mercredi 11 avril 2012

La route était libre

Une chronique de Martin

J'ai fait une erreur. Je croyais que Easy rider n'était pas seulement le premier film de Dennis Hopper comme réalisateur, mais également et surtout son dernier. Vérification faite, je constate que six autres l'ont suivi, ce qui fait du comédien américain un metteur en scène expérimenté, "malgré tout". Cela dit, ce tout premier opus me paraît tout de même le plus (re)connu de son auteur. J'ai pu le découvrir récemment et j'indique à ceux qui l'ignoreraient encore qu'il suit quelques jours de la vie de Wyatt et Billy, deux hippies américains qui font à moto la route de Los Angeles à La Nouvelle-Orléans.

L'objectif de ce duo: suivre le carnaval ! Sachant qu'il s'est donné l'un des deux rôles, l'autre revenant à son pote Peter Fonda, producteur du film, il est bien évident que Dennis Hopper s'est placé symboliquement du côté de ce drôle de héros chevelu et moustachu. Easy rider est un cri contre une certaine intolérance de l'Amérique. Peut-être même bien contre le système du cinéma US, vue la façon dont il s'inscrit tout de même assez largement hors des cadres habituels. C'est une synthèse assez subtile de l'opposition frontale entre une société réactionnaire et les chantres d'une nouvelle liberté. Elle obtint le Prix du premier film au Festival de Cannes 1969.

Pour autant, le propos du film n'est pas 100% manichéen, les bons d'un côté et les méchants de l'autre. Si le scénario déverse une dose de vitriol sur le puritanisme de certains, il n'oublie pas de montrer clairement que les autres ne sont pas forcément des types bien. Billy paraît parfois assez crétin, tandis que Wyatt, fumeur de joints habituel et trafiquant de drogues, a vraiment de sérieux états d'âme. Un troisième larron, merveilleusement joué par Jack Nicholson, vient alors densifier le propos de Easy rider et, assez rapidement, amener l'intrigue à son point final. Le dénouement proprement dit s'impose avec une telle fulgurance qu'on reste sonné, sur le bord de la route.

Easy rider
Film américain de Dennis Hopper (1969)
Je suis trop jeune - et sans doute pas assez fou - pour faire désormais du long-métrage un de mes nouveaux films cultes. J'admets tout de même qu'il puisse ne ressembler à aucun autre, sorti avant... ou après. Aucune comparaison ne s'impose à moi. J'attends la sortie prochaine de Sur la route, l'adaptation du roman beatnik de Jack Kerouac, pour me faire une idée. Et, en me disant qu'il me faudrait lire enfin le bouquin, je me dis que ce serait bien aussi de voir Carnets de voyage, qui raconte, sauf erreur, l'itinérance du jeune Che Guevara. Le "hippie" d'une autre culture ?

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Un point que je n'avais pas relevé...
Après avoir lu ma chronique, un ami à moi souligne judicieusement que Wyatt et Billy font une très longue route de l'Est à l'Ouest du sud des États-Unis. Rien que dans le cap de leur road trip, ils se placent donc d'emblée à contre-courant du mouvement des pionniers et, symboliquement, à rebours du rêve américain. Bien vu, Benjamin !

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