber et Au poste !)...

/ Rocketman (Dexter Fletcher)
Un biopic sur Elton John par le cinéaste qui avait débuté (et finalisé !) celui de Freddie Mercury, Bohemian Rhapsody. Du rock à paillettes...

/ Matthias et Maxime (Xavier Dolan)
Je n'ai toujours pas d'avis définitif sur le jeune réalisateur québécois. Faut-il en avoir un ? Pas sûr. Mais Mommy reste un grand souvenir...

/ Sibyl (Justine Triet)
Virginie Efira et Adèle Exarchopoulous en vedettes devant la caméra d'une réalisatrice dont j'ai entendu beaucoup de bien: c'est tentant...

/ Le jeune Ahmed (Jean-Pierre et Luc Dardenne)
Depuis Rosetta, les frangins belges sont comme chez eux à Cannes. Bon, leur cinéma ne m'attire pas toujours. Mais je demande à voir...

/ Hors-normes (Olivier Nakache et Eric Toledano)
Comme beaucoup d'autres, je m'étais marré avec Intouchables. D'autres films du duo m'emballent moins. Celui-là ? On verra bien...

/ Bacurau (Juliano Dornelles et Kleber Mendonça Filho)
Ce qui m'a tapé dans l'oeil ici ? Juste le nom du second réalisateur ! Parce que j'ai un bon souvenir de Les bruits de Recife et Aquarius...

/ Les misérables (Ladj Ly)
On m'a dit de très belles choses sur À voix haute, le documentaire consacré à un concours d'éloquence, du même Ly. À rattraper, donc...

/ Jeanne (Bruno Dumont)
Après Jeannette, une sorte de comédie musicale axée sur l'enfance de la Pucelle d'Orléans, le cinéaste nordiste raconte la suite. Dingo...

/ Les films d'Alain Delon
(...)
Bon, d'accord, je le reconnais: cette fois, c'est un peu pour la blague. Et juste pour relever qu'à 83 ans, l'acteur a reçu une Palme d'honneur.

----------
Et bien sûr, ça n'est pas exhaustif...

J'ai mélangé toutes les sélections... et cité certains films non-primés. Si vous le souhaitez, vous pouvez vous aussi y ajouter les vôtres. Et/ou revenir à mes quelques suggestions du mardi 14, à l'ouverture !

samedi 25 mai 2019

Un peu de liberté

L'une fume comme un pompier et travaille (dur !) comme serveuse dans un restaurant bon marché. L'autre reste à la maison aux soins exclusifs d'un mari bien peu reconnaissant. Ensemble, deux copines décident de mettre les voiles, le temps d'un week-end entre filles. Thelma & Louise est peut-être le film le plus simple de Ridley Scott...

Malgré cette simplicité, le réalisateur britannique sublime le scénario de Callie Khouri, une Américaine discrète qui obtint l'Oscar. Je dirais que le film doit également une bonne partie de son succès au duo d'actrices: Susan Sarandon et Geena Davis sont très convaincantes. Bien qu'il s'agisse d'une sorte de road movie, je ne veux pas détailler l'ensemble de ce qui leur arrive sur la route de leurs "vacances". Sachez simplement que les hommes y jouent un rôle important ! Ironiquement, une partie du public reprocha aux femmes d'adopter ici des comportements déplacés, mais, aujourd'hui, Thelma & Louise paraît plutôt d'inspiration féministe. The times, they are a-changin'...

L'un des personnages qui incarne le mieux ce changement est joué par Brad Pitt. J'ai longtemps cru que Thelma & Louise lui avait offert son premier rôle, mais je me trompais: il avait quelques autres films derrière lui. Peu importe: il est très juste, lui aussi, et je dois souligner que l'histoire gagne en complexité autour d'interprétations masculines remarquables, la sienne, donc, et aussi celles d'un tandem bientôt "tarantinesque", j'ai nommé Michael Madsen et Harvey Keitel. Soigné sur la forme, le long-métrage est également un hommage vibrant à l'Amérique des sans-grades, même si la réalité du pays s'écarte sûrement de cette représentation - il faudrait aller vérifier ! Bref... même si je me souvenais de la fin, j'ai passé un bon moment à revoir ce film. Je vous assure: il porte bien ses bientôt trente ans...

