Écoutons Michel Audiard: "Les médiocres se résignent à la réussite des êtres d'exception. Ils applaudissent les surdoués, les champions, mais la réussite de l'un des leurs, ça les exaspère. Elle les frappe comme une injustice". Bien que très sensible au verbe, je n'utilise que rarement une citation pour ouvrir ou alimenter mes chroniques cinéma. Je fais une exception ici car, dans la voix de Michel Serrault, ces trois phrases peuvent bien résumer le propos de Garde à vue. Tournée au tout début des années 80, dans une France giscardienne qui connaissait encore la peine de mort, cette oeuvre remarquable s'appuie d'abord sur un dialogue: celui, la nuit de la Saint-Sylvestre dans un commissariat de province, d'un flic ordinaire et d'un notaire. L'un entend l'autre, venu signaler le meurtre d'une jeune fille.



Film français de Claude Miller (1981)
Quelques souvenirs épars, une admiration pour les acteurs... il suffit parfois de peu de choses pour revoir un film avec un a priori positif. Vous aurez compris que mon préjugé s'est nettement confirmé. Preuve aussi que le septième art n'a pas attendu M. Night Shyamalan pour inventer le twist, ce rebondissement des derniers instants renversant toute la perspective. Info plus personnelle: j'ai pu apprécier le hasard qui m'a replacé devant ces images après avoir lu un livre-reportage de Florence Aubenas sur Outreau, autre affaire médiatico-judiciaire mettant des enfants sous les feux de l'actualité. Pour rester dans le domaine cinématographique, je conseille à ceux qui ont aimé ce film de (re)découvrir Hunger, pour une autre forme de confrontation. Moins bon à mes yeux, Les fantômes du chapelier vaut aussi la comparaison, pour Michel Serrault en psychopathe criminel. À Chabrol, on peut préférer Hitchcock et Fenêtre sur cour, autre film à suspense en temps quasi-réel. J'en reparlerai un jour.
1 commentaire:
Garde à vue est un excellent film. Ca a beau être un film de commande, le face à face Ventura / Serraut est quelque chose que l'on n'oublie pas.
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