dimanche 16 janvier 2011

2010 dans le rétro, partie 1

Une chronique de Martin

Hé oui ! Encore une de ces chroniques qui évoquent plusieurs films en même temps ! Seulement voilà, pour le coup, ça se justifie pleinement: après avoir parlé de l'ensemble des longs-métrages vus et revus courant 2010, l'heure est enfin venue d'évoquer les meilleurs de ceux que j'ai découverts. Vous permettrez que, comme l'année dernière, je découpe ce programme désormais rituel en deux parties. Je commence donc aujourd'hui avec mon best of DVD et télé. J'améliore toutefois le processus par la mise à disposition de liens directs vers les messages concernés. À vos marques, prêts, cliquez !

1. Good night, and good luck. / George Clooney / 2005
Chercher dans le passé récent une manière d'évoquer le monde d'aujourd'hui n'est certes pas très original. N'empêche: en réalisant ce noir et blanc chiadé autour d'une équipe de journalistes américains en pleine période de chasse aux sorcières communistes, l'ex-docteur docteur Ross prouve une nouvelle fois qu'il a bien fait d'abandonner les salles d'urgence. Mieux, le fait qu'il soit aussi passé derrière la caméra ne rend pas moins marquante sa présence écran dans un rôle secondaire. Un film que j'aurais plaisir à revoir.

2. Dans la peau de John Malkovich / Spike Jonze / 1999
Une révélation: quelques semaines après avoir découvert une autre de ses oeuvres, j'ai retrouvé le réalisateur américain dans ce qui est peut-être un projet plus loufoque encore. Cette histoire d'Américains moyens enfermés (volontaires !) dans le corps de l'une des têtes d'affiche du cinéma US est un monument de décalage et bien sûr d'auto-dérision pour le principal intéressé. Amis cartésiens, passez votre chemin ! Ou plutôt non, offrez-vous le plaisir de cette oeuvre absolument unique en son genre. De mon côté, il est très probable que je surveille de près les autres propositions du cinéaste skater.

3. Vincere / Marco Bellocchio / 2009
Placer un film italien sur le podium me fait particulièrement plaisir. J'avais raté celui-là au cinéma et, grâce à la complicité de la Fnac, j'ai vite saisi l'occasion de le voir en DVD. Ce drame de facture classique s'intéresse à une grande oubliée de l'histoire: la femme cachée du dictateur transalpin Benito Mussolini. Sans jamais tomber dans le pathos outrancier, elle est au contraire illuminée par le jeu d'acteurs réellement au sommet de leur art. Un éclairage marquant sur ce que peut être, aujourd'hui comme hier, la folie des hommes.

4. 1941 / Steven Spielberg / 1979
Les grands réalisateurs ont tous commencé un jour. Si notre homme a lui débuté par d'incontestables succès, il est parvenu à y intercaler un projet plus personnel, assez décrié à l'époque de sa sortie. Il faut dire que cet objet filmique non identifié maltraite sans vergogne quelques-uns des mythes de l'Amérique et fait de l'attaque du Japon sur Pearl Harbour le point de départ d'un film comique... débridé. Écart de conduite, sans doute, au vu de la filmographie du cinéaste. Mais alors, mes amis, des plus jubilatoires qui soient !

5. Fish tank / Andrea Arnold / 2009
Si Katie Jarvis, pourtant donnée favorite, n'a pas eu de prix d'interprétation à Cannes, il se murmure que c'est uniquement du fait que la jeune Britannique n'est pas une comédienne professionnelle. Admettons donc que la Croisette soit passée à côté d'un talent indéniable et tâchons de voir si la demoiselle poursuit sa carrière dans le septième art. Ici, elle est indubitablement la force vive, l'âme forte d'un métrage social assez intense: la vie la conduira à affronter l'âge adulte à vitesse grand V. Le tout sous l'oeil d'une caméra saisissant avec force et beauté les couleurs du jour et de la nuit. Émotion.

6. Julia / Erick Zonca / 2008
J'en avais déjà eu la prémonition, mais ce film me le confirme encore: Tilda Swinton est une des meilleures actrices d'aujourd'hui. La Britannique m'a une nouvelle fois soufflé par son expressivité dans ce rôle classique, mais pas si facile. Elle joue ici une alcoolique (presque) repentie qui tente de refaire sa vie après le kidnapping d'un jeune garçon. Un road movie sans manichéisme qui nous attache fortement à une héroïne ambivalente. Émotion, encore.

