Une chronique de Martin
Pour les raisons inverses à celles que j'ai avancées jeudi, présenter ce second classement des films vus en 2011 devrait m'être plus aisé. La seule décision purement arbitraire, c'est de ne pas attendre quelques jours encore pour se garder la possibilité d'intégrer quelques autres films sortis l'année dernière et que je n'aurais pas pu voir avant ce mois de janvier. Sinon, c'est très clair: voici les douze que j'ai préférés parmi les 53 que j'ai découverts en salles l'an passé.
1. The tree of life / Terrence Malick
Oui, je fais partie de ceux qui placent la Palme d'or 2011 au sommet. Pour la toute première fois, je crois, j'ai été sensible à des images que je ne comprenais pas toujours. On pourra certes venir me dire que le film n'invente pas grand-chose, qu'il promeut une bondieuserie discutable et que le réalisateur a méprisé ses stars. Je pense presque le contraire et suis sûr que la photo, magnifique, a su m'apporter nombre d'émotions. Un cinéma différent, expérimental peut-être, mais que j'ai appris à aimer. Je dis donc: vivement la prochaine fois !
2. Melancholia / Lars von Trier
Cannes, épisode 2. Il est vrai que le réalisateur danois aurait mieux fait de se taire plutôt que de choisir la Croisette pour raconter n'importe quoi quant à sa compréhension du nazisme. Il n'empêche que son film m'a ébloui par sa beauté formelle et son pessimisme glacé. On connaissait les névroses du cinéaste, on redécouvre qu'elles s'appuient sur une profonde misanthropie. LVT est sans doute la première victime de ses humeurs changeantes et, même s'il juge son oeuvre imparfaite, le souvenir de son dernier plan me scotche toujours au fauteuil. La fin du monde ? Elle est peut-être déjà passée.
3. The artist / Michel Hazanavicius
Cannes encore ! Je ne saurais dire si Jean Dujardin est bien l'acteur qui méritait le plus le Prix d'interprétation masculine cette année. Seule certitude: j'ai aimé ce film hors du temps, son noir et blanc lumineux et ses dialogues muets. Le comédien n'y est pas pour rien, lui qui m'a complètement fait changer d'avis sur ses (grands) talents. J'écarte toutefois les parallèles fallacieuses avec le cinéma d'autrefois: c'est un long-métrage d'aujourd'hui qui nous est proposé. Je pense qu'il faut aussi y lire un hommage, bien plus qu'une parodie. Pour moi, le découvrir fut donc un plaisir tout à fait... incomparable !
4. Blackthorn / Mateo Gil
Si on m'avait dit fin 2010 que j'apprécierai un bon vieux western courant 2011, je n'aurais pas imaginé y retrouver Butch Cassidy, l'un de mes héros mythiques au cinéma. Paul Newman nous a quittés, mais Sam Sheppard prend la relève pour l'ultime chevauchée. Tourné dans les magnifiques montagnes boliviennes par un cinéaste espagnol dont j'ignorais tout, ce nouveau classique a objectivement quelques défauts. Deux ou trois flashbacks l'obligent à ralentir l'allure. Qu'importe: même vieillissantes, les légendes de l'Ouest gardent la peau dure. Et face à l'ennemi, le coeur noir, aussi, parfois.
5. Black swan / Darren Aronofsky
Fidèle à sa réputation, le cinéaste américain a écrit un nouveau récit noir ébène. Après le monde du catch, c'est vers celui de la danse classique qu'il tourne cette fois sa caméra. Natalie Portman y quitte définitivement les oripeaux de la jolie fille pour être femme à part entière, névroses obsessionnelles comprises. Le rôle lui a valu l'Oscar, mais, au-delà, confirme l'intelligence de son parcours artistique. À ses côtés, les autres font mieux que jouer les utilités. Un conte cruel comme le septième art n'en montre pas si souvent.
6. Une séparation / Asghar Farhadi
Au départ, elle n'était pas dans le top. Après y avoir repensé, j'ai fini par me dire que ce serait dommage de ne pas citer cette oeuvre iranienne, intelligente et importante pour l'histoire du cinéma. Portée par un bouche à oreilles extrêmement favorable, elle a fini autour du million d'entrées en France, exploit pour un film si pointu. Ce récit d'une rupture dans la bourgeoisie de Téhéran dépasse largement le cap anecdotique de son point de départ. Au-delà même de ces deux êtres en crise, il nous donne à voir comment fonctionne toute une société. Signifiant et flippant, a fortiori vu que le pouvoir en place fait tout pour censurer ce genre de représentations.
