samedi 2 mai 2015

Remise en question

Il y aurait des pages et des pages à écrire sur le thème de la justesse journalistique. Personnellement, je ne parviens pas à trouver crédible l'idée qu'on puisse atteindre une objectivité absolue. Si on prétend raconter le vrai, je crois surtout qu'il est nécessaire d'être honnête intellectuellement et d'accepter que d'autres ressentent les faits différemment. J'y pensais devant Vers Madrid - The burning bright.

Faut-il parler de documentaire ? Je crois que oui. Le film nous conduit en Espagne, au coeur du mouvement des Indignés, né en mai 2011. Devant ces images fortes présentées en noir et blanc, j'ai mieux pris la mesure d'une dynamique basée sur autre chose que la seule colère. Bien sûr, les hommes et les femmes qui ont campé dans la capitale espagnole ont manifesté leur envie de profonds changements économiques, sociaux et politiques. J'ai été, oui, surpris de voir combien leur réflexion était profonde, combien, sur les chauds pavés de la Puerta Del Sol, les débats étaient nombreux et contrastés. Installé dans un certain confort, j'ai du mal à dire si Vers Madrid... tend vers un peu d'optimisme. Je n'ai perçu les choses ainsi, en fait. Sachant que le long-métrage nous montre aussi les charges policières venues déloger les manifestants, il y a tout lieu de s'interroger encore sur les limites admises de la liberté d'expression. Un éternel débat...

Aucune voix off ne vient ici nous orienter vers une réponse particulière. Le constat le plus encourageant que l'on puisse faire devant ces images, c'est qu'il y a encore, dans l'âme du peuple européen, un goût pour le débat public (et, en l'espèce, non-violent). Côté face, malheureusement, il me faut constater qu'à force d'être étudiées et comparées, les idées risquent... de ne plus s'imposer. Vers Madrid... filme non seulement la remise en question d'un ordre établi, mais également la grande fragilité des utopies collectives. L'incroyable force de ce récit, c'est aussi de nous laisser seuls juges des émotions qu'il suscitera en nous. Pour ma part, j'ai été chahuté. Malgré quelques longueurs, le rythme est assez intense, haletant. Parmi les très belles choses à signaler, j'aimerais citer les échappées qu'offre le montage, en nous amenant parfois bien au-delà des sites de manifestations pour montrer alors d'autres facettes de l'Espagne. La petite histoire dans la grande, le film l'évoque aussi en marchant parfois aux côtés d'un migrant nord-africain. Tout cela est détonant !

Vers Madrid - The burning bright
Documentaire français de Sylvain George (2014)

Pas de comparaison aujourd'hui: le film ne ressemble à aucun autre que j'aurais pu voir auparavant. Désolé ! Je vous recommande toutefois de découvrir ces images à l'occasion: elles valent le détour. Pas parce qu'elles sont objectives, non, mais parce qu'elles peuvent susciter le débat. Je n'ai d'ailleurs peut-être pas dit mon dernier mot sur le sujet. C'est promis: lundi, je vais revenir pour vous expliquer...

2 commentaires:

Véronique Hottat a dit…

Bonjour Martin,

Quelle bonne idée de parler d'un documentaire, que je ne connaissais pas mais que je note avec empressement. J'apprécie quant à moi de plus en plus ce genre et j'essaye de me rendre régulièrement au cinéma pour en découvrir sur grand écran. Je ne les oublie pas non plus dans les festivals, d'autant plus que le réalisateur est souvent présent pour répondre ensuite aux questions. Ce qui n'est pas superflu, tant on ressort souvent d'un bon documentaire avec plus de questions que de réponses.

Sur ce, bon dimanche Martin !

Martin a dit…

Ton enthousiasme au sujet du film me fait plaisir, Sentinelle. Je dois reconnaître que je suis moins porté sur les documentaires que toi. Je ne regrette toutefois pas d'avoir pu découvrir celui-là. Et c'est clair que c'est souvent très enrichissant d'avoir des explications complémentaires du réalisateur après une projection !