Une chronique de Martin
Allez hop, on ne perd pas de temps et on enchaîne sans plus attendre avec le best of des films que j'ai découverts au cinéma l'année dernière. Formule inchangée: douze titres, douze mini-chroniques associées et douze liens. Je vous souhaite une bonne (re)découverte !
1. Des hommes et des dieux / Xavier Beauvois / 2010
Ce grand succès public du millésime me paraît amplement mérité ! En évoquant le destin de moines assassinés en Algérie dans le cours des années 90, le réalisateur frappe fort: il signe une oeuvre ancrée dans la foi, sans pour autant verser dans le prosélytisme bêta. Émerge un message profondément humain, porté par un groupe d'acteurs au mieux de leur talent. Une oeuvre que la critique a saluée à juste titre et sûrement déjà l'un des grands films de la décennie.
2. Hors-la-loi / Rachid Bouchareb / 2010
Je reconnais avoir quelque peu hésité à le placer si haut, mais ai fini par céder à mon intuition première: sous le feu d'une vive polémique lors du dernier Festival de Cannes, le film en est reparti bredouille. S'il ne méritait pas forcément d'obtenir un trophée, il n'est pas pas pour autant à jeter aux orties, tant s'en faut. Cette oeuvre exigeante nous ouvre les yeux sur une certaine image de la France, assurément pas la plus glorieuse. Autour de trois frères, une autre des facettes de notre relation à l'Algérie, évidemment tourmentée.
3. Shutter Island / Martin Scorsese / 2010
J'ai toujours eu un peu de mal à accepter et digérer la violence sourde des oeuvres du maître américain, mais pour une fois, bingo ! Son nouvel opus m'a particulièrement séduit. Ce long-métrage schizophrène s'inspire d'un roman qui l'est tout autant. Je crois même qu'il le transcende encore grâce à des images époustouflantes, ainsi qu'un gros travail sur l'ambiance sonore. Parfait, Leonardo DiCaprio nous emmène avec lui aux confins de la folie. L'adolescent du Titanic est devenu un homme particulièrement tourmenté. Chapeau !
4. Fantastic Mr. Fox / Wes Anderson / 2009
Ou comment rêver avec un peu de chiffon et trois bouts de ficelle. Cette histoire de renard, voleur de poules et meneur de révolte contre l'homme, est bien plus qu'un récit animalier: c'est également une oeuvre d'une grande poésie et d'une efficacité dramatique certaine. Quand, en plus, en VO comme en VF, le casting s'offre quelques jolies voix pour donner la parole aux personnages, le régal est complet. Que l'on soit gamin ou pas, bohème ou non.
5. L'illusionniste / Sylvain Chomet / 2010
C'est l'un des petits miracles de l'année: d'un scénario oublié signé Jacques Tati est né un film d'animation unique, pratiquement muet et pourtant formidablement évocateur. La magie des images joue pleinement pour le succès de cette oeuvre mémorable, qui mélange allégrement scènes à sourire et instants d'émotions. La nostalgie s'impose après avoir rencontré ces artistes d'une époque révolue. Pourtant, le plaisir finit par prendre le dessus. Tout en douceur.
6. Poetry / Lee Chang-dong / 2010
Le cinéma coréen paraît prendre une place de plus en plus importante sur nos écrans. À la vue de cet échantillon, le constat n'est pas fait pour me déplaire. Dans les pas de Mija, vieille dame sensible atteinte de la maladie d'Alzheimer, on part pour un voyage étonnant, lui aussi riche d'émotions contrastées. Il peut s'avérer assez difficile d'en revenir aussitôt. Le sentiment d'un bonheur triste m'a envahi devant le générique final. Et, en fait, objectivement, j'ai aimé ça.