7. We need to talk about Kevin / Lynne Ramsay
Au départ, il y a pour moi une envie de revoir Tilda Swinton, actrice que j'apprécie tout particulièrement. L'idée que le scénario pourrait m'intéresser émerge ensuite, sans s'imposer comme une évidence. Sur l'instant, j'ai même souvenir de m'être un peu forcé au moment d'aller au cinéma. Aucun regret après coup: en observant la manière dont une mère élève son enfant, futur criminel, je ne suis pas vraiment parvenu à trancher la question de sa responsabilité éventuelle. L'intérêt du film est là, dans cette difficulté à répondre aux interrogations qu'il pose. Il faut sûrement en parler, en effet.
8. This must be the place / Paolo Sorrentino
Une preuve parmi d'autres que les cinéastes italiens, même partis travailler avec les stars hollywoodiennes, ont encore de beaux restes. J'ai été assez touché par le personnage que compose ici Sean Penn, cette ex-rock star abîmée par la vie et qui espère pouvoir restaurer l'honneur de son père, ancien détenu des camps de la mort. L'aspect le plus remarquable de ce drôle de long-métrage, c'est certainement la jolie galerie de personnages qu'il donne à découvrir. J'ai l'impression que 2-3 outrances auraient pu être évitées, mais le côté attachant du héros rend l'ensemble assez doux et agréable à suivre. Un road-movie comme je ne crois pas en avoir vu beaucoup d'autres.
9. Rango / Gore Verbinski
Combien sont-ils, les artistes qui passent du monde de l'animation aux prises de vue réelles ? Et inversement ? Assez peu, j'imagine. Combien d'entre eux restent crédibles ? Encore moins ? Il faudrait regarder de plus près pour le savoir. Et d'ici là, on tient l'exemple d'un créateur apte à gérer la transition sans rien perdre de son talent ou de son imagination en cours de route. Il y avait déjà un moment que je n'avais pas vu un dessin animé aussi "neuf". Faut-il y voir également le signe de l'investissement de Johnny Depp dans le rôle du héros ? Probablement. Cela dit, même en VF, ce western décalé marche à pleins tubes, sûrement aussi parce qu'il multiplie les clins d'oeil au genre. Pas sérieux du tout, non, mais tout à fait jubilatoire !
10. Restless / Gus van Sant
Le dernier film d'un réalisateur que j'ai mis du temps à découvrir. J'ai trouvé son style très juste pour parler à la fois d'amour et de mort. Le long-métrage mêle les deux et parvient à ne jamais être larmoyant. Les deux acteurs - Mia Wasikowska et Henry Hopper - sont très sobres et donc exactement dans le bon ton. Ils parviennent à nous transporter en nous émouvant... ou le contraire. Pas gagné d'avance, mais ça donne envie d'explorer la filmographie du cinéaste. Avec l'intuition que la jeunesse fait partie de ces thèmes privilégiés.
11. Voir la mer / Patrice Leconte
Deux garçons, une fille, combien de possibilités, déjà ? Le film repose la question et y répond, sans tomber dans le graveleux. Chapeau ! La très longue expérience acquise par le réalisateur n'entrave pas le souffle de jeunesse qui traverse son oeuvre. C'est même presque l'inverse qui se produit: le choix d'une distribution peu ou pas expérimentée rend très agréable ce qui se passe à l'écran. Personnellement, même si elle semble parfois bien invraisemblable, je suis parfaitement rentré dans cette histoire de trio amoureux. L'idée est vieille comme le cinéma, mais très joliment développée. Un long-métrage lumineux qui s'achève sur de fort jolies promesses.
12. Super 8 / Jeffrey Jacob Abrams
Spontanément, en sortant de la salle de cinéma, je l'avais placé premier de mon top de l'année. Un classement flatteur qui devait tout à l'émotion et au plaisir nostalgique pris devant ces images. J'étais tout simplement retombé en enfance, heureux de pouvoir toujours compter sur Steven Spielberg, derrière la caméra ou, comme ici, à la tête de l'équipe de production. J'avais bien reconnu sa patte dans cette grosse machine, belle histoire de gosses débrouillards, cinéphiles et à la chasse à la créature extra-terrestre. Si le film a fini par descendre d'une bonne grosse dizaine de crans parmi mes préférences, c'est aussi qu'objectivement, il n'apporte qu'assez peu de choses à ce genre qu'il représente très dignement.
