Une chronique de Martin
Fenêtre sur cour, c'est probablement l'un des films les plus connus d'Alfred Hitchcock. Avant d'en reparler un jour, je vous propose aujourd'hui de vous intéresser à son remake télévisé, au titre identique. Pas encore connue comme égérie de Quentin Tarantino, Daryl Hannah y reprend le rôle de Grace Kelly, Christopher Reeve s'inscrivant lui à la suite de James Stewart. Le résultat ne m'a pas franchement emballé, même s'il y a quelques bonnes idées. Rappelons que le scénario repose sur une personne handicapée qui, en espionnant ses voisins depuis son appartement, croit être témoin d'un meurtre. Alors qu'en fait... mais non, pas la peine d'en dire plus.
Je n'ai pas revu le film original depuis longtemps. J'éviterai donc toute comparaison et vais tâcher de faire comme s'il n'existait pas, en analysant cette redite pour elle-même. Ce que je reproche essentiellement à ce Fenêtre sur cour, c'est une sorte de langueur. L'intrigue débute véritablement à partir d'une grosse demi-heure. Comme le métrage total ne dépasse pas les 90 minutes, autant dire que l'histoire progresse à pas d'éléphant. Sensation assez gênante que viennent confirmer des scènes jumelles ou longuettes, au cours desquelles on a envie de dire qu'on a compris. Et, paradoxalement, c'est au moment où on voudrait comprendre que le réalisateur choisit l'ellipse. La première chose qui m'est venue à l'esprit au moment crucial du générique final, c'est: "Ah bon ? C'est tout ?". Décevant.
Peut-être bien que la raison de ces faiblesses est à chercher du côté du casting, et en particulier de Christopher Reeve. Je connais mal cet acteur américain: avant de regarder ce film, je savais simplement qu'il s'était fait remarquer dans le costume de Superman et qu'au beau milieu de sa carrière, un accident l'avait rendu tétraplégique. J'ai du respect pour lui et j'ai d'ailleurs tenu à noter que Fenêtre sur cour était son premier retour devant la caméra après ce cruel épisode. C'est peut-être là que le bât blesse: si le film a pu vouloir jouer sur l'émotion de ce come-back, il néglige alors l'opportunité d'en tirer quelque chose de vraiment touchant. Honnêtement, le comédien n'est pas en cause, bon - et courageux ! - dans ce qu'on lui donne à jouer. Coté thriller, le cahier des charges ne semble pas vraiment respecté: c'est là, je crois, le vrai problème. J'en ressors avec la frustration de ne pas avoir frissonné davantage.
Fenêtre sur cour
Téléfilm américain de Jeff Bleckner (1998)
44 ans séparent les deux versions de cette histoire. C'est peut-être également ce décalage qui explique le peu d'effets que produit finalement le visionnage du remake: ce qui fonctionnait encore dans le cinéma des fifties ne prend plus forcément par la suite. J'attendais des choses plus visuelles pour un film des années 90. À croire en fait que le réalisateur s'est contenté d'un hommage poli, ce qui ne serait pas forcément une mauvaise chose, mais pose la question de l'utilité de la démarche. Bref. J'en ai parlé hier et j'y reviens: en bon film d'angoisse lié au handicap, autant se tourner vers Seule dans la nuit.
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