lundi 23 mai 2011

Malick quand même

Une chronique de Martin

Bien. L'heure est désormais venue de reparler de cette édition 2011 du Festival de Cannes. J'ai évidemment choisi d'être exhaustif. Beaucoup de choses m'enthousiasment dans le palmarès: je vais tâcher de vous expliquer pourquoi. Et, bien évidemment, je piaffe déjà à l'idée de découvrir prochainement quelques-uns de ces films. Venez donc avec moi faire un dernier tour sur la Croisette ! Il se peut qu'on y rencontre quelques-unes des grandes stars du septième art.

Ce n'est pas banal: Terrence Malick n'était pas au Palais des Festivals hier à l'heure de recevoir la Palme d'or du 64ème Festival de Cannes. Après avoir préféré prendre un an de plus pour boucler son montage et présenter enfin The tree of life, le réalisateur américain triomphe sur la Croisette. Il n'en reste pas moins d'une timidité confondante, refusant de venir cueillir les lauriers de sa gloire et envoyant alors ses producteurs Dede Gardner et Bill Polhad les chercher à sa place. De cette chronique d'un sacre annoncé, il me reste à découvrir l'essentiel: le film. Rendez-vous au cinéma d'ici quelques jours.

Avant même la première montée des marches, ce Festival 2011 était considéré comme un très bon cru. Est-ce parce que les bons films étaient effectivement légion que le jury a eu tout ce mal à décerner son Grand Prix ? Possible. Pour contourner l'obstacle, Robert de Niro et ses compagnons ont couronné deux films de cette récompense. Les lauréats sont des habitués du palmarès cannois: Nuri Bilge Ceylan et son Il était une fois en Anatolie côtoient les frères Dardenne, avec Le gamin au vélo. C'est ce second film que je pense découvrir le premier, très certainement au tout début du mois prochain.

Pour Polisse, il faudra attendre l'automne. Le film de Maïwenn m'a l'air intéressant, tourné qu'il est vers une représentation réaliste d'une brigade de protections des mineurs. Hier soir, en robe rouge sur la scène du Palais des Festivals, la réalisatrice française remerciait les équipes policières qui lui avaient permis d'appréhender "la misère humaine". Je suppose donc qu'il faut anticiper un film coup-de-poing, mais c'est en fait ce que j'espère. Ce sera aussi pour moi l'occasion d'apprécier l'oeuvre d'une cinéaste que je ne connais pour l'heure que de nom. Je suis content de voir que, benjamine de la sélection, elle est repartie avec le Prix du jury.

Vous l'avez sûrement entendu: Lars von Trier a marqué ce Festival par des déclarations sur l'esthétique du nazisme et sa "sympathie" pour Hitler. Palmé en 2000, le réalisateur danois est le grand perdant de ce millésime 2011, premier cinéaste à être officiellement déclaré indésirable sur la Croisette. Navrant, d'autant que son Melancholia promet réellement d'être un grand film. La jolie Kirsten Dunst parvient à sauver les meubles en s'emparant du Prix d'interprétation féminine. C'est l'un des projets que j'attends désormais avec le plus d'impatience. Sa sortie est prévue pour août. Trois mois encore...

Autre attente forte: celle de The artist, le long-métrage sélectionné à la toute dernière minute, qui offre à Jean Dujardin un Prix d'interprétation masculine. Je suis vraiment très curieux d'apprécier enfin la valeur de ce long-métrage improbable, en noir et blanc, muet. Quelqu'un de mon entourage - bonjour, Jean-Laurent ! - l'a déjà vu et m'en a dit beaucoup de bien. Je n'en sais pas grand-chose, si ce n'est qu'il évoque le destin d'un acteur ruiné par l'arrivée soudaine des films parlants. Son interprète a fait preuve d'humour hier, se prosternant devant Robert de Niro et terminant son discours par un: "Maintenant, je me tais, parce que ça me réussit plutôt bien".

