samedi 7 octobre 2023

Un sacerdoce ?

Que ressent un enseignant quand il fait ses débuts ? De la tension ? Une certaine fierté ? De l'exaltation ? Je ne serais pas du tout surpris que cela soit un peu de tout cela à la fois. Sorti sur les écrans français peu après la rentrée des classes, Un métier sérieux invite le public dans un collège - fictif - pour arpenter les coulisses de la profession...

Une petite précision: les extérieurs, les salles de classe et les locaux administratifs de trois établissements différents installés en région parisienne servent ici de décor. Et, ainsi que le titre du long-métrage le laisse penser, ce sont les profs qui occupent le devant de la scène. Dès le début, le spectateur suit les pas de Benjamin, un nouveau venu en charge des mathématiques. Une équipe pédagogique complète entoure le "bizuth", qu'un collègue prend d'abord pour un surveillant. Une fois la réalité de sa fonction confirmée, notre homme entre alors dans le vif du sujet et établit un lien de confiance avec ses élèves. Thomas Lilti, ex-médecin devenu cinéaste, se garde bien toutefois d'enjoliver les choses: Un métier sérieux illustre aussi les difficultés qui émaillent le quotidien des écoles de la République. Il est dommage que, pour ce faire, il n'accorde pas davantage de place aux collégiens. Mais je peux l'expliquer: d'après moi, ce n'est pas son sujet, en fait...

Il reste quelques moments de grâce, quand un vieux prof de français découvre qu'un ado de sa classe lit déjà Romain Gary ou qu'un autre croit avoir démasqué un tricheur. Des instants fugaces, à dire vrai. Un métier sérieux tourne presque exclusivement autour d'un groupe d'adultes, ce qui permet de retrouver une belle brochette d'acteurs. Certains avaient déjà bossé avec le réalisateur, à l'image notamment de Vincent Lacoste, William Lebghil et François Cluzet. Bouli Lanners revient aussi (dans un petit rôle qu'il joue gratuitement... c'est chic). Parmi les comédiennes, Adèle Exarchopoulos et Louise Bourgoin occupent le haut de l'affiche, mais les autres n'ont que peu de scènes à jouer - à l'image d'une Lucie Zhang que la caméra oublie en chemin. C'est l'autre reproche que l'on pourrait faire au scénario: il aborde plusieurs sujets intéressants, mais en "zappant" vite de l'un à l'autre. Résultat: une dynamique de série télé et, fatalement, un attachement moindre aux personnages. Las ! Seuls deux ou trois sortent du lot. Peut-être parce que le récit se concentre d'abord sur leurs problèmes !

Un métier sérieux
Film français de Thomas Lilti (2023)

Je ne suis assurément pas l'internaute le mieux placé actuellement pour parler des heurs et malheurs de l'Éducation nationale. Satisfait du film dans l'ensemble, je n'en ferai toutefois pas un incontournable. J'ai préféré Primaire ou, dans un style plus romanesque, L'esquive. Bon... on reste encore loin, très loin de L'école du bout du monde. Et tout autant de l'académie vue dans Le cercle des poètes disparus.

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Il y a des enseignant(e)s, parmi vous ?

J'espère: je serais vraiment curieux de l'avis d'un(e) professionnel(le). Sans plus attendre, je vous invite à (re)lire ceux de Pascale et Dasola.

4 commentaires:

Pascale a dit…

Raté, à côté de la plaque, un film très agaçant.
J'ai eu l'avis de profs qui n'ont pas trop apprécié d'être représentés comme des moniteurs de colonies de vacances.

Martin a dit…

J'avoue que je comprends pas trop cet argument.
Sauf si, bien sûr, on ne considère que la sortie en classe de mer.

Moi, j'ai trouvé le film excessif dans sa dénonciation des dérives adolescentes. Mais bon...

Pascale a dit…

En dehors de la sortie scolaire, ils se comportent comme de gentils animateurs qui cherchent à sympathiser avec les élèves et passent le reste de leur vie ensemble à jouer au trivial pursuit et boire des bières.
Comme dans toute profession les gens qui travaillent aiment sortir de leur milieu professionnel.

Excessif dans la dérive ? J'ai dû oublier. Tu parles du gamin qui subit un indigne et bouclé d'avance conseil de discipline et de l'autre qui frappe sa mère ?
Cela prouve encore (je trouve) que Lilti n'a rien à dire. C'est tout ce qu'il a trouvé à montrer des élèves, par ailleurs bien mignons ou absents du film. Il ne connaît pas les ados.
Il ferait mieux de s'essayer à de la fiction parce que que ce soit dans le milieu médical et de l'éducnat il me semble vraiment à côté de la plaque.
Je pense que j'en ai fini avec ce réalisateur qui me donne l'impression de perdre mon temps.

Voilà, je pense qu'il est rhabillé pour l'hiver 😂

Martin a dit…

Ah OK, je comprends mieux pourquoi tu parles d'animateurs. Mais je trouve ça exagéré et il ne faudrait pas oublier que c'est tout de même du cinéma, avec toute la part d'imaginaire que cela comporte.

Pour ce qui est des dérives, je voulais dire tout simplement que le film se concentre un peu trop sur les problèmes causés par les différents comportements et ne me semble pas sortir du lot quelques élèves en réussite.

Bon, j'ai mieux aimé que toi, visiblement, mais ça restera loin de mon meilleur film de l'année.