7. Le nom des gens / Michel Leclerc / 2010
Pas besoin de remonter très loin le fil des chroniques: je vous ai parlé de ce film il n'y a pas encore... deux semaines. J'y ai apprécié le joli lien affectif que tissent Bahia et Arthur, duo improbable qu'incarnent Sara Forestier et Jacques Gamblin. La jeune femme paraît éblouissante de beauté et son partenaire parfait dans le rôle de ce personnage un peu moins lunaire qu'il ne veut bien le laisser imaginer. Leurs échanges passionnés nous parlent aussi de la France d'aujourd'hui sur un ton à la fois badin et sérieux. Un cocktail qui fait du bien au milieu de la grisaille d'un certain quotidien.
8. Tournée / Mathieu Amalric / 2010
Les filles et le garçon du New Burlesque sont de retour ! Une fois apprécié leur passage en France, il pourrait s'avérer encore agréable de revoir ce petit bijou cinématographique qui les y a révélés. Franchement, cette tranche de vie(s) m'a emballé: par son énergie folle, par son entrain à dynamiter les conventions, mais également par ces petits moments magiques et ces grands instants de poésie pure, le quatrième long-métrage du cinéaste français m'a donné envie de découvrir les autres. Je connaissais quelque peu l'acteur. J'aime déjà le réalisateur.
9. Tout ce qui brille / Géraldine Nakach et Hervé Mimran / 2010
Serait-ce l'année des feel-good movies ? Nonobstant certains clichés, en sortant cette fois de la salle de cinéma, j'avais le sourire jusqu'aux oreilles. Emballé d'emblée par une reprise 100% vitaminée d'un tube de Véronique Samson, le métrage déroule sa petite histoire de copines banlieusardes sans temps mort et avec au contraire beaucoup d'entrain. Là aussi, on retrouve une France imaginaire qui nous ressemble pas mal et le mécanisme d'identification marche donc à plein. On peut ne pas aimer, sans doute, mais moi, j'ai savouré tranquillement ce bon moment. Et puis zut, quoi ! Un film qui met également à l'honneur La Chanson du Dimanche, doublette marrante de chansonniers toqués, ne peut pas être tout à fait mauvais.
10. Océans / Jacques Perrin et Jacques Cluzaud / 2010
Documentaire ? Pas vraiment. Film traditionnel ? Pas davantage. L'oeuvre des deux Jacques est un entre-deux, en fait un juste milieu d'une incroyable beauté. Quelques semaines après que je les ai abordées en tant que journaliste, ces images venues nous atteindre depuis toutes les mers du monde ont déclenché en moi une vague d'émotions. La meilleure des réponses à tous ces discours lénifiants sur le triste état de notre planète. En offrant d'admirer la nature dans son plus simple appareil, cette incroyable production en met plein les yeux et parvient à faire passer un message écologique fort... sans jamais vraiment l'énoncer. Remarquable !
11. L'arnacoeur / Pascal Chaumeil / 2010
Que j'aime le cinéma français quand il atteint une telle efficacité dans la simplicité ! Filmée sans la moindre prétention, cette histoire d'amour entre la belle Vanessa Paradis et le très sexy Romain Duris parvient à nous faire rêver en deux temps trois mouvements. Cadre glamour par excellence, la principauté de Monaco en est encore magnifiée. Moi qui connais bien ces lieux, j'avoue que je les ai quelque peu redécouverts grâce à ce véritable carton du box office. Là aussi, je parle volontiers d'un succès mérité.
12. Oncle Boonmee, celui qui... / A. Weerasethakul / 2010
Qualifié de dernière minute pour mon best of annuel, le lauréat 2010 de la Palme d'or mérite mieux que les quolibets qu'il a reçus ici et là après sa distinction cannoise. Je le défends comme le représentant d'une filmographie étrangère éloignée de nos canons occidentaux. Sincèrement, je ne sais pas s'il mérite tout à fait d'apparaître si haut au panthéon, mais j'aimerais qu'il puisse être considéré avec un peu plus de bienveillance. À quelques exceptions près, qui sommes-nous pour dire que cette oeuvre n'a pas d'intérêt ? En voulant donc m'essayer à l'appréhender, j'ai eu le sentiment d'ouvrir une fenêtre sur un autre monde. N'est-ce pas là aussi le sens même du cinéma ?
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