mardi 12 mai 2015

Glace et sang

C'est très banal, sans doute, et je l'ai probablement déjà souligné plusieurs fois: j'aime particulièrement le cinéma quand il m'emmène loin de mon quotidien. L'évasion, c'est ce que je suis venu chercher dans On the ice, présenté comme un thriller dans la communauté inuit. Quelque part en Alaska, un jeune en tue un autre par accident. Avec un ami, il fait disparaître le cadavre. Causes et conséquences...

Si Barrow, constamment entourée de glace, est pour moi une contrée "exotique", elle est en revanche un terrain on ne peut plus familier pour le réalisateur du film, qui y est même né, si j'ai bien compris. C'est l'un de ces endroits où le soleil ne se couche véritablement qu'une fois par semestre. Le film tire, je crois, le meilleur parti possible de ce décor naturel et transforme le paradis blanc imaginaire en enfer rouge sang. L'enquête policière m'a pourtant semblé réduite aux figures imposées du crime imparfait et du doute qui persiste inévitablement dans la tête de l'enquêteur. L'intérêt du scénario réside plutôt dans ce qu'il montre de la vie d'un peuple méconnu. Depuis les terres de l'extrême-nord, les personnages de On the ice sont bien loin de l'image qu'on peut se faire des Américains lambda...

En une grosse heure et demie, le film fait le tour de la question. Sincèrement, j'ai trouvé intelligent qu'il aille aussi vite droit au but. Pas de digression inutile, pas de suspense artificiel: de pouvoir imaginer comment tout ça va finir n'empêche pas d'y prendre plaisir. J'en viendrai presque à dire que le cinéma américain a grand besoin d'histoires de ce genre, même si, au fond, il en est de plus originales. On the ice reprend en fait la trame d'un premier court-métrage éponyme, signé du même réalisateur. Il a été tourné en 25 jours ! Retenu aux Festivals de Sundance et Deauville, il a aussi été présenté à Berlin et y a remporté le Prix FIPRESCI du meilleur premier film. J'ajoute que la distribution est entièrement composée d'acteurs débutants, non-professionnels. Une bien belle performance de groupe.

On the ice
Film américain d'Andrew Okpeaha MacLean (2011)

L'histoire que le film nous raconte en fait un lointain cousin nordique du remarquable Paranoid Park de Gus van Sant (2007). Plus abouti formellement, cet autre long-métrage dresse aussi un portrait sombre de la jeunesse américaine, sans grande perspective pour l'avenir. J'avais cité Virgin suicides en comparaison, mais on en est loin désormais. Libre à vous de préférer les jeunes d'American graffiti...

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Il n'y a pas grand-monde pour en parler, mais...
Pascale ("Sur la route du cinéma") a bien aimé le film, elle aussi.

2 commentaires:

cc rider a dit…

Deux articles en moins d'un mois faisant reference au monde des glaces, je vous propose de voir ou revoir de toute urgence : "Station Zebra" de Sturges,"The thing" de Carpenter,"Aventure dans le Grand nord" de Wellman,...

Martin a dit…

Merci pour ces recommandations. Pour le Carpenter, c'est prévu à plus ou moins long terme. Je note les références Sturges et Wellman.