"Mamannnnnnn !" "Papaaaaaaa !" Je crois avoir plutôt été un enfant sage, mais il m'arrivait parfois de crier après mes chers parents quand j'estimais avoir besoin de leur attention. Un souvenir lointain m'est revenu: mon père me surnommait alors "Sirène du Mississipi" ! Bien des années plus tard, j'ai su que c'était aussi le titre d'un film...
Comme des dizaines d'autres, ce long-métrage adapte un roman éponyme de William Irish (1903-1968), l'une des meilleures plumes américaines du polar. L'histoire démarre quand Louis Mahé, industriel prospère sur l'île de La Réunion, attend Julie Roussel, la jeune femme qu'il compte épouser, à sa descente d'un bateau. Surprise: les promis ne se sont encore jamais rencontrés, leur amour l'un pour l'autre ayant grandi au fil des lettres qu'ils s'échangeaient régulièrement. Autre élément troublant: alors qu'il a tout de même reçu la photo d'une jolie brune, Louis découvre une Julie blonde, qui dit avoir menti par précaution. Cet aveu passé, la noce est maintenue... et le film démarre réellement, autour d'une intrigue classique, mais haletante. La sirène du Mississipi nous offre un beau suspense "à l'ancienne". Rusé, le scénario associe très intelligemment les valeurs du film noir aux codes d'un certain romantisme. Et, soyez-en sûrs, ça fonctionne !
C'est évidemment sur la complémentarité du duo d'acteurs que repose la vraie réussite du film: Catherine Deneuve et Jean-Paul Belmondo brillent ici des beaux feux de leur jeunesse, elle à 25 ans, lui à 36. Sincèrement, pour moi, ce n'était pas gagné d'avance, mais je dois reconnaître que leur tandem m'a paru très convaincant. Je peux dire que, dans le cas présent, Bébel est légèrement à contre-emploi du fait des failles de son personnage, mais c'est très précisément ce qui rend le récit intéressant ! La Deneuve, elle, explore un territoire de jeu fascinant, dissimulant son ambiguïté derrière un visage de poupée. Seul Michel Bouquet parviendra à abattre (provisoirement) une carte différente, amenant ainsi avec lui un peu de tension supplémentaire. Chut ! La sirène du Mississipi se savoure surtout quand on ignore tout - ou au moins l'essentiel - de ses enjeux. Un suspense hitchcockien maintient le spectateur sur le gril... et c'est jouissif ! Sans réelle ostentation, la mise en scène n'en est pas moins efficace. Saura-t-elle vous convaincre, donc ? Je ne peux que vous le souhaiter.
La sirène du Mississipi
Film français de François Truffaut (1969)
Vous l'imaginez: ma référence à Alfred Hitchcock n'est pas innocente. Adepte des faux semblants, ce cher Britannique nous avait déjà mis les nerfs en pelote avec Sueurs froides ou Psychose. Le constat s'impose: François Truffaut, qui fut son ami, a appris à bonne école. Particulièrement ciselés, les dialogues méritent ici une mention spéciale. Les séquences moins bavardes n'en sont que plus intenses...
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Ah ! Une petite anecdote orthographique...
Mississippi: le nom du fleuve américain s'écrit avec deux fois deux S et deux P. La dernière double consonne a bien "disparu" dans le titre du film, qui reprend, en fait, le nom du bateau aperçu au tout début !
Et, pour finir, deux liens...
Vous pourrez ainsi découvrir combien notre amie Pascale aime le film. Les rédacteurs de "L'oeil sur l'écran" sont un peu moins enthousiastes.
Comme des dizaines d'autres, ce long-métrage adapte un roman éponyme de William Irish (1903-1968), l'une des meilleures plumes américaines du polar. L'histoire démarre quand Louis Mahé, industriel prospère sur l'île de La Réunion, attend Julie Roussel, la jeune femme qu'il compte épouser, à sa descente d'un bateau. Surprise: les promis ne se sont encore jamais rencontrés, leur amour l'un pour l'autre ayant grandi au fil des lettres qu'ils s'échangeaient régulièrement. Autre élément troublant: alors qu'il a tout de même reçu la photo d'une jolie brune, Louis découvre une Julie blonde, qui dit avoir menti par précaution. Cet aveu passé, la noce est maintenue... et le film démarre réellement, autour d'une intrigue classique, mais haletante. La sirène du Mississipi nous offre un beau suspense "à l'ancienne". Rusé, le scénario associe très intelligemment les valeurs du film noir aux codes d'un certain romantisme. Et, soyez-en sûrs, ça fonctionne !
C'est évidemment sur la complémentarité du duo d'acteurs que repose la vraie réussite du film: Catherine Deneuve et Jean-Paul Belmondo brillent ici des beaux feux de leur jeunesse, elle à 25 ans, lui à 36. Sincèrement, pour moi, ce n'était pas gagné d'avance, mais je dois reconnaître que leur tandem m'a paru très convaincant. Je peux dire que, dans le cas présent, Bébel est légèrement à contre-emploi du fait des failles de son personnage, mais c'est très précisément ce qui rend le récit intéressant ! La Deneuve, elle, explore un territoire de jeu fascinant, dissimulant son ambiguïté derrière un visage de poupée. Seul Michel Bouquet parviendra à abattre (provisoirement) une carte différente, amenant ainsi avec lui un peu de tension supplémentaire. Chut ! La sirène du Mississipi se savoure surtout quand on ignore tout - ou au moins l'essentiel - de ses enjeux. Un suspense hitchcockien maintient le spectateur sur le gril... et c'est jouissif ! Sans réelle ostentation, la mise en scène n'en est pas moins efficace. Saura-t-elle vous convaincre, donc ? Je ne peux que vous le souhaiter.