Derniers grands noms du palmarès édition 2011: ceux du Danois Nicolas Winding Refn et de l'Israélien Joseph Cedar. Ils obtiennent respectivement le Prix de la mise en scène et celui du scénario, l'un pour Drive, l'autre pour Footnote. Ce sont deux films qui n'ont rien de comparable, le premier évoquant des cascadeurs dans une histoire de braquage, le second étant présenté comme une comédie intellectuelle entre un père et un fils, universitaires juifs spécialistes du Talmud. Si l'occasion se présente d'y voir un peu plus clair, comptez sur moi: j'essayerai de la saisir. Notons que la consécration cannoise pourrait une nouvelle fois nous ouvrir à d'autres cinémas.

Ce serait aussi le cas si Las acacias, de l'Argentin Pablo Giorgelli, arrive sur nos écrans. J'avoue qu'avant hier, je n'avais pas entendu parler de ce réalisateur, mais j'ai une petite excuse pour ça: il a obtenu la Caméra d'or, le trophée cannois qui vient justement récompenser le meilleur premier film, toutes sélections confondues. Cette année, c'est au coeur de la Semaine de la critique qu'il fallait chercher l'heureux élu. Son film - une fiction - raconte l'histoire simple d'un camionneur qui prend en stop une femme avec son bébé. Un quasi-huis-clos minimaliste, mais paraît-il très beau. J'espère avoir l'occasion de me faire ma propre idée. Pour y revenir ensuite.

Pourrai-je également découvrir les deux courts-métrages couronnés cette année ? Rien n'est moins sûr. Pour la forme, je note au moins leur nom: la Palme revient à Cross country, oeuvre de la réalisatrice ukrainienne Maryna Vodra, et une mention spéciale est par ailleurs décernée à Badpakje 46, du Belge Wannes Destoop. D'un côté rencontre avec une bande de joggeurs, de l'autre vie d'une fillette complexée par son poids et qui fait de la natation: c'est bien là tout ce que je sais à ce stade de la discussion. Ce qui ne veut pas dire que le reste ne m'intéresse pas, loin de là. Reste à savoir si j'aurais donc l'occasion de le découvrir un jour prochain. Wait and see.

Un petit paragraphe maintenant pour évoquer aussi quelques favoris de la compétition qui repartent finalement bredouilles. Je cite d'abord l'éternel Pedro Almodovar, qui, bien que déjà récompensé, attend toujours sa Palme et n'a rien gagné pour La piel que habito. Constat identique pour la Japonaise Naomi Kawase, dont le Hanezu no Tsuki était pourtant présenté comme un candidat assez sérieux en cette période post-Fukushima. Côté comédiens, on peut s'étonner du chou blanc de Sean Penn, métamorphosé en rock star revancharde dans This must be the place, et plus encore de la consécration manquée pour Tilda Swinton, qui avait pourtant une cote favorable avec We must talk about Kevin. Impénétrables voies de Cannes...

Enfin, une dernière décision qui m'a fait plaisir: celle de remettre une Palme d'honneur au grand réalisateur italien Bernardo Bertolucci. Il y avait lieu de craindre que la disparition de Maria Schneider, comédienne révélée dans Le dernier tango à Paris, ne porte préjudice au cinéaste, pas franchement tendre avec son interprète féminine - une histoire de sexe filmé, cruel parce que non consenti. N'ayant pas vu l'objet du délit, je me garde bien de juger l'ensemble d'une carrière sur ce point particulier et me réjouis de voir consacré l'homme qui a présenté au monde Le dernier empereur.

Voilà.
Le Palais des Festivals a fermé. Rendez-vous en mai 2012.

1 commentaire:

Emeline a dit…

Bonjour !

Pour quelle(s) raison(s) le si touchant film de Jodie Foster, Le Complexe Du Castor, a-t-il été placé dans la catégorie "Hors Compétition" du festival ?

Mel Gibson et Jodie Foster auraient mérité une récompense ainsi que le scénario et la réalisation ! Au moins un.

J'espère de tout mon cœur que l'Académie des Oscars rétablira leur mérite !

A part cela, je lis votre page avec une curiosité non feinte !

Bonne continuation !