L'idée m'était venue pendant le dernier Festival de Cannes: consacrer mes séances cinéma à quelques films récompensés de la Palme d'or. J'en ai une dizaine, huit sélectionnées et compilées par Telerama et quelques autres éparses. Ce n'est pas que je sois vraiment du genre à n'acheter que des films salués par la profession ou la critique, non. Au contraire, le plus souvent, c'est d'abord d'une histoire, d'un acteur ou d'un réalisateur que naissent mes envies de cinéma. Visionner des films "palmés" lors de la grande messe du septième art ne m'est pas apparu d'emblée comme une évidence, la preuve étant que j'ai d'ailleurs fini par ne pas le faire. Le paradoxe ultime voulant que, du film chroniqué aujourd'hui, je ne connaissais rien d'autre ou presque. J'avais tout juste une vague idée de l'intrigue.
Secrets et mensonges
a séduit Cannes en 1996. Ce film anglais peut sans doute être qualifié de comédie de moeurs. Encore que ce ne soit pas spécialement comique, au sens amusant. Loin de là, même. Tout part de la volonté d'Hortense, jeune femme qui se sait adoptée, de retrouver sa mère biologique après la disparition de ses parents adoptifs. Je ne trahirai sans doute pas grand-chose du développement de l'intrigue en dévoilant ici que, si Hortense est noire, sa VRAIE maman, Cynthia, est blanche ! La première rencontre des deux femmes permet évidemment d'aborder ce "problème" de front. Les retrouvailles sont difficiles. Presque pathétiques. Et ce n'est qu'au prix de souffrances intimes que Cynthia et Hortense vont s'apprivoiser, apprendre à s'aimer. Chacune vivant son émotion à sa façon, ces sentiments croisés offrant au film son thème essentiel.Si vous êtes surtout friand de scénarios compliqués mettant aux prises une foule de personnages, Secrets et mensonges n'a que peu de chances de vous plaire. Aux côtés des deux héroïnes, il n'y a guère la place que pour quelques seconds rôles (très réussis au demeurant). Intimiste, l'oeuvre de Mike Leigh l'est certainement. Evidemment. Elle n'est que plus marquante. Sans être concerné de près ou de loin par l'adoption, j'ai été touché par ce film, sûrement parce qu'il parle finalement de notre rapport à l'autre, de l'amour qu'on peut ou non lui porter, de la difficulté et parfois du bonheur d'être ensemble, tout simplement. Je ne crois pas que l'on puisse sortir vraiment indemne de ces deux heures de cinéma: elles contiennent largement assez d'énergie pour nous scotcher au fauteuil et, en même temps, nous bousculer en profondeur. Pour ma part, en plus du reste, j'ai été vraiment impressionné par la prestation de Brenda Blethyn, l'actrice qui joue Cynthia. Et, en toute logique, pas étonné de découvrir après coup que, cette année-là, à Cannes, elle avait aussi reçu le Prix d'interprétation féminine.
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