Thelma & Louise
Film américain de Ridley Scott (1991)

Une vision européenne sur l'Amérique ? Une production pro-femmes dans un Hollywood macho ? Un aparté dans la filmo du réalisateur ? Finalement, exception ou pas, inutile de tergiverser: le film m'a plu. Cela dit, un film comme Paris, Texas est encore plus fort, je trouve. Vous noterez au passage que les routes stimulent aussi l'imagination des Américains. À découvrir: The strange ones et Midnight special

----------
Les années passées ont une conséquence...
Parmi mes blogs références, seul "L'oeil sur l'écran" a parlé du film. Mais attention: si vous cliquez, le risque de spoiler est plutôt élevé...

jeudi 23 mai 2019

Yipee ki-yay !

Une histoire intéressante. De belles images. Un montage soigné. Quelque chose dans la musique qui sait nous transporter ailleurs. Parmi tous ces ingrédients d'un bon film, c'est volontiers que je place également la bonne écriture des dialogues et les répliques qui fusent. L'une des raisons qui m'ont donné envie de revoir... Piège de cristal !

En souvenir de mon kif d'adolescent, c'est en choisissant la version doublée en français que j'ai retrouvé Bruce Willis au Nakatomi Plaza de Los Angeles, le soir de Noël. Encore chevelu, l'acteur américain devait, lui, rejoindre sa femme à une luxueuse réception privée. Problème: à peine était-il arrivé que toute une bande de terroristes allemands - lourdement armés, natürlich - y débarquait à son tour. Encore peu expérimenté, l'ami John McClane allait donc devoir agir avec justesse et, à défaut de sauver le monde, zigouiller du Teuton pour tirer une bonne trentaine d'otages des griffes de ces sauvages. Vous devinez la suite, j'imagine ? Tourné dans un véritable immeuble en construction, le bien nommé Piège de cristal propose un huis-clos classieux, qui pourrait encore largement faire référence aujourd'hui. Même s'il est tout à fait invraisemblable, on s'en fiche allégrement. Ici, il est inutile de réfléchir: la seule chose qui compte, c'est l'action !

On a souvent dit qu'un film de ce genre était réussi quand le méchant est à la hauteur. C'est le cas, en l'occurrence: je suis même persuadé que, comme moi, beaucoup ont dû garder en mémoire la prestation jubilatoire du regretté Alan Rickman (dans son premier rôle cinéma). Le reste du casting joue les utilités, mais je trouve Bonnie Bedelia très correcte dans le premier rôle féminin de ce "film de mecs". Devenu culte avec les années, Piège de cristal reçut un accueil mitigé de la presse française de l'époque, étant jugé primaire, voire bête. D'aucuns daignent désormais louer son côté précurseur en termes d'action movie contemporain. Entre les deux, j'y vois, moi, un plaisir vaguement coupable et un possible complice pour soirée plateau-télé. On n'est pas obligé de se frapper les quatre (et bientôt cinq) suites. Bien au contraire, ce type de spectacle a tout à gagner à être vu comme un archétype des années 80, sans autre ambition véritable que le divertissement bourrin. Parce que c'est cela aussi, le cinéma. Parmi toutes les options possibles, celle-là est très loin d'être la pire !

Piège de cristal
Film américain de John McTiernan (1988)

Sans surprise, mais efficace: je crois que ça peut résumer le truc. Plus le temps passe, plus je me dis que cette période du cinéma américain de genre est une belle source de pépites de cette nature ! Certaines ont des airs de nanar, tel l'incroyable Action Jackson, sorti la même année. En mode relax, on préférera Le flic de Beverly Hills ou Runaway pour le côté futuriste. Et il en reste beaucoup d'autres... 

----------
Une (double) précision linguistique...

Le titre de ma chronique ? C'est une onomatopée. Celles et ceux d'entre vous qui (re)verront le film ou s'en souviennent comprendront. D'autres que moi préfèrent en parler sous son titre original: Die hard.

Vous avez envie de prolonger le plaisir ?
"L'oeil sur l'écran" vous propose une autre (courte) chronique du film.

lundi 20 mai 2019

Tout recommencer

Raphaël Ramisse a bien de la chance: son manque de confiance en lui n'est pas venu à bout de sa motivation pour l'écriture et il est devenu un écrivain à succès. C'est en écoutant une jolie fille jouer du piano qu'il a rencontré celle qui l'a rassuré sur ses talents: sa femme, Olivia. Mais le bonheur, aussi intense soit-il, est parfois fragile, éphémère...

