lundi 21 décembre 2009

2010, année eastwoodienne ?

Soyez prévenus: après ce message, Mille et une bobines fait relâche. Un break d'une semaine au moins, probablement de deux. Mon année 7ème art ayant commencé avec la découverte d'un Clint Eastwood (L'échange) au cinéma, et comme l'acteur américain reste LA star que je juge incontournable, je souhaite vous rappeler que l'année prochaine verra très vite débarquer sa nouvelle réalisation: Invictus, en salles dès le 13 janvier. J'en ai déjà touché un mot il y a un mois et demi, mais je confirme que c'est l'une de mes grosses attentes pour début 2010. Les infos commencent à circuler et on annonce ici et là une nouvelle grande oeuvre eastwoodienne. De quoi patienter jusqu'à la suivante, Hereafter, dont on ne sait encore qu'assez peu de choses si ce n'est qu'il s'agira d'un film fantastique où jouera notamment Cécile de France. Bien sûr, je vais surveiller ça aussi...

L'année prochaine, si tout va bien pour lui, Clint Eastwood fêtera également ses 80 ans. Comptez sur moi: j'ai déjà quelques idées pour marquer l'événement à sa juste valeur. Avant d'être un peu plus explicite là-dessus, j'avais envie de vous dire que j'ai pris beaucoup de plaisir à vous parler de cinéma au cours de cette année et au fil de ces 132 (!) chroniques estampillées 2009. Quelques commentaires supplémentaires seront toujours les bienvenus, mais pas de raison que cela cesse pour ma part ! Je précise d'ailleurs que le millésime n'est pas tout à fait fini pour moi, car j'ai en stock quelques films vus et non encore chroniqués, et que j'en verrai assurément d'autres avant mon retour en ligne. Et c'est en fait compter sans Avatar, Invictus (donc), Gainsbourg - Vie héroïque et Océans, au nombre des premières oeuvres que j'ai dès à présent mises à mon agenda cinématographique prochain. Promis: je vous en reparle très vite !

samedi 19 décembre 2009

Un vrai sale gosse

Il faudra qu'un jour, je me décide à découvrir les premiers films d'Albert Dupontel. Il y a peu, j'ai vu son dernier au cinéma: Le vilain semble quelque peu décevoir les habitués de l'humoriste cynique. Objectivement, c'est vrai qu'il n'y a rien de franchement méchant dans ce long métrage format court: une heure et une petite vingtaine de minutes de cinéma qui racontent le retour-surprise d'un loser braqueur de banques chez sa vieille maman, vingt ans après en être parti, officiellement pour faire des études. Cette anecdote donne d'ailleurs l'une des scènes très drôles du film, le mauvais garçon comptant sur ses doigts pour confirmer que "lundi, mardi, mer... euh... ah oui, vingt ans, déjà !". Maintenant, force est de constater que ceux qui pouvaient attendre un peu de corrosif de l'oeuvre d'Albert en seront pour leurs frais: j'ai le sentiment, moi, que l'acteur et réalisateur s'est surtout fait plaisir en tournant un nouveau film avec son amie Catherine Frot, trois ans après le très sucré Odette Toulemonde d'Eric-Emmanuel Schmitt. Aurait-il du même coup été "contaminé" par la douceur de ce film précédent ? A priori non. Son histoire à lui est tout de même un poil plus féroce, même si tendre également. Et s'il est évident que Dupontel s'amuse (beaucoup) à se mettre dans la peau de ce mauvais sujet même pas repenti, il est clair que le rôle maternel est à la fois franchement mis en avant et joliment interprété. Ce n'est pas très étonnant.

