Ma cinéphilie baladeuse emprunte parfois des chemins de traverse. C'est précisément ce qui est arrivé quand j'ai découvert Les démons de Jésus. Rien ne me prédisposait à voir ce film. Une fin d'après-midi avec l'ami Philippe m'a finalement encouragé à le regarder. Je dois dire tout de suite que c'est un OFNI - objet filmique non identifié. Logique: son réalisateur est aussi le leader du groupe rock Trust. Antisocial, tu perds ton sang-froid... ça vous dit quelque chose, non ? Comme dans la chanson, le ton porte ici un peu de désenchantement.
L'action du long-métrage se déroule en 1968, avant mai. Sur les rives de la Seine, on observe la vie de deux familles, l'une gitane, l'autre italienne. Dans les deux cas, niveau social au ras des pâquerettes. Ambiance glauque du côté de la zone. Et que nous raconte-t-on alors ? Pas grand-chose, à vrai dire, si ce n'est combien il peut être difficile de vivre dans cette France gaulliste finissante. Les démons de Jésus ne font pas référence au Christ. Ils illustrent plutôt les états d'âme inconscients du personnage éponyme. Un job ? Non. Une copine ? Peut-être. Maintenant que les siens sont sédentarisés, notre homme n'a que peu d'ambitions, si ce n'est de boire des coups et d'échapper aux emmerdes - ce qui n'est pas toujours évident quand on a le frère de sa petite amie, les flics et une mauvaise réputation sur le dos. Rares, les films à avoir si bien montré ce que c'est qu'être marginal. Simplement sur cet aspect, ça valait déjà le coup de s'y intéresser.
Maintenant, vous dire à qui s'adresse le propos... ce n'est pas facile. Les amoureux de la langue devraient pouvoir se délecter: le français entendu ici relève de l'argot pur et dur, comme pour une version trash d'un dialogue d'Audiard. Les plus prudes trouveront ça vulgaire. Attention: si cette parlure prête à rire parfois, les situations, elles, dérapent rapidement vers le scabreux. Au départ, on s'amuse franchement des joutes verbales qui opposent Jésus, son frère René et les loulous de la bande rivale. On se marre encore du langage fleuri du petit dernier, à peine scolarisé et pas mieux éduqué par son père pochtron. C'est quand on pense que le film mise sur une forme d'humour décalé que la tragédie nous frappe: Les démons de Jésus possède une face noire et montre aussi que la misère sociale conduit parfois au pire. Le tout via un joli casting: Thierry Frémont y côtoie la belle Nadia Farès, Patrick Bouchitey, Elie Sémoun et Victor Lanoux. Je veux également citer un José Garcia épatant en neuneu du village, Martin Lamotte nickel, Marie Trintignant... un OFNI à découvrir, oui.
Les démons de Jésus
Film français de Bernard "Bernie" Bonvoisin (1997)
Le style déployé ici pourrait évoquer celui d'un Aki Kaurismäki naturalisé français ou d'un Albert Dupontel devenu sérieux. Le regard porté sur les petites gens rappelle aussi Robert Guédiguian, éloigné pourtant de la lumière de Marseille. Je n'ai pas souvenir d'un film vraiment comparable dans le cinéma français. Pour une vision suisse post-68, vous pouvez essayer Jonas qui aura 25 ans en l'an 2000...
L'action du long-métrage se déroule en 1968, avant mai. Sur les rives de la Seine, on observe la vie de deux familles, l'une gitane, l'autre italienne. Dans les deux cas, niveau social au ras des pâquerettes. Ambiance glauque du côté de la zone. Et que nous raconte-t-on alors ? Pas grand-chose, à vrai dire, si ce n'est combien il peut être difficile de vivre dans cette France gaulliste finissante. Les démons de Jésus ne font pas référence au Christ. Ils illustrent plutôt les états d'âme inconscients du personnage éponyme. Un job ? Non. Une copine ? Peut-être. Maintenant que les siens sont sédentarisés, notre homme n'a que peu d'ambitions, si ce n'est de boire des coups et d'échapper aux emmerdes - ce qui n'est pas toujours évident quand on a le frère de sa petite amie, les flics et une mauvaise réputation sur le dos. Rares, les films à avoir si bien montré ce que c'est qu'être marginal. Simplement sur cet aspect, ça valait déjà le coup de s'y intéresser.
Maintenant, vous dire à qui s'adresse le propos... ce n'est pas facile. Les amoureux de la langue devraient pouvoir se délecter: le français entendu ici relève de l'argot pur et dur, comme pour une version trash d'un dialogue d'Audiard. Les plus prudes trouveront ça vulgaire. Attention: si cette parlure prête à rire parfois, les situations, elles, dérapent rapidement vers le scabreux. Au départ, on s'amuse franchement des joutes verbales qui opposent Jésus, son frère René et les loulous de la bande rivale. On se marre encore du langage fleuri du petit dernier, à peine scolarisé et pas mieux éduqué par son père pochtron. C'est quand on pense que le film mise sur une forme d'humour décalé que la tragédie nous frappe: Les démons de Jésus possède une face noire et montre aussi que la misère sociale conduit parfois au pire. Le tout via un joli casting: Thierry Frémont y côtoie la belle Nadia Farès, Patrick Bouchitey, Elie Sémoun et Victor Lanoux. Je veux également citer un José Garcia épatant en neuneu du village, Martin Lamotte nickel, Marie Trintignant... un OFNI à découvrir, oui.
Les démons de Jésus
Film français de Bernard "Bernie" Bonvoisin (1997)
Le style déployé ici pourrait évoquer celui d'un Aki Kaurismäki naturalisé français ou d'un Albert Dupontel devenu sérieux. Le regard porté sur les petites gens rappelle aussi Robert Guédiguian, éloigné pourtant de la lumière de Marseille. Je n'ai pas souvenir d'un film vraiment comparable dans le cinéma français. Pour une vision suisse post-68, vous pouvez essayer Jonas qui aura 25 ans en l'an 2000...
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