Une chronique de Martin
Pas évident, cette année, de respecter la tradition encore récente consistant à vous reparler brièvement des films qui m'ont le plus marqué. Sur le petit écran, en 2011, j'en ai vu 97, dont 78 inédits. J'ai toujours du mal à classer par "valeur", mais ma tâche se voit encore compliquée du fait que ces longs-métrages sont bien souvent d'origines, d'époques et de styles bien différents. Ce qui se trouve aujourd'hui distingué pourrait ne pas l'être autant dans le classement d'une année plus éblouissante. Le choix reste donc sujet à discussion.
1. Casablanca / Michael Curtiz (1943)
Un grand tout: aucun des aspects du film ne me déplait vraiment. Passionné et passionnant, le scénario de cette histoire d'amour éternel sur fond de résistance brille par son incontestable pertinence. La grâce des dialogues émeut toujours et les différents acteurs livrent une prestation remarquable, d'autant plus étonnante qu'ils ont longtemps tourné sans rien savoir du destin de leurs personnages. Hollywood ose, en pleine guerre, un cri pour la liberté. Play it, Sam !
2. Le parrain / Francis Ford Coppola (1972)
Grande fresque sur la mafia, cette oeuvre mythique se distingue particulièrement en plaçant la criminalité à hauteur d'homme, faisant des pires délinquants les membres d'une famille, avec une étude profonde sur l'appartenance à un clan et l'évolution des sentiments. La distribution est juste géniale, dominée par un Marlon Brando magistral et un Al Pacino glaçant. Je m'offrirai peut-être la suite cette année: j'ai presque hâte. Un cinéma de très haute volée.
3. Two lovers / James Gray (2008)
Cette année, le cinéma américain squatte donc mon podium. Difficile de ne pas apprécier le formidable travail accompli ici, que ce soit devant ou derrière la caméra. Le réalisateur new-yorkais nous offre une rude histoire d'amour à trois protagonistes, tous trois victimes de sentiments censés les épanouir, mais les plongeant finalement dans le désarroi. Les acteurs - Gwyneth Paltrow et Joaquin Phoenix, mais aussi Vinessa Shaw - nous embarquent dès la première image. Une merveille de scénario sublimée par une réalisation parfaite.
4. L'impasse / Brian de Palma (1993)
Encore un film de gangsters, mais quel film ! L'histoire elle-même surprend très agréablement: une fois n'est pas coutume, le scénario s'intéresse à un criminel repenti. On ne croit pas à la bonne volonté d'Al Pacino, d'abord, et on plaint son avocat - Sean Penn, épatant - de devoir jouer sur un vice de procédure pour le sortir de prison. Pourtant, le premier reste sincère, tandis que le second s'avère finalement une fripouille de la pire espèce. Le travail de réalisation fait le reste et, dans les pas de Carlito, embellit encore cette fresque moderne sur l'inéluctabilité du destin. Un vrai régal de film noir.
5. Cowboy / Benoît Mariage (2007)
Benoît Poelvoorde en journaliste désabusé, je ne pouvais qu'aimer. François Damiens en cameraman raté, j'ai encore plus apprécié. Revoir Gilbert Melki, Julie Depardieu et Olivier Gourmet - superbe dans son propre rôle et un très chouette numéro d'autodérision - m'a fait plaisir. Au-delà du talent de ses comédiens, ce film franco-belge s'illustre par sa pertinence sociale. Plus qu'une critique des médias dominants, il propose une histoire d'homme et parle de la difficulté de renoncer à ses idéaux. Une alternance de rires et d'émotions comme nos voisins francophones savent si bien les créer.
6. Tabou / Friedrich Wilhelm Murnau (1931)
Le plus vieux film que j'ai vu cette année n'était pas le moins beau. J'ai couru après quelque temps avant de le rattraper et j'ai été subjugué par cette histoire d'amour impossible entre deux jeunes Polynésiens. Malgré un tournage tendu, la caméra pose un regard bienveillant sur les premiers protagonistes de ce drame. L'émotion est d'autant plus saisissante que les images sont muettes. Je suis difficilement revenu de ce voyage, sur une thématique romantique classique et à la fois peu ordinaire. Du grand cinéma de dépaysement.
