samedi 28 mai 2011

L'échappée belle

Une chronique de Martin

Ce n'est pas fréquent, mais quand il arrive que j'enchaîne deux films au cours d'une même soirée cinéma, j'essaye d'éviter que le second vienne plomber la belle humeur apportée par le premier. S'il y en a un qui risque d'être dur, je tente de le voir d'abord, avant donc d'enchaîner avec un autre, plus souriant. C'est ce que je suis parvenu à faire il y a peu avec Voir la mer. Patrice Leconte est un réalisateur dont j'apprécie le talent, même si je n'ai pas vu toutes ses créations. Celle-là - sa dernière en date - est à la fois lumineuse et modeste dans le traitement. Après quelques flops sur des productions d'ampleur, le cinéaste aurait voulu s'offrir un petit film de pur plaisir.

Ce plaisir supposé, je l'ai partagé. Voir la mer pourrait bien susciter une certaine controverse: mon ami Philippe, venu le voir avec moi, l'a trouvé très plat. Il est vrai que le scénario a l'épaisseur du papier à cigarettes. Petit miracle: pour moi, ce n'est pas un défaut, l'histoire ici contée me paraissant relativement ordinaire et l'absence de fioritures un atout qui permet d'apprécier l'oeuvre différemment, plus sur la forme que sur le fond. L'argument de départ n'est pas insignifiant pour autant: Nicolas et Clément, deux frangins, voient débarquer dans leur vie une dénommée Prudence, une jolie blonde qui fuit son ex, Max, un rustre plus âgé qu'elle. Alors qu'ils pensaient partir ensemble visiter leur mère à Saint-Jean-de-Luz, les garçons finissent par embarquer avec eux cette fille qui n'a jamais vu l'océan. Je n'ai pas envie de dire ici si c'est pour le meilleur, le pire ou un peu des deux. Le film et vos émotions répondront mieux que moi.

En ce qui me concerne, donc, j'ai vraiment aimé cette histoire. Pauline Lefèvre, ex-miss météo, offre un grand numéro de charme aux frères, Clément Sibony et Nicolas Giraud. Je me suis demandé après coup ce que j'en aurais pensé si j'avais été une fille: je suis donc curieux d'avoir des avis féminins sur le film. Une certitude quand même: Prudence est le noyau autour duquel tournent Clément, Nicolas, Max et le scénario tout entier. Voir la mer m'a de fait agréablement surpris dans cette optique: pour une fois, j'ai l'impression que ce ne sont pas les hommes qui mènent la barque, mais que c'est la femme qui emmène tout le monde où elle voudrait. Et parce que c'est filmé avec douceur, inventivité et humour, j'ai vraiment passé un très bon moment devant ces belles images. Si bon qu'au fond, je préfère n'évoquer que cette ambiance de vacances, parfois teintée d'un peu de nostalgie, mais ne trop rien dévoiler ici des divers tenants et aboutissants du voyage du joli trio constitué. Plutôt, je vous encourage fort à vous y confronter pour vous forger votre propre opinion. La mienne est donc tout à fait positive.

Voir la mer
Film français de Patrice Leconte (2011)
Une fille et deux garçons: la plupart des critiques que j'ai lues font d'emblée le rapprochement avec Jules et Jim. Pourtant, par la magie des couleurs, le long-métrage de Patrice Leconte ne ressemble pas vraiment à celui de François Truffaut. Mêmes parallèle et constat avec Les valseuses de Bertrand Blier. Si j'ai bonne mémoire, le film de Patrice Leconte est bien plus positif, je le dis sans rien enlever pourtant à ses prédécesseurs. Puis-je oser une autre comparaison, avec Thelma et Louise, cette fois ? Comme chez Ridley Scott, il est aussi question ici de quitter une vie insatisfaisante en quête d'un peu de joie de vivre. Mais là aussi, le message final reste bien plus optimiste. Je ne vois dès lors pas de raison de se priver du plaisir que peut procurer la séance. J'avais un bon feeling: le voilà confirmé.

1 commentaire:

Philippe JOSEPH a dit…

Bonjour, je suis le ''Philippe'' dont on cause dans cette chronique ... Comparer Les Valseuses ou Thelma et Louise avec ce film, autant comparer un bon Bourgogne ou un bon Bordeaux avec un litre de Vittel, cela se boit, mais c'est à peu près tout ...