Après dix ans de couple et une dispute conjugale, Raphaël se réveille avec une gueule de bois terrible et... dans une dimension parallèle ! Soudain, il n'est plus auteur populaire, mais "simple" prof de lettres dans un bahut parisien. Olivia n'est plus mariée avec lui: elle ignore jusqu'à son existence, parcourant le monde et multipliant les concerts en tant que musicienne professionnelle. Le dernier espoir de Raphaël d'inverser la tendance ? S'appuyer sur l'aide de Félix, son vieux copain et partenaire de ping-pong. Je l'admets: le pitch de Mon inconnue m'est aussitôt apparu comme la promesse d'une comédie romantique sympa. De fait, sans en faire des caisses, ce petit film fait mouche. Alors que tant de productions françaises peinent à faire rire, celle-ci séduit par son ton enjoué et sa bienveillante simplicité. Les acteurs livrent une partition sans fausse note et dénuée de toute fioriture. Conséquence: les deux heures du métrage filent à vive allure. Bravo !

Depuis quelque temps, j'avais repéré François Civil, jeune comédien plein d'allant: il est progressivement en train de se tailler une place intéressante sur nos écrans (NB: il aura 30 ans en janvier prochain). Dans la peau du pote à la vie à la mort, j'ai eu une vraie révélation pour Benjamin Lavernhe, pensionnaire de la Comédie française, ici d'une grande drôlerie. Après, on ne va pas se mentir: l'atout-charme numéro 1 de Mon inconnue, c'est bien évidemment Joséphine Japy ! Son personnage est un peu plus âgé qu'elle, mais elle est craquante dans ce double jeu de muse inaccessible. On ne s'étonnera donc pas que Raphaël s'accroche à son sourire pour ne pas dériver à nouveau vers le doute et l'échec. Qu'importe, finalement, si le scénario écarte assez vite sa dimension fantastique: moi, j'y ai pleinement adhéré. J'éviterai donc de nuancer mon propos en chipotant sur les détails. Honnêtement, je comprends que l'on puisse trouver cela trop convenu pour s'emballer vraiment, mais cela reste une belle histoire, aussi. Certain(e)s vous diront que les garçons y ont le beau rôle, mais bon...

Mon inconnue
Film français d'Hugo Gélin (2019)

Jusqu'au nom donné au héros, il a quelque jour d'Un jour sans fin dans cette jolie chronique d'un amour et/ou d'une vie à reconquérir. Quant à l'aspect féérique d'une rencontre improbable, il peut trouver des échos dans le méconnu - et sympathique - Elle s'appelle Ruby. Nous sommes loin du ton des comédies romantiques hollywoodiennes classiques. Pour esquiver encore, je vous recommande My sassy girl !

----------
Je m'attendais à retrouver le film ailleurs...

Résultat: parmi mes blogs référence, seule celui de Pascale en parle !

vendredi 17 mai 2019

Une lubie africaine

Clint Eastwood assume l'héritage: il dit de Sergio Leone et Don Siegel qu'ils sont ses deux pères spirituels. Faut-il y ajouter John Huston ? Possible. Dans Chasseur blanc, coeur noir, l'éternel cowboy solitaire rend hommage à son aîné (sans que cela soit tout à fait explicite). Quoiqu'il en soit, il nous raconte comment un film peut se fabriquer...

Nous voilà revenus au début des années 50. Un certain John... Wilson entend partir en Afrique pour y tourner un film. Il doit batailler ferme avec un ami scénariste, mais aussi et surtout avec son producteur. Une fois ces deux hommes convaincus, son enthousiasme artistique s'efface devant son insatiable envie de chasser l'éléphant. Il est clair que le tournage prend alors du retard, au grand dam des financiers. Clint Eastwood avait-il des comptes à régler avec certains mécènes hollywoodiens exagérément frileux ? Allez savoir. Ce que je peux dire sans me tromper, c'est qu'il compose avec jubilation ce personnage bourru et égocentré. Chasseur blanc, coeur noir se révèle amusant !

Cela dit, il bascule petit à petit vers quelque chose de plus sombre. J'hésite à parler de drame pour ne pas vous décourager de le voir. Dans le même état d'esprit, je n'ai aucune envie de trahir les secrets du scénario, en dévoilant trop d'éléments de l'intrigue. J'ai découvert cette histoire sans m'être informé de sa teneur et elle m'a embarqué vers là où je ne pensais pas aller. Oui, Chasseur blanc, coeur noir m'a surpris et assez positivement, d'ailleurs. Mon seul regret véritable concernera... l'Afrique, filmée sans éclat particulier, à mon goût. Heureusement, la bande originale, réussie, participe du sentiment d'immersion sur un sol inconnu. En outre, je le répète: la prestation de Clint Eastwood est efficace et finit donc par emporter le morceau. Vous croiserez bien quelques visages connus dans la distribution complémentaire, mais ils se sont tous mis au service de la vedette. Compte tenu du sujet abordé, je ne dirai pas que cela pose problème.