Mon hypothèse d'une envie de faire plaisir à Catherine Frot me paraît d'autant plus tenir la route que j'ai pu lire que c'était la première fois que Dupontel partageait autant le rôle-phare dans l'un de ses films. Le vilain, c'est lui, bien sûr, et le titre est bien choisi. Il aurait pu toutefois être différent et évoquer plutôt le personnage féminin. Saluons ici la performance d'une actrice, qu'on a certes déjà eu l'occasion de voir dans des rôles un peu similaires, à l'image notamment de la Yolande d'Un air de famille, mais qui aurait gagné ici en maturité et... disons en malice. Explication: sous ses cheveux blancs et malgré sa nostalgie du passé, cette vieille dame retrouvant son fils devenu bandit n'est pas totalement naïve. Elle ne se laisse donc pas duper par ses mots gentils et toutes ses petites attentions de circonstance. Bien au contraire, comprenant vite qu'elle ne peut rien tirer de cette crapuleuse progéniture, elle va en quelque sorte s'échiner à lui pourrir la vie. Oh, à sa façon, évidemment, et pour une raison assez particulière: parce qu'elle est convaincue que Dieu ne l'a toujours pas rappelée à lui du fait de la mauvaise éducation donnée au fiston. Il faut donc remettre le brave garçon dans le droit chemin. Réparer les (nombreuses) mauvaises choses qu'il a faites. Et tant pis s'il faut pour cela devenir un peu moins recommandable...

Au bilan, Le vilain n'est sûrement pas le film de l'année. Il est même certainement un peu moins bon que ceux des autres films signés Dupontel que je connais déjà. Faut-il dès lors vous le déconseiller ? Non, je ne crois pas, car il n'est pas mauvais pour autant, juste sûrement un peu décevant par rapport aux espoirs qu'on pouvait placer en lui. Répétons-le au risque d'enfoncer encore une porte ouverte: oui, il existe dans la filmographie "dupontelienne" un série d'autres longs métrages plus acides. Pour autant, je suis convaincu que, dans quelques années, on aura oublié de faire la comparaison. Peut-être savourera-t-on alors cette petite histoire, et simplement pour ce qu'elle est, une parenthèse ludique dans notre univers quotidien. Le pseudo-héros de cette histoire nous le promet d'ailleurs à la fin: il n'a pas l'intention de devenir autre chose qu'un sale gosse. Je crois qu'on peut donc toujours lui faire confiance pour rebondir rapidement et revenir à un humour un peu plus noir la prochaine fois. Je n'ai jamais ri aux éclats devant cette douce dernière comédie: j'ai toutefois souvent souri, accompagné... de ma propre mère. Et ce d'autant que je pensais à ma grand-mère et à son petit cri d'effroi quand je lui ai dit deux mots de ce scénario un peu tordu.

mercredi 16 décembre 2009

Le film de l'année ?

Je ne ferai pas d'exception pour Avatar. En bien ou en mal, je n'ai pas envie de critiquer un film avant de l'avoir vu. Toute la question est là: sachant qu'elle est sortie en salles aujourd'hui, irai-je voir cette oeuvre que d'aucuns vendent déjà comme l'événement cinématographique de l'année 2009 et une probable révolution durable pour le septième art ? Possible. Il est encore très prématuré d'y renoncer, d'autant que j'ai idée que, tant qu'à faire, il vaudra mieux la voir sur un écran géant. Simplement, je n'en fais pas franchement une priorité: j'ai prévu d'aller au cinéma ce week-end, mais pour voir autre chose. J'imagine que j'ai quelques semaines devant moi avant que le nouveau James Cameron quitte l'affiche.