7. La vie et rien d'autre / Bertrand Tavernier (1989)
La critique a parlé d'un Philippe Noiret "monument". Il paraît même que la fille du comédien en a été traumatisée en lisant l'apostrophe sur les affiches, juste au-dessus du visage de son père. Il n'en reste pas moins qu'un grand film a ici été écrit et tourné. Sabine Azéma offre la possibilité d'un pas de deux touchant, d'une autre histoire d'amour compliquée. Une magnifique illustration des ravages inaltérables de la guerre, avec un général obstiné par la comptabilité des morts et une veuve en quête d'apaisement. La vie, en effet.
8. La garçonnière / Billy Wilder (1960)
Shirley MacLaine - Jack Lemmon: encore un couple glamour. Forcément, la recette fonctionne toujours, mais, comme souvent chez ce cinéaste, elle s'assaisonne avec un peu de nostalgie. Il fallait inventer ce personnage d'employé, disposé à prêter son appartement à ses patrons adultères pour s'élever dans les rangs de la société. Ensuite, il fallait aussi oser le rendre sensible et amoureux d'une fille elle-même en mal de respect et de tendresse. Rires et larmes discrètes, le dosage parfait d'une merveilleuse comédie romantique.
9. Out of Africa / Sydney Pollack (1985)
Décidément, l'année est aux couples ! La scène où Robert Redford lave les cheveux de Meryl Streep au coeur de la savane est restée culte. Avant de voir le film, je n'avais que très vaguement entendu parler de la romancière Karen Blixen. J'ai depuis acheté La ferme africaine, le livre qui a inspiré ce très beau film, une grande fresque qu'on dirait sortie des années 50. Hollywood est éternel et ses stars n'ont visiblement pas fini de nous faire rêver. Un récit qui évoque aussi, en filigrane, la marche du monde derrière le pas des amants.
10. Birdy / Alan Parker (1985)
Nicolas Cage incroyable et Matthew Modine traumatisé par la guerre du Vietnam: ce film très américain est tourné par un Anglais ! C'est peut-être ce qui lui donne cette couleur unique. Les images du conflit sont rares et frappent par leur violence graphique. Ce qui est le plus intéressant ici, ce n'est pas la dénonciation politique ou l'aspect spectaculaire de la chose. C'est davantage cette étude de la folie douce et ce formidable récit d'une amitié que rien ne peut affecter. Avec, à la toute dernière image, un revirement qui laisse la porte ouverte à l'imagination. Une émotion quasi-parfaite dans le genre.
11. La folle journée de Ferris Bueller / John Hugues (1986)
Le petit frère de Marty McFly ! Le personnage principal du film ressemble furieusement à l'ado que beaucoup ont rêvé d'être: il est cool, amoureux et hédoniste. Et, grâce notamment à un talent consommé pour la ruse, il se crée, un seul jour durant, la vie idéale qu'il aimerait vivre, faite de promenades en Ferrari, déjeuners pris dans les plus grands restaurants et engagements dans le pur délire libertaire. Générationnelle, l'aventure est aussi des plus enlevées. Avec, derrière la comédie débridée, le constat d'une jeunesse capable de grandes choses. De quoi mettre la banane ET la pêche !
12. Après la pluie / Takashi Koizumi (1999)
Changement d'ambiance radical avec ce film tourné sur un scénario d'Akira Kurosawa, après la mort du maître japonais. Quand on sait les trésors de persuasion que son réalisateur a déployés pour donner vie à ce long-métrage, on est ému de cet engagement au service même de la mémoire d'un des plus grands cinéastes de notre temps. On y retrouve ici beaucoup des valeurs traditionnelles du Japon ancien et la tempérance de ses habitants. Que le récit choisisse d'évoquer une page vieillie de l'histoire nippone n'empêche nullement de l'apprécier aujourd'hui. La vie d'un samouraï considérée au travers de ses principes et de son mode de vie, sans oublier la dimension poétique de ce personnage: une petite merveille venue d'Asie.
2 commentaires:
bon, un peu mieux ... 3/12
Wahou !!! je fais exploser le score !!!
mais bon, moi au moins, j'ai vu Wayne's World !!!
hihihihi
;-)
Aller, je ne signe pas là non plus, tu sais qui c'est !!!
Ouh punaise ! Y a du lourd dans ce "best of 2011 (DVD-TV) ! ^^ Des classiques qui ont marqué et qui marquent encore. Du drame, du film du gangster, de la comédie et j'en passe. Hétéroclite comme j'aime. ;)
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