Chasseur blanc, coeur noir
Film américain de Clint Eastwood (1990)

Vous savez l'affection que j'ai pour le réalisateur: ce long-métrage restera au bilan comme très légèrement en-deça de mes attentes. Rien de scandaleux. Attention: je crois préférable de vous orienter vers Out of Africa pour (re)voir le continent dans toute sa beauté ! En contrepoint, La chasse au lion à l'arc offre un spectacle troublant pour dépasser les idées toutes faites. Et L'Africain permet d'en rire...

----------
Une précision sur John Huston...
Ce film est aussi l'adaptation d'un roman de Peter Viertel: il se trouve que l'auteur avait suivi le cinéaste lors du tournage (mouvementé) d'un classique du cinéma américain: L'odyssée de l'African Queen. Clint Eastwood a par ailleurs consulté Anjelica Huston, la fille de John.

Vous avez envie d'aller plus loin ?
Je vous informe que mon ami Eeguab mentionne (brièvement) le film.

mardi 14 mai 2019

Cap sur Cannes

C'est parti jusqu'au samedi 25 mai, veille des élections européennes ! Le Festival de Cannes débute aujourd'hui... et j'y suis moins préparé que d'habitude. Je n'ai suivi que de loin les diverses annonces faites jusqu'ici, mais je reste intéressé par ce qui se passe sur la Croisette. En guise de préambule, voici donc quelques éléments d'information...

Un mot sur le président du jury, tout d'abord: après Cate Blanchett l'année dernière, le Festival fait cette fois confiance au réalisateur mexicain Alejandro González Iñárritu (Birdman, The revenant, etc.). Ce ne sera pas sa première venue à Cannes: le cinéaste avait obtenu le Grand Prix de la Semaine de la critique en 2000 (Amours chiennes) et le Prix de la mise en scène en 2006 (Babel). Sa nouvelle mission est pour lui "un véritable plaisir et une grande responsabilité". L'artiste le promet: son jury l'assumera "avec passion et dévouement". C'est donc aujourd'hui que tout commence, avec la projection du film d'ouverture: The dead don't die, un Jim Jarmusch avec des zombies !

Je ne vais bien sûr pas vous parler dès aujourd'hui de tous les films choisis pour la course à la Palme d'or, ni d'ailleurs des autres retenus dans chaque sélection parallèle. Thierry Frémaux et Pierre Lescure ont listé 21 prétendants à la récompense suprême, un chiffre conforme à la moyenne de ces dernières années, si je ne me trompe. Et, comme d'habitude, quelques titres échauffent déjà ma curiosité...

/ The dead don't die (Jim Jarmusch)
Encore lui, oui ! Parmi les arguments en sa faveur, une distribution prometteuse: Bill Murray, Chloë Sevigny et Adam Driver, notamment. Mais aussi le bon souvenir de ce que Jarmusch avait fait de la figure du vampire dans Only lovers left alive (Cannes 2013). J'ai trop hâte !

/ Douleur et gloire (Pedro Almodovar)
"Un film basé sur ma vie ? Non... et oui, absolument
". La pirouette d'Almodovar dans la bande-annonce me donne envie d'en savoir plus ! Certains parlent déjà de son film le plus intime depuis longtemps. Face à Penélope Cruz et Antonio Banderas, je me vois mal renoncer...

/ Portrait de la jeune fille en feu (Céline Sciamma)
Un drame dans la Bretagne du 18ème, avec Adèle Haenel de retour devant la caméra de celle qui l'a révélée: cela me tente, en effet. Après, pour être honnête, je n'ai pas cherché d'autre information. Disons que j'espère pouvoir compter sur une bonne surprise au final...

/ Une vie cachée (Terrence Malick)
On lui reproche son rythme effréné, lui qui laissait auparavant passer de nombreuses années entre deux réalisations. Mais je vénère Malick depuis The tree of life: la Palme 2011 a changé ma vision du cinéma. Ce nouvel opus, consacré à un résistant à Hitler, pourrait surprendre !

/ Parasite (Bong Joon-ho)
Souvenez-vous: je vous ai parlé il n'y a peu de mon intérêt marqué pour le cinéma coréen. Joon-ho fait partie des quelques réalisateurs que je connais. Il proposerait ici un thriller horrifique. On dit aussi que ce serait le prétexte pour confronter les classes sociales du pays !

