jeudi 2 juillet 2020

Chiens fous

Je zappe (provisoirement ?) True romance et Tueurs nés, deux opus dont il a écrit le scénario. Je souhaite revenir aujourd'hui sur le film qui aura marqué les débuts de Quentin Tarantino comme réalisateur remarqué: Reservoir dogs. J'avais dû le voir au cinéma, à l'époque ! Bien du mal à réaliser que cela fera bientôt trois décennies entières...

D'aucuns disent que ce long-métrage est déjà nettement représentatif du style Tarantino. Pour ma part, j'en retiens deux caractéristiques essentielles: les longues séquences dialoguées et l'irruption soudaine d'une violence ultra-explicite, à coups de flingues et grands renforts d'hémoglobine. Reservoir dogs est déconseillé aux moins de 16 ans ! Au terme d'un casse qui a mal tourné, des braqueurs se retrouvent dans un entrepôt qui leur sert de planque. La situation générale s'avère plus que tendue: deux des malfrats sont visiblement restés sur le carreau, un autre se vide de son sang après avoir pris une balle lors de sa fuite et il est bien possible que les flics débarquent bientôt. À moins que ce soit le commanditaire du coup, qu'on imagine furieux que ses hommes de main aient foiré dans d'aussi grandes largeurs. Désormais habitué aux formats longs, QT concentre ici son intrigue en un peu plus d'une heure et demie. Oui, c'est nettement suffisant...

De toute la filmographie du gars Quentin, cette première réalisation est (de loin) celle qui a coûté le moins cher: 1,2 million de dollars. Pour les décors, hormis une rue et l'intérieur d'une grosse bagnole américaine, un restaurant, un bureau et un entrepôt, donc, ont suffi à façonner un univers convaincant. Comme d'autres, Reservoir dogs est d'abord un film d'acteurs: placé en tête d'affiche, Harvey Keitel cumule les postes de comédien et producteur, mais il est vite rejoint par Tim Roth, Steve Buscemi ou bien Michael Madsen - entre autres. Les amateurs vous diront que le film est au moins aussi savoureux qu'un grand Sprite et un Big Burger de chez Kahuna ! Je dois admettre que, de mon côté, je ne suis toujours pas véritablement convaincu. J'apprécie le côté geek, mais je trouve qu'il n'en sort pas grand-chose de follement intéressant: en réalité, l'exercice de style tourne à vide. Après, je ne dis pas: il est bien possible que cette manière de filmer et de raconter une histoire porte l'esthétique du début des années 90. Affirmer que je regrette ce choix d'un soir serait tout à fait excessif !

Reservoir dogs
Film américain de Quentin Tarantino (1992)

Je suis étonné, mais je ne trouve pas facilement d'opus comparable. Multi-référencé, le cinéma de QT m'agace un peu, mais ce film mérite d'être vu, au moins parce que c'est donc le tout premier d'un auteur désormais porté au firmament (et qui veut se consacrer à la critique). Au gré d'une décennie riche en gangsters, je préfère cependant ceux d'autres films comme Les affranchis, L'impasse et Miller's crossing !

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Et si vous voulez allez plus loin...
Vous verrez que Dasola et Vincent ont (brièvement) évoqué le film. Court, l'avis de "L'oeil sur l'écran" est plutôt négatif... et a fait réagir.

6 commentaires:

Pascale a dit…

long-métrage porte ? Je n'avais jamais entendu.
Je suis fan de Tarantino. Le film que j'aime le moins est Huit salopards (malgré des moments que j'adore). Je n'ai pas revu Reservoir dogs depuis une éternité. Pas sûre de l'avoir revu d'ailleurs.
Je me souviens que les conversations interminables, assez inédites à l'époque m'avaient surprise mais plu. Mais j'avais eu beaucoup de mal à supporter la scène de torture et peut-être été choquée qu'on laisse Tim Roth se vider de son sang. Depuis, la violence chez Tarantino (le gars Quentin ??? Étrange expression :-)))) a plutôt tendance à m'amuser tellement c'est too much.
Je ne me souviens plus de la musique.

Martin a dit…

Je voulais dire "porte déjà la marque représentative de Quentin Tarantino", mais je me suis emmêlé les pinceaux dans mes expressions à la gomme. Merci, oeil de lynx !

Je sais que ton affection pour QT est plus grande que la mienne. "Reservoir dogs" n'est pas un mauvais film, mais les dialogues sont si crus qu'avec le recul, je les trouve presque gratuits par moments (même si parfaitement interprétés). La violence ? J'ai vraiment du mal... et, justement, elle ne m'amuse pas. Encore une fois, j'y vois souvent un jugement à l'encontre des personnages, contrairement à ce que le réalisateur affirme souvent en interview.

La musique est peut-être la facette la plus réussie. Il y a une vraie culture pulp dans ce film aussi et c'est évidemment ce qu'il y a de meilleur. Respect pour cet aspect des choses: on a affaire à un cinéaste qui connaît bien mieux l'art populaire - américain et autre - que le commun des mortels (dans lequel je me classe bien volontiers).

Bon, je reverrai sans doute les autres pour avoir un avis complet !

Pascale a dit…

Long métrage porte... j'ai cru que ça voulait dire que ça ouvrait sur les autres :-)

La violence évidemment ne m'amuse pas quand elle est réaliste. Chez le gars Quentin, elle me paraît tellement exagérée. Et j'ai tendance à croire ce que les gens disent, naïve que je suis.

Quant à la culture de Quentin... je ne mettrais pas la mienne dans la balance.

tinalakiller a dit…

J'ai découvert Tarantino avec ce film, c'est pour ça que je garderai toujours une affection particulière même si c'est pas le meilleur film du réalisateur. Ado, j'ai dû le regarder 150 fois !

Martin a dit…

@Pascale:

La bonne version est rétablie, mais, en effet, ce film ouvre sur les autres.

Sur la violence, franchement, je la trouve très réaliste. Et d'autant plus glaciale !
Bien sûr, QT me surpasse en culture cinéphile. Même s'il a ses marottes et des goûts parfois discutables.

Martin a dit…

@Tina:

150 fois ??? Bigre ! Tu es tombée en admiration !
Tu as pu le découvrir sur grand écran ? Cela m'avait fait son petit effet...