Bien. L'heure est désormais venue de reparler de cette édition 2011 du Festival de Cannes. J'ai évidemment choisi d'être exhaustif. Beaucoup de choses m'enthousiasment dans le palmarès: je vais tâcher de vous expliquer pourquoi. Et, bien évidemment, je piaffe déjà à l'idée de découvrir prochainement quelques-uns de ces films. Venez donc avec moi faire un dernier tour sur la
Croisette ! Il se peut qu'on y rencontre quelques-unes des grandes stars du septième art.

Ce n'est pas banal:
Terrence Malick n'était pas au Palais des Festivals hier à l'heure de recevoir la Palme d'or du 64ème Festival de Cannes. Après avoir préféré prendre un an de plus pour boucler son montage et présenter enfin
The tree of life, le réalisateur américain triomphe sur la
Croisette. Il n'en reste pas moins d'une timidité confondante, refusant de venir cueillir les lauriers de sa gloire et envoyant alors ses producteurs
Dede Gardner et Bill
Polhad les chercher à sa place. De cette chronique d'un sacre annoncé, il me reste à découvrir l'essentiel: le film. Rendez-vous au cinéma d'ici quelques jours.


Avant même la première montée des marches, ce Festival 2011 était considéré comme un très bon cru. Est-ce parce que les bons films étaient effectivement légion que le jury a eu tout ce mal à décerner son Grand Prix ? Possible. Pour contourner l'obstacle, Robert de
Niro et ses compagnons ont couronné deux films de cette récompense. Les lauréats sont des habitués du palmarès
cannois:
Nuri Bilge Ceylan et son
Il était une fois en Anatolie côtoient les frères
Dardenne, avec
Le gamin au vélo. C'est ce second film que je pense découvrir le premier, très certainement au tout début du mois prochain.

Pour
Polisse, il faudra attendre l'automne. Le film de
Maïwenn m'a l'air intéressant, tourné qu'il est vers une représentation réaliste d'une brigade de protections des mineurs. Hier soir, en robe rouge sur la scène du Palais des Festivals, la réalisatrice française remerciait les équipes policières qui lui avaient permis d'appréhender
"la misère humaine". Je suppose donc qu'il faut anticiper un film
coup-de-poing, mais c'est en fait ce que j'espère. Ce sera aussi pour moi l'occasion d'apprécier l'oeuvre d'une cinéaste que je ne connais pour l'heure que de nom. Je suis content de voir que, benjamine de la sélection, elle est repartie avec le Prix du jury.

Vous l'avez sûrement entendu:
Lars von Trier a marqué ce Festival par des déclarations sur l'esthétique du nazisme et sa
"sympathie" pour
Hitler. Palmé en 2000, le réalisateur danois est le grand perdant de ce millésime 2011, premier cinéaste à être officiellement déclaré indésirable sur la
Croisette. Navrant, d'autant que son
Melancholia promet réellement d'être un grand film. La jolie
Kirsten Dunst parvient à sauver les meubles en s'emparant du Prix d'interprétation féminine. C'est l'un des projets que j'attends désormais avec le plus d'impatience. Sa sortie est prévue pour août. Trois mois encore...

Autre attente forte: celle de
The artist, le
long-métrage sélectionné à la toute dernière minute, qui offre à Jean
Dujardin un Prix d'interprétation masculine. Je suis vraiment très curieux d'apprécier enfin la valeur de ce
long-métrage improbable, en noir et blanc, muet. Quelqu'un de mon entourage - bonjour,
Jean-Laurent ! - l'a déjà vu et m'en a dit beaucoup de bien. Je n'en sais pas grand-chose, si ce n'est qu'il évoque le destin d'un acteur ruiné par l'arrivée soudaine des films parlants. Son interprète a fait preuve d'humour hier, se prosternant devant Robert de
Niro et terminant son discours par un:
"Maintenant, je me tais, parce que ça me réussit plutôt bien".


Derniers grands noms du palmarès édition 2011: ceux du Danois
Nicolas Winding Refn et de
l'Israélien Joseph
Cedar. Ils obtiennent respectivement le Prix de la mise en scène et celui du scénario, l'un pour
Drive, l'autre pour Footnote. Ce sont deux films qui n'ont rien de comparable, le premier évoquant des cascadeurs dans une histoire de braquage, le second étant présenté comme une comédie intellectuelle entre un père et un fils, universitaires juifs spécialistes du Talmud. Si l'occasion se présente d'y voir un peu plus clair, comptez sur moi: j'essayerai de la saisir. Notons que la consécration
cannoise pourrait une nouvelle fois nous ouvrir à d'autres cinémas.

Ce serait aussi le cas si
Las acacias, de
l'Argentin Pablo Giorgelli, arrive sur nos écrans. J'avoue qu'avant hier, je n'avais pas entendu parler de ce réalisateur, mais j'ai une petite excuse pour ça: il a obtenu la Caméra d'or, le trophée
cannois qui vient justement récompenser le meilleur premier film, toutes sélections confondues. Cette année, c'est au coeur de la Semaine de la critique qu'il fallait chercher l'heureux élu. Son film - une fiction - raconte l'histoire simple d'un camionneur qui prend en stop une femme avec son bébé. Un
quasi-huis-clos minimaliste, mais
paraît-il très beau. J'espère avoir l'occasion de me faire ma propre idée. Pour y revenir ensuite.

Pourrai-je également découvrir les deux
courts-métrages couronnés cette année ? Rien n'est moins sûr. Pour la forme, je note au moins leur nom: la Palme revient à
Cross country, oeuvre de la réalisatrice ukrainienne
Maryna Vodra, et une mention spéciale est par ailleurs décernée à
Badpakje 46, du Belge
Wannes Destoop. D'un côté rencontre avec une bande de
joggeurs, de l'autre vie d'une fillette complexée par son poids et qui fait de la natation: c'est bien là tout ce que je sais à ce stade de la discussion. Ce qui ne veut pas dire que le reste ne m'intéresse pas, loin de là. Reste à savoir si j'aurais donc l'occasion de le découvrir un jour prochain.
Wait and
see.




Un petit paragraphe maintenant pour évoquer aussi quelques favoris de la compétition qui repartent finalement bredouilles. Je cite d'abord l'éternel
Pedro Almodovar, qui, bien que déjà récompensé, attend toujours sa Palme et n'a rien gagné pour
La piel que habito. Constat identique pour la Japonaise
Naomi Kawase, dont le
Hanezu no Tsuki était pourtant présenté comme un candidat assez sérieux en cette période
post-Fukushima. Côté comédiens, on peut s'étonner du chou blanc de
Sean Penn, métamorphosé en rock star revancharde dans
This must be the place, et plus encore de la consécration manquée pour
Tilda Swinton, qui avait
pourtant une cote favorable avec
We must talk about Kevin. Impénétrables voies de Cannes...

Enfin, une dernière décision qui m'a fait plaisir: celle de remettre une Palme d'honneur au grand réalisateur italien
Bernardo Bertolucci. Il y avait lieu de craindre que la disparition de Maria
Schneider, comédienne révélée dans
Le dernier tango à Paris, ne porte préjudice au cinéaste, pas franchement tendre avec son interprète féminine - une histoire de sexe filmé, cruel parce que non consenti. N'ayant pas vu l'objet du délit, je me garde bien de juger l'ensemble d'une carrière sur ce point particulier et me réjouis de voir consacré l'homme qui a présenté au monde
Le dernier empereur.
Voilà. Le Palais des Festivals a fermé. Rendez-vous en mai 2012.