1. The tree of life / Terrence Malick
Oui, je fais partie de ceux qui placent la Palme d'or 2011 au sommet. Pour la toute première fois, je crois, j'ai été sensible à des images que je ne comprenais pas toujours. On pourra certes venir me dire que le film n'invente pas grand-chose, qu'il promeut une bondieuserie discutable et que le réalisateur a méprisé ses stars. Je pense presque le contraire et suis sûr que la photo, magnifique, a su m'apporter nombre d'émotions. Un cinéma différent, expérimental peut-être, mais que j'ai appris à aimer. Je dis donc: vivement la prochaine fois !
2. Melancholia / Lars von Trier
Cannes, épisode 2. Il est vrai que le réalisateur danois aurait mieux fait de se taire plutôt que de choisir la Croisette pour raconter n'importe quoi quant à sa compréhension du nazisme. Il n'empêche que son film m'a ébloui par sa beauté formelle et son pessimisme glacé. On connaissait les névroses du cinéaste, on redécouvre qu'elles s'appuient sur une profonde misanthropie. LVT est sans doute la première victime de ses humeurs changeantes et, même s'il juge son oeuvre imparfaite, le souvenir de son dernier plan me scotche toujours au fauteuil. La fin du monde ? Elle est peut-être déjà passée.
3. The artist / Michel Hazanavicius
Cannes encore ! Je ne saurais dire si Jean Dujardin est bien l'acteur qui méritait le plus le Prix d'interprétation masculine cette année. Seule certitude: j'ai aimé ce film hors du temps, son noir et blanc lumineux et ses dialogues muets. Le comédien n'y est pas pour rien, lui qui m'a complètement fait changer d'avis sur ses (grands) talents. J'écarte toutefois les parallèles fallacieuses avec le cinéma d'autrefois: c'est un long-métrage d'aujourd'hui qui nous est proposé. Je pense qu'il faut aussi y lire un hommage, bien plus qu'une parodie. Pour moi, le découvrir fut donc un plaisir tout à fait... incomparable !
4. Blackthorn / Mateo Gil
Si on m'avait dit fin 2010 que j'apprécierai un bon vieux western courant 2011, je n'aurais pas imaginé y retrouver Butch Cassidy, l'un de mes héros mythiques au cinéma. Paul Newman nous a quittés, mais Sam Sheppard prend la relève pour l'ultime chevauchée. Tourné dans les magnifiques montagnes boliviennes par un cinéaste espagnol dont j'ignorais tout, ce nouveau classique a objectivement quelques défauts. Deux ou trois flashbacks l'obligent à ralentir l'allure. Qu'importe: même vieillissantes, les légendes de l'Ouest gardent la peau dure. Et face à l'ennemi, le coeur noir, aussi, parfois.
5. Black swan / Darren Aronofsky
Fidèle à sa réputation, le cinéaste américain a écrit un nouveau récit noir ébène. Après le monde du catch, c'est vers celui de la danse classique qu'il tourne cette fois sa caméra. Natalie Portman y quitte définitivement les oripeaux de la jolie fille pour être femme à part entière, névroses obsessionnelles comprises. Le rôle lui a valu l'Oscar, mais, au-delà, confirme l'intelligence de son parcours artistique. À ses côtés, les autres font mieux que jouer les utilités. Un conte cruel comme le septième art n'en montre pas si souvent.
6. Une séparation / Asghar Farhadi
Au départ, elle n'était pas dans le top. Après y avoir repensé, j'ai fini par me dire que ce serait dommage de ne pas citer cette oeuvre iranienne, intelligente et importante pour l'histoire du cinéma. Portée par un bouche à oreilles extrêmement favorable, elle a fini autour du million d'entrées en France, exploit pour un film si pointu. Ce récit d'une rupture dans la bourgeoisie de Téhéran dépasse largement le cap anecdotique de son point de départ. Au-delà même de ces deux êtres en crise, il nous donne à voir comment fonctionne toute une société. Signifiant et flippant, a fortiori vu que le pouvoir en place fait tout pour censurer ce genre de représentations.
7. We need to talk about Kevin / Lynne Ramsay
Au départ, il y a pour moi une envie de revoir Tilda Swinton, actrice que j'apprécie tout particulièrement. L'idée que le scénario pourrait m'intéresser émerge ensuite, sans s'imposer comme une évidence. Sur l'instant, j'ai même souvenir de m'être un peu forcé au moment d'aller au cinéma. Aucun regret après coup: en observant la manière dont une mère élève son enfant, futur criminel, je ne suis pas vraiment parvenu à trancher la question de sa responsabilité éventuelle. L'intérêt du film est là, dans cette difficulté à répondre aux interrogations qu'il pose. Il faut sûrement en parler, en effet.
