mardi 23 octobre 2018

Le cinquième homme

Vous serez probablement d'accord: ne pas savoir comment les choses vont se dérouler est assez jubilatoire quand on regarde un thriller. Maintenant, il peut aussi être excitant de se faire le complice (muet) d'un personnage et de le voir duper les autres. C'est sur ce schéma qu'il y a quelques jours, j'ai savouré Symphonie pour un massacre...

Pour tout vous dire, c'est en priorité pour le regretté Jean Rochefort que je me suis intéressé à ce film, l'un des premiers longs-métrages où, à défaut de moustache, il avait tout de même le premier rôle. Notre affaire tourne autour de cinq truands parisiens, qui s'associent pour acheter une grosse quantité de drogue à un parrain marseillais. L'un de ces mauvais garçons est chargé par les autres de convoyer l'argent requis jusqu'à destination, mais c'est compter sans la trahison de l'une des quatre autres crapules, déterminée à voler la somme complète avant qu'elle ne soit transformée en poudre de perlimpinpin. Aucun des plans ne va pas fonctionner comme prévu, évidemment. Désormais, c'est à vous de découvrir pourquoi... et ce qui arrive ensuite. Sommairement, je dirais juste qu'un joli suspense s'installe et que, cohérent, le scénario nous réserve une intrigue bien ficelée. Si le genre vous plaît, Symphonie pour un massacre va vous régaler.

La distribution masculine est remarquable: au cas où, pour une raison que je ne m'explique pas, le talent de Jean Rochefort était insuffisant à vous convaincre, vous aurez toujours la possibilité de vous rabattre sur l'un de ses complices... à condition de parvenir à faire un choix entre José Giovanni, Michel Auclair, Claude Dauphin et Charles Vanel. Et les femmes dans tout ça, me direz-vous ? Elles restent discrètes dans le déroulé du récit, mais leurs personnages sont déterminants dans la conclusion de l'histoire. Sans éclat particulier, Michèle Mercier et Daniela Rocca font le job - et j'ose dire que c'est très bien ainsi. Bref, Symphonie pour un massacre, film quelque peu oublié, gagne à être connu et offre un bon divertissement à qui s'y laisse prendre. Assez naturel pour l'époque, le noir et blanc accentue son petit côté vintage, ce qui ne le rend pas moins sympathique, bien au contraire. Dans la masse des polars français, celui-là mérite une place de choix !

Symphonie pour un massacre
Film français de Jacques Deray (1963)

Après Ascenseur pour l'échafaud, c'est donc le deuxième film noir français intéressant que je vois cette année. Je l'ai même trouvé mieux "tenu" que le classique de Louis Malle, le scénario de ce dernier développant une sous-intrigue d'un intérêt somme toute discutable. Dans le genre, Du rififi chez les hommes me laisse un souvenir marquant ! Mais on peut préférer l'humanité de Quai des orfèvres...

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À tout seigneur tout honneur...

Je dois le signaler: c'est chez l'ami 2flics que j'ai pu découvrir le film.

8 commentaires:

Pascale a dit…

Le titre me parle mais je ne saurais dire si je l'ai vu. J'ai vu tant de films de cette époque...

Vincent a dit…

Moi je découvre :) Mais ça me tente beaucoup, il y a des choses très intéressantes dans le polar français de cette époque. Et puis Deray, le polar, c'est son univers. J'aime l’atmosphère que dégage la photographie avec la DS au bord de l'eau.

eeguab a dit…

Hello Martin. Jamais vu ce film de Deray mais ce noir et blanc et Auclair, Vanel, Dauphin, Rochefort, je suis client bien sûr. C'est vrai que dans la plupart des films noirs de cette époque le rôle des femmes est sacrifié. A+.

Martin a dit…

@Pascale:

Quoi qu'il en soit, le film mérite sans doute voyure et revoyure. Ne serait-ce que pour les acteurs.

Martin a dit…

@Vincent:

Ravi de te faire découvrir ! Je serai curieux de connaître ton avis si tu as l'occasion de le voir.
La photo avec la DS est effectivement plutôt évocateur. On voit ce plan presque deux fois dans le film...

Martin a dit…

@Eeguab:

Nul doute que le film te plairait, mon ami ! Rochefort est génial, mais les autres le lui rendent bien.
En complément de ceux que tu as cités, je dois dire que j'ai pris plaisir à découvrir José Giovanni face caméra.

dasola a dit…

Bonjour Martin, merci pour ce billet. Je n'ai jamais entendu parler de ce film. J'essaierai de le voir en DVD. Bonne journée.

Martin a dit…

Hello Dasola. Visiblement, ce film était passé sous les radars de beaucoup de monde.
Comme moi après en avoir lu la chronique chez l'ami 2flics, j'espère que tu auras l'occasion de le découvrir !