Certains des films qui m'attiraient vraiment cette année ne sont restés au programme des cinémas niçois qu'une petite semaine, mais je suis presque sûr que celui-là tiendra au moins un mois. On parie ? Je prendrai donc mon temps avant de (peut-être) aller le découvrir. Je crains que, derrière des images époustouflantes, se cache, sinon un vide scénaristique absolu, une histoire assez convenue opposant de gentils extraterrestres à de méchants terriens. Que ce soit justifié ou pas, c'est en tout cas la teneur des critiques que j'ai déjà parcourues sur le film. Je dois toutefois admettre que je n'écoute pas toujours les avis extérieurs, ce qui me fait très certainement passer à côté de quelques réussites ou, à l'inverse, libère mon enthousiasme pour des oeuvres que d'autres jugeront dispensables. Conclusion provisoire: on verra bien ! Qu'on ne s'y trompe pas: même si je l'ai trouvé un peu prétentieux dans ses toutes dernières interviews, et trop focalisé sur l'aspect business du cinéma, je n'ai pas d'a priori contre James Cameron. Parmi ceux de ses films que j'ai vus, Abyss est celui que je préfère. Le dernier, Titanic ? Je l'ai bien aimé aussi. Et même si, à l'époque, c'était en VHS, sur une simple télé 36 cm.

lundi 14 décembre 2009

Morts noires

Là aussi, les acteurs sont bons: José Garcia et Michel Serrault têtes d'affiche, ce n'est pas ce qui se fait de pire en matière de cinéma français. Derrière la caméra, Régis Wargnier sait incontestablement faire de belles images. Pourtant, sans savoir pourquoi, je dois dire que je n'ai pas totalement accroché à Pars vite et reviens tard. Précision pour les non-connaisseurs: ce film est une adaptation (assez fidèle, paraît-il) d'un roman du même nom, signé Fred Vargas. Est-ce que c'est là que ça cloche ? Je ne sais pas. Possible, en effet, mais je n'ai pas lu le livre. Ce qui est sûr, c'est que j'ai tout de même déjà découvert l'auteur, en parcourant - sans grande passion d'ailleurs - un autre de ses "rompols". De là à en conclure que je suis définitivement réfractaire à son style et à ses personnages, il y a encore un pas, que je ne franchirai pas. Pas aujourd'hui, en tout cas, pas après seulement deux essais, dont un sur un écran de télé. J'aurai peut-être besoin de quelques tentatives supplémentaires avant de me déterminer dans un sens ou dans un autre. Disons donc en attendant que je ne recommanderai le film qu'aux cinéphiles amateurs du genre. On a vu pire, mais on a également vu mieux...

Bons connaisseurs de l'univers de Fred Vargas et de son héros redondant, le commissaire Jean-Baptiste Adamsberg, ma chère mère et mon cousin Mathieu ont un peu tiqué sur sa retranscription. Ils ont toutefois apprécié le film, je crois. Pour être honnête, il faut admettre que Pars vite et reviens tard n'est pas mauvais et aussi que les comédiens jouent leur personnage avec sincérité. Serait-ce l'intrigue elle-même qui n'a pas su me séduire ? Possible, car elle est à la fois simple et tarabiscotée, crédible et fantastique. L'idée initiale est celle d'un serial killer dont l'arme serait... la peste. D'abord, la police découvre de drôles de 4 peints sur les portes d'immeubles parisiens, en général juste avant qu'un meurtre y soit commis. En des lieux qui, à vrai dire, s'y prêtent plutôt, quartier autour du Forum des Halles et Centre Pompidou, la capitale prend alors des allures de cour des miracles. La tension monte à mesure que la panique de la contamination s'insinue sournoisement au coeur de la population. Je n'arrive pas à dire ce qui me gêne là-dedans, car c'est une base de scénario intéressante. A fortiori en cette période de grippe A, le film aurait pu créer un écho intéressant à l'actu. Las ! Tout journaliste que je sois, quelque chose m'a laissé un peu "à côté".

