Une chronique de Martin
Sara Forestier, merci et bravo ! Et tant pis si le compliment me fait passer pour un voyeur. J'ai vraiment beaucoup apprécié la prestation de la jeune comédienne dans Le nom des gens, une comédie récente dont beaucoup de médias ont parlé et que je rangerai volontiers parmi les projets qui m'ont inspiré une sympathie instantanée. J'ai beaucoup de mal à imaginer que vous n'ayez pas déjà entendu dire que la demoiselle évoquée passe une (petite) partie du film totalement nue. J'ajoute donc que, même habillée, elle fait preuve d'un tel abattage qu'elle a immédiatement emporté mon adhésion. D'après moi, il fallait de l'audace pour accepter ce rôle de militante sur l'oreiller. Fidèle électrice de gauche, Bahia couche délibérément avec des hommes de droite pour les rallier à sa cause. Et ça marche !
Si, à mon sens, le long-métrage fonctionne lui aussi, c'est qu'il va plus loin que cet improbable point de départ. Tout commence en fait quand la jolie Bahia croise la route d'Arthur, un type en cravate qu'elle imagine être un facho de plus, mais qui, au contraire, s'avère être un socialiste convaincu, tendance Jospin. Et là, double bingo ! Jacques Gamblin est pile-poil dans le bon tempo, dans sa posture comme dans ses intonations. Une étrange histoire d'amour démarre entre ces deux-là, d'autant plus tourmentée que l'une ne veut pas renoncer à ses habitudes politico-nymphomaniaques et que l'autre souffre en silence d'une histoire familiale difficile. Ce que me semble alors dire Le nom des gens, c'est qu'en dépit des fêlures de la vie, malgré des origines et destins d'apparence dissemblable, les Français ne sont peut-être pas si différents que ça les uns des autres. L'identité nationale, en fait... d'y réfléchir en riant, ça fait du bien.
En riant, oui, parce Le nom des gens est un film drôle (ou souriant). Est-ce une comédie ? Pas sûr, en fait. Si le réalisateur a effectivement adopté un ton badin, voire décalé, pour faire passer son message, il y a aussi beaucoup de choses pas marrantes du tout dans ce qu'il donne à voir. Je n'ai ni l'envie ni l'intention de gâcher votre surprise en dévoilant comment les deux acteurs principaux interagissent avec toute une galerie de personnages secondaires, mais notez qu'il y a là le terreau de quelque chose de plus profond. Pas évident que ça fasse l'unanimité, mais ce qui m'a paru sympa, c'est que rien n'est lourd ou asséné. Vous reverrez aussi Lionel Jospin dans un joli moment d'auto-dérision: une scène courte, marquante malgré tout et idéalement placée. Révélateur: la première qualité que je prête au film est justement d'être équilibré. Sans donner vraiment dans la caricature, il navigue en douceur entre le pamphlet social et le burlesque poétique. Si vos sympathies citoyennes ne vont pas trop à droite, je vous conseille vivement de vous laisser charmer.
Le nom des gens
Film français de Michel Leclerc (2010)
Je ne l'ai pas dit, mais il y a aussi de la douceur dans cette histoire: celle d'un fils pour sa mère enfermée dans le passé et celle d'une fille pour son père qui vit pour les autres, notamment. Les événements ne sont pas toujours crédibles, mais franchement, ça ne m'a pas paru très grave. C'est sûr qu'il faut sans doute "entrer dedans" pour sortir convaincu, mais ça a été mon cas, par bonheur. Difficile de trouver un comparatif possible. Hum... disons que si l'ambiance des années 70 ne vous rebute pas a priori, Le péril jeune est certes un film différent mais, lui aussi, dans son genre, une bonne comédie au fond assez grave. À voir également, en tant qu'extrait de la filmographie de Jacques Gamblin: Le premier jour du reste de ta vie.
1 commentaire:
Comme tu le sais déjà Martin, je n'ai pas du tout adhéré à ce film... Je l'ai trouvé ennuyeux, long et rien ne m'a fait sourire (sauf peut-être la scène au moment du vote) !!! Parfois il y a des mauvais crus ! Comme tu dis, l'idée de départ est improbable, "coucher avec l'ennemi pour le rallier à sa cause", tellement improbable que je n'y ai pas cru une seule seconde !
Silvia
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