Les anglophones parmi vous auront peut-être reconnu le titre francisé d'une chanson culte. L'héroïne du film dont il sera question aujourd'hui a 15-16 ans. Elle s'appelle Mia et habite une cité de béton en Angleterre avec sa mère et sa petite soeur. Le père a disparu, mais, très vite, il est remplacé par un inconnu. Premiers instants autour d'un petit déjeuner improvisé, première confrontation. Sachez-le: Fish tank n'est pas fait pour rigoler. Long métrage marqué d'une tendance sociale très britannique, que je qualifierais volontiers de "loachienne", il n'est pas totalement dénué d'intérêt pour autant, bien au contraire. Cette histoire relativement banale d'une ado en rupture est en fait pleine de charme. Je vous conseille de la découvrir en version originale pour un rendu plus authentique.
Dans sa petite vie pas vraiment tranquille, Mia n'a qu'un seul centre d'intérêt: le hip hop. Quand elle ne va pas bien, elle s'enferme quelque part pour danser, alors plutôt seule que mal accompagnée. Les scènes chorégraphiques qui parsèment le film lui donnent d'emblée un souffle tout particulier, d'autant que c'est finalement autour de la musique (de Bobby Womack !) que l'adolescente rebelle et le nouveau petit copain de sa mère vont se rapprocher. Farouche comme pas deux, la jeune fille ne se laissera pas facilement apprivoiser. Et même quand, en face, l'homme pensera à y être enfin parvenu, il ne sera pas franchement à l'abri d'une volte-face soudaine. La plus grande réussite de Fish tank est peut-être bien son ton, sa grande ressemblance possible avec une certaine vérité. L'aquarium du titre ? C'est probablement l'immeuble à grandes baies vitrées où Mia répète. Comme dans le rêve d'une vie meilleure.
On aurait dès lors pu penser que, pour donner corps à cette réalité brillamment recomposée, Andrea Arnold, la réalisatrice, se serait appuyée sur des comédiens expérimentés. C'est presque l'inverse. Dans le rôle du beau-père qui n'en est pas vraiment un, le plus connu de tous est certainement Michael Fassbender, acteur que je découvre petit à petit et que je trouve vraiment très bon à chaque fois. D'après moi, la performance la plus remarquable reste sans conteste celle de la jeune fille qui joue Mia: selon une rumeur, si Katie Jarvis n'a pas reçu de prix d'interprétation lors du Festival de Cannes édition 2009, c'est juste parce qu'elle fait du cinéma... en amateur. Fish tank marquera-t-il le début d'une carrière ? J'en viens franchement à le souhaiter, tant le naturel de son héroïne m'a bluffé. Une très jolie surprise que ce petit film sans prétention. Les images sont très belles, filmées en partie à l'épaule, je pense, et en lumière quasi-naturelle pour de superbes scènes nocturnes. On notera aussi que le DVD comprend deux courts métrages de la même cinéaste. Dog tourne autour d'un personnage similaire, mais sur une intrigue plus violente encore. Wasp, lui, est le récit d'une jeune mère célibataire à la recherche d'un nouveau flirt. Moins d'une demi-heure générique compris, durée suffisante pour récolter l'Oscar en 2003.
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