8. This must be the place / Paolo Sorrentino
Une preuve parmi d'autres que les cinéastes italiens, même partis travailler avec les stars hollywoodiennes, ont encore de beaux restes. J'ai été assez touché par le personnage que compose ici Sean Penn, cette ex-rock star abîmée par la vie et qui espère pouvoir restaurer l'honneur de son père, ancien détenu des camps de la mort. L'aspect le plus remarquable de ce drôle de long-métrage, c'est certainement la jolie galerie de personnages qu'il donne à découvrir. J'ai l'impression que 2-3 outrances auraient pu être évitées, mais le côté attachant du héros rend l'ensemble assez doux et agréable à suivre. Un road-movie comme je ne crois pas en avoir vu beaucoup d'autres.
9. Rango / Gore Verbinski
Combien sont-ils, les artistes qui passent du monde de l'animation aux prises de vue réelles ? Et inversement ? Assez peu, j'imagine. Combien d'entre eux restent crédibles ? Encore moins ? Il faudrait regarder de plus près pour le savoir. Et d'ici là, on tient l'exemple d'un créateur apte à gérer la transition sans rien perdre de son talent ou de son imagination en cours de route. Il y avait déjà un moment que je n'avais pas vu un dessin animé aussi "neuf". Faut-il y voir également le signe de l'investissement de Johnny Depp dans le rôle du héros ? Probablement. Cela dit, même en VF, ce western décalé marche à pleins tubes, sûrement aussi parce qu'il multiplie les clins d'oeil au genre. Pas sérieux du tout, non, mais tout à fait jubilatoire !
10. Restless / Gus van Sant
Le dernier film d'un réalisateur que j'ai mis du temps à découvrir. J'ai trouvé son style très juste pour parler à la fois d'amour et de mort. Le long-métrage mêle les deux et parvient à ne jamais être larmoyant. Les deux acteurs - Mia Wasikowska et Henry Hopper - sont très sobres et donc exactement dans le bon ton. Ils parviennent à nous transporter en nous émouvant... ou le contraire. Pas gagné d'avance, mais ça donne envie d'explorer la filmographie du cinéaste. Avec l'intuition que la jeunesse fait partie de ces thèmes privilégiés.
11. Voir la mer / Patrice Leconte
Deux garçons, une fille, combien de possibilités, déjà ? Le film repose la question et y répond, sans tomber dans le graveleux. Chapeau ! La très longue expérience acquise par le réalisateur n'entrave pas le souffle de jeunesse qui traverse son oeuvre. C'est même presque l'inverse qui se produit: le choix d'une distribution peu ou pas expérimentée rend très agréable ce qui se passe à l'écran. Personnellement, même si elle semble parfois bien invraisemblable, je suis parfaitement rentré dans cette histoire de trio amoureux. L'idée est vieille comme le cinéma, mais très joliment développée. Un long-métrage lumineux qui s'achève sur de fort jolies promesses.
12. Super 8 / Jeffrey Jacob Abrams
Spontanément, en sortant de la salle de cinéma, je l'avais placé premier de mon top de l'année. Un classement flatteur qui devait tout à l'émotion et au plaisir nostalgique pris devant ces images. J'étais tout simplement retombé en enfance, heureux de pouvoir toujours compter sur Steven Spielberg, derrière la caméra ou, comme ici, à la tête de l'équipe de production. J'avais bien reconnu sa patte dans cette grosse machine, belle histoire de gosses débrouillards, cinéphiles et à la chasse à la créature extra-terrestre. Si le film a fini par descendre d'une bonne grosse dizaine de crans parmi mes préférences, c'est aussi qu'objectivement, il n'apporte qu'assez peu de choses à ce genre qu'il représente très dignement.
3 commentaires:
Bon ben 0/12 ....
et ne suis pas sure de faire un meilleur score sur 53 !!! ah si, peut être 1 avec "Intouchables"... je vais de ce pas faire le compte ..
Bisous quand même
Pas inintéressant ton "best of 2011" Martin. Il y a pas mal de film que je n'ai pas vu dans le lot donc je m'abstiendrais de commenter. Une seule chose ? Où se trouve les cinémas venant d'Asie ? ;) Lol.
Ton Top commençait très bien, Tree of Life, Black Swan, 'Une séparation ou le peu vu mais magnifique "Blackthorn", absent de mon Top mais qui aurait pu y figurer, et après, dans la seconde partie, quelques films que je n'ai pas eu envie de voir (le Leconte, Rango), voire carrément des films qui m'ont déçu, This must be the place et Restless. Heureusement, Super 8 vient laisser une jolie note en conclusion ;)
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