En y réfléchissant, possible que ça vienne d'une frustration: celle d'avoir senti quelque peu négligés ou éludés certains des aspects originaux de la personnalité complexe du commissaire Adamsberg, ainsi que de sa relation avec son adjoint, l'inspecteur Danglard. Pars vite et reviens tard ne va pas au bout de l'exploration de ce duo. Ellipse cinématographique, peut-être, mais c'est dommage: il y avait sans doute là une possibilité de faire un film encore beaucoup plus sombre et angoissant. Il lui manque finalement un peu de noirceur. Pourtant, le thème s'y prêtait parfaitement. Tant pis ! Je ne vais pas aller jusqu'à descendre le film sur ce seul prétexte. Je reste en effet convaincu que, même s'il ne rejoint pas les limites de ses intentions, le long métrage a des qualités. Encore une fois, les acteurs sont bons et la mise en scène réussie. Ce que j'aimerais, maintenant, c'est peut-être que Régis Wargnier ne s'en tienne pas là. Puisqu'il a choisi d'illustrer un roman de Fred Vargas, je pense qu'il serait bien qu'il répète l'exercice avec un autre ouvrage de la série. Obstacle notable sur cette route créative: d'autres l'ont fait, déjà, pour la télévision. Avec Jean-Hugues Anglade en rôle principal. Il est donc peut-être trop tard. Sauf bien sûr à considérer que le champ des adaptations possibles n'est tout de même pas encore complètement fermé...

dimanche 13 décembre 2009

Huit ans après...

Cette femme s'appelle Margot. Elle est l'héroïne malgré elle d'un film policier de grande qualité: Ne le dis à personne, qu'a réalisé Guillaume Canet. J'aime le culot qu'ont parfois les artistes. J'apprécie celui dont a fait preuve le jeune Français en tournant une version cinéma du roman de l'Américain Harlan Coben, véritable phénomène de librairie traduit en 27 langues et vendu à plus de 6 millions d'exemplaires. Il y a deux façons de considérer les choses, en fait. Soit se dire qu'adapter un best seller est bien plus facile que d'avoir une idée originale, soit se souvenir du Da Vinci Code, par exemple, et juger que les bonnes histoires à suspense ne font pas forcément les grands films. Et constater alors que Canet s'en est franchement bien sorti: à mon sens, sa bonne intuition est d'avoir su prendre juste un peu de recul et choisi de transposer l'intrigue en France. Ensuite, sur papier ou sur écran, le point de départ reste le même. Plutôt bon, de fait: Margot mène une vie heureuse et, une belle nuit de printemps, se promène avec Alexandre au bord d'un lac de forêt. Soudain, le couple est agressé, le mari mis KO. Il se réveille finalement dans une chambre d'hôpital. La jeune femme, elle, a été retrouvée morte, sauvagement mutilée. Huit années passent. Arrive le jour anniversaire du drame. Alexandre reçoit alors un message électronique et, en cliquant, se connecte à une webcam. Là, une rue qu'il ne reconnaît pas, et au milieu de la foule, Margot...

Canular de mauvais goût ? Je vous laisse le découvrir devant le film. Un film qui a connu un joli petit succès, public et critique. Eux aussi séduits, les fameux professionnels de la profession lui ont décerné quatre Césars, que je juge mérités: celui de la meilleure réalisation pour Guillaume Canet, donc, ainsi que celui du meilleur montage, celui du meilleur acteur principal et celui de la meilleure musique. Après coup, il me paraît intéressant d'analyser le tout en le passant au crible de ces distinctions. Côté table de montage, Hervé de Luze a effectivement très bien travaillé: les plans, souvent très chouettes, s'enchaînent parfaitement les uns avec les autres, dans les moments rythmés comme lors des séquences plus contemplatives. Musicalement, l'ambiance doit aussi beaucoup aux notes originales de Mathieu Chédid, alias M, qui délivre une partition à la fois angoissante et tendue, juste complément des images de Canet. Reste enfin à dire deux mots du casting: en Alexandre heureux d'abord, meurtri et déterminé ensuite, François Cluzet est parfait. Victime et combattant à la fois, il est l'âme de Ne le dis à personne. Le reste de la distribution est pour tout dire tout à fait dans le ton, ce qui, d'ailleurs, vient encore renforcer l'idée d'une direction d'acteurs vraiment réussie. Une fois de plus, Marie-Josée Croze m'a épaté dans la peau de Margot. Autour de la Québécoise gravite joliment un aréopage de grands noms du cinéma français: on notera notamment la participation d'André Dussollier, Jean Rochefort, Nathalie Baye, François Berléand ou Kristin Scott Thomas. Stars "partageuses": aucune ne tire à elle la couverture-film.