/ Sorry we missed you (Ken Loach)
À 82 ans, le vieux lion britannique est le doyen de la sélection officielle, en lice pour venir chercher... une troisième Palme d'or ! Après Le vent se lève (2006) et Moi, Daniel Blake (2016), son film s'annonce comme un énième tableau de l'Angleterre pauvre. Why not ?

/ Atlantique (Mati Diop)
De l'autre côté de la pyramide des âges, Diop n'a encore que 36 ans. Si je m'intéresse à cette réalisatrice, c'est d'abord sa nationalité franco-sénégalaise qui m'attire. Heureux que Cannes pense au cinéma africain ! Il serait ici question de migrations vers l'Europe: à suivre...

/ Once upon a time in Hollywood (Quentin Tarantino)
QT a bouclé de justesse un film dont on parle déjà beaucoup, orienté sur la fabrication du cinéma américain à la toute fin des années 60. Du coup, il est l'un
des invités de dernière minute des sélectionneurs. Avec le tandem Leonardo DiCaprio / Brad Pitt placé en tête d'affiche !

Avant d'aller plus loin, je voulais également dire un mot de l'affiche choisie pour illustrer cette 72ème édition du Festival. Elle est l'oeuvre d'une graphiste inspirée par le cinéma: Flore Maquin. Très colorée comme beaucoup des précédentes, elle est aussi un très joli clin d'oeil à la femme cinéaste qui y est représentée, j'ai nommé Agnès Varda. La photo la montre sur le tournage (très acrobatique !) de La pointe courte, le premier de ses films, présenté à Cannes le 10 mai 1955. Deux ans seulement après une polémique cannoise sur une image retouchée de Claudia Cardinale, d'aucuns soulignent que cette fois encore, la photo a été retravaillée: la scripte du film a été effacée. Ironiquement, Jane Vilardebó était l'une des rares femmes de l'équipe technique. Espérons que la Croisette, elle, se gardera du machisme. Signe positif: dans l'ensemble des sélections, treize réalisatrices participent à la compétition cette année. Dont quatre pour la Palme...

Cela dit, Cannes ne renoncera pas demain à sa facette glamour. J'imagine que, comme chaque année, certaines gazettes s'étendront davantage sur les jolies robes qui auront le grand privilège de monter les marches que sur le talent - réel ou non - de celles qui les portent. Que voulez-vous ? Cela fait partie du folklore cannois, en réalité. Personnellement, cela ne m'a jamais tellement dérangé. L'important demeure à mes yeux que les films restent les premiers à faire parler d'eux et que l'on puisse continuer à en découvrir beaucoup, originaires d'un grand nombre de pays et représentatifs de tous les genres. Naïveté ? Peut-être, mais je tiens à conserver un peu de ce regard d'enfant émerveillé, pour cette édition et toutes les suivantes. Logiquement, je vous en reparlerai avant fin mai, au moins pour tirer un petit bilan (subjectif) et dire deux mots des principaux lauréats. Avant cela, j'ai quelques autres films sous le coude, à vous présenter ces prochains jours. Vous allez voir: je suis sûr qu'ils passeront vite. Et que cela ne vous empêche surtout pas de rester fidèles au cinéma !

----------
Pendant le Festival, le débat se poursuit...

La section des commentaires vous est ouverte pour livrer vos avis. Vous pouvez le faire dès aujourd'hui... et/ou au fil des jours à venir.

samedi 11 mai 2019

Déplacés

C'est une situtation dont on parle peu: parmi les quelque 49 millions de ses ressortissants, la Colombie compterait entre 7,5 et 8 millions de déplacés. Chassés de chez eux par la multiplicité des conflits internes au pays, ces malheureux sont au coeur de Los silencios. Précision: ce film récent est l'oeuvre d'une réalisatrice... brésilienne !

C'est sur l'île de La Fantasia, triple frontière (!) entre les deux pays sud-américains et leur voisin péruvien, que la caméra nous emmène. C'est la nuit: descendus d'une barque, une femme et ses deux enfants trouvent refuge chez une vieille tante. Le contexte de guerre civile entre le gouvernement, les narcotrafiquants et les groupes d'action paramilitaire revient bien vite en toile de fond... sonore, une radio annonçant la tenue, à Cuba, de négociations de paix entre les parties prenantes. Aussi, le retour soudain et inattendu du père de famille paraît presque naturel, le fait qu'il soit équipé d'une mitraillette laissant toutefois supposer que rien n'est vraiment aussi simple. Autant le dire: Los silencios joue beaucoup sur les faux semblants. Quelques indices visuels pourraient sans doute vous faire comprendre qu'il faut savoir dépasser les apparences, mais tout le film est drapé dans le mystère. Et j'avoue que j'ai trouvé cela tout à fait fascinant...