7. Bright star / Jane Campion / 2009
Il fallait bien que je distingue un film en costumes ! Si mon choix s'est d'abord porté sur celui-là, c'est qu'il s'avère en fait d'une beauté plastique indéniable et qu'il offre une forte illustration de la poésie de son personnage, le dramaturge anglais John Keats (1795-1821). J'imagine que des libertés ont été prises avec la réalité historique, mais qu'importe: ce drame à l'ancienne a su me saisir tout entier. Vigueur, force simple d'un travail quasi-artisanal: je dis bravo !

8. Mary et Max / Adam Elliot / 2009
Je vous parlerai bientôt d'une histoire de princesse, mais le film d'animation de mon best of 2010 n'a pas grand-chose d'une anecdote pour petites filles. Encore que l'héroïne en est une, de petite fille ! Laquelle, Australienne, correspond avec un homme américain installé dans la force de l'âge et souffrant du syndrome d'Asperger, une forme d'autisme. De cet improbable duo de pâte à modeler, le réalisateur tire un conte moderne assez sombre, mais, paradoxalement, drôle aussi. Une oeuvre particulièrement touchante qui, par sa sensibilité même, nous transporte ailleurs. Et qui laisse une empreinte.

9. Voyage à Tokyo / Yasujiro Ozu / 1952
Je ne suis sans doute pas très original en distinguant ce film au titre de meilleures productions de mon année DVD et télé: l'oeuvre est aussi souvent présentée comme l'un des meilleurs longs-métrages réalisés au cours... de l'histoire du cinéma ! Inscrite par évidence dans la perspective historique du Japon, ce récit de la relation d'enfants avec leurs vieux parents a aussi quelque chose d'intemporel et d'universel. De l'épure du cadre naît une beauté que le temps n'efface pas, presque parfaite. Une véritable référence en soi.

10. Boulevard du crépuscule / Billy Wilder / 1950
Autre vieux long-métrage en noir et blanc, cette perle m'a marqué comme le premier film noir que je découvre signé de ce réalisateur. J'ai ensuite ouvert plusieurs des portes d'entrée qu'il propose: film noir, oeuvre à suspense, mise en abîme d'un pan de l'histoire séculaire du septième art... le plaisir qu'on prend avec ces images est résolument protéiforme. Au contact des stars - réelles ou non - du cinéma muet, cette réalisation a également réveillé mon envie ancienne de m'y plonger enfin. À suivre...

11. Gainsbourg (vie héroïque) / Joann Sfar / 2010
Un autre des films après lesquels j'ai couru. J'ai finalement découvert cet étrange biopic sur un tout petit écran, dans l'avion qui m'a conduit en Chine cet été. Pas de regret: même sans être un amateur éclairé de l'homme à la tête de chou, on ne peut que saluer le travail ici accompli. La biographie du plus célèbre des provocateurs respecte à tout le moins sa poésie décalée... et son amour des femmes. Tantôt ange, tantôt démon, Gainsbarre y est présenté exhaustivement, sous toutes ses coutures, depuis l'enfant juif jusqu'à la star névrosée des années de biture. Parmi les bonnes idées du métrage, une marionnette géante pour appuyer encore le côté sombre du personnage. Atypique, certes, mais franchement réussi.

12. Seule dans la nuit / Terence Young / 1967
Si j'ai encore plein de films d'Audrey Hepburn à découvrir, je sens déjà que celui-là n'est pas le meilleur. C'est prometteur, car je l'ai quand même beaucoup apprécié. La belle Américaine y joue le rôle d'une femme aveugle menacée par de vils trafiquants de drogue. Réaliste ? Peut-être pas. Efficace ? Certainement ! Une certaine idée du suspense à l'ancienne qui, pour théâtrale qu'elle puisse être parfois, n'a pas pris une ride. Une vraie petite leçon de cinéma offerte aux jeunes générations de réalisateurs.

1 commentaire:

Cline a dit…

Hello Martinou !

Je trouve que ce format "600 signes maximum" te sied à merveille. C'est super efficace.