samedi 21 mai 2011

Poulet au vinaigre

Une chronique de Martin

Je ne veux pas en faire une généralité, mais j'ai tendance à penser qu'habituellement, le cinéma glorifie plutôt la justice et le bon sens policier. Nicholas Angel, le héros de Hot fuzz, n'est pas un flic comme les autres: à Londres, la ville où il travaille, ses chefs l'évaluent comme le plus efficace de sa brigade. Mais bon, ça fait désordre: ça montre que les autres sont nuls. Et voilà donc comment le meilleur des gardiens de l'ordre se retrouve promu... et muté.

Regardez-le, avec ces deux flingues, bien déterminé à en découdre avec les criminels les plus odieux. Il n'est pas touchant ? Non, hein ? Pas vraiment ? Ma petite introduction vous aura probablement fait comprendre qu'il n'y a pas rien de très sérieux dans ce drôle de film. Et, si vous ne l'aviez pas reconnu, je précise aussi que vous avez sous les yeux l'acteur britannique Simon Pegg, bien connu pour le duo qu'il forme (ici aussi) avec Nick Frost - j'y reviendrai en conclusion. Cette fois, notre homme est donc chargé, non pas de rétablir, mais bien de maintenir l'ordre dans la rieuse cité de Sandford. Aïe ! Problème, parce que, pour lui, ça en est presque un: il ne s'y passe jamais rien ! Démarré sur les chapeaux de roue, Hot fuzz va-t-il s'enliser dans des sables moroses ? Vous imaginez bien que ce serait trop facile. J'ajoute que ce ne serait surtout pas assez drôle...

Cela dit, cette première partie du film reste celle qui m'a le plus plu. Voir ce super-flic débarquer au milieu de nulle part et vite souffrir d'ennui à ne rien avoir d'autre à faire que de "ramasser" les poivrots au pub du coin est particulièrement jubilatoire. Hot fuzz ne s'arrête toutefois pas à cette (bonne) idée de départ. Ce qu'il y a d'incroyable dans tout ça, c'est évidemment que, bientôt, après que Angel a donné la chasse à un cygne, une série de meurtres sauvages frappe Sandford et met à bas une tranquillité qu'on avait beau jeu de croire inaltérable. C'est là que le film s'aventure dans le n'importe quoi, avec d'autant plus de conviction qu'il devrait inévitablement perdre quelques spectateurs en route. Ceux qui seront restés devant l'écran auront droit à l'une de ces comédies anglaises 100% débridées, comme celles que les habitués du duo Pegg/Frost avouent adorer. Culture geek assumée sans complexe, ça peut ma foi être franchement marrant et rebondissant à presque chaque scène.

Comédie potache, Hot fuzz prend alors l'allure d'un film d'action particulièrement barré, avec, c'est la loi du genre, l'inévitable kyrielle de clins d'oeil. Les recenser devrait vous amuser si vous êtes connaisseurs et bien sûr réceptifs à ce genre d'humour. Sur le plan strictement formel, il n'y a là que du tout bon, une réalisation simple et efficace. Même quand ça pétarade en tout sens, comme ça finit bientôt par arriver, on comprend ce qui se passe. Le montage un peu clippé est franchement sympa et les effets spéciaux d'une efficacité indéniable. Bref, vous l'aurez compris, j'ai bien aimé le résultat final, regrettant juste que France 4, la chaîne de télé où je l'ai découvert l'autre soir, choisisse de le diffuser en VF. C'est presque criminel et, si Nicholas Angel était passé par chez moi, il aurait sans doute sorti son carnet à souches et dressé une jolie petite contravention. Maintenant, soyons honnête: le doublage n'est pas non plus calamiteux. Je crains juste d'être passé à côté de certains gags. Bah... il en reste suffisamment pour deux petites heures de délire. Pour conclure donc sur une bonne note, c'est ce que je retiendrai.

Hot fuzz
Film anglais d'Edgar Wright (2007)
Les autres films avec Simon Pegg et Nick Frost ? J'en ai également parlé ici: il s'agit de Shaun of the dead et de Paul. Chacun des trois pourrait allégrement passer pour la parodie d'un genre déterminé. C'est un rien plus complexe: plutôt que de se moquer, les trublions anglais rendent hommage à une certaine culture, je crois. Il le font en s'inspirant de certaines séries Z et en poussant leur logique jusqu'à l'extrême, sous un ton délibérément délirant. Une démarche qui peut rappeler celle d'un Quentin Tarantino, dans un autre genre. Moi, j'aime bien, sans élever les films au rang d'incontournable. Logiquement, en prenant tout ça au quatrième degré, vous devriez en tout cas passer un bon moment. Trop sérieux s'abstenir. J'ajoute encore que, l'air de rien, les flics ont ici un rôle assez respectable...

2 commentaires:

L u X a dit…

J'étais sûre que ça te plaîrait ! J'ai dû le voir une dizaine de fois déjà, sans jamais me lasser !

Le BouBout a dit…

Film exceptionnel.
Tu as presque réussi une analyse parfaite, mais le fait d'oublier de parler de Timothy Dalton, qui réussi d'une façon jubilatoire à tenir un rôle à contre-emploi, est une faute à mon avis impardonnable !!!!!!!

BBt
;-)