La réussite et la maîtrise du film ne pouvaient bien sûr pas passer inaperçues de l'autre côté de l'Atlantique. On peut penser également que Guillaume Canet a eu de la chance, dans la mesure où l'ami Harlan Coben a failli vendre les droits du roman à un autre cinéaste, anglais celui-là, Michael Apted. L'ancien du cours Florent bénéficie peut-être de l'effet balancier du destin, lui qui voulut un temps être jockey, avant de devoir renoncer à la suite d'un accident. Lui qui est aussi à peine plus âgé que moi revient à l'écran en cette fin 2009. Chut ! Pas un mot pour l'instant: il se pourrait bien que j'en reparle d'ici quelques semaines. Une chose paraît certaine: il lui faut désormais soutenir un nouveau statut, celui du jeune talent devenu artiste attendu au tournant. Je l'en crois capable. J'ai vu jeudi dernier une quinzaine de minutes d'un reportage télé qui lui était consacré. Le jeune homme semble avoir un joli carnet d'adresses et... la tête bien ancrée sur les épaules, pour s'en servir intelligemment. Ne le dis à personne n'est "que" son deuxième film comme réalisateur. Le troisième, Les petits mouchoirs, sort l'année prochaine. Un bon sens du casting, des partenaires artistiques intéressants, un talent certain derrière et devant la caméra: espérons que Guillaume saura désormais aborder des thématiques autres, un peu plus personnelles peut-être, avec la même efficacité.

vendredi 11 décembre 2009

Poupoupidou !

Ce n'était pas prémédité. C'est une réplique de La panthère rose, évoquant une femme devenue homme "à la fin", qui m'a donné l'idée et l'envie de revoir Certains l'aiment chaud. DVD en main, j'ai pu constater que mon hypothèse d'un clin d'oeil discret de Blake Edwards à Billy Wilder se tenait. Historiquement, le film dont je vous parlerai aujourd'hui est en effet un peu plus ancien que celui dont j'ai rédigé la chronique mardi: il est sorti dans les salles françaises à l'approche de l'automne 1959. Six fois nommé aux Oscars 1960, il en serait reparti bredouille s'il avait été tourné en couleurs, ne recevant finalement qu'un seul trophée, celui des meilleurs costumes dessinés pour un film en noir et blanc. C'est Ben Hur, cette année-là, qui a récolté un maximum de statuettes dorées, onze exactement, record depuis égalé deux fois, mais jamais battu. Ne nous égarons pas encore dans les méandres d'Hollywood: revenons à nos moutons ! Grand et beau classique du cinéma comique, Certains l'aiment chaud repose sur une histoire originale: celle de deux musiciens jazz du Chicago des années 30, témoins d'un règlement de comptes sanglant entre mafieux, et qui, pour gagner un peu d'argent autant que pour éviter d'être liquidés à leur tour, prennent aussitôt le train vers la Floride, passagers clandestins d'un orchestre... de femmes ! C'est donc travestis que les géniaux Tony Curtis et Jack Lemmon traverseront le pays et une bonne partie du métrage. Une situation incongrue et irrésistiblement drôle, même cinquante ans plus tard !

