samedi 23 juin 2018

Un idéal de chevalier

Cela a beaucoup nourri le buzz autour du film: Terry Gilliam est passé par mille péripéties pour nous offrir L'homme qui tua Don Quichotte. Son acharnement aura fini par payer en 2018, après un quart de siècle d'incertitude: sur les bases d'un script remanié et avec une troupe hétéroclite, l'ex-Monty Python, 77 ans, a ENFIN donné vie à son rêve !

Faut-il s'en réjouir avec lui ? Je le crois. Même s'il semble manifeste que le public "boude" le film, cette adaptation de Cervantès a déboulé sur les écrans comme un projet on ne peut plus atypique. Je me dois d'indiquer que je n'ai pas lu le livre, ce qui m'a probablement permis d'accepter les très régulières outrances d'un long-métrage foutraque, grandiloquent et fantasque - à l'image de son inventeur, sans doute. L'homme qui tua Don Quichotte est peut-être bien un auto-portrait sous acide: son personnage principal, Toby, est un jeune réalisateur américain venu bosser en Espagne, le pays où il tourna jadis son film de fin d'études, et qui peine à produire quelque chose de convenable. Vendu à la pub, entouré de bras cassés, il est en panne d'inspiration. Pour s'en sortir, il s'autorise une escapade à moto dans le petit village de sa gloire passée, où vit encore un vieux cordonnier qui avait été son acteur. Le pauvre bougre est devenu à moitié fou et se prend pour un célèbre héros chasseur de moulins. Nous voilà partis avec lui pour plus de deux heures d'aventures picaresques. Et c'est dingo, oui !

Si vous avez déjà vu un film de Terry Gilliam, je n'ai pas de surprise particulière à vous annoncer: vous savez déjà combien l'imagination du bonhomme peut être débridée. C'est sa force et sa limite, en fait. Je l'ai déjà vérifié par ailleurs: certains n'accrochent pas à l'histoire racontée et trouvent même qu'un scénario mal écrit (ou mal maîtrisé) se cache derrière la frénésie des images. Je ne suis pas d'accord ! C'est entendu: L'homme qui tua Don Quichotte part littéralement dans tous les sens, si bien que je ne suis pas parvenu à déterminer précisément s'il s'agissait d'une comédie bouffonne, d'un drame caché sous des oripeaux ultra-colorés ou encore d'autre chose (les deux ?). Après, sincèrement, c'est très simple: je m'en suis très vite fichu comme de ma première soirée sans popcorn. J'ai laissé les acteurs m'embarquer avec eux dans ce grand délire et ouf ! J'ai vite trouvé que Jonathan Pryce et Adam Driver s'en sortaient très correctement. Ce n'est pas le cas de tous leurs petits camarades, mais tant pis ! Mon bilan reste largement positif: je me suis évadé comme rarement.

L'homme qui tua Don Quichotte
Film britannique de Terry Gilliam (2018)

J'ai octroyé au film la nationalité de son créateur, mais je préciserai qu'il a aussi bénéficié de financements espagnols, portugais, français et belges. Un conseil (amical) pour le savourer: oubliez un peu Brazil du même Terry Gilliam ! L'auto-référence a quelque chose d'écrasant. Maintenant, un aveu: à mes yeux, notre ami n'a rien fait de mieux que The fisher king. Cela ne justifie pas de snober son dernier opus !

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Si vous hésitez encore à vous lancer...

Vous pourrez lire d'autres avis (nuancés) chez Pascale, Tina et Strum.

10 commentaires:

Pascale a dit…

Grosse déception pour moi comme tu sais. C'est interminable (la scène de plus d'une demi heure dans le chateau...mais pas seulement), les dialogues sont pauvres, c'est peu drôle et jamais émouvant (la mort de Don Quichotte laisse de marbre).
J'avais adoré Lost in la Mancha. J'étais ravie pour Gilliam (géant au regard et au sourire d'enfant) qu'il ait pu réaliser son rêve mais je me sens trahie. Son gros micmac est trop inégal et sa longueur le rend ennuyeux.

On est d'accord The fisher king le dépasse et l'engloutit à tous points de vue. Robin Williams ❤

Martin a dit…

Oui, je sais et je comprends ton point de vue. Attention aux spoilers !
Je suis bien décidé à voir "Lost in la Mancha" à la première occasion. Mais bon...

"The fisher king" est un film que j'adore. Ne cherche pas plus loin les cinq étoiles !
Robin Williams était génial, mais, dans ce film, il est aussi superbement entouré.

Pascale a dit…

Ké spoiler?
Tu prends tes lecteurs pour des quiches ?
T'as pas vu le titre ?
L'homme QUI TUA Don Quichotte ça s'appelle...
tu as été surpris ?
Et qui lit mes commentaires ?
Je vais me mettre en quête de ce *****
Mais comment on cherche ici ?

Martin a dit…

Ouais... c'est vrai. Je ne pensais plus au titre en voyant le film.

Pour chercher un film, il y a le moteur de recherche tout en haut à gauche ou l'index à droite. Sans même parler, pour le cas qui nous occupe aujourd'hui, du lien direct en fin de chronique...

Pascale a dit…

Le lien direct ça me parait pas mal :-)))
Pour ma défense votre honneur je dirais que sur le coréen, les liens n'apparaissent pas en surligné.

Martin a dit…

Ce Coréen est décidément malicieux. L'essentiel est bien que tu aies pu rattraper le coup.

Pascale a dit…

Oui.
Mais je n'ai pas le Dvd ?
Tu l'as ?
Tu me le prêtes ?

Martin a dit…

Je préférerais te l'offrir.

Pascale a dit…

Oh ben non. Tu me le prêtes et je te le renvoie. Je l'ai trouvé sur Price minister mais la personne qui le vend le propose à 6€ et... 6€50 de frais de port. Faut pas pousser.
Je t'envoie mon adresse.

Martin a dit…

Envoie toujours et j'avise.