Une condition pour en profiter, à mon avis: il faut s'y laisser prendre. Accepter de ne pas tout comprendre aussitôt pour avoir idéalement une révélation plus tard, au moment où les toutes dernières images défileront. Contemplatif, Los silencios est également l'un de ces films que je présente comme des oeuvres sensorielles: sa seule esthétique est une invitation au voyage, ainsi qu'à l'introspection, dirais-je. Même s'il fait référence à des femmes et des hommes d'aujourd'hui, bien réels, il transcende leur histoire et lui confère une portée symbolique, universelle. Que vous dire de tout cela ? C'est puissant. Les émotions que j'ai ressenties sont dignes d'une grande découverte cinématographique: les nombreuses possibilités d'expression offertes par ce médium artistique sont en effet exploitées de très belle façon. Tout le récit tient en moins d'une heure et demie. Cette concision n'est en rien un défaut: bien au contraire, elle apporte de la fluidité. Après coup, rien ne vous interdira de vous pencher sur l'histoire réelle de la Colombie: il y a à l'évidence mille autres choses à en apprendre !

Los silencios
Film colombien de Beatriz Seigner (2018)

Sortir des sentiers battus et traverser les frontières géographiques réserve parfois de belles surprises: oui, mon film du jour en est une. Émotionnellement parlant, j'avais eu, l'an passé, un coup de coeur équivalent pour La terre et l'ombre, venu lui aussi de Colombie. J'oserai un parallèle avec un long-métrage japonais: Vers l'autre rive. Camarade de mon asso, Bruno a repensé à Nostalgie de la lumière...

vendredi 10 mai 2019

Un vrai pudding

Ce n'est pas systématique, mais presque: quand une figure du cinéma français tire son ultime révérence, les télés surfent sur l'émotion publique et diffusent quelques-uns de ses films. Un même hommage fut ainsi rendu à Danielle Darrieux, disparue en octobre 2017, l'année de ses cent ans, et à Jean-Pierre Marielle, décédé le 24 avril dernier.

Pièce montée ne restera pas à mes yeux comme la meilleure preuve du talent du duo. Vous l'aurez compris grâce à l'image: le scénario s'articule autour d'un mariage... et ce n'est pas une partie de plaisir. Bérengère et Vincent s'aiment, oui, mais leurs familles respectives sont minées par les conflits et les non-dits vénéneux. Conséquence logique de cet état de fait: la noce se transforme en catastrophe ! Serait-ce drôle ? Non, pas vraiment. J'ai trouvé les personnages acrimonieux, à quelques exceptions près, et le film peu agréable. J'imagine qu'on a tous vu une fête tourner au vinaigre: se l'imposer comme programme de cinéma, c'est tout autre chose, évidemment...

Heureusement, Danielle et Jean-Pierre sauvent les meubles ! Le récit parallèle qui les concerne, autour d'une passion inachevée, m'a permis d'en rester sur un avis relativement positif à l'égard du long-métrage. Outre ces deux légendes, vous apprécierez peut-être une distribution de prestige: Clémence Poésy, Jérémie Renier, Julie Depardieu, Dominique Lavanant, Léa Drucker, Christophe Alévêque... et autres n'ont pas grand-chose à se reprocher, mais cette avalanche de noms ne masque que difficilement les imperfections d'un script très light. Construit autour de plusieurs silences mensongers, Pièce montée m'est apparu un peu trop misanthrope pour être sincère. Dommage...

Pièce montée
Film français de Denys Granier-Deferre (2010)

C'est peut-être parce que le propos se concentre sur quelques heures qu'au bout du compte, ce long-métrage est quelque peu "étouffant". Le gâteau du titre s'écroule: il a été bien moins digeste qu'espéré. Maintenant, si vous aimez les mariages, je vous recommande plutôt de (re)voir Le sens de la fête - beaucoup plus drôle, au demeurant. Aux États-Unis, il y a Mon épouse favorite et Le père de la mariée...

----------
Et maintenant, si le coeur vous en dit...
Vous pourrez constater que Laurent est encore plus sévère que moi !

jeudi 9 mai 2019

Le félin de trop ?