Bien évidemment, même ainsi déguisés, nos deux larrons n'oublient pas leur réalité sexuelle et, du coup, jouissent des divers quiproquos ainsi générés. En clair, voyager sous des atours féminins et parmi quelques jolies demoiselles n'est pas pour leur déplaire, loin de là. Méfiance, toutefois: les dangers restent multiples, au premier rang desquels le risque d'être démasqués par la chaperonne du groupe, véritable dame patronnesse. Un risque d'autant plus important qu'apparaît la plus sexy d'entre toutes, Sugar Kane (Alouette, en VF), à qui il s'avère bien difficile de ne pas aller conter fleurette aussitôt. Les images auront renseigné les moins cinéphiles d'entre vous: c'est évidemment Marilyn Monroe qui prête ses traits à cette grande fille naïve et follement attirante. Poupoupidou ! Certains l'aiment chaud contient l'une des chansons les plus célèbres de la star. Ce n'est certes pas son premier intérêt, mais cela donne l'occasion de briller dans les dîners en ville que de l'identifier et de savoir la replacer dans son contexte. Sur le plan cinématographique, la prestation délivrée par la plus illustre des blondes est parfaite, complément idéal du duo excentrique que forment Tony Curtis et Jack Lemmon. Beaucoup pourrait être écrit sur ce qui est finalement un triangle amoureux assez particulier, basé sur l'entourloupe. Je préfère toutefois ne pas dévoiler trop d'éléments de scénario, afin de ne pas gâcher la surprise de celles et ceux qui n'auraient pas vu le film.

Quelques considérations historiques, malgré tout. Certains l'aiment chaud a donc été tourné en noir et blanc, choix artistique de Wilder. Le réalisateur américain avait pourtant toute latitude pour privilégier les couleurs, mais son objectif était aussi de rendre un hommage particulier aux films noirs des années d'avant-guerre, cette époque de crise économique à laquelle est donc censée se dérouler l'intrigue. Cette décision aurait tout aussi bien pu mettre à mal le projet. Marilyn avait en effet signé un contrat avec le studio garantissant qu'elle ne travaillerait que sur des films en couleur. Wilder emporta finalement le morceau en expliquant que les maquillages imposés ici à Curtis et Lemmon passaient mieux en noir et blanc ! Et c'est vrai que les comédiens paraissent crédibles en Joséphine et Daphné ! Autre anecdote amusante et contre-pied: le casting ne correspond pas tout à fait au choix du metteur en scène. Initialement, ce dernier avait retenu Frank Sinatra pour le rôle confié à Jack Lemmon, et préféré Mitzy Gainor à la miss Monroe. Les connaisseurs affirment que la blondinette avait beaucoup de mal à retenir ses répliques, ce qui justifia parfois de tourner jusqu'à... 59 prises d'une scène unique ! Sans doute peut-on conclure aujourd'hui sur une note positive en affirmant par exemple que le jeu en valait la chandelle.

mardi 8 décembre 2009

Toudoum, toudoum...

Retour aux sources. Petit, j'étais plutôt amateur du dessin animé, avec une nostalgie particulière pour deux épisodes que mon père projetait régulièrement au format Super 8. Grand, j'ai voulu découvrir le premier des films de la série La panthère rose, porteur du même nom. C'est chose faite depuis une grosse semaine. Vais-je enchaîner avec les autres longs métrages ? Peut-être, mais pas tout de suite. Dissipons d'emblée un possible malentendu: même s'il est clair que la maladresse légendaire de l'inspecteur Jacques Clouseau donne à l'oeuvre de Blake Edwards un ton loufoque, on ne peut pas dire qu'il y ait de quoi parler de comédie. Disons donc que nous avons là un film de genre, d'un goût que je dirais gentiment suranné.

La panthère rose mérite-t-elle dès lors d'être regardée ? Je réponds oui. Ce n'est pas tout à fait le film que j'attendais, mais ce n'est pas un mauvais film. En fait, à part le félin qui apparaît au générique initial, le long métrage n'a rien à voir avec sa "prolongation" animée. Sa valeur ne tient pas essentiellement à ses situations, mais d'après moi plutôt à ses dialogues, d'ailleurs portés par un casting des plus sympathiques, au premier rang desquels on retrouve Peter Sellers, David Niven ou encore la bellissime Claudia Cardinale. J'ose affirmer que l'intrigue elle-même - une vague histoire de vol de bijoux - n'a finalement qu'un intérêt assez secondaire. Celui du fil conducteur.