La sirène du Mississipi
Film français de François Truffaut (1969)
Vous l'imaginez: ma référence à Alfred Hitchcock n'est pas innocente. Adepte des faux semblants, ce cher Britannique nous avait déjà mis les nerfs en pelote avec Sueurs froides ou Psychose. Le constat s'impose: François Truffaut, qui fut son ami, a appris à bonne école. Particulièrement ciselés, les dialogues méritent ici une mention spéciale. Les séquences moins bavardes n'en sont que plus intenses...
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Ah ! Une petite anecdote orthographique...
Mississippi: le nom du fleuve américain s'écrit avec deux fois deux S et deux P. La dernière double consonne a bien "disparu" dans le titre du film, qui reprend, en fait, le nom du bateau aperçu au tout début !
Et, pour finir, deux liens...
Vous pourrez ainsi découvrir combien notre amie Pascale aime le film. Les rédacteurs de "L'oeil sur l'écran" sont un peu moins enthousiastes.
20 commentaires:
Après sa vision, je ne savais si j'avais bien aimé ou moyennement aimé le film. J'ai fini par me convaincre que je l'avais bien aimé. Tout ça pour te dire que j'ai aussi eu une petite résistance pendant ma vision mais il vieillit bien par après. Et le couple Deneuve/Belmondo, un régal !
Les rédacteurs de L'oeil sur l'Ecran, pas enthousiastes ? Une note de 4/5 pour Elle, ce n'est pas mal du tout, tout de même ;-)
@Sentinelle d'abord indécise:
Parce que c'est une joie et une souffrance, peut-être ?
C'est vrai que le film vieillit bien. Sur le couple, évidemment, nous sommes d'accord.
@Sentinelle qui lit trop vite:
Je n'ai pas dit qu'ils n'étaient pas enthousiastes.
J'ai dit qu'ils l'étaient un peu moins (sous-entendu "que Pascale").
Ah je pensais qu'enfin une fois je verrais 5 étoiles.
Intrigue classique ? je la trouve bien tarabiscotée et pleine de rebondissements jusqu'à la dernière scène bouleversante.
Je ne pense pas que leur amour a grandi dans les lettres. Ils se sont mentis et se marient par intérêt.
Ça m'évoque Pierrot le fou avec la belle fille calculatrice et sans coeur.
C'est pour moi le meilleur Truffaut... j'allais dire Hitchcock :-) et le couple est idéal et incandescent.
Jai revu ce film récemment. Je ne m'en lasserai jamais.
Cinq étoiles, c'est réservé aux films que j'ai vus plusieurs fois sans jamais me lasser !
Je préfère "Pierrot le fou", que je trouve moins ancré dans la réalité, certes, mais plus cohérent.
Le duo d'acteurs est au top, c'est vrai. Et quelle pathétique histoire de pseudo-amour !
J'ai (un peu) décroché en me disant que c'était quand même un peu gros. Dommage...
Ah tu n'as jamais été aveuglé par l'amour...
Peut-être bien que si... et je veux bien que les sentiments soient crédibles.
C'est surtout la manière dont Louis retrouve Julie en l'apercevant à la télé que je trouve grosse.
Bref. Pas envie de spoiler...
Bon tant mieux toi :-)
Ça ne me gêne pas. J'ai trouvé ça énorme aussi surtout que la télé insiste beaucoup sur Julie qui danse. Truffaut était amoureux et ne pouvait cesser de la filmer. Mais si je retirais une étoile chaque fois qu'il y a une facilité de scenario il n'y aurait plus que des bulles.
Cinéma réalisme et vraisemblance ne sont pas rassemblés dans chaque film.
Un Truffaut qui traine une réputation mitigée depuis sa présentation houleuse à Cannes, mais c'est injuste. J'en garde un très bon souvenir, même si je ne l'ai vu qu'une fois ado. Je le reverrais bien.
@Pascale pas gênée:
Tu as raison, mais c'est juste qu'à un moment, cette fois, ça m'a fait (un peu) décrocher.
@Strum:
Je ne savais pas qu'il avait été reçu de manière tendu à Cannes.
Il ne reste qu'à souhaiter te voir raviver ton souvenir et lire une prochaine chronique à la Strum !
Oui revois le et parle nous en.
Pffff.
Et j'ai pas compris pourquoi ton père t'appelait la Sirène du Mississipi.
@Pascale qui encourage Strum:
Merci de t'associer à moi. Strum, une chronique ! Strum, une chronique !
@Pascale qui soupire:
Désolé. Cela m'arrive, parfois...
@Pascale qui a du mal à me comprendre:
Parce que je faisais du bruit. Avec autant d'insistance qu'une sirène de bateau.
M'élever aura été une joie. Et une souffrance. Ou pas. Bref...
Ok pour une chronique, mais il va falloir que je trouve le temps de le revoir avant et que je lui fasse grimper quelques places dans ma pile de films à (re)voir... :)
Ah oui, je comprends ce genre de soucis logistiques...
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