Quelle saga ! Je n'avais pas compté jusqu'alors, mais Blake Edwards réalisa neuf films de la célèbre série La panthère rose. Six d'entre eux mettent en scène Peter Sellers dans le rôle de l'inspecteur Clouseau. Après sa mort en 1980, l'acteur est même revenu une septième fois grâce à l'utilisation de vieux rushs, initialement coupés au montage...

Lancé en 1963-64, le félin occupa les écrans pendant trois décennies. Puis, c'est finalement en 2006 qu'il refit son apparition: Steve Martin accepta de reprendre le costume du plus maladroit des flics français et un scénariste écrivit une nouvelle histoire sur un vol de diamant. Avis aux esthètes: il n'est toutefois plus question ici du cadre raffiné d'une station de ski italienne, mais de l'environnement mouvementé d'un grand stade de football où évolue... l'équipe de France, bien sûr. La panthère rose du nouveau millénaire risque fort de décontenancer les inconditionnels du duo Edwards / Sellers. C'est assez lourdingue. Simple conseil avant de vous lancer: en rester au tout premier degré !

Non content de faire disparaître un bijou de grande valeur, le script prévoit quelques meurtres, dont l'une des suspectes est la star XXL évoquée dans ma chronique de vendredi dernier: Beyoncé Knowles. Visiblement, la belle est plutôt venue pour chanter, mais bon... le fait est que l'on s'en moque un peu, à vrai dire, considérant finalement toute cette aventure d'un oeil discret (ou navré). Bon... j'ai décidé d'être tolérant avec cette production de bas étage, que je réserverai toutefois aux soirées de désoeuvrement complet. La panthère rose tient du produit hybride: Jean Reno, Kevin Kline et Clive Owen s'associent aussi dans une improbable tentative de nous faire rire. Certaines scènes burlesques y parviennent. D'autres... no comment ! Vous noterez qu'il y eut encore une suite trois ans plus tard. Ou pas...

La panthère rose
Film américain de Shawn Levy (2006)

Vous retiendrez que j'ai été généreux avec les étoiles, n'est-ce pas ? Franchement, pour se vider les neurones, ça peut encore passer. Avis aux aficionados: j'ai aussi parlé de La panthère rose dans sa version première (mais ce n'est pas non plus mon Blake Edwards préféré). Quant à Shawn Levy, il a aussi commis une comédie un peu plus drôle que celle-là: Crazy night. Mais rien de très indispensable, je dirais...

----------
Une petite anecdote pour finir...
Vous aurez droit à un petit dessin animé en générique ! Deux versions ont été réalisées: la seconde, assez classique, est venue remplacer une première mouture imaginée par un duo français, Florence Deygas et Olivier Kuntzel. Images et explications se retrouvent sur Internet...

lundi 6 mai 2019

Regards coréens

Bien qu'encore discrète, la présence du cinéma coréen sur les écrans français me semble désormais très régulière. Le Pays du matin calme s'impose aussi comme la deuxième source asiatique des chroniques écrites pour ce blog, (loin) derrière le Japon, mais devant la Chine. Aujourd'hui, mon avis sur deux films que j'ai pu découvrir il y a peu...

A bittersweet life
Film sud-coréen de Kim Jee-woon (2005)

Jusqu'à son impeccable costume sombre, Sun-woo cadre parfaitement avec l'image que l'on se fait d'un tueur anonyme, à la mode Tarantino. J'imagine que le bon Quentin, s'il l'a vu, a dû apprécier ce film intéressant, mais finalement peu abouti. Je m'explique: le scénario tourne autour d'un type presque ordinaire, chargé de la surveillance étroite de la jeune maîtresse d'un chef mafieux. J'ai très vite compris que, malgré la fermeté affichée par son patron, le chien de garde éprouverait quelque difficulté à s'en prendre à cette cible émouvante. Le vérifier ne m'a pas déplu, d'autant que c'est avec une efficacité certaine que le scénario nous offre une bien belle montée en tension. Las ! La suite m'a paru nettement moins inspirée: la violence explose dans tous les sens et ne parvient pas pour autant à nous préserver des failles et de la répétitivité du récit. Bon... les amateurs du genre apprécieront le carnage, mais moi, je suis plutôt resté sur ma faim...

---
Un autre avis vous intéresse, peut-être ?
Dans ce cas, je vous conseille d'aller lire celui de notre amie Pascale.