Alors quoi ? Je crois qu'il faut voir ce film sans se poser de questions existentielles, comme un chouette morceau de l'histoire du cinéma. Blake Edwards a fait beaucoup plus drôle... et bien plus émouvant. Pour s'en convaincre ou s'en souvenir, je vous invite à lire ou relire mes chroniques précédentes, de La grande course autour du monde ou de Diamants sur canapé, publiées ici le 12 janvier et le 3 août cette année. D'une certaine façon, peut-être qu'on peut également apprécier La panthère rose comme un juste milieu entre ces chefs d'oeuvre. Aujourd'hui, le résultat paraît un peu daté, mais il y a malgré tout de très bonnes choses à retenir, notamment des scènes réellement cocasses, mais aussi des acteurs inspirés et très bien dirigés. On ne s'ennuie pas devant ce film. L'incontournable thème jazz d'Henry Mancini nous emmène ailleurs dès la première image. Dans le fond, 46 ans après le tournage, ce n'est déjà pas si mal...

dimanche 6 décembre 2009

C'était pour rire ?

Initialement, je ne sais plus vraiment ce qui m'a donné envie de voir Man on the moon. Peu importe. Ce que je peux dire, maintenant que c'est fait, c'est que je ne le regrette pas. Jim Carrey a fait d'autres films beaucoup plus connus, mais si vous souhaitez passer un bon moment devant une belle prestation d'acteur, je peux facilement vous recommander celui-là. Il raconte l'histoire (vraie) d'un Américain: Andy Kaufman. Dans les années 70, l'intéressé est repéré dans un spectacle de café-théâtre, pour la manière habile dont il prend le public à contre-pied. Arrivé sur scène dans la peau d'un émigré lituanien, il en ressort après avoir livré une imitation parfaite... d'Elvis Presley ! Le début d'une longue et étrange carrière.

Les plus curieux d'entre vous peuvent visiter la très complète page Wikipedia consacrée à Andy Kaufman. Je vous conseillerai toutefois de voir le film avant, car la plupart des choses que vous y lirez figurent également dans Man on the moon. Ce serait bien dommage de se gâcher le plaisir de découvrir tout ça en images, d'autant qu'encore une fois, l'humoriste américain s'est surtout fait connaître par sa manière inimitable de surprendre ses plus fidèles spectateurs. Il serait toutefois injuste de résumer le long métrage à une enfilade de sketches. C'est bien plus que ça et très clairement une oeuvre beaucoup plus profonde que son thème ne pourrait le laisser supposer. Le tout m'a parfois fait penser à Que le spectacle commence, la Palme d'or du Festival de Cannes 1980, chroniquée ici le 30 octobre l'année dernière. Une vie d'artiste pas toujours drôle.

Une chose est sûre: par la manière dont il a choisi de nous présenter cet incroyable personnage, Milos Forman est parvenu à me toucher. Clin d'oeil historique: après Mozart dans Amadeus, le réalisateur s'intéresse en fait à son deuxième génie mort à 35 ans ! Oui, je crois qu'on peut dire que le talent de Kaufman a quelque chose de génial. Reste une question: à l'image du compositeur autrichien, savait-il l'être ? S'en rendait-il seulement compte ? Ce que j'ai pu lire ici et là tend à laisser penser que non: le véritable Andy affirmait ne pas savoir raconter de blagues et être avant tout capable de manipuler les réactions d'autrui. 25 ans ont passé depuis sa disparition. Canular ultime: d'aucuns suggèrent qu'il n'est pas réellement mort en 1984. Qu'il soit vivant ou pas, dans Man on the moon, Jim Carrey lui rend en tout cas un très bel hommage, en l'incarnant à la quasi-perfection. Voilà indubitablement l'une de mes plus belles découvertes de l'année !