Une chronique de Martin
Oui, vous avez raison: la phrase est plutôt caractéristique des piliers de comptoir. Pourtant, le fait est qu'elle peut aussi résumer le propos de We want sex equality. Je vous dirai bientôt comment je perçois ce titre. En attendant, les anglophones auront probablement compris ce que les images suggèrent aussi: il est ici question d'un combat pour l'égalité hommes-femmes. Un combat illustré par l'histoire (vraie) d'ouvrières anglaises, employées britanniques du groupe américain Ford. Un petit groupe au sein d'une immense entreprise. Recluses dans un atelier où la pluie s'infiltre sans mal, Rita, Connie et les autres sont excédées: devant le refus de la direction d'offrir des conditions de travail décentes, elles décident d'une grève.
L'affaire se déroulant au printemps 1968, l'attitude des ouvrières prend à contre-pied l'ensemble des hommes de leur entourage, patrons, représentants syndicaux et bien sûr maris. Beaucoup jugent étonnant qu'une femme puisse revendiquer le droit de travailler. Qu'elle réclame également une parité des salaires semble révolutionnaire ! C'est donc cette lutte sociale que raconte We want sex equality. Sur le plan technique, le métrage est une réussite formelle indiscutable: la reconstitution des années 60 marche bien. Les actrices - au premier rang desquelles on retrouve Sally Hawkins, Miranda Richardson ou Rosamund Pike - jouent avec talent. Je dirais finalement la même chose des comédiens, et notamment de deux que j'apprécie tout particulièrement, d'une génération à l'autre: Daniel Mays et Bob Hoskins, respectivement 33 et 68 ans.
We want sex equality est un petit film. Contrairement aux faits historiques qu'il rappelle, il ne révolutionnera pas grand-chose. Qu'importe, au fond. C'est toutefois un petit film aux personnages attachants. Il délivre un message encourageant et, à l'époque actuelle, ce serait bien dommage de s'en priver. Ce que j'ai particulièrement apprécié, c'est qu'il parvient véritablement à le faire avec une certaine nuance. Même si l'on devine comment tout cela va finir, même si, à plusieurs reprises, les hommes en prennent largement pour leur grade, le ton du métrage n'est pas univoque. C'est d'ailleurs amusant d'avoir cette impression après coup: j'étais allé voir une comédie sociale, là où mon ami Philippe attendait plutôt un drame. Au final, la tendance est plutôt à une certaine légèreté, mais il y a aussi quelques scènes dures dans ces deux petites heures de cinéma. Juste ce qu'il fallait pour parler de choses sérieuses.
We want sex equality
Film anglais de Nigel Cole (2010)
Au début du film, il fait si chaud dans leur atelier que les ouvrières doivent ouvrir leur corsage pour respirer un peu. Est-ce un clin d'oeil à The full monty, l'une des fables sociales les plus emblématiques produites par le cinéma britannique ? Peut-être. Si j'ai vite trouvé matière à une comparaison entre les deux productions, ce n'est finalement que quelques jours après la séance cinéma que j'ai cru possible cet hommage de l'une à l'autre. L'optimisme qui porte le film rend en tout cas difficile l'amalgame avec les oeuvres de Ken Loach, même si Looking for Eric avait brillament montré que le vieux lion sait aussi faire rire. Sorti à la fin des années Thatcher, un film comme Riff Raff, lui, aborde les mêmes problématiques de manière bien plus sombre et mérite également le détour... ou le retour.
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