A day
Film sud-coréen de Jo Seon-ho (2017)

Pour l'heure inédit dans les salles de France, cet autre opus est apparu dans quelques festivals et s'appuie sur un autre principe de scénario déjà validé au cinéma: celui de la journée qui se répète sans fin. Point de marmotte dans ce cas, mais un jeune chirurgien en bisbille avec sa fille, en route cependant pour la rejoindre, mais qui arrive trop tard pour la sauver d'un accident mortel. Je suis déjà convaincu que vous l'aurez compris: tout l'enjeu du film sera bien sûr de briser cette boucle temporelle. Pour cela, le héros pourra bientôt s'appuyer sur l'aide d'un autre personnage... mais je ne veux pas en dire plus ! Simplement, ce constat personnel: je me suis plutôt bien diverti grâce à ce long-métrage, assez malin du reste pour ne pas s'éterniser. Sans en faire des tonnes, l'intrigue est suffisamment accrocheuse pour nous donner envie de connaître le(s) fin(s) mot(s) de l'histoire. Formellement, tout cela n'invente rien, mais ce n'était pas l'objectif...

---
Bon... mon opinion ne vous suffit toujours pas ?

Pascale, très amatrice de cinéma coréen, a également livré la sienne.

vendredi 3 mai 2019

Aux côtés d'une étoile

Cette fois, ça y est: j'ai vu A star is born dans sa version 2018 ! Après consultation de mes sources, je peux vous préciser aussitôt qu'il s'agit bien du quatrième film hollywoodien sorti sous ce titre. J'ajoute que les trois autres versions datent de 1937, 1954 et 1976. Bon, autant vous le dire tout de suite: je n'en ai (encore) vu aucune...

C'est donc presque sans info préalable que je suis parti à la rencontre des personnages. On croise tout d'abord Jackson Maine, musicien rock extrêmement populaire, mais tout aussi ravagé par l'alcoolisme. Assez vite, on apprendra que l'artiste souffre d'acouphènes et risque dès lors, chaque jour, de ne plus être capable de monter sur scène. Un soir de concert, l'idole quitte son piédestal, titube vaguement jusqu'à sa limousine et se fait déposer dans un énième bar de nuit. C'est là que le destin lui fait un cadeau: il découvre une jolie fille sortie de nulle part, capable de chanter La vie en rose sous une tonne de maquillage et avec un accent américain à couper au couteau. Rapidement, pour ne pas dire aussitôt, le talent et une souffrance existentielle commune rapprochent Jackson de cette Ally Campana miraculeuse. En la prenant alors sous son aile, il lui apporte le succès et refait décoller sa propre carrière. Une histoire de conte de fées ! La suite ? Je vous laisse la découvrir. Sorti l'an passé, A star is born existe désormais en version longue. Elle dure deux heures et demie...

J'ai eu la chance d'en profiter dans une salle de cinéma "dernier cri". Fauteuils confortables, panneaux colorés et lumineux latéraux conçus pour renforcer la sensation d'immersion, son d'une pureté cristalline et d'une puissance incroyable... une expérience très sympathique ! Cela précisé, il me semble important de vous indiquer que le scénario est d'un classicisme absolu et... que cela ne m'a nullement dérangé. C'est un fait: je suis client de ce genre d'histoires. J'ai certes noté que, dans un premier temps, il était prévu que la réalisation du film soit confiée à Clint Eastwood et le premier rôle féminin à Beyoncé. Pour ses débuts derrière la caméra, j'ai trouvé que Bradley Cooper s'en tirait très bien, sans d'ailleurs négliger son rôle d'acteur principal. Maintenant, je veux être clair: l'émotion que procure A star is born doit beaucoup à Mademoiselle Stefani Germanotta, alias Lady Gaga. Je l'ai trouvée fort courageuse d'ainsi tomber le masque de ses looks habituels et certaines chansons m'ont vraiment donné des frissons. Rien de très original dans tout ça peut-être, mais quel grand numéro !

A star is born
Film américain de Bradley Cooper (2018)

C'est du classique, c'est du mélo, mais ça marche ! Je suis content d'avoir pu découvrir ce long-métrage dans des conditions optimales. Maintenant, je suis un peu en peine pour lui trouver des "cousins" dans le cinéma d'aujourd'hui, que ce soit aux États-Unis ou ailleurs. NB: Wikipédia retient Inside Llewyn Davis, Jersey boys, La La Land ou Bohemian Rhapsody parmi tous les films musicaux de la décennie.

----------
Je m'attendais à une déferlante de chroniques...
Et surprise: je n'ai finalement trouvé qu'un avis - mitigé - de Pascale.